Re: [Merilith] Au repos du voyageur

par Lena Mar 9 Aoû 2011 - 15:06

Echec critique ! Euh...non pardon, je ne lance pas de dés ici...

Le blondinet lança un regard interrogateur à son collègue, qui, après une brève hésitation, hocha la tête. Le jeune homme trempa alors sa plume dans l'encrier et ajouta une nouvelle ligne à la liste des registres. Visiblement, les paroles du prêtre avaient suffit à convaincre les gardes qui, soyons tout à fait honnêtes, ne souhaitaient sans doute pas faire durer leur travail plus que nécessaire.

La bride de son cheval toujours à la main, Bauwyn entra donc dans la cité. Il regarda autour de lui. De jour, l'endroit devait être une véritable fourmilière. De chaque côté de la route de terre battue fleurissaient des échoppes qui, pour la plupart, avaient été fermées pour la nuit. Le jeune homme sut qu'il ne trouverait pas de temple d'Ellyndia dans les environs immédiats, l'endroit n'était pas suffisamment distingué. Un peu plus haut, juste avant une intersection, il aperçut une enseigne flottant au-dessus d'une porte en bois et sur laquelle il put lire "Au repos du voyageur". Il vit plusieurs personnes y entrer et en sortir et décida qu'il devait s'agir d'une taverne ou d'une auberge. Alors qu'il en prenait à son tour la direction, il entendit des cris et de l'agitation, à plusieurs dizaines de mètres derrière lui. Il résista d'abord à l'envie d'y jeter un coup d’œil et continua sa progression, jusqu'à ce que les mots "Arrêtez-le !" lui parviennent distinctement aux oreilles.

par Grimoald Mar 9 Aoû 2011 - 18:23

... oreilles qu'il dressa alors, mais seul un léger tressaillement aurait pu trahir son inquiétude aux yeux d'un quidam non informé. En quelques instants, il s'appliqua à juger la situation. Il lui sembla extrêmement improbable que la bande qui le traquait ait pu, aussi vite, non seulement atteindre, mais qui plus est passer le poste de garde de la cité, encombré de voyageurs divers et de travailleurs revenant de leurs journées dans les champs des environs. Se mettre à courir simplement parce qu'il avait entendu l'exclamation était la dernière des choses à faire. Si jamais il s'agissait quand même bien de ses poursuivants, c'était confirmer ce qui n'était peut-être encore que soupçons, et de surcroît attirer l'attention des passants alentour ; si ces cris ne le concernaient aucunement, c'était se signaler aux yeux de ces mêmes passants, d'une façon qu'il serait peut-être compliqué d'expliquer ensuite. Il y avait bien mieux à faire. Le vieux dicton appris au Temple de Gunith durant sa formation lui traversa l'esprit : "Malheur à celui par qui le Skhand'äll arrive." (Le Skhand'äll était, du moins s'il fallait en croire les vieux recueils de mythes et de légendes, un amas de boue et de caillasses, plus ou moins humanoïde, taille et nombre de têtes mis à part, doté d'une sorte de forme de vie ténébreuse, et n'aimant rien tant que causer du grabuge ; les harmonies du chant mélodieux d'Ellyndia l'avaient plus d'une fois anéanti, et mis en déroute ceux qui avaient eu la mauvaise idée de l'invoquer.)

Sans changer aucunement le rythme de sa marche, Bauwyn lâcha la bride du cheval et le poussa doucement en appuyant sa main sur son flanc. L'animal ne tarda pas à s'éloigner, profitant de cette liberté retrouvée pour se hâter, en hennissant, dans une direction opposée à celle que Bauwyn prenait pour sa part. "La mission avant tout", murmura-t-il pour lui-même, tandis que d'un geste, il se dévêtait de sa lourde cape de marche. Il en était à la plier et à l'escamoter dans sa besace lorsqu'il fit ses premiers pas à l'intérieur de la taverne "Au repos du voyageur". L'ambiance qui régnait dans la salle démentait quelque peu ce nom, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Heureusement, songea-t-il avec satisfaction en s'enfonçant dans la foule bruyante, on pouvait compter sur les tavernes pour être toutes les mêmes dans toutes d'un bout à l'autre du continent. Ce qui signifiait également qu'il avait toutes les chances d'y trouver... Ah, oui, là*, à discuter assises dans un coin de semi-pénombre non loin du comptoir. D'un pas résolu qui n'excluait pas quelques chaloupements élégants, Bauwyn se dirigea vers les deux jeunes femmes qu'il venait d'aviser. Sa connaissance des us et coutumes de Merilith ne lui auraient pas permis d'affirmer avec une totale certitude si elles faisaient partie de la clientèle ou l'attendaient, mais ce qui était sûr, c'est que cela importait peu dans l'immédiat. Il s'assit à leurs côtés et comme elles se tournaient vers lui, il afficha son sourire le plus assuré :

"Bien le bonsoir, gentilles demoiselles. Ça vous dit, que je vous offre à boire ?"

