Re: Le Grain de Beauté

par Mélanie Mustang Sam 8 Mar 2008 - 15:47

Un post sur D'un monde à l'autre? Hum... Je crois que j'ai dû mal lire... Ca doit être le whisky...^^

par Lena Sam 8 Mar 2008 - 16:11

Rien ne t'obliges à boire du whisky non plus...doit y avoir des boissons non alcoolisées dans ce bar...^^
Ceci dit, tu as bien lu, j'ai écrit un post pour une fic appelée "D'un Monde à l'autre". (et j'ai tenu mes délais, victoire !! =D)

par Heg Dim 9 Mar 2008 - 11:50

Suite de cette terrible histoire. Buvez du whisky, de la vodka, ou rien, mais lisez là !

...............................................................................................

CHAPITRE 4 : "Celà"

Une mouche se posa sur le sein droit de Dounia. Elle la chassa paresseusement. C’était le cœur de l’été, et la chaleur engourdissait tous les êtres qui n’avaient pas eu la bonne idée de se réfugier à la campagne ou au bord de la mer. Les parents et la sœur de Dounia avaient fui chez grand-mère Sonia. La jeune femme, elle, n’avait pas eu le droit à des vacances, si minables fusent-elles. Elle devait rester à la maison, et surveiller l’arrivée de la lettre.

A son coté, Aleksei eut un ronflement rauque et se retourna entre les draps moites. Une tâche de lumière estivale filtrant entre les rideaux à demi tirés s’abattait sur lui, éclairant sa nuque, une épaule, le haut de son dos, révélant toutes les imperfections de sa peau. C’était donc ça, « cela »… La vie de couple. Un peu de sexe, mais surtout de longues heures passées côte à côte avec une personne dont les défauts nous apparaissent chaque jour plus clairement.

A la décharge d’Aleksei, l’acte en lui-même n’avait pas été si désagréable que cela, encore que Dounia avait confusément l’impression que ça aurait pu être beaucoup mieux. Au début de leur relation clandestine, sous le coup de l’émotion, elle avait fermé les yeux sur l’inconfort, les risques, l’odeur, et le fait que ce n’était visiblement pas la première fois pour lui. Elle avait même vaguement cru être amoureuse. Mais, depuis, elle avait réalisé quelque chose de fondamental : c’était moins la présence d’Aleksei qui l’intéressait que la perspective d’une aventure secrète, de pouvoir saisir la liberté quelques semaines avant que ne se referme définitivement sur elle l’étouffante chape du mariage.

Non, ça n’était pas encore ça. Cette mentalité n’était pas la sienne, mais celle d’Aleksei. Aleksei qui l’emmenait dans une cave clandestine et ne différenciait pas la bière du champagne. Aleksei qui avait collectionné les aventures amoureuses au cours de son adolescence et ne comptait pas s’arrêter après son mariage. Aleksei pour qui le mariage n’était qu’une simple formalité, et qui n’éprouvait aucune révolte envers cette institution rétrograde et avilissante. Aleksei, enfin, qui collectionnait les ouvrages politiques interdits mais n’en avait jamais lu plus de quelques pages.

La pièce dans laquelle ils se trouvaient n’était pas la chambre du jeune homme, mais se trouvait au dernier étage de l’immeuble, et avait servi pendant longtemps de débarras aux Nikolovitch, avant qu’il ne s’en approprie les clefs pour en faire sa garçonnière. En face de Dounia, un mur entier était caché par les étagères recouvertes d’objets interdits, dont une bonne partie de livres.

Ses yeux ne pouvaient pas se détacher de leur tranche abîmée. Elle avait l’impression d’avoir déjà consacré des après-midi entiers à cette simple contemplation. Soudain, la voix de sa mère lui revint en mémoire, formant les mots : « 20 ans de goulag ! ». Elle se décida.

En sortant du lit, le grincement du matelas fit grogner Aleksei. Elle vint se rallonger, les bras chargés d’une demi-douzaine d’ouvrages et reprit la lecture de l’un deux à l’endroit où elle l’avait abandonnée la première fois. Il était question de l’histoire du pays, de la société, avec des mots simple et forts que l’ouvrier devait pouvoir comprendre, reliés maladroitement dans des phrases grandiloquentes. Le style rappelait très fortement les prospectus distribués par le Parti. C’était assez agaçant. Dans un second livre, plus petit, Dounia trouva plus de sources de satisfaction. Elle avait l’impression qu’un vieil homme très érudit lui racontait des histoires savantes autours d’un feu de cheminée. Ces histoires présentaient beaucoup de points communs avec celles de premier texte, certes, mais dans la bouche du vieil homme elles trouvaient un second souffle, prenaient corps, devenaient réalité.

« Ca t’intéresse ? »

Dounia sursauta. La peau d’Aleksei qui avait été exposée au soleil avait indéniablement rosi.

