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Amestrian Chronicles : Next Gen

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Amestrian Chronicles : Next Gen - Page 6 Empty Re: Amestrian Chronicles : Next Gen

Message par Lena Lun 10 Mai 2010 - 20:08

Je pianotais nerveusement sur mon genou, au rythme d’une chanson entendue un peu plus tôt à la radio. Je n’aimais pas cette chanson. Par conséquent, je n’arrivais pas à me la sortir de la tête. Mais elle valait sans doute mieux que la question qui m’avait tenue éveillée une bonne partie de la nuit. Qu’allait-il se passer ?

Le commissaire Kramer m’avait donné rendez-vous dans son bureau. Je consultai ma montre. Un rendez-vous qui aurait du commencer il y avait près d’une demi-heure. J’étais assise sur une des chaises longeant le couloir, qui faisait généralement office de salle d’attente. Je savais que j’avais commis une faute, et l’information avait circulé. J’avais rencontré Laïro Daar, alors même qu’il était recherché par toutes les unités de police de Central, et j’avais gardé cette information pour moi. Pire, je n’avais même pas cherché à l’arrêter.

Vaughler m’avait appelé, la veille au soir. Ça m’avait surprise. Il avait su, pour mon entrevue avec Kramer, et m’avait assuré, avec son tact habituel, qu’il lui parlerait de mes conneries avant et que j’avais pas à m’inquiéter. Je commençais pourtant à devenir vraiment nerveuse. Ça faisait presque trois quarts d’heure qu’ils étaient en train de parler.

Alors que je commençai à envisager d’aller me chercher un troisième café, la porte s’ouvrit et Vaughler m’invita à entrer. Visiblement, il allait assister à l’entretien. Il me semblait que ce n’était pas très bon signe. Je rentrai néanmoins dans la pièce. Le commissaire me fit signe de m’asseoir.

« Vous savez pourquoi vous êtes ici ? »

Je savais que la question était rhétorique. J’y répondis quand même.

« Il me semble oui.
- Très bien. Alors je vous écoute. Donnez-moi votre version des faits. »

Je jetai un rapide coup d’œil en direction de Vaughler, qui se contenta de hocher la tête. Puis je pris une inspiration et commençai mon récit. Je racontais l’histoire depuis le début, dans ses moindres détails. J’évitai juste de mentionner les immortels, parlant d’eux comme d’une simple organisation criminelle. Quand j’eus terminé, le commissaire attendit quelques instants avant de reprendre la parole.

« Vous confirmez donc avoir rencontré le dénommé Laïro Daar au cours de votre enquête, et avoir pris la décision de ne pas l’appréhender.
- Je...suppose que oui.
- Et vous étiez parfaitement consciente de ce que vous faisiez et de ce que vous risquiez. »

Je déglutis avec difficulté. Vaughler n’avait toujours pas dit un mot, et les choses commençaient à prendre une tournure qui n’augurait rien de bon.

« En effet.
- Alors vous savez que ce que vous avez fait n’est pas un petit écart de conduite mademoiselle Hughes. C’est un délit. »

Je fronçai les sourcils, rejetai un coup d’œil en direction de Vaughler, puis me tournai à nouveau vers le commissaire.

« Il venait de me sauver la vie. Vous auriez fait quoi à ma place ?
- Là n’est pas la question. Vous auriez au moins du avertir votre supérieur. Je suis désolé mais je ne peux pas laisser passer ça. Je vais devoir vous demander votre plaque et votre arme de service. Vous êtes suspendue pour une durée de trois mois.
- Quoi ?! »

Avant de réellement me rendre compte de ce que j’étais en train de faire, j’avais tapé des mains sur la table et m’étais levée. C’est à peine si j’entendis Vaughler me demander de me calmer.

« Il était innocent !
- Ce n’est pas le problème.
- C’est Waycoff qui était derrière tout ça. Elle avait le mobile, l’opportunité...et puis elle a avoué merde !
- Hughes, tu te calmes ! »

Je me tournai vers Vaughler, sans trop savoir si j’étais vraiment énervée ou simplement écœurée. J’avais cru comprendre qu’il devait m’aider dans cette affaire. Et là, à part écouter la conversation et me dire de me calmer, je n’avais pas l’impression qu’il avait fait quoique ce soit.