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* avec l'autorisation de la MJ !

par Lena Jeu 11 Aoû 2011 - 12:42

Les demoiselles en question ne devaient pas avoir beaucoup plus d'une vingtaine d'années et se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. Elles avaient toutes deux le teint clair, de grands yeux verts et des cheveux châtains, pour l'une relevés, pour l'autre tombant en cascades sur ses épaules. Elles étaient élancées et vêtues de robes de toile claire simples, sans fioritures. La demoiselle aux cheveux libres gloussa et rosit légèrement, tandis que sa sœur désignait deux gobelets vides sur le comptoir en souriant.

"Nous avons, je pense, assez bu, mais vous pouvez vous joindre à nous un moment, si vous le souhaitez."

A l'autre bout de la pièce, la porte d'entrée s'ouvrit avec fracas. Plusieurs clients cessèrent de discuter pour se tourner vers la nouvelle arrivante. Elle devait avoir entre quinze et vingt ans, ses cheveux bruns tombaient en bataille sur ses épaules et elle était vêtue d'une tunique sale et apparemment maintes fois rapiécée. Elle tenait un poignard dans une main, une bourse dans l'autre, et semblait paniquée.

par Grimoald Jeu 11 Aoû 2011 - 18:24

Bauwyn, comme les autres, ne put s'empêcher de sursauter au fracas de l'entrée et de tourner la tête vers la porte, et il resta un instant frappé par l'apparition. Il y avait quelque chose de tellement incongru dans cette vision qu'il ne pensa même pas à faire le lien avec les cris entendus dans la rue. Tout au plus s'inquiéta-t-il un instant des ennuis que l'inconnue pouvait emmener "Au repos du voyageur" et qui risquaient de lui retomber dessus au passage - mais même cette pensée fut brouillée par le brusque souvenir de quelques vers d'une chanson écrite dans un ancien langage du nord, appris d'un homme rencontré pourtant longtemps auparavant, un soir d'échange entre musiciens plus ou moins amateurs, et qui revinrent soudain lui traverser l'esprit : "... Mes tant estoit li chainses viez / Que as cotes estoit perciez. / Povre estoit la robe defors, / Mes dessoz estoit biaus li cors. / Mout estoit la pucele jante, / Car tote i ot mise s'antante / Nature qui faite l'avoit..." Tout cela commençait à faire un peu trop d'informations à traiter, Bauwyn secoua la tête comme pour dissiper ses pensées et se força à se concentrer à nouveau sur la conversation qu'il venait tout juste de nouer. Il se tourna à nouveau vers les deux jeunes femmes auprès desquels il s'était assis et, quoique d'une voix un peu troublée par l'hésitation, tenta de renouer le dialogue un instant suspendu :

"Ils laissent vraiment entrer n'importe qui ici... Mais revenons à vous... euh... laissez-moi deviner... Vous êtes sœurs, c'est cela ?"

par Lena Jeu 11 Aoû 2011 - 21:28

"Vous êtes fin observateur messire. Je suis impressionnée."

La jeune fille aux cheveux relevés avait répondu sans se départir de son sourire, qui paraissait soudain un peu moqueur. Elle et sa soeur avaient à peine jeté un coup d’œil vers la porte lorsque la gamine était entrée, signe que ce genre d'incident ne devait pas être exceptionnellement rare. La demoiselle aux cheveux lâchés regarda sa sœur avec de gros yeux.

"Aziliz !"

Elle n'eut pas le temps de poursuivre, une voix tonna dans l'entrée, faisant cette fois cesser toute conversation.

"OU EST-ELLE ?!"

