Re: [Marais de Cerith] Sud

par Lena Ven 12 Aoû 2011 - 20:13

L'ermite regardait la jeune femme, les yeux écarquillés. Son teint dut prendre une teinte particulièrement rosée, mais dans la quasi obscurité, c'était difficile à voir.

"Je...euh...ben..."

Il ne savait pas quoi dire. Il ne l'avait pas vue venir. Etait-il seul depuis si longtemps que ces choses ne lui venaient plus à l'esprit naturellement ? Ou était-il juste idiot...Il rougit encore plus.

"Mais...faut pas être pressée comme ça mam'zelle. Euh. V'savez, ça s'transform'ra pas...en baobab."

par Heg Sam 13 Aoû 2011 - 17:38

Oan soupira. Elle n'en était pas certaine, mais elle avait l'impression que son soudain aveu avait ébranlé les défenses de Berhn. Elle décida d'adapter sa stratégie. Après tout, c'était lui qui était venu la réveiller. Elle baissa les yeux un moment, puis chercha le regard de l'hermite.

"Parfois, il faut savoir être spontané, Berhn. Vivre l'instant..."

Elle baissa les yeux à nouveau, semblant se cacher derrière son epaule dénudée. Elle avait emprunté les technique à sa soeur Rosetta, grande amatrice de marins.

"A moins que je ne vous plaise pas. Je sais que je ne suis pas très jolie..."

par Lena Dim 14 Aoû 2011 - 19:07

La première remarque de la jeune femme avait laissé Berhn dubitatif. Il lui semblait, au contraire, qu'il valait mieux ne pas s'engager à la légère dans quelque action que ce soit. C'était la meilleure façon de ne pas trop s'attirer d'ennuis...

A sa deuxième remarque, il eu l'air ouvertement surpris que la jeune femme puisse penser cela d'elle. Pas que ces choses lui importent beaucoup, mais lui ne la trouvait pas désagréable à regarder.

"Faut pas dire ça mam'zelle Oan. Plaire ou pas, c'est pas la question. Moi je trouve que...Enfin, c'est pas très important, mais vous êtes pas moche hein. Et puis ça dépend des gens. Tout le monde a pas les mêmes goûts vous savez..."

par Heg Dim 14 Aoû 2011 - 19:57

Décidément, c'était plus difficile de séduire Berhn Haardt que d'ouvrir une douzaine d'huîtres avec les dents. Pour avoir déjà fait les deux, Oan pouvait comparer. L'hermite s'était trahi, fugacement. Seulement, Oan commençait à fatiguer et sa libido à sérieusement s'émousser. Après tout, peut être que Berhn avait raison, plaire n'était pas le plus important.

"Tu as raison, Berhn, tu as raison. Allez, assez discuté, il est tard. Demain, dans les marais, il va falloir qu'on soit en forme."

Par surprise, elle passa les bras autour du cou de l'hermite, et l'embrassa rapidement. Puis elle replongea entre ses draps.

"Bonne nuit, Berhn !"

par Lena Mar 16 Aoû 2011 - 17:00

Le reste de la nuit ne fut guère plus reposant pour Berhn. Lorsqu'il ne se demandait pas s'il devait ou non accompagner la demoiselle, il s'assoupissait et la voyait se faire dévorer par quelque lézard géant. Si bien qu'au lever du soleil, l'ermite avait pris sa décision. Il partirait avec Oan, ne serait ce que pour la conduire jusqu'à la ville la plus proche.

La jeune femme dormait encore quand il se leva pour préparer ses affaires. Quelques herbes de première nécessité, une autre petite chose ou deux provenant de son petit placard, un peu de viande séchée, de l'eau claire, deux poignards, un bâton et une amulette. Il entendit Oan s'étirer alors qu'il mettait de l'eau à chauffer. Sans cesser ses préparatifs, il demanda :

"Il m'reste un peu d'pain si vous voulez manger quelqu'chose avant qu'on parte. Vot' jambe va mieux ? Pensez qu'vous pourrez marcher ?"

par Heg Mer 17 Aoû 2011 - 18:36

Oan se réveilla, satisfaite dans la lueur du matin. La deuxième partie de sa nuit avait été nettement plus reposante que la première, et elle avait dormi comme une souche. Le relatif confort de sa couchette l'avait quelque peu déroutée : un instant durant, elle s'était crue de retour à la maison. Puis elle avait reconnu les bruits caractéristiques de l'endroit où elle se trouvait. La bouilloire, la petite armoire à pharmacie, Berhn se parlant à lui même d'une voix basse et confuse. L'hermite devait sans doute vivre seul depuis si longtemps qu'il ne s'en rendait même pas compte.
La jeune fille projetait toujours de bouleverser cet état de fait. Mais les évènements de la nuit lui avait comprendre quel homme sensible et délicat était Berhn Haardt. Il avait besoin de temps. Finalement, elle trouvait cela touchant.