« Tu les as eu où ? »
« C’est Sergei qui me les a donnés, il insistait… »
« Qui ça ? »

Il s’agissait du garçon qui leur avait ouvert la porte de « La Cave » la première fois qu’ils y étaient allés. Dounia se rappelait très bien de lui, car elle avait été vraiment frappée par sa barbe hirsute et sa stature de colosse. Il mesurait certainement plus de 2 mètres. Aleksei lui raconta qu’il avait dans les 24 ou 25 ans, et qu’à l’époque il s’était enfui de chez lui avant les examens de fin d’année, échappant à son affectation, et vivait depuis lors clandestinement dans les vieux quartiers.

« Il est du genre idéaliste, tu vois… Voire même franchement illuminé par moments ! Enfin, il est pas méchant. »
« Je vois. »

Dounia ressentit tout à coup énormément de mépris pour Aleksei, sans vraiment se l’expliquer. Le jeune homme, qui s’était auparavant redressé sur le coude, se remit sur le dos.

« Heureusement, d’ailleurs, parce que ses poings font la taille de ma tête, ha ! Ha ! Ha ! Enfin, c’est pas une brute, il est plutôt intello, en fait. Mais bon, un peu illuminé, tu vois ? »
« Oui… »
« Mais si ça t’intéresse, il organise des séances de lecture de ces bouquins, de temps en temps. J’ai l’adresse. »
« Je veux bien… »

par Lena Dim 9 Mar 2008 - 12:00

Aha on s'rebelle ! Mais ça ne va pas se passer comme ça, non, non...au goulag les jeunes, pour 20 ans !

Bon...plus sérieusement, bon passage, intéressante cette nouvelle...je suis curieuse de lire la suite...^^

par Mélanie Mustang Dim 9 Mar 2008 - 13:53

Ah bah là vu le nombre de fois qu'ils l'ont fait, c'est pas 20 ans qu'ils vont passer au goulag mais toute leur vie... Et si en plus ils se mettent à lire des trucs pas catholiques pour le parti... C'est galère pour eux...

Hâte de voir la suite^^

par Macros Dim 9 Mar 2008 - 16:54

C'est le drame des leaders éclairés désireux d'améliorer le sort de l'humanité: leurs concitoyens ne comprennent jamais que c'est pour leur bien! Et ensuite, ils boivent de l'alcool, lisent des livres subversifs ou même réclament des élections libres. Triste époque... En tout cas, curieux de voir le prochain passage, vu que c'est là ou je m'étais arrêté...

par Heg Dim 9 Mar 2008 - 17:24

Ah bon, c'est curieux, j'aurais juré que tu avais lu le 5 aussi. Enfin, peutimporte.

La suite est pour mercredi, mes enfants ! ^^

(Macros, si tu deviens le petit père des peubles, j'aimerai être un de tes généraux, rien que pour pouvoir te putcher ensuite. Ceci peut être pris pour une lettre de candidature...)

par Heg Mer 12 Mar 2008 - 20:27

Tout de suite, la suite !

...........................................................................................

Chapitre 5 : Un peu d'air frais...

Les yeux de Dounia commençaient à peine à s’habituer à l’obscurité. La pièce, un ancien cellier, ne disposait que d’une ampoule nue pendue au plafond bas, projetant, déformées sur les murs de briques, les ombres des quelques participants. La période estivale était peu propice aux rassemblements, chacun trouvant difficilement la force de quitter son appartement par une telle chaleur. C’était le pire mois d’Août depuis au moins 10 ans. Ici, l’air était renfermé et sentait la moisissure, mais était d’une fraîcheur appréciable.

La jeune femme ne savait pas vraiment ce qu’elle venait chercher dans ces réunions de lecture. Contrairement aux autres participants, elle n’était ni passionnée par la politique, ni très instruite des vieux textes. Elle n’intervenait que très rarement dans les débats, ce contentant d’écouter calmement ce que chacun disait, et n’arrivait jamais tellement à se former une opinion. Pour autant, elle ne trouvait pas les sujets abordés ennuyeux, mais elle ne se serait peut être pas déplacée s’il n’y avait pas quelque chose de plus qui la poussait à venir.

Quoi ? Difficile à dire… Une certaine liberté de ton, un abri contre la chaleur, la voix grave et profonde de Sergei scandant encore et toujours les mêmes textes poussiéreux, ses mains énormes menaçant de détruire l’ouvrage hors d’âge qu’il tenait, sans jamais le faire totalement. De temps en temps, sans cesser de parler, il tournait son visage hirsute vers Dounia et, sondant son silence, la fixait de ses yeux bleus à la fois froids et très brillants.

L’été touchait à sa fin. Depuis 15 jours, Aleksei, fébrile, préparait son entrée à un poste très avantageux de Ministère de la Justice, ainsi que sa rencontre avec sa future femme, un beau parti à ce que Dounia s’était laissée dire. Aleksei avait essayé à plusieurs reprises de titiller sa jalousie, en vain. Son futur à elle restait incertain, la lettre n’était toujours pas arrivée, au grand désarroi des parents de la jeune femme. Aleksei, lui, était certain qu’il ne fallait pas s’alarmer, l’administration étant ce qu’elle était, il semblait que le grain de beauté de Dounia lui posait un problème épineux ; et qu’ils finiraient tôt ou tard par décider de ne pas s’en occuper du tout.