Trois hommes et une femme étaient entrés dans la salle. Deux des hommes portaient l'uniforme de la milice. Le jeune prêtre reconnu les deux autres. Ils faisaient parti de ceux qui s'étaient lancés à sa poursuite. Par chance, ils ne semblaient pas l'avoir vu et semblaient être là uniquement pour aider les gardes à arrêter la voleuse. En tournant un peu la tête, Bauwyn aperçut la jeune fille, cachée sous une table à quelques mètres de lui. Croisant son regard, elle mit un doigt sur sa bouche, le suppliant, silencieusement, de ne pas dévoiler sa présence.

par Grimoald Jeu 11 Aoû 2011 - 23:23

Bauwyn sentit se tête commencer à tourner, de ce léger vertige qu'il connaissait et qui n'annonçait en général que des ennuis. Jusqu'à un certain point, les situations de stress aiguisaient ses facultés de réflexion, dont - sans aller jusqu'à s'en vanter, mais essentiellement par souci de sûreté - il n'était ordinairement pas peu fier. Le problème, c'est que cela marchait jusqu'à un certain point seulement, et que passé un certain cap, c'était la surchauffe : les informations à analyser se pressaient alors en masse et Bauwyn se mettait à éprouver toutes les peines du monde à faire le tri entre elles et à en inférer la réaction correcte. À ce moment précis par exemple, toute une part de son esprit semblait accaparée par ce prénom lancé par une de ses compagnes de tables : deux sœurs, l'une qui s'appelait Aziliz, le tout mêlé au souvenir encore présent des vers auxquels il avait repensé quelques instants plus tôt, tout cela éveillait des souvenirs confus de chansons anciennes et il faillit demander à son interlocutrice si par hasard son père n'exerçait pas l'honorable profession de marin-pêcheur ; à partir de quoi, l'esprit de Bauwyn dérivait en spéculations et calculs aussi pointus que superflus en la circonstance : étant donné la situation géographique de Merilith, la probabilité d'y croiser une famille de pêcheurs était à peu près nulle ; à plusieurs milliers de bornes de la mer, le vent du large ne soufflait pas bien fort ; si par un sensationnel hasard les deux sœurs étaient bien filles de pêcheur, il passerait peut-être auprès des donzelles pour un esprit capable d'observations surprenantes, voire même doué de quelque don médiumnique, et en retirerait sans doute, quoi qu'il en soit, une aura tout-à-fait avantageuse ; mais si, ce qui était, et de loin, le plus probable, tout cela s'avérait du grand n'importe quoi, il était difficile de prévoir leur réaction ; mais sans doute n'apprécieraient-elles guère de se voir mêlées à des histoires de thons. Et surtout, surtout, surtout, BON SANG, tout cela était complètement inutile, ou au minimum, parfaitement secondaire, dans la situation présente. Pendant que son esprit se perdait dans ce genre d'impasses, Bauwyn avait conscience de passer à côté de questions autrement plus pressentes. Comment la fille aux habits de sauvageonne était-elle passée de la porte à la table d'à côté ?? Trou noir. Pas vu. Combien de personnes dans la taverne étaient-elles susceptibles d'y avoir prêté plus d'attention, suffisamment en tout cas pour éventuellement indiquer la planque aux poursuivants qui venaient de faire leur apparition ? Et par Eorthyr et ses roupettes, comment deux des fous furieux qui lui filaient le train à lui quelques heures plus tôt se retrouvaient-ils à présent embarqués, selon toute apparence, dans la traque de cette nouvelle proie ? Et quelles conséquences pour lui, Bauwyn Landerval, ici et maintenant ? Questions, trop de questions, toujours des questions, quelle était la couleur du cheval blanc d'An..... non, rester concentré, surtout, merde !!

Bauwyn sentait la situation lui échapper et c'était un sentiment qu'il n'avait jamais apprécié. Il sentait aussi à quel point, sur son visage, le sourire qu'il adressait à la prénommée Aziliz (concentration ! concentration !) devait à présent être figé, crispé. Bon. Les fervents d'Ellyndia étaient censés chérir et protéger la Beauté au-dessus de presque toute autre considération, et quelle que soit la raison pour laquelle elle était poursuivie, la nouvelle arrivante, quoiqu'un peu jeune, était plutôt pas mal. Par ailleurs, de façon plus immédiate, Bauwyn n'avait aucun, mais alors aucun intérêt personnel à dénoncer la fille, c'est-à-dire, fondamentalement : à se faire remarquer, en particulier de gens qui le connaissaient déjà et en voulaient à sa peau. Il se déplaça légèrement sur son tabouret pour tourner le dos à la suppliante, qui ne pouvait que lui en être gré, et décida d'en revenir au plan initial, tant bien que mal.

"Et seriez-vous... euh... aussi impressionnée si je vous disais que votre p... que vos p... vos parents... Vous habitez chez vos parents ?"