« Merci pour votre aide, sincèrement. »

Sans attendre de réponse, je sortis mon arme, ma plaque et les jetai sur la table. Puis je quittai la pièce.

***
« T’es sûre de c’que tu veux faire ?
- Absolument. Ce n’est pas une décision prise sur un coup de tête, si c’est ce que vous voulez dire. »

J’avais eu le temps de réfléchir à la situation. Deux semaines s’était écoulée depuis ma démission. Et après deux jours de découragement total, j’avais commencé à réfléchir à ce que j’allais bien pouvoir faire. L’idée s’était rapidement imposée. Malgré les risques, j’avais aimé mener cette enquête. Alors je pouvais attendre trois mois et réintégrer la police de Central. C’était encore possible. J’avais suffisamment d’argent de côté pour tenir trois mois sans travailler. Le problème, c’était que je ne regrettais absolument pas ce que j’avais fait. Je savais que, si la situation se représentait, je me fierais encore une fois à mon jugement, quitte à me tromper. Et je savais que, la seconde fois, ça ne passerait pas.

« T’as trouvé où t’installer ?
- Ouais, un ancien cabinet d’avocat dans le centre. Je dois signer les papiers en début de semaine prochaine.
- Et le titre ? Ils donnent pas la licence de détective à tous les cons qui se présentent.
- J’étais flic, ça n’a été qu’une formalité. »

Mon ancien collègue hocha la tête sans rien ajouter. Il m’avait téléphoné après l’entretien pour m’engueuler. Arguant que, putain, trois mois c’était pas la mer à boire, que c’était le mieux qu’il avait pu m’obtenir, et que j’aurais du être virée définitivement. Je lui avais presque raccroché au nez. Pourtant, deux semaines plus tard, quand je l’avais rappelé pour lui proposer de boire un café, le temps de lui expliquer mon projet, il avait accepté.

« Alors je peux compter sur vous ? »

Il avait l’air encore sceptique. Pourtant, je ne doutais pas que c’était aussi intéressant pour lui que ça l’était pour moi. Il avait toujours eu des méthodes un peu...controversées. Mais il restait limité par son statut de flic. Je ne l’étais plus désormais. En contrepartie, il avait toujours accès à des informations qui m’étaient désormais refusées, et qui pourraient sans doute m’être utiles, à un moment ou à un autre.

« Ok, j’pense qu’on devrait pouvoir s’arranger.
- Je pense. Une sorte...d'échange équivalent. »

Une bonne chose de faite en tout cas. J’allais devoir prendre d’autres contacts, peut-être avec cette journaliste, Soraya Mokube. Le reste viendrait sans doute au fur et à mesure...

« J’ai dit ok, mais évite de m’sortir ce genre de conneries à l’avenir. »

Toujours égal à lui-même. J’esquissai un sourire et portai ma tasse à ma bouche pour boire une dernière gorgée de café. Au moins, je ne l’aurais plus continuellement sur le dos. Je savais que j’allais avoir du boulot, ne serait-ce que pour me faire un nom. Pourtant, ça ne m’effrayait pas plus que ça. Pour l’instant, les choses se présentaient plutôt bien. Et après tout, il n’y avait pas de raisons pour que ça ne dure pas...
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Message par Starman Mer 19 Mai 2010 - 20:50

