ET LE RESTE ? Bribes de Héros de Ville éparpillées ici et là

[REX LeBLACK]

Voilà, j'inaugure mes activités dans "AMESTRIAN CHRONICLES" avec l'ouverture d'un texte que j'ai écrit il y a pratiquement un an. Une sorte de mini-épopée regroupant trois personnages, dans une ville tentaculaire remplie de personnalités toutes plus saugrenues les unes que les autres. Donc, voici le tout début de cette histoire...

[REX LeBLACK]

Et Le Reste........ ?
(Bribe s de Héros de Ville éparpillées ici et là )


14h35. Un panier de basket, un ballon à moitié dégonflé qui s'y abandonne.

Je commençais à peine à me rendre compte que je passais un peu trop mon temps avec Sam. J'en ressentais le besoin, assez puissamment pour que sa présence me paraisse indispensable. Pourtant il était juste là, à marmonner, filtre de cigarette à la bouche, quelques uns de ses grands principes sur la vie et ce qui la constitue. Il enchaînait les paniers, blasé, et continuait son sermon. Car c'était dimanche oui, et cet endroit demeurait mon église hebdomadaire. Il me posait souvent cette devinette :

« Tu te souviens du temps où j'étais devenu légitimement roi ? »

Et je ne lui répondais rien. Tout le temps. Je ne sais pas si c'était parce-que je ne tenais pas à ce qui me fasse part de cette ère révolue, ou si c'était parce-qu'au plus profond de moi, je m'en contrefichais, ne serait-ce qu'un p'tit peu.
Cela ne l'empêchait pourtant pas de poursuivre, il enchaînait souvent avec ceci :

« Moi en tout cas j'me souviens de cet empafé avec qui tu trainais au bord des routes ... »

Oui ça il s'en souvenait. Plutôt bien d'ailleurs, parce-que cet empafé que moi-même je renie était un contemporain du temps où il detenait ce fameux statut de roi. Steve Carlon. On peut dire qu'on faisait la paire. Je ne regrette pas au contraire, c'est juste que je n'aime pas. Je n'aime pas me remémorer cette période sombre de mon associable d'adolescence. Et au final même si Sam continue à me titiller sur ce sujet, je suis plutôt satisfait de la tournure que les choses ont prises. Toutefois je restais interrogatif sur beaucoup de choses, mais pour une fois dans ma vie, ça ne me tracassait pas plus que cela. Comme par exemple les longs silences de Sam, lorsqu'enfin il s'arrêtait de débiter tous ces longs monologues sur sa vie et celle des autres, et qu'il me fixait longuement, le regard en coin, avec son oeil bleu perçant qui part légèrement en couille, et que je vois clignoter à vue d'oeil, limite phosphorescent. Son oeil injecté de sang mais tout autant de vérité, de cette vérité que j'aimerais tant connaître et qu'il tente de me transmettre par ce putain de regard en coin. Quoi mais merde je sors pas de l'actor's studio bon sang ! S'il veut me dire quelque chose qu'il me le dise clairement, avec des mots, la salive qu'il faut, et son phrasé si particulier. J'aurais été prêt à lui briser la nuque à plusieurs reprises à cause de ces moments. Mais c'était bien sûr impossible, car trop faible, et surtout trop respectueux de ce qu'il incarnait à mes yeux. Lui aussi me respectait, mais pour sa carcasse plutôt imposante, ce n'était pas un effort à faire. Cela allait de soi. Mais moi...ben moi...j'étais con. J'étais con de croire au respect que je lui portais.


18H59. Bar « Le Wetty's ». Samuel Kesso s'accoude au comptoir, tel un maître des lieux. Lunettes fumées, costard froissé mais seillant tout de même. Ce jeune homme déjà sur le déclin n'a besoin de personne pour se définir :