La réunion se terminait, la pendule murale indiquant six heures. Dounia n’était pas du tout pressée de rentrer chez elle, le dîner ne serait pas prêt avent deux heures, et une ambiance désagréable s’était installée entre les membres de sa famille. Indécise, elle feuilleta quelques ouvrages posés dans une bibliothèque fabriquée avec des cagettes en bois.

« Tu peux en emprunter quelques uns si tu veux ! »

Dounia sursauta.

« Je… Non, c’est pas la peine, merci. »

Sergei la scrutait d’un air grave. Vu d’ici, ses cheveux noirs se perdaient dans l’obscurité du plafond. Elle se sentit rougir.

« J’aimerai savoir… Pourquoi viens-tu aux réunions, Dounia ? Des fois, on dirait vraiment que ça ne t’intéresse pas. »

Il avait l’air plutôt gêné.

« Non, non, au contraire ! Mais je ne sais pas vraiment quoi dire, enfin… je préfère écouter. Tout le monde dit des trucs intéressants ! Surtout toi ! »

Ces mots étaient à peine sortit de sa bouche qu’elle les regrettait déjà.

« Je vois… »

Elle crut distinguer un vague sourire dissimulé sous la barbe de Sergei. Nerveusement, elle peignait ses cheveux lâchés du bout de ses doigts. Il sourit plus franchement, esquissa un gloussement qui fit tanguer sa stature de colosse.

« Qu’est-ce qu’il y a ? »
« Rien, t’es bizarre, par moments, Dounia. »
« Je te retourne le compliment… »

Dounia aspira une bouffée d’air au parfum de vieux livres. Sergei semblait emplir tout l’espace. Un courant d’air fit briller ses yeux.

« Désolée, je dois y aller, je crois. »
« Ah bon ? Salut… »

Il marqua une pause.

« A une prochaine fois, hein ? »

Dounia était presque déjà en haut des escaliers.

« Je viendrais samedi prochain ! »
« Ah ! Bonne nouvelle ! »
« Ouais ! A samedi ! »
« Super… »

Plutôt gentil, finalement, presque amical… Dounia rentra chez elle en emportant dans sa poitrine le parfum des vieux livres.

par Mélanie Mustang Jeu 13 Mar 2008 - 5:40

Passage sympathique... Sergei a l'air d'être un bon gars... J'ai hâte de voir où tout ça va nous mener...

par Lena Jeu 13 Mar 2008 - 8:08

Intéressant, intéressant...je suis curieuse de lire la suite...^^

par Heg Jeu 13 Mar 2008 - 18:04

Sergei est un bon gars... ^^

par Heg Sam 15 Mar 2008 - 10:23

CHAPITRE 6 : Au ministère

La lumière était tellement belle ! En rentrant chez elle, Dounia se dit qu’elle n’avait jamais vu un aussi beau soir d’été, tout en se doutant que sa bonne humeur ne provenait pas exactement de la couleur du ciel. Depuis qu’elle avait quitté la cave où s’était déroulée la réunion, elle était puissamment emplie d’un sentiment de légèreté. Elle eut vaguement honte quand son regard croisa celui d’un agent de la sécurité, qui visiblement désapprouvait le fait qu’elle se déplaçât en sautillant. Mais elle n’était pas dans un secteur qui lui était interdit, tout cela n’était pas bien grave.

L’ambiance se rafraîchit nettement lorsqu’elle franchit le seuil de son domicile. Toute sa famille était réunie dans le salon, vacant à ses occupations avec un naturel très mal feint. Bien qu’il fît encore plein jour, la petite pièce exposée au nord était déjà dans la pénombre. Rada, sur sa chaise, continuait un ouvrage de broderie qu’elle avait abandonné des mois auparavant. Son père lisait le journal de la veille profondément assis dans un fauteuil sur le dossier duquel sa mère était appuyée, jetant de temps à autre un regard nerveux dans la cuisine en lissant son tablier du plat de la main.

« D’où sors-tu ? »
« Pardon, Papa ? »
« Tu as passé toute la journée dehors, ma fille. J’aimerai savoir où tu étais ! »

Dounia esquissa un pas en arrière, en direction de sa chambre. Elle ne s’était pas préparée à une telle discussion, du moins pas aussi tôt, pas ce soir là.

« Nulle part… J’étais avec des amies ! Tu sais, Aza, tout ça… »

Très mal mentir dans des situations délicates était un trait de famille. Elle chercha un réconfort dans les yeux fuyants de sa mère, sans succès.

« Menteuse ! »

Le coup fatal était venu de là où elle ne l’attendait pas. Rada avait abandonné son ouvrage et s’était levée, ses petits poings crispés et ses genoux noueux soulignant le manque de grâce de sa silhouette.

