Re: [Marais de Cerith] Sud

par Heg Dim 4 Sep 2011 - 21:54

Oan tiqua un instant. Berhn s'était remis à la vouvoyer. Elle avait également d'avantage envie de progresser à travers les marais que de s'arrêter pour faire des bouquets - après tout, il y avait peut être des gens à sauver.

En même temps, le sujet semblait mettre Berhn de bonne humeur. Son visage s'animait. Il paraissait vraiment passionné par l'herboristerie, d'une façon finalement assez communicative. Et puis, si il était capable de fabriquer des remèdes à partir de leur cueillette, il marquait un point. Oan regarda le jeune homme s'aventurer en dehors de leur sentier, le nez au sol, comme un chien suivant une piste. Il oubliait finalement sa contrarité. Elle pouvait bien faire un petit effort.

Elle partit de son coté, balayant l'étendue herbeuse du regard. La jeune femme repéra finalement un petit bosquet de fleurs jaunes vives qui ressemblaient à des boutons d'or. Elle en cueillit un brin, et s'appela Berhn d'une voix vive.

"Eh, Berhn ! C'est ça ?"

par Lena Lun 5 Sep 2011 - 20:42

L'ermite avait fait mine de regarder un peu partout autour de lui, attendant que la jeune femme lui présente le millepertuis. C'est ainsi que lui avait appris à reconnaître les plantes. Son maître lui donnait une description, au début, puis un nom, et il devait la retrouver. Il était rapidement devenu très bon à ce petit exercice. Lorsqu'Oan se rapprocha avec sa tige, il se tourna vers elle, un sourire aux lèvres, s'attendant à ce qu'elle ait trouvé le millepertuis du premier coup.

"Oh non."

Il réprima une grimace. Avait-il si mal décrit la plante ? Etait-ce mauvais signe que la jeune femme lui présente d'emblée la fleur de l'impatience ? Avec un sourire quelque peu forcé, il tendit la main pour prendre la fleur.

"Ça, c'est un renoncule. C'est pas une bonne plante. Enfin, on peut manger les jeunes pousses sans réel danger, en théorie, mais elles deviennent vite toxiques. Donc il vaut mieux...les éviter."

Il se déplaça de quelques pas sur la gauche, ramassa une autre plante, et revint vers la jeune femme.

"Ceci est un millepertuis. Vous voyez ? Les feuilles sont plus petites, les fleurs aussi."

par Heg Jeu 8 Sep 2011 - 12:10

Putain le suspense est insoutenable dans cette partie.

"Oh..."

Effectivement, la plante que Berhn venait de cueillir était différente de la sienne. Mais les deux correspondaient assez bien à la dénomination de "petites fleurs jaunes". Oan décida de ne pas se formaliser de son erreur, au demeurant bien innocente. Mais était-ce une pointe de déception dans l'oeil de l'ermite ? Sans doute était-il un petit génie de l'herboristerie, se dit-t-elle avec une pointe d'amertume, mais Oan elle-même aurait sans doute besoin de plus de temps. Enfin, maintenant, elle savait différencier un renoncule d'un millepertuis. Du moins le pensait-elle.

La jeune femme jeta un coup d'oeil autour d'elle, et repéra un nouveau bosquet de fleurs jaunes. Elle en cueillit une.

"Millepertuis ?"

par Lena Jeu 8 Sep 2011 - 14:25

Le calme avant la tempête ma bonne dame.

Berhn regarda la tige et sourit.

"Oui, voilà c'est ça. Faudrait qu'on en ramasse encore, ça peut être très utile. Ensuite, on passera au cerfeuil, c'est très bon contre les piqûres d'insectes. Et y a aussi l'écorce de saule ou la consoude pour la douleur, et puis des épiaires, des lèdes..."

L'ermite continuait à énumérer les différentes plantes en se baissant de temps à autre pour ramasser une tige de millepertuis. Il semblait passionné par ce qu'il racontait, mais paraissait également avoir oublié qu'il était censé apprendre les rudiments de l'herboristerie à quelqu'un qui n'y connaissait pas grand-chose.

par Heg Ven 9 Sep 2011 - 12:19

Plusieurs heures plutôt agréables s'écoulèrent de cette façon. Les deux jeunes gens ne progressaient pas très vite, mais ils commençaient à avoir une bonne petite récolte. Au début, Oan ramassait uniquement du millepertuis. Il fallait recadrer Berhn de temps en temps, mais elle finit par comprendre comment reconnaître le cerfeuil et l'épiaire.