Le procès a été vite expédié. Il faut dire qu’avoir traqué à tort un représentant d’un pays étranger n’est pas une position très agréable, et la justice Amestrienne a cherchée de façon très claire à régler ça le plus discrètement possible. Bah, ça m’arrange aussi de toute façon. Leurs cellules sont pas très confortables. C’est donc en homme libre que j’ai assisté à l’enterrement de Roy Mustang . Je lui devait bien ça après tout. Je repensais à la Pierre Philosophale qui était en sa possession. Apparemment, tout en le maintenant en vie, elle avait rendu son système immunitaire plus faible, plus dépendant de son pouvoir de guérison, tant et si bien qu’au final, il était condamné. Une leçon que je devrais sans doute méditer : quand on compromet sa morale, même pour les meilleures raisons, cela finit toujours par nous revenir dessus.
Après la cérémonie, une discussion avec Vaughler et Hugues m’apprend que trois cadavres ont été trouvé dans les ruines d’une maison, après que les voisins aient appelés les pompiers. Les cadavres ont été trop calcinés pour être identifiable au premier abord, mais l’analyse dentaire a révélé que l’un d’entre était Mark Shelley, que nous connaissons mieux sous le nom de Macros. Malgré son état, il était plutôt en forme pour quelqu’un qui est né il y’a environ cent ans. J’imagine que les autres cadavres appartiennent à ses joyeux collègues. Apparemment, le plan de Waycoff a marché au mieux de ses espérances.
Les négociations qui nous ont amenés à Amestris ont pris fin peu après ma libération. Elles n’auront pas été aussi fructueuses que nous l’espérions, mais avec une publicité telle que le protecteur Aïhou pourchassé par la police, cela n’est pas très étonnant. Tant pis, il y’aura des prochaines fois. Dans ce genre d’affaires, les gens ont la mémoire courte.
Et c’est ainsi que, deux mois après mon arrivée à Central City, je suis sur le point de reprendre le train vers les côtes, avant qu’un bateau nous ramène au bercail.
« Une fois rentré, fis à ma mère tout en l’aidant à monter à bord du train, je me couche et je dors une semaine.
-Tu as eu un séjour mouvementé, répond-t-elle.
-Je crois que ce n’est pas exagéré que de dire cela, oui.
-Par contre, tu ne pars pas tout de suite.
-Pardon ?
-Tu as de la visite. »
Me retournant, je vois Yumi qui me regarde sur le quai.
« Pas la peine de demander au train de t’attendre, j’imagine. »
Sans répondre, je descend du train et m’arrête devant elle.
« Salut, dis-je d’un air un peu gêné.
-Salut. »
Bon sang, j’ai tellement été occupé à courir après des Immortels et des fous furieux que j’en avait oublié à quel point cette situation était gênante. Seul le bruit de la machine à vapeur interrompt le silence troublé.
« Alors, tu t’en vas, reprend-t-elle.
-Ouais. J’ai du travail à faire chez moi, et j’ai déjà passé trop de temps ici.
-Je comprend. »
Allez, trouve un truc à dire. C’est quand même pas si compliqué. Derrière moi, j’entend la locomotive s’activer, partant pour ma destination.
« Le train s’en va.
-Je suis un mec sur un surf volant. Je rattraperai le train plus tard.
-C’est vrai. »
Autre silence. Il y’a bien quelque chose que j’ai envie de dire, mais je n’arrive pas à le prononcer.
« Et… heu…. J’imagine que toi , tu peux pas…. venir avec moi.
-Pardon ?
-Ben ouais. Il y’a de la place pour deux sur mon surf. Tu grimpe, on rattrape le train et hop !On est parti.
-Non. Désolée. Ma mère va avoir besoin de moi après la fausse couche, et j’ai mes études à continuer.
-Je vois. Mettons que je n’ai rien dit alors. Donc… c’est un adieu ?
-Peut être pas. Nous n’avons pas eu….beaucoup de temps ensemble. J’ai besoin de réfléchir un peu. Quand j’aurais fini, je viendrais chez toi et je te dirais si on est toujours ensemble ou pas face à face. C’est… c’est d’accord ?»
En guise de réponse, je la serre contre moi et je l’embrasse. Je me sens bizarre. Je la serre contre moi tout en continuant. Puis, quand finalement nous nous arrêtons, je la regarde dans les yeux, un léger sourire aux lèvres.
« Bien sur que c’est d’accord . »
Je la serre à nouveau dans mes bras avant, enfin, de me résoudre à m’envoler pour rejoindre mon train. J’ai les larmes aux yeux, et en même temps, un sourire idiot sur le visage.
C’est Sohem qui va se foutre de ma gueule en apprenant ça.