« La sœur d’Aza Isiaslav est dans ma classe et elle m’a dit qu’elle préparait activement son mariage avec le futur docteur Marmeladov et qu’elle n’était là pour personne en ce moment ! »

Les joues de Rada étaient écarlates. Dounia sentait très nettement le couteau entre ses omoplates. La petite garce ! Jouer la Sainte Nitouche avec sa broderie et dénoncer sa propre sœur ! La jeune femme pensa un instant à proposer un autre nom, à dire qu’elle avait confondu, mais ça aurait vraiment été ridicule. Elle était encore un peu jeune pour être gâteuse, tout de même…

« J’ai déjà 18 ans et je ne suis pas encore mariée. Je suis libre d’occuper mes après-midi comme j’en ai envie, que je sache… ! »

La mère de Dounia étouffa un hoquet aigu, un masque d’intense souffrance sur le visage.

« Et bien parlons-en, de ce mariage ! »

Le journal était de plus en plus chiffonné entre les doigts de son père.

« Peux-tu me dire pourquoi tu n’as pas encore reçu ta lettre, hein ? »
« Toutes les filles du quartier ont déjà la leur, Dounia… Je vois bien les regards que me jètent les autres mères quand je vais au magasin. J’ai honte, si tu savais ! »

Elle paraissait au bord des larmes. Dounia fulminait.

« Et bien ignore les, tu veux ! C’est à cause de mon grain de beauté ! »
« Pauvre midinette, s’exclama Rada dans un sourire cruel, si tu n’avais pas eu peur de te faire opérer, tu n’en serait pas là ! »
« Je t’ai déjà dit que ça n’aurait rien réglé du tout, idiote ! »

Le père se leva.

« Ca suffit, vous deux !! Rada, va dans ta chambre ! Quand à toi, Dounia… »

Il fut interrompu par la sonnette. Trébuchant à moitié dans le tapis en fibres plastiques, la mère de Dounia se précipita pour aller ouvrir, certainement autant pour faire entrer un peu d’air du dehors que vraiment pour savoir qui était là. Le facteur apparut dans l’encadrement de la porte.

« Bonsoir, m’sieu dames ! Désolé d’vous déranger à c’t’heure, mais j’ai r’trouvé oubliée au fond d’ma besace une lettre pour vous, les Ivanov ! Ca avait l’air d’un papier important, j’me suis dérangé pour la r’mettre aujourd’hui, voyez. »

L’enveloppe portait le cachet du Ministère des Affectations. Le cœur de Dounia manqua un battement, tandis que sa mère l’arrachait des doigts gras du facteur, et l’ouvrait en toute hâte avec un coupe-papier. Oubliant un instant leurs griefs, tous les membres de la famille se réunirent autour d’elle (même Rada qui n’avait pas esquissé un geste pour regagner sa chambre), et ne prêtaient même plus attention au facteur, qui, loin de rentrer chez lui, observait la scène avec des yeux avides.

« Chère Mademoiselle, commença la mère de Dounia d’une voix sèche, le Ministère vous prie tout d’abord d’accepter ses excuses pour la gène occasionnée par l’absence d’informations quand à votre Affectation à une date aussi avancée. Loin de mettre en doute vos capacités pour le moment, un détail de votre fiche sanitaire nous a cependant contraint à remettre notre décision en ce qui vous concerne à une date ultérieure, traitant en priorité les cas dits " normaux" … »
« Ah ! Vous voyez ! »
« Chht ! »
« …Aussi, pour nous permettre de corriger cette erreur dans les plus brefs délais, nous vous prions, ainsi que votre famille, de vous rendre au Ministère aussi tôt que possible pour passer dans nos murs un second examen médical, qui, nous en sommes convaincus, aplanira nos difficultés. Le cas échéant, un dédommagement financier pourrait vous être accordé. Veuillez agréer, patati, patata… Pfffiou ! »

La mère de Dounia soupira bruyamment et reprit son souffle après avoir tout lu d’une traite. Le soulagement était général, quoique Dounia crût déceler une pointe d’hypocrisie venant de cette chère Rada. On put malgré tout congédier sereinement le facteur qui serait bien resté pour fêter ça, et passer, somme toute, une agréable soirée…

Le lendemain, dés la première heure, toute la famille se rendit au Ministère. Cette sortie avait presque des airs de promenade dominicale. Arrivés dans le vaste hall de marbre venu tout droit des meilleures carrières du pays, ils se dirigèrent vers le guichet d’informations où les attendait une sémillante jeune secrétaire. (Un des rares postes pouvant être occupé par une femme, qui, à condition qu’elle ait été très bien classée à ses tests, qu’elle n’ait aucun enfant non scolarisé et qu’elle ait réussi l’entretien de motivation du Ministère pouvait espérer servir le Parti en échange d’une petite compensation financière.)

La mère de Dounia lui tendit la lettre avec empressement. La jeune femme parcourut rapidement le papier.