Au bout d'un moment, elle fut parcourue par une sensation familière.

"Fait faim, non ? On se pose pour déjeuner ?"

par Lena Mar 13 Sep 2011 - 8:16

"Oui, sans doute."

Berhn avait répondu d'un ton distrait. La seconde d'après, son attention était attirée par un plant d'épiaire qu'il se dépêcha d'aller cueillir. On avait jamais assez d'épiaire. Son butin ramassé, il se tourna vers Oan.

"Vous disiez ? Oh, déjeuner. Euh..."

Il fronça les sourcils. Il avait bien emporté quelques morceaux de viandes séchées dans son sac, mais elles avaient bien évidemment disparu avec le reste.

"Ben c'est-à-dire qu'il va falloir trouver d'quoi manger d'abord."

Des baies par exemple. L'ermite regarda autour de lui, cherchant du regard quelque plante comestible, tout en plaçant ses épiaires dans le sac de fortune qu'il avait confectionné à l'aide d'un pan de sa tunique.

par Heg Mar 13 Sep 2011 - 20:10

Et voilà ! L'homme n'avait-il donc aucun sens pratique ? Oan regarda autour d'elle, choisit un emplacement où l'herbe lui parut relativement sèche et s'assit. Lentement, tandis que Berhn parcourait la prairie en tous sens, sans faire attention à elle, la jeune femme défit son paquetage. Elle en sortit son bol, sa tasse, et quelques autres affaires. La paresse la poussa à une pas faire de feu, aussi se contenta-t-elle de longues gorgées d'eau froide, tirées de sa gourde.

Au bout d'un moment, l'emrite remarqua qu'Oan ne l'avait pas suivi dans sa cueillette. Il se tourna vers elle, et lui jeta de loin un regard désaprobateur.

"Sinon, il y a du raton laveur séché, dit elle et agitant le morceau dans lequel elle venait de mordre. Et des fruits secs. Vous en voulez ?"

Oan rit intérieurement. La méthode était un brin cruelle, mais peut être la prochaine fois Berhn ferait-il un peu plus attention à elle.

"Et sinon, je préférais quand tu me tutoyais !"

par Lena Jeu 15 Sep 2011 - 12:22

Berhn sentit ses oreilles s'enflammer et fronça les sourcils. Il était à deux doigts de reprocher à la jeune femme de ne pas lui avoir dit plus tôt qu'elle avait ce qu'il fallait. Il se sentait ridicule. Mais il se força à respirer lentement, à plusieurs reprises, tout en grattant son bras, légèrement éraflé par quelques hautes ronces. Finalement, il haussa les épaules, vint s'assoir près d'Oan et déposa sur le sol une poignée de framboises.

"Un peu d'fruits frais, c'est pas mal non plus."

par Heg Ven 16 Sep 2011 - 16:20

"Chic !"

Oan attrapa quelques fruits qu'elle enfourna sans attendre. Elle foura son morceau de viandre entre les mains de Berhn, puis se retourna vers son paquetage. Au bout de quelques instants d'exploration, elle en sortit un long morceau de toile de jute. Ca pouvait toujours servir, la preuve. Il s'agissait d'une grande pièce rectangulaire. Elle ressera les extremités avec de la ficelle, et les relia entre elles à une distance qu'elle espérait suffisante pour que Berhn l'enfile facilement, mais sans gêner sa marche.

"Voilà, ça devrait te faire un baluchon correct pour tes plantes. Tu veux plus de viande ?"

par Lena Sam 17 Sep 2011 - 13:01

L'ermite avala le morceau de viande qu'il mâchouillait déjà depuis plusieurs minutes, s'efforça de ne pas grimacer, puis s'empressa d'attraper quelques framboises qu'il avala presque sans les mâcher.

"Euh...on f'rait mieux d'en garder pour plus tard."

Il attrapa ensuite le baluchon de fortune, remercia la jeune femme sans la regarder, et empaqueta ses plantes avec un luxe de précaution. Puis il se leva, laissant son nouveau sac au sol, regarda autour de lui un instant, s'éloigna d'une vingtaine de pas et revint vers Oan.