"Je veux bien du pain," dit elle en s'étirant une nouvelle fois. Elle se leva d'un mouvement rapide et traversa la pièce d'un pas léger et enthousiaste. "Et je me porte comme un charme. Ma jambe, quelle jambe ? Pas de problème !", ajouta-t-elle en se mordant discrêtement l'intérieur de la joue pour dissimuler la peine qu'elle ressentait en posant le pied gauche par terre. Elle ne voulait pas que Berhn se reproche de ne pas avoir été un médecin assez vigilent. Ni faire quoique ce soit qui aurait pu retarder leur départ. La perspective du voyage lui paraissait d'autant plus excitante avec un compagnon.

"Les filles de pêcheurs, c'est du solide." Sur ces bonnes paroles, elle s'assit et mordit dans son pain avec appetit.

par Lena Mer 17 Aoû 2011 - 19:33

Berhn paraissait sceptique. La blessure n'était vraiment pas belle à voir la veille, elle ne pouvait pas être totalement guérie. Mais il ne dit rien. Peut-être, après tout, était-ce tout à fait supportable et si la demoiselle n'avait pas envie de se plaindre, c'était tout à son honneur.

"Ben...si vous l'dites. Mais j'vais vous mettre un bandage propre avant d'partir."

Oan, la bouche pleine, répondit par un haussement d'épaules. L'ermite pris ça pour un oui et commença à broyer les mêmes plantes que la veille avec un peu d'eau bouillante. Lorsque la mixture fut prête, il invita la jeune femme a étendre sa jambe blessée sur le tabouret placé à côté d'elle. D'abord réticente, elle finit par s'exécuter. Berhn ôta alors le bandage de la veille. La plaie était encore un peu rouge, mais bien moins enflée.

"On dirait qu'ça guérit bien. J'pourrai vous donner quelques herbes à mâcher si vous avez mal."

Il n'insista pas sur ce point, renettoya la blessure et refit le bandage. La jeune femme n'eut plus alors qu'à terminer son petit déjeuner. Une demi-heure plus tard, le temps pour Berhn de ranger rapidement la pièce et pour Oan de rassembler ses affaires, ils quittaient la cabane. Ils prirent la direction du nord, nord-ouest. L'ermite n'avançait pas bien vite. Il paraissait plongé dans ses pensés et murmurait un ou deux mots de temps à autres, comme s'il listait quelque chose. Au bout d'une dizaine de minutes, il s'arrêta net.

"Mes glyphes. J'ai replacé la pierre avant de partir ? Vous m'avez vu bougé quelque chose dehors avant qu'on parte ?"

par Heg Jeu 18 Aoû 2011 - 11:38

Oan n'en avait pas la moindre idée. Au moment de partir, elle avait été bien plus accaparée par la perspective plaisante d'une journée de marche au grand air. Néanmoins, elle savait que Berhn avait ses petites habitudes.

"Mais bien sûr, voyons ! Je m'en souviens parfaitement. Même que j'ai regardé tes fesses quand tu t'es penché... Allez, viens !" ajouta-t-elle en prenant le bras de l'hermite.

par Lena Jeu 18 Aoû 2011 - 19:52

Je trouve le comportement d'Oan absolument scandaleux ! Tromper ainsi un pauvre petit ermite...

Berhn se laissa d'abord entraîner par la jeune femme, se demandant une fois encore ce qu'elle pouvait bien trouver à son postérieur. Ils avancèrent sur une centaine de mètres, au milieu des buissons de massette, puis l'ermite ralentit sensiblement le pas, jusqu'à s'arrêter. Il se tourna à nouveau vers Oan, les sourcils froncés.