« Je vais en avertir le bureau concerné, Messieurs Dames. Veuillez patienter un instant, s’il vous plait. »

Son ton était chaleureux, mais, en s’en allant, son regard croisa celui de Dounia, où celle-ci crut décerner quelque chose de curieux, à mi chemin entre l’incertitude et l’inquiétude. Elle secoua la tête. Non, ce devait être ses propres doutes qu’elle venait de lire sans d’autres yeux.

La secrétaire disparut à travers une porte munie d’une vitre en verre dépolie, derrière laquelle s’agitaient des silhouettes floues. On distinguait l’agitation et le murmure qui étaient les marques rassurantes de l’efficacité du Parti. Pourtant, au bout d’un petit quart d’heure sans nouvelles, les parents et la sœur de Dounia se jetaient des coups d’œil nerveux. La jeune femme, elle, tentait de s’occuper l’esprit en observant le grand hall, les gens qui s’y trouvaient, simples chalands ou haut fonctionnaires. Elle aperçut alors un visage connu : l’agent de la sécurité qui l’avait vu sautiller dans la rue la veille.

Dans son dos, la porte claqua. La secrétaire réapparut, portant des dossiers. Le teint pâle et le souffle court, quelques mèches s’échappant de son chignon blond. Elle posa la paperasse sur son bureau, en contrebas du guichet, et releva la tête vers quatre paires d’yeux hagards.

« Je… On s’occupe bientôt de vous ! Veuillez patienter encore un peu, s’il vous plait. »

Elle ne souriait plus. Elle disparut aussi tôt par la porte vitrée.

La tension montait peu à peu. Les parents de Dounia échangèrent des banalités pour se rassurer. Dounia chercha à retrouver l’agent de la sécurité, mais ne le vit pas. Avait-elle rêvé ? Simple coïncidence ou action préméditée ?

« Mademoiselle Ivanov ? Veuillez nous suivre… »

Deux hommes en blouse blanche avaient surgi par la droite, sans qu’elle s’en aperçoive. Toute la famille sursauta. Dounia s’exécuta, jeta un dernier coup d’œil à sa famille dont les sourires grimaçants ne parvenaient pas à cacher le manque d’assurance. Elle fut conduite dans un ascenseur qui, curieusement, descendit pendant assez longtemps. Un homme en blouse de chaque côté, elle chemina le long d’un couloir sans fenêtres mais dont les murs présentaient de multiples portes. Un néon clignotait d’une façon agaçante. Des portes claquaient dans le lointain.

Dounia fut installée dans une salle d’attente ne présentant ni magasines ni plantes en plastique, seulement de vieilles chaises en acier rivées au sol. Elle tripotait nerveusement les plis de sa jupe, s’assura que son chignon était assez serré. De la pièce voisine s’éleva soudain un bruit évoquant la roulette d’un dentiste et qui lui fit couler de la sueur froide dans le dos. La porte de jonction s’ouvrit alors…

par Macros Sam 15 Mar 2008 - 10:37

Nuuuuuh, cliffhanger!

Décidemment, c'est beau la famille, et surtout les relations entre frères et soeurs... En tout cas, l'ambiance est bien rendue dans le sein de la petite communauté, et j'ai beaucoup aimé la construction du dialogue. Maintenant, le suspence est à son comble: va t'on apprendre que le grain de beauté est en réalité la manifestation d'un cancer incurable et qui tue en 10 jours? Ou plus probablement que tout ce qui sort de la norme doit être extrait chirurgicalement...

par Heg Sam 15 Mar 2008 - 12:14

Contente qu'il t'ai plu !

J'avais un peu peiné sur les chapitres 4 et 5 mais je me suis vraiment amusée à écrire celui-là. La preuve, il est plus long.

Le prochain chapitre sera le dernier. C'est un dénouement qui en vaud un autre, ça sera interessant d'en débattre, je pense. Enfin, ne brûlons pas les étapes !

par Lena Sam 15 Mar 2008 - 14:27

On attend de voir...^^
En tout cas, bon chapitre, bien écrit. La tension monte...pourquoi ai-je l'impression que ça va mal finir c't'histoire...

par Mélanie Mustang Sam 15 Mar 2008 - 16:11

J'ai bien aimé ce chapitre également... Mais une question me turlupine... Les médecins vont-ils découvrir qu'elle n'est plus vierge? Grande interrogation... Et que se passera-t-il si ils le découvrent? J'ai hâte de voir le prochain chapitre...

par Heg Sam 15 Mar 2008 - 19:12

Bonnes questions, bonnes questions...

Suite et fin mardi !

par Heg Mar 18 Mar 2008 - 9:15

Suite et fin !

................................................................................................

CHAPITRE 7 : Deux mètres sous le plafond.

Vers l’ouest, les derniers rayons du soleil filtraient difficilement sous l’épaisse couche de nuages qui recouvrait la steppe. Il n’était que quatre heures de l’après-midi, et l’hiver polaire s’approchait à grand pas.