« Tu vois le mec qui a fait qu'un seul James Bond ? Non, ben lui c'est George Lazenby. George Lazenby a remplacé en 1966 Sean Connery pour faire Au Service Secret de Sa Majesté. C'est pas que je sois un grand fana de James Bond, perso je regarde ça pour les belles miches qu'on peut y trouver. Mais tout de même ça m'a frappé de voir que ce mec avait juste fait ce film, putain l'histoire d'un film il était James Bond ! James Bond 007, au service secret de sa majesté, le permis de tuer enfin tout ça quoi ! Et bien il en a fait un seul et unique, puis il y a eu à nouveau Sean Connery, pour Les Diamants Sont Eternels. Enfin bon c'est pas le problème en plus celui-là c'est une sacré bouse. Tout ça pour dire que George Lazenby n'est pas forcemment très bon dans le rôle, notamment parce-qu'on garde le souvenir de Sean Connery, mais aussi parce-qu'il est tout simplement, pas génial. Mais tout de même, ça n'en reste pas moins James Bond, on est d'accord ? Ce gars-là a été James Bond ! Ben tu vois, moi j'suis un peu George Lazenby, un mec bien meilleur que moi s'est barré, j'ai pris sa place, j'ai joué son rôle, j'ai hérité des mêmes responsabilités que lui, j'ai pas forcemment été bon dans le genre, mais j'étais là, et j'assurais le rôle. Puis ce mec est revenu, et il a repris cette place. Et je doute fort que je la reprendrai. Donc du coup, j'suis un peu comme George Lazenby pour James Bond. Le temps d'une fois, j'ai tenu quelque chose. Et voilà. Tu vois j'm'en vante pas au contraire, à la limite j'aurais été Roger Moore ça aurait été tout de même plus sympathique. Mais bon c'est comme ça j'ai pas été là au bon moment, je ne suis pas né à la bonne époque. Et je ne m'en vante pas, de toutes manières je n'y peux rien. Seulement, faut juste savoir trouver ses icônes, ses symboles, les choses auxquels on peut s'identifier, personnellement. Trouver notre égal, et pas quelqu'un d'au-dessus ou d'en-dessous. Pour le moment j'ai trouvé George Lazenby, mais c'est vrai qu'au fond c'est un exemple de merde. Je trouverais plus significatif la prochaine fois. »

ça c'était le temps où Samuel Kesso était à la ramasse. Il enchaîne les bières, d'un air ébêté, et il déblattère des tirades de ce genre, en rotant parfois. Mais ça ne va pas durer bien longtemps. C'est une transition qu'il traverse là. Bientôt une lumière l'éclairera. Une foi. Car pour le moment il n'a plus foi en rien...

[Starman]

Et bien c'est très sympathique tout ça, tout à fait ton style. J'ai toujours bien aimé ta façon d'écrire donc rien de très nouveau de ce côté. Geaoges Lazenby quand même.... du coup tu me met l'eau à la bouche^^.

[Lena]

Le style est particulier, c'est assez différent de ce que j'ai l'habitude de lire...
Ceci dit, pour le moment j'aime bien...Il faut voir ce que donnera la suite.
Sur le fond...c'est une entrée en matière intéressante, et particulièrement intrigante je dois dire. Là aussi, j'attends de voir la suite pour me faire une idée plus précise ^^

[Mélanie Mustang]

Eh bien, comme mes camarades, j'attends de voir la suite de cette histoire pour savoir où tu comptes nous emmener... Mais l'avantage c'est que ton style est assez fluide et semble bien correspondre aux personnages... Donc maintenant, vivement la suite^^

[Macros]

Eh, le moins qu'on puisse dire, c'est que tu sais appater le lecteur! Très bon monologue, avec un style personnel très vivant, qui retient l'attention en permanence (et dieu sait pourtant que j'ai tendance à lire en diagonale quand j'ai la flemme) Je confirme donc ce que je te disais dans ton topic de présentation: on veut la suite!

[REX LeBLACK]

16h34. Avenue Commerçante de La Ville De L'Ouest.

Dans la vie il y a les gentils, les méchants, les « gentils-méchants » (catégorie la plus répandue, et la plus compréhensible, si on s'y penche d'un peu plus près). Mais il faut dire que Steve Carlon, lui, n'est strictement habité par aucune notion manichéenne, notion si savamment implantée dans nos contrées occidentales depuis qu'un monsieur un tantinet susceptible a décidé de se planter des clous sur un bout de bois. Steve Carlon aime son époque, celle qui succède à ce vingtième siècle si riche en découvertes scientifiques, ces dites découvertes entrainant bien entendu des inventions technologiques des plus renversantes. Steve Carlon aime la télévision, les jeux vidéos, le cinéma, les lecteurs mp3, les ceintures avec attaches argentées, les pantalons en velours, le cuir non synthétique....Steve Carlon, dans son enthousiasme qui dépasse l'inconscience, ne se rend pas compte qu'il accorde beaucoup plus de crédit au contenu d'une valise à destination d'un camping plutôt qu'à la vie en elle-même. Audacieux. Oui. Audacieux jeune homme que celui-ci, jeune homme qui n'a pas eu une adolescence des plus jouissives, il faut le reconnaître. Dans le fond, elle fût plutôt paisible, avec les petites aspérités que tout le monde peut rencontrer. Mais il est évident que de son point de vue, elle restera un point noir, une zone à rayer dans son cheminement personnel.

