Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

Mémoire en fuite

+2
Starman
Heg
6 participants

Page 2 sur 3 Précédent  1, 2, 3  Suivant

Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Mer 1 Juil 2009 - 18:59

Chapitre 3

La foule se pressait sur le quai numéro 9 de la grande gare de Central. Les haut-parleurs grésillèrent alors qu’une voix féminine annonçait le départ imminent du train pour South City. Un jeune couple monta dans le dernier wagon, suivi du regard par un homme roux de taille moyenne, assez trapu, qui reposa rapidement les yeux sur le journal qu’il était en train de lire. Le sous-lieutenant Heymans Breda, habillé en civil pour l’occasion, poussa un soupir en constatant que l’équipe des Tigres de Central avait perdu, et qu’il allait encore devoir payer un verre à Havoc.

Un peu plus loin le sous-lieutenant Jean Havoc, lui aussi en civil, sourit en lisant le même article que son ami. La jeune femme assise près de lui sur le banc eut l’air surpris, et il lui fit un sourire charmeur, un peu terni par la cigarette qui pendait au coin de sa bouche. Un jeune homme brun, de petite taille et affublé de lunettes semblant toujours trop grandes pour lui, qui le regardait, soupira. Décidément, même en mission de surveillance ultrasecrète, Havoc ne pouvait s’empêcher de draguer.

Le sergent-major Kain Fuery ne put s’empêcher de ressentir un petit pincement au cœur, titillé par la jalousie. Lui était trop timide pour oser sourire à une jeune fille, même si ce n’était pas l’envie qui lui manquait. Il prit son courage à deux mains en voyant passer deux jolies blondes qui discutaient en marchant, et il leur fit son sourire le plus désarmant, qui se révéla être un rictus tremblotant. Les deux femmes lui lancèrent un regard vaguement apeuré et passèrent rapidement leur chemin, au grand dam du jeune homme.

- Il va vraiment falloir que je lui explique deux ou trois trucs à celui-là, commenta le colonel Roy Mustang qui, planté au milieu du quai, dans sa tenue officielle, attirait tous les regards.
- Je ne pense pas que ce soit une priorité, fit remarquer le lieutenant Hawkeye.
- Vous plaisantez, être encore célibataire à son âge… C’est quand même terrible.
- Vous êtes encore célibataire et vous êtes plus âgé que Fuery, dit Riza, l’air de rien.
- Oui mais moi c’est parce que je le veux bien, rétorqua Mustang, agacé. Je pourrais avoir n’importe quelle femme qui passe devant moi, vous entendez ? Tenez.

Une jeune femme aux longs cheveux roux s’avançait d’un pas pressé vers le train quand Roy lui lança son regard « spécial », celui qui faisait fondre toutes les femmes, et son plus beau sourire. Il se tourna un peu et les rayons du soleil se reflétèrent sur ses galons. La jeune femme ralentit le pas, comme hypnotisée. Le colonel regarda alors Riza, comme pour la prendre à témoin, mais sa subordonnée ne lui prêtait absolument aucune attention, les yeux fixés sur le train. Mustang soupira devant la rigidité et le désintérêt manifeste de sa collègue, et la rousse, qui ne comprenait plus rien, reprit sa route de façon hésitante.

Un long sifflement strident se fit entendre et le train se mit lentement en branle, la vapeur envahissant le quai. Les militaires présents, qu’ils soient sous couverture ou non, le regardèrent s’éloigner et finalement quitter la gare avant de prendre de la vitesse. L’inquiétude et la tension se lisaient dans leurs yeux.

- Est-ce que vous êtes sûr que c’était une bonne idée colonel ? demanda doucement le lieutenant Hawkeye.
- Non. Mais on n’a pas vraiment le choix.

oOoOoOoOoOoOo

Quelques jours plus tôt, avant que les évènements ne s’enchaînent de manière imprévisible et incontrôlable, la sécurité de l’hôpital militaire du QG de Central avait été renforcée. L’agression dont avait été victime Emma avait plongé tout le monde dans la panique ou dans une fureur terrible, comme ce fut le cas pour le colonel Mustang. Il était arrivé dès qu’il avait été prévenu, prêt à brûler vif celui qui avait osé s’en prendre à la fille de son ami. Mais heureusement Ed était arrivé à temps. Furieux qu’un Homonculus ait pu s’approcher si près de sa protégée, le colonel avait fait doubler les mesures de sécurité et avait assigné des gardes à la surveillance de la jeune femme. Désormais, de jour comme de nuit, deux hommes étaient en faction devant la chambre d’Emma malgré les protestations de celle-ci.

Ce matin-là c’étaient deux jeunes militaires, à peine sortis de l’école, qui montaient la garde devant la chambre. Ils s’ennuyaient ferme, se contentant de regarder passer les médecins et les infirmières qui évitaient soigneusement de croiser leur regard. L’un des deux hommes soupira ostensiblement.

- Qu’est-ce qu’on s’emmerde, marmonna-t-il.
- Comme des rats morts, confirma l’autre.
- Là-dedans aussi elle doit s’ennuyer, ça fait un moment qu’on n’entend plus aucun bruit.