"Z'êtes sûre de ça ?"

par Heg Ven 19 Aoû 2011 - 12:30

Oan refusait de se laisser démonter. Elle continua d'avancer. Elle soupsonnait que quand bien même elle laisserait Berhn retourner chez lui pour vérifier ses glyphes, il inventerait une autre vérification pressante dès qu'il serait revenu à sa hauteur. Mais il y avait des gens à sauver dans les marais, qui n'avaient peut être plus toute la vie devant eux pour les attendre !

Elle lança par dessus son épaule :
"Mais oui, gros bêta ! Si je te le dis."
L'ermite continuait de lancer des regards nerveux en arrière. Oan s'arrêta.

"Oh, j'ai compris, dit-elle en rougissant, l'air penaud. Tu as changé d'avis, c'est un prétexte pour rentrer chez toi. Pour me planter toute seule ici. J'aurais du m'en douter."

par Lena Sam 20 Aoû 2011 - 14:11

Berhn se tourna vers Oan, interloqué.

"Mais...non ! Mais pas du tout !"

Elle pensait vraiment ça de lui ? Qu'il ne cherchait qu'un prétexte pour se dérober ? Il en oublia ses glyphes l'espace d'un instant et reprit sa marche d'un pas vif, maugréant dans sa barbe. Il continua à marcher ainsi au milieu des massettes, ouvrant la marche et peu attentif à ce qui l'entourait. Trop peu attentif. Soudain, son pas ralentit et il se figea. Son visage accusant un début de panique, il se tourna vers la jeune femme et lui cria de s'arrêter en agitant les bras. Il ajouta ensuite, d'une voix blanche.

"Des sables mouvants."

par Heg Dim 21 Aoû 2011 - 20:26

Un moment, je dis "le jeune homme" pour Berhn. Je ne sais pas si ça va vraiment, mais sinon je manque de synonymes. Juste "l'homme" ça fait moche, je trouve.

Oan s'en voulait un peu de manipuler aussi facilement le pauvre Berhn. Il ne marchait pas, il courait dans la direction que la jeune femme lui indiquait lorsqu'elle suggérait que la moralité de l'ermite puisse ne pas être irréprochable. D'ailleurs, il avait pressé le pas, et était repassé en tête du convoi, l'air renfrogné. Oan tenta de songer à quelque chose de gentil à dire à Berhn pour relancer la conversation et lui faire oublier son indignation. Elle avait déjà recensé plusieurs histoires amusantes que l'on racontait dans son village, quand elle fut tirée de ses pensées.

Berhn agitait les bras. Il semblait avoir rétréci, sa sillouhette soudain frêle au milieu des roseaux. Elle n'eut pas besoin d'attendre qu'il le précise pour comprendre que le jeune homme était prisonnier de sables mouvants.

"Reste calme ! J'arrive, ne t'inquiète pas," lanca-t-elle d'une voix suffisament forte pour être entendue de l'ermite, mais qui se voulait rassurante. Par devers elle, Oan était un peu surprise qu'un homme vivant au milieu des marais se fasse avoir par les sables mouvants au bout d'à peine une heure de traversée. Mais elle n'en fit pas la remarque. Berhn semblait peu enclin à sortir de chez lui, habituellement. Peut être son angoisse perpétuelle avait elle pour but de compenser une distraction pathologique ?

Le terrain était découvert. Un arbre aurait été un allié précieux pour aller repécher Berhn. Cependant, Oan songea que son bâton serait peut être suffisamment long pour le tirer de là. Réutilisant sa technique de la veille, elle progressa prudemment en sondant le sol avec son instrument, en essayant de se rapprocher au maximum de son compagnon.

par Lena Lun 22 Aoû 2011 - 9:17

Il a un peu moins de 30 ans, donc ça passe oui. Et Oan a bien raison de s'en vouloir !

L'ermite regardait Oan progresser, appréciant sa prudence, maudissant ses accusations, un peu plus tôt, qui avaient joué un grand rôle dans son manque d'attention. Puis il se força à chasser ces pensées. Elles provoquaient chez lui une agitation qui finirait par le faire bouger. Or, il en était parfaitement conscient, le moindre mouvement ne ferait qu'accélérer sa chute. Immobile donc, respirant à peine il attendit la jeune femme.