Ce serait déjà le deuxième que Dounia passait ici, entourée de murs gris et de femmes tristes, à moins que ce ne soit le contraire. En cette saison, l’uniforme en grosse toile n’offrait plus de protection contre les vents glacés. Elle aurait 20 ans dans quelques mois.

Le goulag pour femmes n’était pas aussi terrible que dans l’imagination de la mère de Dounia. Du moins, il était différent. Elle occupait sa journée avec les tâches que l’on lui attribuait : fabrication ou réparation des uniformes, cuisine, vaisselle, plus rarement de la menuiserie. Le soir, elle s’endormait dans une cellule-dortoir entourée de trois autres filles, et les repas se déroulaient dans l’ambiance jaunâtre d’un vieux réfectoire hors d’âge. Ca n’était pas fameux, mais comme il était préparé par les camarades, on n’osait pas trop s’en plaindre.

Presque toutes les tâches revenaient aux pensionnaires, l’ensemble du personnel se résumait aux gardiennes, à la directrice, une infirmière et un vieux prêtre quasiment aveugle.

Le plafond de la cellule était bas, pas beaucoup plus de deux mètres. En pensant à son passé, Dounia s’était souvent demandée avec amusement si Sergei aurait pu y tenir debout ou pas. Le mur opposé à la porte était percé de deux étroites ouvertures, juste aux coins de la pièce. Elles étaient condamnées par un gros grillage, mais on pouvait les entrouvrir pour faire entrer un peu d’air frais, si, comme Dounia, on avait la chance d’être sur la couchette du haut. Le mobilier de la pièce consistait en deux lits superposés, un petit bureau, deux chaises et une étagère. Un siège de toilettes était protégé par un rideau de douche et un plafonnier blafard éclairait le tout.

Allongée sur son matelas, Dounia épiait la fin du jour par la fenêtre, une cigarette entre les doigts. C’était une mauvaise habitude qu’elle avait prise de Marfa Pakhomi, une camarade de chambrée. Elles étaient officiellement interdites (le règlement le stipulait), mais circulaient presque librement entre matonnes et détenues, tant le moindre élément susceptible de troubler le mortel ennui des longs mois d’hiver était tacitement reconnu comme d’une nécessité vitale. A l’horizon, il semblait que la neige allait commencer à tomber.

Dès l’instant où elle avait pénétré dans la salle d’examen, elle avait su que son avenir était scellé. Tout ce qui s’était passé dans les sous-sols du Ministère des Affectations lui paraissait lointain et déformé comme dans un rêve. Mais quelques détails étaient resté d’une étonnante netteté : dans la pièce nue et peu éclairée se dressait un genre de civière recouverte de housses plastiques, d’où pendaient des lanières de cuir. Le bourdonnement d’un gros générateur électrique dans un coin, et c’est à peu près tout. Ah, si ! Une glace sans tain.

La porte de la cellule claqua. Anastasia Sofronovitch rentrait de l’atelier en retard, comme souvent.

Dounia n’avait pas longtemps nié les accusations de liaison illicite avant le mariage, de toute façon un examen médical – un vrai, cette fois – devait le confirmer peu de temps après. Elle avait même reconnu avoir participé à des réunions clandestines, un tract ayant été retrouvé dans sa chambre au cours de la fouille de son appartement, en plus des rapports des services secrets qui avaient filé la plupart de ses déplacements au cours des semaines passées, depuis sa première réunion, en fait. Mais jamais elle n’avait lâché le nom de Sergei, ni même celui d’Aleksei qui pourtant l’aurait presque mérité. De temps à autre, les jours de bonne humeur relative, elle caressait même l’idée que c’était là la plus grande fierté qui lui restait.

« Ivanov ! Pakhomi ! Sofronovitch ! Voznesenski ! »

En cette saison, l’obscurité rendant presque impossible tout travail manuel. On dînait tôt. Les quatre jeunes femmes furent calmement conduites au réfectoire.

Son interrogatoire avait été d’une durée somme toute moyenne, à peine vingt-quatre heures. Elle n’était pas un gros poisson, mais ils y avaient quand même mis les formes, pour le principe. Le procès, par contre, fut d’une remarquable efficacité. A peine une demi heure fut suffisante pour les preuves, les réquisitions et le verdict. (Il y eut même une sorte de plaidoirie qui l’aurait fait bien rire dans d’autres circonstances.) 20 ans de goulag. Même dans la bouche du juge, cela sonnait un peu faux. Puis on passa à la suivante. Près de 13 filles furent jugées au cours de la matinée.

Depuis qu’elle avait vu sa mère faire un malaise à l’énoncé de sa condamnation, Dounia n’avait pas eu de nouvelles de sa famille. Bien sûr, le courrier s’égarait souvent lors de sa traversée des steppes, mais la jeune femme soupçonnait ses proches de n’avoir même pas pris la peine de coller le timbre sur l’enveloppe. Rien n’effacerait la cuisante humiliation qu’elle leur avait infligée. Curieusement, Dounia ressentait un fort détachement vis-à-vis de tout cela. Elle n’avait jamais été vraiment proche d’eux… D’ailleurs, de qui avait-elle été proche tout au long de sa vie ? La seule personne qui l’avait réellement attirée était sortie de sa vie aussitôt qu’elle y était rentrée. Parfois, il lui manquait.