Il a longtemps été proche de Hugues Leblaque, mais depuis que Hugues Leblaque l'a abadonné pour, comme il dit, cette « raclure de Kesso », le petit bonhomme aux yeux noirs et à la mine de renard s'est construit un nouvel entourage, constitué essentiellement d'étudiants en cinéma, de bourgeois décomplexés et de branleurs permanents autoproclamés penseurs underground de la ville.



Trois-quatre jours auparavant :

L'un de ces cracheurs de concepts bricolés disait :

« Je repense à cette idée, cette image qui me dévore et m'exploite, me contrôle et m'anime, me révolte mais ne me quitte jamais : cette histoire d'un dîner aux Bahamas. Notre dernier dîner...aux Bahamas... »

Bien sûr, Steve ne veut pas perdre son temps à accorder ne serait-ce qu'une pincée d'épaisseur à ce qu'il est en train d'entendtre, il faut dire que l'effet du « joint » y est pour beaucoup. Il y a ça et il y a Hugues, c'est vrai que c'est triste à admettre mais il lui manque. C'était autre chose. Il n'était pas dans le même monde, mais quelque chose qui allait au-delà d'un simple partage les liait. Quelque chose de limite animal. Des histoires d'aura qui se rencontraient et s'entrechoquaient. Ils pouvaient passer des après-midis à ne rien dire, à ne rien échanger, mais jamais l'ennui venait transgresser leurs ondes respectives, respectives et harmonieuses.


Ce voyage, ce renouveau qu'il voudrait toucher de ses petits doigts, derniers vestiges de son corps d'enfant :


« Hugues Leblaque fait partie de ses humains qui voyagent dans les tréfonds des émotions, en gardant leur esprit bien consciencieusement dans un baluchon...un baluchon pour la route...Il ne s'en imprègne pas, mais le préserve tout de même, en sécurité...sait-on jamais...


Hugues Leblaque et Steve Carlon ont quitté la Ville de L'Ouest et chacun a ses propres raisons d'avoir agi ainsi...Les plaines s'ouvrent à eux comme une nébuleuse croupissant dans un soleil de plastique givré.

Steve est l'avide de découverte, aussi dérisoires puissent-elles être...

Hugues est comme un prêcheur en état de syncope, cherchant du regard une nouvelle étoile à son ciel... »

C'est vrai. A eux deux. Ils formeraient un beau duo. Un peu bancal par moment, mais beau si on observe de l'extérieur. Car de son propre point de vue, Steve Carlon a toujours trouvé ça un peu minable, les petits gigotements des humains, leurs envies multiples, de rester, de partir, de voyager, lui préfère regarder des films, passer des journées entières au cinéma. Pour oublier son point de vue, ce point de vue qui lui dit qu'il est minable. Avec Hugues c'était cette même sensation qu'il retrouvait, Hugues, c'était un cinéma vivant. Mais Hugues est un con opportuniste, pense-t-il surtout. Il passe à autre chose. Une nouvelle vie. De nouvelles sensations, ses bras s'engourdissent, c'est de la bonne, pense-t-il ensuite. Merde. Il doit certainement rater le coche. A moins que ce ne soit le parcours obligatoire pour un futur meilleur, enfin, un homme meilleur. Meilleur, Steve pense l'être, plus sûr de lui, plus en confiance, plus sociable. Plus intègre ? Ça, il vient de le rayer à l'instant dans la base de données de ses mots d'ordre.

[Starman]

Toujours aussi sympa mec. On commence petit à petit à voir se tisser la grand "Toile des relations", ô combien importante à un bon récit^^. Bon boulot, et curieux de voir où tout ca va mener.

[Mélanie Mustang]

Eh bien je le dis encore... Ton style est assez sympathique... On avance tout doucement vers la suite... ^^

[Heg]

Génial ! Epatant ! Je le pense vraiment. On a rarement vu le minimaliste et une exubérence de superflu quasi-baroque si habilement mariés, en tout cas sur ce site qui prend une dimention de plus en plus interessante. (Influance de Tarantino ? de Jack Kerouac ? de JCVD ?)

J'ai de plus en plus hâte de savoir ou tout ça va nous mener. Tiens bon, mec...

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