Pi-to-yable. Qu'est-ce qu'il lui prenait de sortir une phrase pareille ?? Il fallait rattraper ça et immédiatement. Bauwyn partit d'un rire forcé, tout en s'attachant à ce qu'il ne soit pas trop sonore. Le résultat n'était guère probant.

"C'est sans doute, du moins, ce que demanderait un séducteur à trois pièces de bronze comme beaucoup, je gage, doivent vous importuner souvent. Mais... ahem... je vous prie de croire que je ne suis pas de ce genre-là... En fait..."

Bauwyn fit de son mieux pour se donner une contenance et soupira ostensiblement, un peu théâtralement même, avant de poursuivre, à mi-voix mystérieuse, comme pour lui-même :

"Enfin... la mission avant tout..." répéta-t-il, comme à l'entrée de la taverne.

par Lena Sam 13 Aoû 2011 - 10:00

La nommé Aziliz n'avait pu réprimer un soupir qui en disait long sur sa déception. Elle avait imaginé que ce jeune homme séduisant avait un tant soit peu plus d'esprit. Voyant son luth, elle avait même pensé, un instant, qu'il pouvait s'agir d'un barde qui les aurait régalé de quelques chansons. Sa sœur, en revanche, s'était mise à rire gentiment de la confusion du jeune homme. Elle le trouvait amusant et même, après la mention d'une mission, intéressant.

"Une...mission dites-vous ?"

A l'autre bout de la salle, la situation ne semblait guère vouloir évoluer. L'aubergiste, un homme courtaud au visage rouge et boursoufflé, avait rejoint les gardes. Il les suppliait de ne pas trop déranger ses clients, arguant que ses serveurs arpentaient la pièce et que, s'ils voyaient la gamine, ils la mèneraient immédiatement au poste de milice le plus proche. La femme ne paraissait guère convaincue mais du se ranger à l'avis des trois autres. La seule façon de débusquer la voleuse était de faire sortir tout le monde de la salle, ce qui ne pouvait que prendre beaucoup trop de temps. Le désordre qui en découlerait, de plus, serait innommable, dérangerait toute la rue à une heure déjà bien avancée. La femme ne put donc que faire jurer à l'aubergiste de la rembourser, si sa bourse ne lui était pas rendue, et promis de revenir le lendemain. Puis elle et son compagnon sortirent, rapidement suivis par les deux gardes. Peu à peu, les conversations reprirent, les bardes se remirent à jouer, et la tension baissa d'un cran.

par Grimoald Sam 13 Aoû 2011 - 21:13

Cela ne pouvait que satisfaire Bauwyn qui avec le retour du calme sentait revenir peu à peu ses facultés intellectuelles, et son contrôle de celles-ci. Il chassa dans un coin de son esprit tout ce qui ne concernait pas l'ici et maintenant de cette table d'auberge.

"Oh... je vous prie de m'excuser... J'ai vraiment dit cela à voix haute ?... cela m'a échappé... Toute cette agitation, voyez-vous... après une longue chevauchée... Mais mieux vaudrait faire comme si je n'avais pas commis une telle balourdise. Ce sont là des affaires..." Il partit d'un rire d'auto-dérision visiblement forcé pour masquer une gêne. "Eh bien ! des affaires sur lesquelles il vaudrait mieux se montrer plus discret que je ne l'ai été à l'instant. Cela éviterait sans doute de l'ennui à d'aussi charmantes demoiselles que vous... et beaucoup d'ennuis à mon humble personne."

Bauwyn sourit et fit glisser son luth de son dos sur ses genoux. Ses doigts en effleurèrent les cordes d'un air négligent, mais les quelques sons qu'il en tira vinrent s'intercaler dans les silences des chants des bardes qui animaient la taverne, se mêlant très précisément à leurs harmoniques.

"Et puisqu'on en parle, je ne me suis pas présenté, avec tout ce charivari. Bauwyn Landerval, prêtre d'Ellyndia - bénie soit-elle -, et en conséquence dévot et serviteur de la Beauté, sous quelque forme ou incarnation qu'elle se révèle." Il accompagna cette déclaration d'un léger mouvement de tête aux allures de salutation, et enchaîna aussitôt : "Je viens d'arriver en ville pour..." Il marqua, cette fois, un temps d'hésitation. "Eh bien, je viens d'arriver en ville, foin de détails assommants ! Aurais-je l'heur et l'honneur de savoir à qui je dois l'hospitalité de la première table où je peux trouver quelque repos dans cette grande cité ?"

par Lena Lun 15 Aoû 2011 - 9:53

La jeune fille aux cheveux relevés sourit à cette nouvelle entrée en matière, certainement plus plaisante que la précédente. Peut-être, finalement, avait-elle bien fait de l'accepter à leur table.