Oan n'avançait pas vite. Berhn était pris dans le sable un peu au-dessous des genoux, elle avait encore un peu de temps. Elle évita de justesse une autre étendue de sables mouvants, qui devait sans doute être reliée à la première, puis arriva à un peu moins d'un mètre de son compagnon. A ce moment précis, l'ermite laissa échapper une exclamation et se retrouva brutalement enfoncé jusqu'à la taille. La panique se lisait sur son visage, ne savait pas si la jeune femme serait suffisamment forte pour le sortir de là, craignait qu'elle finisse par tomber elle aussi...

par Heg Jeu 25 Aoû 2011 - 15:43

"Hi !"

Oan avait laissé échapper un petit cri de panique quand Berhn s'était soudainement enfoncé dans les sables mouvants. Elle venait de trouver l'amour de sa vie, ça n'était pas pour qu'il meure moins de vingt quatre heures après leur rencontre. Elle respira profondément, et rosit un peu.

"Pas de panique, mon aimé !"

Elle se trouvait à moins d'un metre de Berhn. La longueur de son bâton lui sembla suffisante. Elle le posa sur le sol sec et le fit glisser dans la direction de l'ermite, en lui faisant signe de ne pas s'y agripper tout de suite. Le jeune homme était toujours immobile, à l'exception des gouttes de sueur qui ruisselaient le long de son visage écarlate. Le bâton de marche était maintenant tendu au dessus de l'étendue sableuse, assez pres de lui pour qu'il puisse l'agripper fermement sans bouger le bas du corps. Oan s'allongea alors de tout son poids sur la partie du bâton qui était toujours posée sur le sol ferme, et le maintaint fermement de ses deux mains.

"Je pense que de mon coté ça bougera pas. Vas-y, ajouta-t-elle, essaye de te hisser vers moi."

par Lena Jeu 25 Aoû 2011 - 20:14

Lentement, osant à peine respirer, Berhn approcha ses mains du bâton. Lorsqu'il finit par l'agripper, le sable lui arrivait à la moitié du torse. Il le serra, de toutes ses forces, et sans un mot, commença à se hisser hors du trou. La distance jusqu'à la jeune femme n'était pas bien longue, mais l'ermite mit une éternité à n'en parcourir que la moitié. C'était comme si le sable s'appliquait à le happer, annulant une partie de ses forces. Il s'accrochait pourtant. Le souffle court, il leva les yeux vers Oan et cessa de tirer sur la perche improvisée. La jeune femme semblait beaucoup peiner elle aussi, ses mains étaient écorchées et pendant un bref instant, il eut peur de l'entraîner avec elle. Il lâcha le bâton, une fraction de seconde, et retomba de plusieurs centimètres avant de le ré-agripper. Son visage avait pris une teinte de craie, et des gouttes de sueur descendaient sur ses tempes. Il respira lentement, à trois reprises, puis reprit sa progression, puisant dans des ressources dont il ne se serait pas cru doté et, enfin, arriva au bout de son calvaire. Ses mains s'accrochèrent aux bras d'Oan qui, dans un dernier effort, repliant ses jambes sous elle, parvint à le sortir des sables. Ils restèrent quelques instants, à genoux, face à face, puis Berhn se laissa tomber sur le côté, ferma les yeux et murmura du bout des lèvres :

"Merci."

par Heg Ven 26 Aoû 2011 - 15:11

Oan était essoufflée, en sueur, et écorchée de partout, mais elle se sentait merveilleusement bien. L'inquiétude et l'effort avaient déclanché une forte poussée d'adrénaline, qui, en plus de lui avoir certainement permi de sauver la vie de l'ermite, lui procurait à présent un intense bien être. Elle pouvait être fière. Maintenant qu'elle avait réussi à sortir son compagnon des sables mouvants, elle avait l'impression que plus rien ne pourait les arrêter.

Berhn, lui, semblait encore un peu sous le choc. Il s'était alongé pour reprendre son souffle. Pauvre Berhn ! Oan s'alongea contre lui et, plongeant ses mains dans les cheveux emmêlés du jeune homme, elle lui déposa un baiser sur le front.

"Là, Bernou, ça va aller maintenant." déclara-t-elle amoureusement.

par Lena Sam 27 Aoû 2011 - 20:40

'Bernou' sourit et passa sa main sur son front. Une dizaine de minutes s'écoulèrent, sa respiration se calma. Les yeux fermés, il savourait chaque inspiration, chaque expiration. Il était en vie. Ouvrant les yeux, il se tourna vers Oan et fut saisi d'une envie de la prendre dans ses bras. Puis son regard passa sur les bras et les mains de la jeune femme, écorchés et il eut soudain l'air désolé.