Cela fait des heures que je fouille les débris de notre ancienne base. J’avais réussi à me cacher dans une grotte qui nous servait de point de repli. Bien que nombre d’entre nous aient été capturés par les flics, ceux qui comptent ont réussis à s’échapper. Pas de quoi mener une guerre certes. Mais qui voulait reprendre un tel objectif à présent ? Soudain, un râle m’indique la position de l’homme que je cherchais. Après avoir creuser en direction des cris et des « bordel de saloperie de merde » , je découvre notre « cher leader ». Pas étonnant que personne ne l’ait trouvé. Il a dû se taire pendant des jours et, sans aide sonores, impossible de le trouver. Et il était vivant. Tous les os brisés, incapables de marcher , certes, mais vivant. Je suis épaté.
« Ca va, demandais-je ?
-Ca a l’air d’aller tu crois , réplique-t-il, à bout de souffle mais furieux . Bordel de couilles de putasserie. Dégage-moi de là. »
Je m’approche doucement, tandis qu’il continue de parler, comme pris de folie (enfin, plus que d’habitude).
« Ils croyaient pouvoir se débarrasser de moi. Mais Léon Waycoff est pire qu’un putain de cafard. Je vais tout reprendre depuis le début, recruter d’autres troupes, et au moment où ils s’en douteront le moins, les Mustang vont payer à petit feu. Hahahahaha… »
Son rire s’interrompt dans une quinte de toux. Je n’en crois pas mes oreilles. Il veut remettre ça ? Il n’a pas vu où ça nous a menés ? A quel point c’est inutile ? Il en est à ce point ?
Je sors mon arme et la braque vers son crâne.
« Mais qu’est-ce que…..
-Ca suffit les conneries, dis-je. »
Et je lui tire une balle entre les deux yeux. Puis une deuxième pour être sur (c’est que c’est un dur à cuire). Et une fois que je me suis bien assuré que c’était bien sa cervelle répandue sur la dalle derrière lui, je m’éloigne. Je dirais aux hommes qu’il était mort quand je l’ai trouvé. Et, de fait, étant son second, le commandement me revient. Une armée certes diminuée, mais redoutable, composée d’anciens soldats, d’alchimistes, d’erreurs de la nature.
Quand à quoi en faire….. j’ai bien ma petite idée.
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Message par Macros Mer 14 Juil 2010 - 19:28

Epilogue

Il m’est, bien sûr, déjà arrivé de me tromper; un cynique pourrait même dire que tout mon parcours n’a été qu’une succession d’erreurs. De même, comme tout un chacun, j’ai pu éprouver de la surprise en constatant que la réalité ne correspondait pas toujours à mes attentes, même si le temps passant, j‘étais de plus en plus doué pour le cacher. Mais jamais je n’avais été pris d’une aussi forte certitude quant à mon destin qu’au moment où l’alchimie de Socrates m’enveloppa de toutes parts. Et lorsqu’en dépit de tout bon sens, le néant dans lequel je flottais sembla en passe de s’organiser, pour donner naissance à un environnement on ne peut plus consistant, quoi que parfaitement inconnu, il me fallut du temps pour admettre une vérité pourtant fort simple, aussi invraisemblable soit elle : je n’étais pas mort.

La surprise, on en jugera aisément, fut à la hauteur de la révélation.

Puis vint un certain désappointement. Malgré la défaite pour le moins brutale que je venais de subir, je n’avais rien à redire quand à ma fin. C’était à un « héros » de terminer le travail que nous avions commencé, et de décider une bonne fois pour toute du sort d’Amestris. Mon existence s’était déjà par trop prolongée, rien n’empêchait plus le rideau de tomber sur une pièce finalement assez désagréable à jouer, même si une certaine vanité me faisait penser que l’interprétation avait été plutôt réussie. Je n’avais nulle envie d’accorder un « encore » au public. La boucle avait été bouclée, les comptes soldés, les affaires mises en ordre, et le final somme toute réussi. Sauf apparemment, le point le plus important, à savoir cesser d’exister.