"Je me nomme Aziliz Cathasaigh."

Elle s'arrêta, prit le temps de voir si le nom évoquait quelque chose au jeune homme, puis reprit en désignant sa sœur d'un mouvement de tête.

"Et voici ma sœur, Tumet..."

Elle n'eut pas le loisir de continuer. A quelques pas, une exclamation soudaine, suivie d'un cri et d'un bruit sourd, lui fit tourner la tête. Elle vit la voleuse d'élancer vers la fenêtre, son poignard à la main, griffant ceux qui s'approchaient trop d'elle. La serveuse qui l'avait découverte avait été blessée. Elle se tenait, debout et livide, à quelques mètres du petit groupe. Du sang s'écoulait d'une vilaine plaie sur son bras. Son plateau était tombé, et deux choppes de bière finissaient de se vider sur le sol. AU bout de quelques secondes, elle s'affaissa à son tour, et eut à peine le temps de saisir une chaise pour s'y assoir, avant que ses jambes l'abandonnent. Les yeux écarquillés, Tumet porta la main à sa bouche puis, avec un soupir de soulagement, elle se tourna vers Bauwyn.

"Ah messire, par chance vous êtes avec nous. Vous devriez pouvoir la soigner n'est-ce pas ?"

par Grimoald Lun 15 Aoû 2011 - 17:05

L'espace d'un instant, Bauwyn se demanda si la voleuse qui venait de s'enfuir n'avait pas, tout improbable que la chose paraisse, reçue mission de le mettre dans le pétrin, ou à tout le moins, de lui pourrir sa soirée. Si jamais il la recroisait, ils aurait cette fois un petit entretien avec elle.

Laissant son luth en garde à Tumet d'un geste autoritaire, il s'approcha en trois enjambées de la serveuse blessée, mit un genou à terre pour se placer à la hauteur du bras blessé, sortit de sa besace un bout de tissu d'assez grande taille, le déchira, et entreprit de le nouer de façon assez serrée autour de la plaie ouverte.

"Ne vous inquiétez pas... ça va aller... maintenez ça serré, surtout." dit-il à la serveuse d'une voix rassurante, avant de se relever et de lancer à la cantonade : "Est-ce quelqu'un a appelé un médecin ??!"

Puis, retournant auprès des deux sœurs, visiblement interdites par son attitude, il récupéra son luth et leur parla à voix basse, rapidement :

"Écoutez, je ne comptais pas vous mêler à ça, mais puisque j'en ai déjà trop dit... Je suis effectivement en mission... une mission secrète, en fait, qui concerne le haut clergé d'Ellyndia dans cette cité, ainsi que certaines des autorités locales... Je ne peux vraiment pas me permettre d'utiliser mes capacités magiques ici, pour soigner cette pauvre serveuse. Elle s'en remettra sans cela, mais ce serait de ma part un manque de discrétion qui pourrait avoir les plus graves conséquences, et pas seulement pour moi..." Bauwyn soupira. "Tout ce que je souhaitais, c'était passer une agréable soirée en arrivant ici, discuter en bonne compagnie, avant de devoir... me retirer dans l'obscurité pour mener à bien la tâche qui m'a été confié... Je ne suis même pas sûr que prendre une chambre dans une auberge ne constituerait pas déjà une imprudence... il vaudrait peut-être mieux que je passe la nuit caché dans le foin de quelque écurie... ou sous un pont... Mais l'affaire est grave, et je dois écouter mon devoir avant tout, vous comprenez ?..."

par Lena Dim 21 Aoû 2011 - 18:03

Tumet paraissait impressionnée. Elle écoutait le discours du jeune homme, ses beaux yeux verts grands ouverts, essayant d'imaginer quelle pouvait être cette mission. Secrète. Le mot seul avait un côté infiniment attrayant. Lorsqu'il eut fini, elle murmura quelques mots à l'oreille de sa sœur qui, elle, semblait plus réservée quant au crédit à accorder au prêtre.

"Tu n'es pas sérieuse ?"

Aziliz, les sourcils froncés, avait répondu suffisamment fort pour que Bauwyn puisse entendre. L'autre répondit par un simple sourire qui en disait long. Bien sûr que si, elle était sérieuse. Aziliz haussa les épaules.

"Nous en reparlerons tout à l'heure."