"On est pas très loin du sentier. Y a un p'tit village un peu au nord. Si on tarde pas trop, on pourra p't'être y arriver avant la nuit..."

par Heg Dim 18 Sep 2011 - 20:52

"D'accord."

Berhn semblait une nouvelle fois contrarié. Il l'avait à peine remerciée pour la nourriture et le baluchon. Si on ne pouvait plus plaisanter... Elle se leva en ayant l'intention de réfléchir à une nouvelle stratégie de réconsilliation. Mais au bout d'une demi heure de marche, elle n'avait toujours rien trouvé. Le jeune homme parlait très peu, sauf quand il apercevait une plante digne d'intérêt. Mais alors ses commentaires semblaient plutôt destinés à Berhn lui-même qu'à sa compagne.

Oan fit le point. Depuis vingt-quatre heures, elle était passée par une palette de sentiments si larges qu'elle se sentait à présent complêtement vide. Sans doute avait elle trop espéré de Berhn. Il lui avait vraiment tapé dans l'oeil, mais de toute évidence, ça n'était pas réciproque. Tant pis ! Elle n'allait pas chambouler ses projets pour une déception sentimentale.

La jeune femme inspira une grande bouffée d'air frais, et continua sa route. En cheminant, elle regardait tout autour d'elle, au cas où elle apercevrait des indices concernant les disparitions. Il était peu probable que quoi que ce soit lui tombe sous le nez là, comme ça, mais c'était mieux que de partir battue. Et puis, si ils attégnaient un village le soir, elle pourrait se renseigner auprès des habitants.

par Lena Lun 26 Sep 2011 - 12:06

Plus d'une heure se passa sans qu'aucun des deux voyageurs ne prononce un seul mot. Berhn était plongé dans ses pensées. Il se demandait comment récupérer certaines de ses plantes les plus précieuses. Parfois, il jetait un coup d’œil en direction de la jeune femme, cherchait quelque chose à dire pour rompre le silence, réfléchissait à plusieurs des choses qu'elle lui avait dites, ne trouvait rien à dire, et retournait dans ses pensées. Puis il commença à ralentir le pas. Il avait entendu un bruit qui avait attiré son attention. Fronçant les sourcils, il attrapa Oan par le bras.

"Attendez... Suivez-moi."

Tout en prononçant ces mots dans un souffle, il entraîna la jeune femme jusqu'à un épais buisson, à quelques mètres de l'endroit où ils se trouvaient. Des craquements de plus en plus proches se faisaient entendre. De l'autre côté du sentier, des arbres s'agitaient, et soudain, une dizaine de sangliers déboula, piétinant tout sur son passage. Les bêtes passèrent à moins d'un mètre de Berhn et Oan, poursuivirent leur route sans s'arrêter et disparurent rapidement. L'ermite ne lâcha pas le bras de la jeune femme pour autant. Il scrutait les marais, tendait l'oreille. Il pouvait y en avoir d'autres. Il valait qu'ils restent cachés encore un peu.

par Heg Mar 27 Sep 2011 - 18:09

Oan répondit à l'injonction silencieuse de Berhn et se taint quoite. Poursuivre le gibier était une idée tentante, mais tenter d'imaginer ce qui avait fait fuir toute une meute de sangliers la dissuada bien vite. Si une autre créature était à leurs trousses, elle serait peut être tout aussi intéressée par un ragout d'humain.

"Tu penses qu'ils ont été attaqués par des lezards géants ?" murmura Oan dans un souffle.

par Lena Mer 28 Sep 2011 - 11:32

Berhn posa un doigt sur sa bouche, et lança un regard que l'on pouvait presque qualifier de suppliant à la jeune femme. Elle allait leur attirer le mauvais œil, à parler ainsi de ces créatures. Ou attirer les créatures à parler tout court. Si les sangliers étaient poursuivis par des lézards géants... Il préférait ne pas y penser. Il n'en eut d'ailleurs par le temps. Un buisson, de l'autre côté du sentier, se mit à trembler, et un lynx roux, puis un deuxième, plus petit, en sortirent. Ils n'avançaient pas très vite, ralentissait parfois pour humer une piste, repartait, et s'arrêtèrent à quelques mètres de la cachette des deux jeunes gens.

par Heg Mer 28 Sep 2011 - 16:34

Toujours agrippée à Berhn, Oan s'efforca de rester la plus immobile possible. Elle osait à peine respirer, de peur que les animaux l'entendent. Mais il lui était impossible de s'empêcher de transpirer. Sachant que ces bestioles marchaient à l'odorat...