Mais l’aspect positif de la situation – car Dounia, d’heureuse nature, réussissait à en voir un - était, qu’au moins, elle avait échappé au spectacle désolant du mariage de Rada avec un comptable.

Un murmure s’élevait dans la vaste salle qui renfermait les 200 détenues. La discipline n’était pas très stricte, les femmes étant supposées plus calmes que les hommes qui occupaient le centre voisin. Et toute tentative d’évasion rendue suicidaire par le climat de la région et 300 kilomètres de steppe déserte dans toutes les directions. Du moins, c’était le bruit qui courrait, savamment encouragé par les matonnes. Pourtant :

« He ! ho ! Ivanov ! »
« Mmm… Oui ? »
« Ca y est ! Je l’ai ! »

Dounia leva les yeux de ses pommes de terre, pour regarder son vis-à-vis. Anastasia Sofronovitch, plus connue entre ces murs en tant que Stasie, était une fille assez étrange. De taille et de corpulence moyenne, les cheveux bruns au carré en bas des oreilles, on ne la remarquait jamais dans un groupe de personnes, jamais avant le dernier moment, celui où l’on croisait son regard. La couleur de ses iris était un mélange indéfinissable de bleu, de vert et de gris, et elle vous regardait de cette curieuse manière, par en dessous, vous mettant toujours assez mal à l’aise. Elle passait pour être lesbienne et n’appelait jamais personne par son prénom.

« Merci… »

Dounia chuchota ces mots peu après avoir récupéré sous la table le petit paquet que Stasie lui avait fait passer. Elle le coinça dans l’élastique de sa jupe, dissimulé sous un pan de sa tunique, sentant le métal froid contre la peau de son ventre à travers le papier journal. Dounia ne savait pas ce qu’elle avait bien pu faire pour la récupérer, ou plutôt avec qui elle avait couché, mais elle aimait bien Stasie, elle n’était pas effrayée par sa bizarrerie. Et surtout, surtout, c’était une des seules à avoir le cran de tout tenter pour retrouver sa liberté. Ce plan n’appartenait qu’à elles seules. La nervosité lui fit se frotter le menton, où elle sentit la présence rassurante de son grain de beauté, finalement jamais mutilé par le Parti. Opérer une fille déjà perdue, inutile. D’un geste machinal, elle toucha la petite clef qui reposait contre son ventre…

FIN

...........................................................................................

Oualà. Zi end !

Décus ? Heureux ? C'est à ce jour, mon histoire terminée là plus longue, donc j'ai besoin d'un maximum d'avis pour me permettre de progresser. N'hésitez pas à vous exprimer. (Mes parents sont fans mais bon, c'est mas parents. Laughing

)

Quelle fin aviez vous immaginé ?

par Starman Mar 18 Mar 2008 - 9:25

Tout ca est bien sympa,peut être qu'on passe assez rapidement de "je vais me faire opérer mon grain de beauté" à "je suis au goulag", ce qui fait qu'au début j'avais pas fait attention que la convocation n'était qu'un piège (bon je suis pas forcément une lumière non plus^^). Donc peut être un post en plus, je sais pas. En tout cas, en l'état ca reste très intéressant(en tout cas personnelement, le fait que ca se termine ainsi me conviens très bien)

par Macros Mar 18 Mar 2008 - 10:13

Eh bien, c'est vrai que le dénouement est très rapide, mais j'ai l'impression que ca permet justement à l'histoire d'avoir une bonne dynamique... Pas de temps morts, et c'est pas plus mal. En tout cas, j'ai trouvé que le tout a été très bien écrit, l'histoire prenante, et le dénouement intéressant, même si pas complètement innatendu. Mention spéciale au dernier passage, qui est très bien vu, à mon avis.

Sur ce... J'espère qu'on aura l'occasion de te voir encore écrire, quand tu trouvera le temps!

par Heg Mar 18 Mar 2008 - 11:03

Waou ! Merci ! Des larmes de joies coulent sur mon frais minois ! Contente que ça vous ai plu, en tout cas.

Pour répondre à ta remarque, Starman, je dirais que Macros à vu à peu près juste. Il y a beaucoup d'ellipses dans mon histoire, je voulais avoir un déroulement assez rapide, déjà pour éviter un coté trop mièvre (dans la relation Dounia*Aleksei on passe directement du premier baiser à la lassitude, si c'est pas du rapide, ça).