Un regard vers la serveuse lui apprit que la blessure ne devait pas être si grave que cela. La fille était assise, son bandage était tâché de sang, mais elle reprenait déjà des couleurs. Un autre serveur et trois clients compatissants attendaient près d'elle, lui demandant régulièrement si elle se sentait prête à se lever. Elle finit par répondre par l'affirmative et fut rapatriée dans les cuisines. Aziliz se tourna alors vers Bauwyn avec un sourire. Elle fit passer derrière son oreille une mèche qui s'était échappée de sa coiffure.

"Nous comprenons. Et puisque cette jeune personne semble aller mieux, je pense nous devrions oublier cet incident.
- Elle a raison, profitons donc de cette soirée, ou du moins de ce qu'il en reste. Il serait dommage que vous partiez avec un mauvais souvenir de notre belle cité.
- Surtout si c'est là votre première visite."

Aziliz hésita, sourit, et ajouta, mi-curieuse, mi-moqueuse :

"Si la réponse n'est pas un secret, dites-nous, êtes-vous déjà venu à Merilith ?"

par Grimoald Mar 23 Aoû 2011 - 19:51

Bauwyn laissa échapper un soupir de soulagement. Les choses semblaient prendre une voie plus plaisante. Il préféra ne pas spéculer sur le sens des paroles qu'il avait entendu les deux sœurs échanger ; chaque chose en son temps - et sa frénésie spéculative d'un peu plus tôt aurait pu lui valoir un désastre. Il se contenta d'incliner légèrement la tête en rendant son sourire à son interlocutrice :

"Non, je n'ai jamais eu ce plaisir. Je suis originaire de l'autre bout du continent, et ma vocation me conduit ordinairement plutôt sur les grands chemins de nos campagnes."

Il marqua une pause avant d'ajouter à mi-voix :

"C'est justement parce que je suis totalement étranger à cette cité que... l'on m'a choisi pour me faire venir ici."

Il acheva en posant son doigt sur sa bouche, avec un air entendu.

par Lena Jeu 25 Aoû 2011 - 12:54

Aziliz eut une moue dubitative qui se mua en sourire. Quelle importance cela pouvait-il avoir après tout ? Il disait être en mission, soit. Elle ne chercherait pas à en savoir plus. Pas dans l'immédiat du moins.

"Dans ce cas, peut-être aurez vous besoin d'un guide, si vous ne voulez pas demander votre chemin à chaque passant."

Sa sœur acquiesça.

"Il est difficile de se retrouver dans cette cité, lorsque l'on ne la connait pas. Mais elle vaut que l'on s'y attarde. Votre mi...Vos affaires vous retiendront-elles longtemps en ville ?"

Ses joues prirent une teinte rosée.

"Ne vous sentez pas obligé de me répondre. Je suis parfois un peu trop curieuse..."

par Grimoald Dim 28 Aoû 2011 - 9:34

Bauwyn répondit par un sourire chaleureux. Décidément, il préférait la tournure des évènements depuis quelques minutes au grand Bär-N'hom de tout-à-l'heure. Et ses affaires allaient effectivement l'obliger quelques temps à séjourner en ville, quoiqu'il ne prisât guère cette obligation.

"En effet, gentilles demoiselles, je crains d'être là pour un petit moment, et je vous fais confiance quant à la nécessité d'une aide si vous me dites qu'elle pourrait m'être nécessaire pour me retrouver dans cette ville ; après tout vous la connaissez mieux que moi. Connaîtriez-vous... aussi quelqu'un qui pourrait me fournir cette aide de façon discrète ?"

par Lena Mer 31 Aoû 2011 - 13:14

"Et bien..."

Tumet se tut et se tourna vers sa sœur. Elle fit mine de réfléchir, mais avait déjà une petite idée et attendait qu'Aziliz la confirme.

"Il y a bien Podric..."

Aziliz se tourna vers le prêtre.

"C'est un ami à nous, il connait la ville comme sa poche. Les endroits à éviter lorsque l'on souhaite être discret...
- Bien sûr, ajouta Tumet, nous pourrions aussi vous faire visiter...
- Mais si vous êtes pressé et ne voulez pas être vu, ce ne serait pas l'idéal."

par Grimoald Ven 9 Sep 2011 - 11:56

Bauwyn soupira. Celle-là, il l'avait vu venir, - mais du moins il s'autorisa à espérer que ce Podric serait véritablement un auxiliaire utile, et qu'on n'allait pas lui refaire le coup du demi-orque. Il n'y avait pas à réfléchir pendant des heures : au vu des récents évènements, la discrétion devait effectivement primer. Sécurité avant tout. Bauwyn adressa un sourire à ses deux interlocutrices.