En partant de chez elle, elle avait bien imaginé affronter de terribles créatures, mais ça ne l'avait pas dissuadée. Maintenant qu'elle faisait face à deux lynx, elle se remémora qu'elle avait trouvé le moyen de se blesser en chassant le raton laveur. Son mauvais couteau ne ferait sans doute pas le poids contre l'attaque d'un des fauves. Et même si elle parvenait à avoir le petit, ça ne ferait que rendre la mère encore plus furieuse.

Toute à ces considérations, elle entama malgré tout un très lent mouvement destiné à attraper le dit instrument, qui était dans un étui accroché à sa ceinture. Quand tout serait fini - car, tout de même, elle venait à peine de commencer son périple, elle n'allait pas y passer maintenant, lui soufflait un instinct insistant - elle se promit de s'entrainer sérieusement au combat, dés que l'occasion s'en présenterai.

par Lena Jeu 29 Sep 2011 - 21:18

Les oreilles du plus grand des deux lynx se dressèrent. Lentement, très lentement, sans lâcher la main d'Oan, Berhn porta la main à son cou et sortit de sous sa tunique une amulette. Presque aussitôt, la jeune femme sentit comme un courant d'énergie l'envahir. C'était une sensation étrange, une sensation qu'elle ne connaissait pas. Pourtant, instinctivement, elle sentait que ce courant ne pouvait pas lui faire de mal, bien au contraire.

Devant les deux jeunes gens, le plus vieux des deux lynx avait commencé à s'éloigner, dans la direction prise par les sangliers. Son petit, en revanche, s'attardait. Il huma l'air, encore une fois, puis commença à s'approcher du buisson, à pas feutrés, ramassée sur lui-même et oreilles rabattues. Berhn retenait son souffle. Il avait posé la main sur le manche de sa dague, mais le contact ne suffisait pas à le rassurer. La bête allait leur sauter dessus. D'un instant à l'autre, elle allait leur sauter dessus.

par Heg Sam 1 Oct 2011 - 20:12

Le bon point, se dit Oan, était que le médaillon de Berhn avait semblé être efficace contre le plus gros des animaux. Elle ignorait exactement de quoi il s'agissait, mais elle se doutait que c'était l'un des bidules magiques auxquels son compagnon tenait tant. Au moins il n'avait pas tout perdu. Cette idée la rassurait un peu.

Restait le problème du petit. S'il avait été seul, elle aurait peut être tenté sa chance au poignard. Pourquoi n'avait-il pas été détourné par le talisman ? Oan banit la question de son esprit, elle aurait le temps de demander à Berhn plus tard. Elle se mordit la lèvre, en tentant de ne pas paniquer. Elle se sentait perdue. Tout à coup, elle fut prise d'une soudaine inspiration. La jeune femme se pencha insensiblement et ramassa un rocher qui se trouvait à portée de sa main. Puis, en tentant de rester en équilibre, elle le lança par dela la tête du petit fauve, dans la direction opposée, en espérant qu'un bruit inattendu titillerait d'avantage la curiosité de la bête que leurs odeurs corporelles.

Et si ça ne marchaient pas, ils n'auraient qu'à faire le mort.

par Lena Jeu 6 Oct 2011 - 15:19

Berhn avait sentit son cœur s'arrêter de battre et, instinctivement, il avait attrapé la main qui venait de lancer le caillou. Espérant l'empêcher de recommencer peut-être. Il attendrait qu'ils s'en sortent pour reprocher ce geste à la jeune femme. S'ils s'en sortaient. Sa main serra davantage celle d'Oan.