Néanmoins, s’apitoyer sempiternellement sur son sort n’ayant jamais rien apporté à personne, je me résignais à quitter pour quelques instants mon monde intérieur pour découvrir le décor extérieur. Il serait toujours temps d’achever plus tard ce que Socrates avait commencé, les chances étaient bonnes que sans pierre philosophale, la question ne se règle d’elle-même très rapidement. J’essayais donc de me concentrer sur ma vision, qui restait étrangement floue, et semblait colorer mon environnement d’une étrange couleur bleutée… à moins qu’il ne s’agisse tout simplement de l’éclairage ambiant. De ma position, il semblait difficile d’en juger, mes yeux étant fixés vers un plafond absolument nu et ne m’apportant guère de réponses. Ma tentative de tourner la tête ne provoqua aucune réaction, ce qui m’intrigua un peu. L’attaque de Socrates m’avait elle entièrement paralysé ? Pendant une minute, j’envisageais la possibilité qu’il m’ait tout bêtement laissé à moi-même sur le sol de son appartement, me sachant incapable du moindre mouvement, et qu’il me laisse agoniser sur son plancher sans lever le petit doigt pour accélérer les choses. Pas exactement la fin que je m’étais imaginée. Avant qu’une voix, certes familière, mais étrangement déformée, ne résonne.

« Vous devriez être conscient, maintenant. »

Toujours incapable de bouger la tête, je ne pouvais apercevoir le visage de celui qui venait de prendre la parole, mais je n’en avais pas vraiment besoin. Malgré les résonnances étranges que je percevais, c’était indubitablement le timbre d’Erasme.

A ce stade, il était plutôt sûr de dire que l’inquiétude devint la sensation dominante.

« Tout va bien ? Pas de sensations étranges ? Oh, j’imagine que si, bien sûr, mais je veux dire… »

« Ou sommes nous ? »

Bien, je pouvais encore parler, apparemment. Même si ma propre voix sonnait aussi étrangement que celle de mon ancien complice. Un point qui pour le moment ne venait qu’assez bas dans ma liste de réponses à obtenir. A cet instant, ce que j’aurais souhaité par-dessus tout, c’est pouvoir avoir Erasme dans mon champ de vision, mais mon cou continuait de désobéir à mes injonctions, de même que mes bras et jambes, comme je le découvrais en en faisant l’expérience.

« Ah, bien sûr, un point après l’autre. Nous sommes dans mon nouveau laboratoire, bien sûr. Cela va faire au moins un an que je le préparais pour cette occasion. Pas d’inquiétude, absolument personne ne viendra nous déranger ici. J’ai déployé beaucoup d’efforts pour m’assurer que cet endroit demeure secret; que dire, j’aime travailler au calme. »

J’étais à peu près certain de ne pas partager sa satisfaction. Si ce lieu était aussi secret qu’il le prétendait, nul doute que je risquais de m’y retrouver coincé un moment… A moins qu’il ne m’élimine, tout simplement, mais dans ce cas, à quoi bon prendre la peine de m’amener ici pour commencer. Non, je craignais que ses intentions à mon égard soient plutôt de se servir de moi comme cobaye quelconque, et si c’était le cas, il allait falloir que je trouve très vite un moyen de me tirer de ce mauvais pas. Mourir était une chose, mais finir disséquer à petit feu ne m’enthousiasmait pas plus que ça. Tout à coup, je réalisai que j’avais failli passer à côté d’un détail important.

« Un an ? Nous n’avons commencé à agir qu’il y a quelques semaines. »

Je n’avais tout de même pas passé tant de temps dans l’inconscience… Non ? Ou alors, il s’était simplement montré méfiant et s’était aménagé une base de repli si les choses venaient à mal tourner ? Mais la façon dont il avait parlé semblait suggérer qu’il était déjà au courant de ce qui allait se passer. Ce qui n’avait aucun sens, à moins…

« … c’est toi le responsable de tout ça ? »

Un silence. Puis la voix résonna de nouveau, sans aucune trace d’ironie.

