Le temple de Daeraug

[Macros]

<<< Depuis les marais

L'atmosphère régnant en Edhelarn n'était semblable à aucune autre. Ses rues étroites et peu fréquentées, ses grandes maisons de pierre tombant en ruines par manque d'entretien, le brouillard permanent qui enveloppait la cité... Tout contribuait à donner à l'endroit l'apparence d'une ville fantôme. Dans ce cadre si singulier, les couleurs écarlates de Namo et la tenue forestière de Llewella ne pouvaient manquer d'attirer l'attention. Il semblait à la jeune femme que toute la populace se focalisait sur eux. Les regards étaient durs, les visages fermés, ou parfois barrés de rictus sinistres, qui semblaient n'augurer rien de bon. Des requins, songea t-elle. Ils étaient entourés de requins. Rien n'avait changé, depuis sa dernière visite...

Néanmoins, ils arrivèrent sans incident devant le temple du dieu de la mort, seul édifice religieux encore desservi par une communauté de prêtres ayant refusés d'abandonner cette ville maudite à son sort. Le bâtiment était à l'image de la ville, massif et imposant, mais ayant connu des jours meilleurs. Des colonnes lézardées soutenaient la construction de granit, dont les parois étaient gravées de runes de l'ancienne langue, à moitié effacées par le temps. Une grave mélopée s'élevait de l'intérieur du temple, prière pour les défunts dans un lieu ou la mort était familière.

[Elladan]

La ville était toujours aussi triste et désagréable qu’auparavant. Llewella l’avait surement remarqué puisque son reg are et son attitude était devenue beaucoup moins agréable. Je fixais le temple devant nous. Ce n’était pas forcément le meilleur endroit pour accepter un disciple mais pour les quelques recherche que je devais faire ce serais parfait. Après quelques minutes de silence, je me tournais vers la jeune fille un petit sourire naissant au coin des lèvres :

- J’espère que tu aimes l’endroit, nous allons y séjourner un petit moment.

Intérieurement, je n’étais pas plus heureux qu’un autre de la situation, en fin de compte, la ville me semblait encore plus sombre que lors de ma dernière visite…

[Macros]

"Hn."

Ce fut le seul son qui franchit les lèvres de la jeune femme en guise de réponse. Elle emboita néanmoins le pas à l'elfe, le suivant sur les marches du temple. En guise d'acceuil, une silhouette solitaire émergea du bâtiment, venant à leur rencontre d'un pas lent. Vêtue d'une robe d'un noir uni au capuchon rabattu, ceinte d'une simple cordelette et ne portant aux pieds qu'une paire de sandales usées, le seul objet notable sur sa personne semblait être un petit talisman d'argent représentant une balance, brillant d'un éclat discret à son cou. Son visage était à moitié dissimulé dans les ombres de sa capuche, ne dévoilant qu'un menton pâle orné d'une courte barbe finement taillée. Lorsqu'il parla, ce fut d'une voix rauque et basse, comme si élever la voix risquait d'attirer sur lui les foudres de son dieu.

" Soyez les bienvenus au temple de Daeraug. Puis-je m'enquérir des raisons de votre présence ? Vous semblez bien loin de chez vous... "

[Elladan]

- Nous venons pour des recherches dans vos archives, et je dois aussi donner quelques enseignements à ma toute nouvelle disciple. Pouvez vous donc annoncer Monsieur Namo au près du grand prêtre du temple. Il doit s’attendre à ma visite… Du moins s’il est toujours aussi doué que par le passé.

Puis je me dirigeais mon regard vers Llewela, elle ne semblait pas à l’aise avec son environnement actuel, il faudrait pourtant qu’elle s’habitue à la froideur de l’atmosphère.

[Macros]

La silhouette encagoulée hocha la tête.

" Vous pouvez bien sûr accéder à nos archives. Je me souviens de vos visites. Quant au grand prêtre... Vous lui parlez en ce moment. "

Devant la mine confuse de l'elfe, le clerc clarifia la situation.

" L'Archonte Tavernus est allé rejoindre notre Dieu il y a un peu moins d'une lune. J'assure l'intérim de ce temple en attendant qu'un remplaçant valable lui soit trouvé. "

D'un geste de la main, il fit signe aux deux voyageurs de le suivre à l'intérieur du temple. L'endroit était plongé dans la pénombre, tout juste percée par les lumières éparses de bougies aux flammes d'une étrange couleur pourpre. Au fond de la nef pouvait-on deviner la forme d'un imposant autel, ainsi que les silhouettes d'acolytes plongés dans leurs méditations et prières.

" Vous connaissiez bien Tavernus, je crois ? "

[Elladan]

Alors comme ça Tavernus était décédé… Le prêtre de remplacement avait donc pris ses fonctions il y a peut de temps.