Toujours à quelques mètres d'eux, le lynx dressa une oreille, puis tourna la tête. Après une hésitation à peine perceptible, il commença à s'avancer vers l'endroit où le caillou était tombé, fourragea dans les hautes herbes pendant quelques minutes qui semblèrent une éternité aux deux jeunes gens. Puis un feulement retentit, un peu plus loin. Le petit se redressa, les oreilles levées et repartit à la poursuite des sangliers. Plusieurs longues minutes s'écoulèrent encore, mais ni le petit lynx, ni sa mère ne semblaient décidés à revenir et l'ermite finit par lâcher la main de la jeune femme avec un soupir de soulagement.

par Heg Dim 9 Oct 2011 - 10:14

Les XPs ! Les XPs !

Oan n'était pas peu fière d'elle-même. Voilà la deuxième fois en une journée qu'elle sauvait la vie de son compagnon, et, à l'instant, la sienne en sus. Elle se sentait définitivement taillée pour l'aventure. Bien sûr, elle savait qu'un peu d'entraînement serait necessaire avant d'être parfaitement accomplie - la promesse qu'elle s'était faite quelques instants auparavent restait encore vivace dans son esprit.

Mais la minute présente était dédiée au triomphe personnel. Elle ne pouvait également s'empêcher de jubiler en pensant à tous les pretextes que Berhn avait trouvé pour lui prendre la main. Le jeune ermite n'était definitivement pas insensible à son charme. Oh ! bien sûr, il allait le nier encore un peu, pour la forme. Après tout, beaucoup d'hommes seraient impressionnés par une femme de son envergure. Mais bientôt, il lui tomberait, tout rôti, dans les bras.

Elle se redressa et époussetta ses vêtements avec dignité.

"Allons, fidèle Berhn, le danger est écarté ! Reprenons notre route."

par Lena Dim 16 Oct 2011 - 22:00

Je note, je note...

Le fidèle Berhn n'était pas très sûr, lui. Il attendit encore plusieurs secondes avant de se lever, tendait l'oreille et, n'entendant aucun bruit suspect, consentit à rejoindre la jeune femme.

"On d'vrait pas tenter la chance comme ça."

Il avait maugréé ces quelques mots dans sa barbe, sans réel envie d'être entendu, puis il s'éclaircit la gorge et ajouta :

"C'était...heu...quand même bien vu. Lancer ce caillou. M'a semblé idiot, mais on dirait qu'c'était pas une...euh...si mauvaise idée."

Tout en parlant, l'ermite avait à nouveau porté la main à son médaillon, qu'il tordait nerveusement dans un sens puis dans l'autre.

par Heg Mer 19 Oct 2011 - 19:22

Oan se fendit d'un large sourire. Elle fit signe à son compagnon de reprendre leur route. Elle se sentait légère. Au bout de quelques minutes, la jeune femme eut une soudaine inspiration. Elle se tourna vers Berhn, qui tripotait toujours son médaillon.

"Rhoo ! fit-elle en faisant semblant de le gronder, arrête-donc de tripatouiller ta chose, là, veux-tu ?"

Elle attrapa la main qui manipulait l'objet et la garda dans la sienne.

"Dis, en marchant, j'ai repensé à une chanson, que j'ai apprise d'un vieux barde aveugle. Il passait à Kriec régulièrement, avant. Tu la connais ? Ca faisait genre :

On va s'aimer
Sur une étoile, ou sur un oreiller
Au fond d'un train, ou dans un vieux grenier
Je veux découvrir ton visage où l'amour est né
On va s'aimer
Dans un avion, sur le pont d'un bateau
On va s'aimer, à se brûler la peau
Et s'envoler, toujours, toujours plus haut
Où l'amour est beau oh oh oh oh oh "

Les "oh, oh, oh" moururent dans la gorge d'Oan. elle avait oublié la suite. Vivement, elle se tourna à nouveau vers Berhn, qui pour une raison incompréhensible arbordait un teint vermillon.

"au fait, c'est encore loin, ton village, là ?"

par Lena Ven 21 Oct 2011 - 11:28

"Je...euh...le village. Ah."

Berhn semblait émerger, comme si, l'instant d'avant, il avait été totalement plongé dans ses pensées. Un coup d’œil en direction de la jeune femme le fit rougir encore davantage. Il lâcha sa main. Il se sentait ridicule. Il s'efforça néanmoins de reprendre contenance, tandis que les quelques vers déclamées par la jeune femme passaient en boucle dans son esprit.