« Responsable est un bien grand mot. Mais j’ai effectivement planifié la chute du Conclave. Les choses se sont déroulées relativement simplement, je dois le reconnaitre. »

Là encore, il n’y avait nulle accent de satisfaction, juste une simple constatation.

« Pourquoi… comment ? »

La question fut accueillie par un soupir.

« J’imagine que je peux bien prendre un moment pour répondre… Aucun de nous deux ne va nulle part, après tout. Pour le « pourquoi », disons que je n’avais plus besoin du Conclave. Il a été utile, c’est vrai, il n’y avait guère d’organisations pouvant me fournir les ressources suffisantes à mes expériences tout en ne bridant pas mes travaux pour de stupides raisons morales ou éthiques. Certains projets que m’a confié Socrates étaient également réellement stimulants. Mais mes besoins matériels ont commencé à se réduire, nos nouvelles obligations suite à notre prise de pouvoir devenaient une distraction de plus en plus pesante, et trop de gens commençaient à me connaitre à mon goût. Donc quand un… disons, ami, m’a fait part de sa volonté de vous voir disparaitre, en échange de données plutôt intéressantes, je me suis dit que c’était une bonne occasion. »

Je ne pus m’empêcher un moment d’abattement. C’était tellement simple que ça en devenait risible. Pas de rancœur particulière envers le groupe, pas de cause ou de principe à défendre, juste un simple calcul ayant estimé qu’il était légèrement plus pratique de détruire le Conclave que de continuer à travailler avec lui. Exactement ce à quoi s’attendre avec Erasme. Et il avait néanmoins réussi à tous les prendre par surprise.

« Ce qui nous amène au « comment ». Je dois admettre que j’ai été surpris de voir à quel point cela s’est révélé simple. Je n’ai pour ainsi dire rien eu à faire. Ce… groupe a toujours été au bord de l’implosion, il m’a suffi de donner un léger coup de pouce dans la bonne direction pour que tout se désagrège. Voyons, à partir de quand estimeriez vous que les choses ont commencé à dégénérer ? »

Je poussais un grognement. Il semblait que les dernières semaines ramènent sempiternellement au même évènement, quelle que soit la façon dont on tourne les choses.

« Le meurtre de Hawkeye par Dorcas. »

« Exact, absolument exact. Cet assassinat a braqué les Mustang contre nous, a poussé Socrates a serrer la vis et à se montrer de plus en plus impitoyable, et a semé le doute quand à nos méthodes parmi nos propres rangs. Mais ça n’était pas vraiment l’idée de Dorcas. Mais il a suffi que je suggère que puisque le destin était en train de nous débarrasser de quelques indésirables qui en savaient trop, il n’y aurait sans doute pas grand mal à lui donner un coup de pouce. Oh, je n’ai pas eu besoin d’insister, je n’ai même pas eu à émettre l’idée sérieusement. Juste une remarque en l’air, à portée d’oreille de la personne ayant manifesté le plus d’inquiétudes quant à la divulgation de nos identités. Et après quelques jours… »

La phrase resta en suspens, avant que le scientifique ne reprenne son exposé, visiblement satisfait d’avoir une audience capable d’apprécier son œuvre.

« Mais ça ne s’est pas arrêté là, bien sûr. Socrates, quant à lui, était trop heureux d’entendre quelqu’un d’autre suggérer que nous avions été trop laxistes dans la gestion des derniers évènements, cela ne faisait que le conforter dans ses idées. Et quant à Némésis, je me doutais que manifester quelques doutes sur le bien fondé de notre mission toucherait une corde sensible chez elle, même si je n’ai jamais donné l’impression d’y attacher la moindre importance. Et voyez le résultat : quelques insinuations, idées jetées en l’air, commentaires à moitié sarcastiques, et vous vous êtes littéralement entretués. Sans jamais vous poser de questions. »

Il marqua une courte hésitation avant de reprendre.