En plus, je suis loin d'être une experte en dictatures communistes, je ne voulais pas m'hasarder à trop décrire les rouages de la machine en dehors des idées que tout un chacun peut courrament s'en faire. Et puis, le ton du récit aurait été un peu trop sombre si j'avais décidé de décrire "l'interrogatoire" de Dounia, qui se passe quand même dans une salle de torture. (Même si elle n'a pas été beaucoup maltraitée.) Comme j'ai écrit cette histoire dans le cadre de mon cours de français, je voulais que ça reste le plus vraissemblable possible.

par Lena Mar 18 Mar 2008 - 11:39

Bon même si ce que je voulais dire a plus ou moins déjà été dit, j'vais laisser quand même un petit commentaire...
Alors en ce qui me concerne, je ne trouve pas que ça ait été trop vite sur la fin, ça rend le tout plutôt dynamique (même commentaire pour le coup du "premier baiser à la lassitude"...). En gros les grandes lignes y sont, et ça donne un bon rythme à l'histoire.
Pour ce qui est de la fin...bah c'était tout à fait le genre de fin à laquelle on pouvait s'attendre. Elle est bien dans la continuité de l'histoire, et comme le reste, bien écrite/bien mise en scène...
Je rajouterai à ça que...je trouve que l'évolution du personnage principal a bien été transcrite. Que c'était agréable à lire. Et qu'on attend de voir d'autres écrits, que ce soit en solo ou sur fic collective ^^

par Mélanie Mustang Mar 18 Mar 2008 - 12:06

Ah la pauvre... Finir au goulag... En tout cas, je suis plutôt satisfaite de ma lecture... Je toruve l'histoire très intéressante et le personnage principal sympathique. Et puis malgré tout, la fin nous laisse sur notre faim... On voudrait savoir si elle parvient à s'enfuir ou non...

En tout cas, je te félicite pour ton histoire et j'espère que tu vas nous écrire d'autres choses pour qu'on apprécie davantage ton talent d'écrivain^^

par Heg Jeu 20 Mar 2008 - 16:38

Merci à vous ! Merci, c'est très sympa !

Je suis bien contente que ça vous ai plu ! Je ne pense pas recommencer une nouvelle histoire avant plusieurs semaines, voire mois, mais à ce moment là soyez surs que vos encouragement m'aideront. Merci...

Edit : Il faudrait peut être mettre cette histoire dans une rublique "archives", maintenant qu'elle est finie, nan ?

(Bon, d'accord, ça me fera deux forums pour moi tout de seule, mais c'est un souverain privilège que je revendique de plein droit !)

Edit Yoko : Et voilà qui est fait ^^
Bon maintenant par contre, va falloir essayer de le remplir un peu plus que ça ce forum "Autres Univers" :roll:

par Elisha-chan Mer 24 Juin 2009 - 21:57

Bon je sais pas si tu surveilles toujours ce sujet mais c'est pas grave^^

J'ai vraiment beaucoup aimé cette histoire. Que ce soit le contexte historique très bien rendu (avec suffisamment de détails pour qu'on visualise le régime stalinien et pas trop pour qu'on se fasse notre propre idée et que ça reste un régime"original"), l'évolution de l'héroïne (très réussie, dès le départ je la trouve attachante, on s'identifie facilement à elle grâce à son "imperfection" minime, comme on en a tous, on peut se mettre à sa place), les personnages glissés dans l'histoire avec suffisamment de détails et d'allusions pour qu'on les imagine, mais pas trop parce qu'ils ne sont que secondaires... euh j'en était où dans ma phrase de 15 km de long?

Ah oui l'intrigue est à la fois simple et complexe, j'ai aussi beaucoup aimé. Quand ils sont arrivés au ministère, la réaction de la femme qui les a accueillis et le fait de croiser cet homme qu'elle a reconnu, tout ça permettait de voir venir le piège. J'ai plus pensé à un exament médical pour vérifier si elle avait fauté^^ qu'à son grain de beauté, et le fait qu'elle se retrouve au goulag ne m'a pas étonnée.

Par contre j'ai été étonnée qu'à la fin elle décide de s'enfuir. Après tout elle avait l'air de prendre tout ça avec tellement de fatalisme que je me suis demandée un moment si elle n'avait pas perdu ce côté insoumis pendant ces deux années au goulag. Mais non, les dernières lignes m'ont rassurée, elle reste elle-même et décide de s'enfuir. Cette fin ouverte nous laisse tout le loisir de nous imaginer la suite, j'aime beaucoup ça.

Je n'ai pas trouvé que tu était allée trop vite, j'aime assez les ellipses. Ca rend ton texte dynamique, chose qui ne serait pas possible si tu décrivais par le menu tout ce qui se passait. Là il y a suffisamment d'éléments pour qu'on comble nous-même les trous, sans en dire trop pour trop "guider" notre imagination.

Je crois que ça se sent, j'ai vraiment beaucoup aimé ce texte, qui est un peu tout ce que j'aime, un texte qui est à la fois distrayant et qui fait réfléchir, et qui fait travailler l'imagination du lecteur.

Va falloir que j'aille lire d'autres de tes oeuvres maintenant^^

par Contenu sponsorisé