"Pressé, non, je ne le suis pas vraiment. Sinon je ne serais pas ici, d'ailleurs. En revanche, la discrétion est effectivement quelque chose de fort nécessaire à..." Il toussa un peu. "...mes occupations du moment. C'est donc avec joie et gratitude que j'accepterais l'aide de l'ami que vous voudriez bien me présenter, s'il est aussi expert en la matière que vous le dites..."

Alors même que Bauwyn répondait, cependant, quelque chose d'autre ne cessait de le titiller dans un coin de son esprit. La dernière phrase d'Aziliz résonnait étrangement avec certains sous-entendus qu'elle semblait avoir fait un peu plus tôt. Il finit par s'interrompre, prenant une mine soucieuse sous le regard interrogateur des jumelles, puis se tourna à nouveau avec elle, se tapotant la tempe avec son index.

"Cependant... je vous prie de m'excuser... quelque chose me tracasse... Vos parents... pour en revenir à eux... ne feraient-ils pas partie, par hasard, des... hautes instances de cette cité ?... La coïncidence serait étonnante..."

par Lena Jeu 15 Sep 2011 - 11:56

Tumet se redressa, un sourire sur les lèvres. Un éclair de fierté passa dans son regard.

"Leur réputation n'est plus à faire, peut-être aviez-vous entendu parler de notre père, Liam Cathasaigh. Sans doute l'une des plus grandes fort...
- ...midables ascensions."

Aziliz venait de donner un coup de coude discret à sa sœur. Souriant au jeune homme, elle poursuivit :

"Enfin, tout est affaire de proportion j'imagine. Son père, notre grand-père était pêcheur, lui a monté sa propre affaire, et il s'en est bien sorti.
- Ce sont de proches amis du duc d'Eredherm. Nous lui sommes d'ailleurs...apparentées, en quelque sorte."

Tumet se rengorgeait à mesure qu'elle parlait. Aziliz toussota puis, toujours souriante, appuya son menton sur la paume de sa main et leva les yeux vers le prêtre.

"Cela n'a que peu d'importance au fond. Je serais curieuse de savoir en revanche ce que vous entendez par coïncidence..."

par Grimoald Mer 21 Sep 2011 - 18:59

La coïncidence, Bauwyn ne la voyait que trop bien. à tel point qu'il en vint un instant à soupçonner un traquenard, avant de se souvenir à quelle point l'hypothèse était irréaliste - pour ne pas dire impossible.

"Eh bien... je suis envoyé dans cette cité pour une affaire concernant son temple et sa haute société... je m'arrête avant cela dans une auberge pour y prendre un peu de repos et de bon temps... et je tombe sur deux représentantes de cette haute société, si je comprends bien..."

Bauwyn n'alla pas plus loin, laissant ces paroles en suspens tandis que son esprit analysait les possibilités qui s'offraient à lui. Il pouvait sauter sur l'occasion mais en admettant qu'il convainque les jumelles de l'accueillir chez elles, se retrouver au contact de ladite haute société pouvait très mal tourner, sauf à élaborer soigneusement les choses. L'option "Podric" semblait plus sûre pour garder profil bas, d'autant qu'il n'y avait aucune raison de penser que le personnage n'était pas conforme à la description qu'on venait de donner de lui. Mais, à y bien réfléchir, si ce Podric se montrait aussi efficace et, potentiellement, zélé, qu'on le laissait entendre, cela aussi pourrait au bout d'un moment poser problème quant aux plans de Bauwyn : il pouvait devenir... encombrant, et ce genre de types n'étaient généralement pas les plus simples à manœuvrer. Tout à ces réflexions, Bauwyn continuait de garder le silence, espérant qu'une réponse de l'une des deux sœurs l'aiderait à s'orienter vers une piste ou vers l'autre.

par Lena Lun 26 Sep 2011 - 19:04

"Pour une coïncidence..."

L'espace d'un instant, Bauwyn crut percevoir une note d'ironie dans les paroles d'Aziliz. Mais rien dans son attitude ne pouvait le lui confirmer et il n'eut pas le loisir de se pencher sur la question. Aziliz balaya la remarque d'un haussement d'épaule et reprit avec un sourire :

"Enfin, passons. J'espère que vos affaires se dérouleront au mieux, mais nous ne voudrions pas vous ennuyer davantage avec ça."