"Plus très loin. Le village. On devrait pas trop tarder à arriver."

Comme pour les enjoindre à se presser, un coup de tonnerre éclata, suivi par quelques gouttes, puis un véritable déluge. L'ermite reprit la main d'Oan, l'incitant à la suivre, et accéléra le pas. Ils marchèrent ainsi pendant une bonne demi-heure, sous une pluie battante, et finirent par arriver en vue des premières maisons du village annoncé. Au premier coup d’œil, on pouvait voir qu'il n'était pas très étendu. Il devait y avoir une centaine d'habitants, tout au plus. Un hameau perdu au milieu des marécages. La pluie tombait toujours, mais s'était un peu calmée. Berhn guida la jeune femme jusqu'à une bâtisse, au centre du village. Sur une enseigne, au-dessus de la porte, un poney se cabrait. En dessous était inscrit le nom de l'établissement "Au Poney Fringant." L'ermite en poussa la porte, soulagé de se trouver enfin à l'abri, redoutant le monde qu'il allait immanquablement y trouver. Mais à sa grande surprise, les éclats de voix et le bruit tant redouté s'avérèrent absents. L'auberge était vide, silencieuse et plongée dans une quasi obscurité. Le soleil n'était pourtant pas encore couché.

par Heg Lun 24 Oct 2011 - 20:02

Ca, pour sûr, c'était du dépaysement. Un débit de boissons vide à l'heure de l'apéro, voila quelque chose qu'Oan n'avait encore jamais vu. Peut-être que la pluie avait insité les gens à rester chez eux - ça n'avait jamais arrêté personne à Kriec, mais bon. Plus curieuse était tout de même l'absence d'un quelconque gérant, alors que la porte d'entrée était ouverte.

Oan traversa la salle, espérant que quelqu'un s'était endormi dans un coin. Peine perdue. Elle passa derrière le massif comptoir en bois.

"Ca alors, dit-elle en jetant un coup d'oeil à Berhn, qui restait près de la porte d'entrée, l'air embarassé, ils ont même laissé un tonnelet de bière ouvert en partant. Tant mieux pour nous !" ajouta-t-elle en posant sur le comptoir deux chopes à la propreté douteuse.

par Lena Dim 30 Oct 2011 - 16:48

L'ermite balaya la pièce du regard. Hormis le tonnelet ouvert, rien ne semblait indiquer un départ précipité. Aucun verre, ni aucune assiette ne traînait sur les tables. Le jeune homme se rapprocha à son tour du comptoir et jeta un coup d’œil derrière. Là encore, tout avait été rangé un minimum.

"Vous...euh...tu trouves pas ça bizarre ? C'est rarement vide, c'genre d'endroit. Surtout à c't'heure et par un temps pareil."

Il marqua une pause.

"En tout cas, j'avais jamais vu ça ici."

Le regard de Berhn se posa ensuite sur les choppes, qui lui arrachèrent une grimace. Non seulement elles étaient vraiment très sales, mais en plus, il ne pouvait s'empêcher d'être gêné à l'idée de se servir. Et si l'aubergiste revenait ?

"J'suis pas sûr que ce soit une bonne idée..."

par Heg Lun 31 Oct 2011 - 10:04

"C'est vrai qu'c'est étrange..." répondit Oan d'un air rêveur en essuyant machinalement une des choppes avec un torchon qui semblait plus crasseux encore - quoiqu'indubitablement destiné à cet usage. La jeune femme s'autorisa un sourire.

"Mais comme y'm'semble qu'on enquête sur des disparitions, ça m'parait un bon point de départ, non ?" ajouta-t-elle en remplissant sa choppe d'une bière qui semblait assez clairette. "Peut être qu'il y aurait quand même quelqu'un à l'étage, à qui on pourrait poser la question. Ou, au pire, on risque de découvrir un bon lit moelleux et mystérieusement abandonné."

Oan se dirigea, choppe au poing, vers un étroit escalier branlant qui s'appuyait contre le mur du fond. Une fois sur la première marche, elle se tourna vers Berhn.

"T'inquiètes pas, Bernou, si je croise le proprio, je lui paye ma mousse ! J'ai des sous... Sers-toi, si tu veux, c'est moi qui invite."

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