"Oh. Mais vous vous êtes vraiment blessée. Attendez, j'dois avoir quelqu'chose pour vous soulager."

L'ermite s'assit et porta la main à son sac...avant de s'apercevoir que le sac n'était plus là. Le jeune homme jura dans sa barbe et regarda en direction des sables mouvants. Ses affaires avaient sûrement été englouties. Il venait de perdre sa réserve de plantes, son amulette. Ses biens. Il fit claquer sa langue sur son palais et se leva promptement. La sensation de bien-être finissaient de se dissiper, le laissant passablement agacé.

"Eh si vous m'aviez pas accusé d'vouloir vous abandonner dans les marais aussi, on en s'rait pas là !"

par Heg Dim 28 Aoû 2011 - 13:00

Oan en eut le souffle coupé. D'abord, elle ne comprit même pas ce qui avait provoqué la soudaine colère de Berhn. Heureux de leur victoire, ils venaient de passer quelques instants très paisibles l'un auprès de l'autre. Oan, qui avait finalement peu dormi la nuit précédente, commençait même à somnoler, quand elle avait été réveillée par quelques mots de l'ermite à propos de ses bras.

Elle se releva à moitié et jeta un regard intrigué à Berhn. Puis elle comprit que celui-ci était de mauvaise humeur à cause de ses affaires manquantes. Oan n'était pas surprise : elle avait vu le sac de Berhn se détacher progressivement de ses épaules et sombrer dans les sables mouvants. Mais elle pensait que celui-ci aussi s'en était rendu compte à ce moment là. Et même si ça n'avait pas été le cas, jamais la jeune femme ne l'aurait distrait de son effort de survie pour sauver un maigre paquetage.

Oan pouvait comprendre la frustration de Berhn. Mais l'ermite vivait chichement, que pouvait-il avoir perdu de si important ? Elle refusa de se sentir coupable pour la disparition des affaires du jeune homme. L'hébétude commençait à laisser place à de la colère.

"Oh, bien sûr, c'est de ma faute si tu t'es fichu dans les sables mouvants. Pardon votre altesse, j'ignorais qu'une remarque acerbe était une cause de suicide dans votre pays !"

C'est vrai, quoi ! Dans sa famille, on utilisait le chantage affectif constament. Toutes les semaines à peu près, ça tournait à une engueulade monumentale, mais les Kahell considéraient plus ou moins que c'était là une preuve de bonne santé. Et personne n'allait se jeter dans l'océan sous pretexte qu'il avait entendu une reflexion qui ne lui avait pas plu.

"Excuse-moi de t'avoir sorti de là, mon vieux. Si tu étais resté dans les sables mouvants, tu n'aurais pas eu à affronter la vie sans ton précieux petit baluchon."

par Lena Lun 29 Aoû 2011 - 21:03

"Tu sais pas d'quoi tu parles ! Y avait des choses là dedans qu'auraient pu nous sauver la vie !"

Berhn fulminait, et il était passé sans s'en rendre compte au tutoiement. Il se força à respirer calmement, à plusieurs reprises. Une inspiration. Il y avait des choses importantes dans son sac ! Elle avait pas idée. Les remèdes, c'était rien. Une expiration. Il croisa les bras sur sa poitrine, sur la défensive. Ses sourcils se touchaient presque. C'est pas parce qu'elle lui avait sauvé la vie... Ses traits se détendirent, ses épaules s'affaissèrent. Parce qu'elle lui avait quand même sauvé la vie, même si sans elle, il serait sûrement pas tombé dans ce piège. En partie radouci, il finit par grommeler :

"Bon. J'suppose que j'pourrai refaire un stock sur le ch'min."

Pour les plantes médicinales. Et pour le reste ? Il haussa les épaules et marmonna quelque chose dans sa barbe. Pour le reste, il trouverait bien.

par Heg Mar 30 Aoû 2011 - 16:10

Berhn était redevenu calme, aussi soudainement qu'il s'était mis en colère. Oan était un peu desarçonnée. Elle avait encore de la frustration à évacuer. Elle venait de lui sauver la vie, et l'ermite se comportait comme un petit gamin. Elle décida de lui accorder le bénéfice du doute : sans doute avait-il été très secoué par son accident. Et peut être, après tout, avait-il perdu des objets plus précieux que ce qu'elle avait supposé - même si elle avait toujours eu beaucoup de mal avec les gens qui faisaient des mystères de tout, et vous tenaient pour resposables de ce qui arrivait à ce qu'il avaient omis de vous réveler.