La moue de Tumet laissa supposer au prêtre que la jeune femme n'était pas tout à fait de cette avis. Néanmoins, elle n'ajouta rien sur le sujet, tandis qu'Aziliz lançait le prêtre sur un sujet moins personnel. L'heure suivante s'écoula agréablement. Les trois jeunes gens échangèrent des banalités, et les deux sœurs s'avérèrent être d'une compagnie des plus plaisantes. Tumet riait de bon cœur aux mots d'esprit de Bauwyn, et même Aziliz ne pouvait réprimer, parfois, un petit rire amusé suite à quelque remarque. Peu à peu, autour d'eux, la salle se vidait, et les serveurs commençaient à regarder les jumelles et leur invité avec insistance. Finalement, après un regard en direction de sœur, Aziliz se leva et annonça :

"Ce fut un plaisir, messire Bauwyn. Mais nous allons devoir vous abandonner, la soirée est déjà bien avancée.
- Avez-vous un endroit où dormir ?"

S'inquiétant du sort du voyageur, Tumet ignora consciencieusement le regard désapprobateur que lui lança sa sœur.

par Grimoald Mer 28 Sep 2011 - 20:13

Bauwyn s'éclaircit la voix. Son regard parcourut la salle comme s'il découvrait seulement à présent que tout le monde était parti.

"Eh bien, comme je vous le disais plus tôt, non, pas vraiment... vraiment pas, en fait... Mais quelle heure est-il donc ? Je n'ai pas vu le temps passer, en si agréable compagnie."

Il réfléchit un instant avant de marmonner à mi-voix :

"Mais par Ellyndia, c'est que tout va être fermé, s'il est si tard que cela."

par Lena Jeu 29 Sep 2011 - 21:35

Aziliz lança un sourire narquois à sa sœur, puis héla l'aubergiste.

"J'imagine qu'il vous reste des chambres ?"

L'interpellé fit une grimace.

"Ben, désolé mais non. C'est pas coutume mais là, avec le mariage, y a plus une chambre de libre dans l’établissement. Et m’étonnerait qu’vous trouviez une chambre où qu’ce soit, surtout à c't'heure là. A moins de descendre dans des quartiers...vraiment pas fréquentables. Mais honnêtement j'vous l'déconseille. Par contre, moi, j'vais fermer, alors si vous pouviez vous décider vite."

Comme pour confirmer ses paroles, l'aubergiste commença à mettre les chaises sur les tables. Aziliz perdit de sa superbe, et eut du mal à conserver son sourire, qui paraissait désormais quelque peu forcé. Finalement, elle haussa les épaules et fit signe à sa sœur de continuer. Tumet ne se le fit pas dire deux fois.

"Nous trouverons bien une chambre libre chez nous. Enfin, si vous le souhaitez."

par Grimoald Ven 30 Sep 2011 - 10:18

"Voilà une situation terriblement embarrassante... répondit Bauwyn. Je ne voudrais surtout pas vous causer d'embarras... En même temps, il y aurait quelque chose de fort discourtois de ma part à refuser une offre si..." (Bauwyn hésita un instant sur le mot le plus approprié.) "...aimable."

Sous le regard un peu ombrageux de l'aubergiste qui ne semblait vraiment pas souhaiter que la conversation s'éternise, Bauwyn commença à ramasser ses affaires, l'air plongé dans ses réflexions.

"Écoutez, pour être tout à fait franc avec vous, et même si je m'étais préparé à cette éventualité, je dois bien avouer que la possibilité de dormir sous un pont n'a rien qui m'attire particulièrement." Il sourit. "C'est donc avec beaucoup de reconnaissance que je pourrais accepter votre proposition. Et le plaisir de rester en votre agréable compagnie serait sans prix. Mais j'insiste : vraiment, si cela vous cause quelque ennui ou dérangement que ce soit, je pourrais me débrouiller tout seul..."

Il se pencha un peu dans la direction de Tumet et ajouta à voix basse : "En revanche, si vous voulez bien m'offrir cette chambre, je me permets d'insister également pour que... ce que vous savez de mes motivations quant à ma venue dans cette ville... peut-être même jusqu'à ma qualité de prêtre... restent absolument entre nous trois... pour notre sécurité à tous."

par Lena Jeu 6 Oct 2011 - 14:04

Tumet acquiesça immédiatement, arguant qu'elle comprenait tout à fait, et qu'elle le présenterait comme le cousin de passage d'un vieil ami. Aziliz se montra plus réservée, mais finit par accepter à son tour, et c'est à la grande satisfaction de l'aubergiste que les trois jeunes gens quittèrent l'auberge.

> Vers la demeure des Cathasaigh...

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