- Effectivement je le connaissais bien, très bien même. Il était un grand prêtre, mais aussi un excellent combattant. J’aurais aimé le revoir et discuter une fois de plus avec lui devant le feu de la grande salle… Pouvez –vous m’éclairer sur sa disparition ?

[Macros]

La bouche visible du prêtre dessina un pâle sourire.

" Il a affronté un ennemi que nul ne saurait espérer vaincre : le grand âge. "

Poursuivant sa marche à travers le temple, il ouvrit une lourde porte de bois, menant vers les dortoirs du temple. L'escalier qui y menait s'enfonçait sous terre, éclairé uniquement par la lueur des torches.

" Mais ne craignez rien. Tôt ou tard, vous aurez l'occasion de lui reparler. Daeraug rappelle à lui tous ses enfants. "

Dans son dos, Namo entendit Llewella marmonner, d'une voix qu'elle espérait sans doute inaudible.

" C'est une menace, c'est ça ? Je suis presque sûre que c'est une menace. "

Le prêtre aussi entendit la remarque, mais ne sembla pas en prendre ombrage.

" Non, jeune fille. C'est la simple et inéluctable vérité de ce monde.
- Je ne suis pas une jeune fille. "

La réponse manquait toutefois de force. Le visage fermé, elle continua à suivre la paire de marcheurs, résolue à endurer stoïquement l'atmosphère lugubre de ce temple. Brièvement, elle se demanda si la placidité de Namo face à cette ambiance résultait de l'habitude ou de son héritage elfique, avant de juger la réponse sans importance et de redresser la tête. Elle n'avait plus l'âge de se laisser effrayer par du noir et quelques murmures.

[Elladan]

Mon regard passa rapidement du prêtre à la jeune fille qui apparemment avait mal pris la réponse de notre hôte.

- Hélas pour vous, face au grand âge, vous rejoindrez votre Dieu bien avant moi. Le grand Prêtre Tavernus était au courant que je ne croyais nullement en celui ci. Alors Veuillez garder vos prêches paroles dans le silence de l’obscurité que vous maintenez en ce lieu. Maintenant, avez-vous entendu des histoires sur des disparitions dans les marais ?

[Macros]

Avec son visage dissimulé dans l'ombre, il était difficile de lire l'expression du clerc. Sa voix, en revanche, semblait devenue glaciale.

" Vos croyances sont sans importance. Même la vie d'un elfe n'est qu'un instant fugace pour le Peseur d'Âmes. Et son jugement s'étend à tous, sans distinctions. "

Au bas de l'escalier se trouvait une épaisse porte boisée, que le prêtre ouvrit dans un grincement sinistre. Le dos tourné à ses deux hôtes, il ne vit pas Llewella lui offrir un tirage de langue du plus bel effet, même si le geste n'échappa pas à Namo. Si infantile qu'ait pu être cet acte, il sembla suffisant pour temporairement dissiper la sombre atmosphère qui pesait sur épaules depuis son entrée en ces lieux. Ignorant ce qui se passait dans son dos, le haut prêtre poursuivit.

" Pour ce qui est des disparitions, j'ai entendu les rumeurs, oui. Les alentours ont toujours été périlleux, mais quelque chose semble sorti de l'ordinaire. Et certaines âmes semblent éprouver... des difficultés à gagner l'au-delà. J'en ignore la cause, cependant. Si vous pensez qu'un indice peut se trouver dans nos archives... "

Passant le seuil de la porte, il laissa la place à ses hôtes, qui se retrouvèrent dans une petite salle encombrée de livres et de parchemins, dans un ordre approximatif. Si plusieurs rayonnages semblaient servir régulièrement, d'autres étaient presques ensevelis sous une épaisse couche de poussière.

" Notre collection n'est peut être pas la plus importante, mais certains de ces textes remontent aux temps du royaume de L'Eredherm, avant la conquête des Ethoriens. "

[Elladan]

Les recherches risquaient de prendre du temps, beaucoup trop… Je regardais ma jeune disciple, son humour était toujours présent malgré l’atmosphère du lieu.

- Excusez-moi, je cherche certains ouvrages en particulier, pour commencer le journal de Tavernus, les six derniers mois du registre du Temple et les rapports des différents moines qui ont été dans les marais ces derniers temps. Ainsi qu’un livre que vous possédez et qui retrace l’histoire des marais dans ces détails les plus sombres. Et ne me dites pas que ces documents vous sont inconnus, Tavernus m’a prévenu qu’ils étaient tous présent dans vos archives.

Le regard de Llewella était surpris, comme ci elle pensait que j’allais chercher dans toutes ses piles de livres jusqu’à ce que le hasard me vienne en aide.