« Non, ce n’est pas tout à fait vrai. Dorcas a été tout proche de découvrir la vérité. J’avoue qu’il m’a surpris, je voyais plus le danger venir de quelqu’un comme Taliesinn, ou même vous, Macros. Mais il s’est en partie rendu compte de la façon dont je l’avais manipulé, et il n’était… pas très content. Il lui manquait juste des preuves. Il a été le seul à être à deux doigts de lire dans mon jeu, et aurait sans doute fini par y parvenir… mais vous avez fait preuve de diligence, en vous débarrassant de lui en premier. Je vous remercie sincèrement pour ça, il aurait pu me rendre la vie extrêmement difficile. »

Je dus réprimer un rire incrédule. Dorcas, que j’avais toujours dédaigné comme un incorrigible paranoïaque, avait finalement été le plus clairvoyant d’entre nous. Nul doute que de là ou il se trouvait, il devait secouer la tête en répétant à qui voulait l’entendre « je vous l’avais bien dit ».

« Ensuite, les choses se sont déroulées le plus naturellement du monde. Taliesinn mort, puis Lillith et Métatron. Un travail propre, efficace. »

La remarque me réconforta un peu. Au moins, il ignorait que Lillith était toujours en vie. Au moins quelqu’un allait réchapper à ce carnage. Si cette gamine savait ce qui était bon pour elle, il ne lui restait plus qu’à s’enterrer quelque part, et à ne plus jamais revenir sur ce fiasco.

« Restait Socrates. Je craignais bien que même à trois, vous ne soyez pas capable d’en venir à bout, j’ai donc dû intervenir personnellement. Fort heureusement, vous vous êtes avéré une distraction suffisante. Et pendant que vous accapariez son attention pleine et entière, il m’a été simple de me glisser derrière lui et de lui trancher la gorge. Amusant, non ? Peut être le plus puissant alchimiste jamais connu, tué par une des armes les plus rudimentaires qu’on puisse concevoir. J’imagine qu’il y aurait une morale à tirer de cette histoire, mais je laisse la question aux philosophes. Me voilà donc libre de récupérer son anneau, sa pierre, ses travaux, et en bonus, votre corps certes sérieusement endommagé, mais encore vivant. Je n’aurais pu rêvé meilleure conclusion. »

Et voilà. Rideau. Je devais admettre que l’affaire avait été menée de main de maître. Il ne restait plus que lui, moi et Lillith, et j’espérais bien que cette dernière aurait assez de bon sens pour ne jamais chercher à le retrouver, quand bien même elle parviendrait à découvrir qu’il avait été derrière tout ça - et comment aurait elle pu ? Mais si il pensait pouvoir faire de moi ce qu’il voulait, il se fourrait le doigt dans l’œil.

« Bien, et maintenant ? On commence les expériences ? Je risque de ne pas être très coopératif, je crois. »

Un long silence ponctua ma remarque. Il n’était pas du genre à se laisser impressionner par un défi aussi puéril, ce qui me mit mal à l’aise. Qu’est-ce qu’il savait d’autre encore que j’ignorais ? Une nouvelle fois, je maudis ma paralysie qui m’empêchait d’observer son visage. Finalement, la question vint d’une voix très douce, presque prévenante.

« Vous… n’avez donc pas encore remarqué ? »

Remarqué quoi ? Qu’est ce que ce cinglé avait encore fait ! L’angoisse commençait à m’envahir, mais étrangement, je ne ressentit ni nœud dans l’estomac, ni boule dans la gorge.

« Je vais donc vous laisser constater par vous-même que nous n’allons rien commencer… »

La table sur laquelle j’étais allongé se redressa, changeant mon orientation, et me plaçant directement devant un miroir suspendu à un mur. La première chose que je remarquais fut le reflet de Erasme, semblable à lui-même, vêtu d’une blouse blanche, ses lunettes reflétant la lumière ambiante, une expression impassible sur le visage. Et à côté de lui, fixé à une table d’opération, une autre visage me fixait, au centre d‘un cercle de transmutation.

Un masque de métal. N’étant rattaché à aucun corps.

« … je dirais que nous ne sommes plus très loin d’avoir fini. »

Quelque chose craqua dans mon esprit, me laissant incapable de la moindre phrase articulée. Et seul mon hurlement résonna dans la pièce.
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