Oan décida de tenir sa langue et répondit à Berhn d'un vague signe de tête. Puis elle remit ses affaires sur son dos, attrapa son bâton et reprit la marche. Berhn jeta un regard sombre derrière lui, puis suivit. La jeune femme fit un long détour pour éviter la zone la plus humide, puis reprit à peu près la direction du nord. Elle se sentait toujours un peu mal à l'aise. Ne pas être responsable de la perte de Berhn ne devait pas l'empêcher d'éprouver de la compassion. Continuant de progresser, elle jeta un regard en arrière, et parla d'un ton un peu sombre :

"Tu sais, si je peux faire quoi que ce soit pour compenser la perte de tes affaires... Je peux t'aider à préparer les plantes, et j'ai un peu d'argent si jamais tu as besoin de racheter quelque chose."

par Lena Mer 31 Aoû 2011 - 12:23

"Garde ton argent, servirait à rien."

Berhn avait répondu d'un ton sec, qu'il regretta aussitôt. Au fond, la jeune femme n'y était pour rien, et elle avait la gentillesse de lui proposer son aide. Il soupira et reprit, adouci.

"Tu connais un peu les plantes ou pas du tout ?"

par Heg Mer 31 Aoû 2011 - 21:48

"Euh..." La jeune femme pesa le pour et le contre. Elle opta pour la vérité. "Pas du tout !"

Le pire était qu'elle aurait pu. Les plantes et algues permettant de soigner les afflictions les plus courantes étaient plutôt bien connues à Kriec. Mais Oan avait longtemps considéré le sujet comme assez barbant, et, quand elle avait besoin de quelque chose, elle avait l'habitude de s'en remettre à sa mère.

"Mais j'apprend vite," dit-elle en osant un faible sourire. La perspective d'avoir Berhn pour professeur rendait soudain la discipline beaucoup plus stimulante.

par Lena Jeu 1 Sep 2011 - 20:35

Berhn hocha la tête et continua à avancer. Machinalement, il chercha le rabat de son sac, toucha du vide et réprima une grimace. Il l'avait perdu, il l'avait perdu. Il n'y avait plus rien à faire. Il commença à regarder autour de lui, semblant chercher quelque-chose.

"Bon, déjà faut savoir que selon les plantes, on prend pas la même chose. J'veux dire y a soit les feuilles, soit la sève, soit les racines, soit les graines. Des fois, on peut prendre les graines mais les feuilles sont très mauvaise. Toxiques. Pour vous soigner par exemple, j'ai utilisé une décoction à base de fleurs d'Hypericum perforatum...de...j'veux dire de millepertuis, de la sève de pavot et...de l'écorce de quinquina, mais ça, on en trouvera pas ici. On peut l'remplacer par de l'écorce de saule..."

Il s'interrompit, lança un coup d'oeil vers Oan pour voir si elle suivait, ou si ses propos étaient aussi peu clairs qu'ils en avaient l'air.

par Heg Ven 2 Sep 2011 - 19:59

"Continue, je t'écoute."

Oan avait légèrement ralenti pour permettre à Berhn de la rattraper. Ils cheminaient actuellement au travers d'une grande étendue sèche, bien assez large pour qu'ils puissent cheminer côte à côte.

"Je vais pas tout retenir, par contre. Ca sera plus clair en pratiquant, je pense."

par Lena Sam 3 Sep 2011 - 15:01

L'ermite hocha la tête. Bien sûr que ce serait plus simple en pratique. C'était logique. Il regarda autour de lui pendant quelques secondes, sembla trouver ce qu'il cherchait, et répondit :

"Ben on va faire autrement alors. Pour l'instant, faudrait qu'on récupère quelques plantes, au cas où on en aurait besoin. On va commencer avec le millepertuis, y en a un peu par ici. C'est...ça aide à cicatriser et ça réduit la douleur. Je vous montrerai comment on le prépare. Ça a des petites feuilles et des petites fleurs jaunes. Vous en voyez ?"

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