- De plus, j’aimerai voir le forgeron du temple au plus vite, dîtes lui que Namo aurait besoins de ses services.

[Macros]

Le moine hocha la tête, avant de regarder autour de lui.

« Frère Anastase ! Nos hôtes auraient besoin de nos services. »

Pendant un moment, seul le silence sembla répondre à l’appel, avant qu’il ne soit soudainement rompu par le vacarme d’une pile de livres s’effondrant, bientôt suivi par un grognement excédé. Namo vit alors surgir de derrière un rayonnage un antique moine à la toison blanchie par l’âge, avançant à moitié courbé vers les nouveaux venus, s’adressant à eux d’une voix chevrotante.

« Une seconde, une seconde, quoi ! Y’a pas le feu au marais, que je sache ! »

Visiblement peu ému par l’éclat de son coreligionnaire, le nouveau grand prêtre se tourna vers ses invités.

« Voici Anastase, notre archiviste. Je vous laisse entre ses mains… expertes. »

Llewella aurait juré voir un sourire sardonique déformer son visage un bref instant, mais le temps de cligner des yeux, l’expression du prêtre semblait être revenue à ce masque de neutralité glacée dont il ne s’était guère départi depuis leur arrivée.

« Je vais faire mander le forgeron ; il devrait être arrivé dans l’heure. Nous nous reverrons au souper. »

Une minute plus tard, l’elfe et la jeune fille était seuls face au vénérable vieillard. Namo répéta sa liste de requêtes, mais il apparut bien vite qu’il n’aurait pas pleine et entière satisfaction.

« Le journal de Tavernus ? Oui, il en tenait un, à ce qu’on dit, mais personne ne me l’a donné à classer. Pour ce que j’en sais, il prend la poussière quelque part dans ce temple. Pour le reste… voyons voir. »

S’ensuivit de longues minutes de fouilles intensives dans un tas de parchemins apparemment classés dans un ordre extrêmement approximatif ; le bibliothécaire ponctuait ses « recherches » par divers grognements, envoyant généralement voler par-dessus son épaule chaque papier jugé inutile. Llewella commençait à comprendre pourquoi la recherche actuelle prenait du temps, et pouvait déjà deviner que la prochaine en prendrait encore davantage. Finalement, Anastase présenta à un elfe un peu décontenancé une liste de titres griffonnés à la hâte.

« Voilà ! Je pense que tout y est, là. Je crois. Bon, enfin, commencez déjà par regarder là dedans, pour la suite, on verra plus tard. »

Et sur ces mots prononcés d’un ton bougon, le fantasque archiviste repartit se perdre dans ses rayonnages, laissant Namo le perplexe possesseur d’une liste de titres d’ouvrages pour le moins obscurs; trouverait-il un indice dans le Malleus Maleficorum : dialogum de lamiis et pythonicis et hereticiis mulieribus, cum flagello, ou bien dans le Juris Caldoreani Codex ? Était-il intéressé par la Magna Chronica historica de Edhelarnensis Augustae civitae Domitae, ou encore par le De deplorandis civibus bellis Cerithinae annales ? Et quels savoirs pouvaient bien renfermer l’Horrendissimae paludibus ignotae et antiquae res gestae, le De Edhelarnensis Augustae Deis et l’Elegantissima amoenissima suavissima jocosissima historia nobilissimi victorissimi excelentissimi regis Maraistis antiquae Caldoreanae gentis ? Sa jeune compagne, après avoir jeté un coup d’œil furtif à la feuille de parchemin, résuma la situation d’un mot.

« Merde. »

Namo Mori eut toutefois l’occasion de s’arracher à la contemplation de ces titres écrits dans un jargon abscond, lorsqu’un homme solidement bâti, à la barbe fournie et arborant la bure du temple fit irruption dans la salle.

« On m’a dit que vous aviez besoin d’un forgeron ? »

[Elladan]

Le forgeron se tenait devant moi, un homme imposant typiquement le forgeron de campagne.
Je dégainai ma faux et la déposa sur la table.
- Bonjour, il faudrait en faire une à la jeune demoiselle ici présente. Adapter la à sa force et sa taille. Et n’arrêtez le travail que lorsque son équilibre et son tranchant n’auront d’égal que celle de la mienne.
Puis je me retournais vers m’a jeune disciple, un sourire sur mon visage.
- Si tu veux me suivre, je vais t’apprendre à manier la faux, c’est la seul arme qui te permettra de me suivre. Va avec le forgeron, il aura besoin de ta présence et de toi pour les essais.
Après ses paroles je m’asseyais à la table, puis je commençais la lecture des différents ouvrages. Puis alors qu’elle commençait à tourner les talons je repris la parole.
- Au faite, si tu as le temps essaye de trouver le journal du grand prêtre s’il te plait.

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