Les deux hommes se turent un instant, troublés. L’un d’eux se leva soudainement et voulut ouvrir la porte mais son collègue l’arrêta.

- T’es dingue ? Elle nous a dit de lui foutre la paix.
- Mais si jamais elle a un problème ?
- Bah à ce qu’il paraît si on le met en rogne c’est nous qui risquons d’avoir un problème…

L’argument de son collègue se tenait, mais l’homme voulait en avoir le cœur net. Courageusement, il entrebâilla la porte de la chambre et jeta un coup d’œil à l’intérieur. Il vit une forme allongée sur le lit, enfouie sous les couvertures.

- C’est bon, dit-il avec un soupir en refermant la porte. Elle dort.

Emma, à califourchon sur le rebord de la fenêtre, poussa un soupir de soulagement. Les oreillers et couvertures tassés sous les draps avaient rempli leur rôle de leurre, le soldat n’y avait vu que du feu. Elle jeta un regard en contrebas et aperçut Ed.

- Ca va ? lut-elle sur ses lèvres.
- Oui, répondit-elle en articulant soigneusement. Je me disais que tu semblais encore plus petit vu d’ici.

Elle ne réussit pas à comprendre la réponse du jeune homme mais elle la devina sans peine. Elle retint un petit gloussement, de peur d’éveiller la méfiance de ses cerbères. Quand il se fut calmé, Ed tenta de se concentrer.

Cette fille… Il allait s’attirer des problèmes, juste pour lui faire plaisir, et voilà comment elle le remerciait ? Sans compter qu’il lui avait déjà sauvé la vie deux fois en moins d’une semaine. Elle ne méritait vraiment pas qu’il prenne tous ces risques, il allait la laisser se débrouiller seule. Mais il se rendit compte que ses mains, comme mues par une volonté propre, venaient de claquer l’une contre l’autre et de se plaquer contre le sol. Aussitôt, la réaction alchimique eut lieu et une gigantesque main sortit de terre et s’éleva jusqu’à rejoindre la fenêtre de la chambre d’Emma. Celle-ci s’installa dessus sans une hésitation, et le Fullmetal la fit doucement descendre jusqu’au sol.

- Tu aurais dû choisir quelque chose d’encore plus discret, commenta la jeune fille. T’es pas du genre à essayer de passer inaperçu toi.
- Je le crois pas… Tu te plains ? Alors que je prends plein de risques pour te faire sortir de ta chambre !
- Plein de risques… T’exagères pas un peu là ?
- Je… Mille pétards mais t’es d’une ingratitude toi alors ! Tu sais que tu devrais être reconnaissante, non tu devrais même te traîner à mes pieds pour me remercier de tout ce que je fais pour toi.
- Oh la, va falloir freiner sur les désirs mégalos… En plus si je me traînais à tes pieds je risquerais de t’écraser sans te voir, lança la jeune fille.
- Tu dis que je suis si petit que je me perds quand je marche dans la pelouse ? cria l’alchimiste avant qu’une main douce, mais ferme, ne se plaque sur sa bouche.
- T’es dingue ? On va se faire repérer !
- Mmpf…
- Tu disais ? demanda Emma en retirant sa main.
- Ce sera ta faute, répéta le blond. Dis, tu veux pas remonter pendant qu’il en est encore temps ? Elle sent mauvais ton idée…
- Mais non, dit la jeune fille en vérifiant que personne ne les avait remarqués. Tu as ce que je t’ai demandé ?

Edward lui lança un sac contenant des vêtements à sa taille. Emma se glissa dans un coin et ordonna au jeune homme de se retourner. Emma, elle, se sentait bien pour la première fois depuis des jours. Enfin elle pouvait quitter cette horrible chemise de nuit d’hôpital, inconfortable et peu seyante. Elle enfila le jean et la chemise choisis par le jeune homme et attacha ses cheveux en queue de cheval. Elle toussota alors pour signifier à Ed qu’il pouvait se retourner.

Quand il posa les yeux sur elle, il rougit légèrement. Avec ces vêtements elle ressemblait enfin à une jeune fille normale, et plus à une malade, et il la trouvait ravissante. Il observa l’étrange mèche blanche qui partait de son front et qui se perdait ensuite dans le reste de sa chevelure, se demandant encore une fois d’où elle venait.

- Alors ?
- T’es… Enfin… C’est pas trop mal, répondit-il en détournant les yeux.
- Je ne ressemble plus à une patiente au moins, c’est déjà ça.
- On fait une connerie, dit soudain le Fullmetal, quand Mustang va l’apprendre il va me cramer vif.
- Il te fait vraiment peur on dirait, dit Emma.
- Quoi ? s’insurgea Ed. Moi ? Peur de ce baltringue ? Ca va pas ? Allez amène-toi, tu veux une balade, tu vas avoir une balade.

Il s’interrompit soudainement, pris d’un doute qui fut confirmé quand il vit le léger sourire qui se dessinait sur les lèvres de la jeune fille. Il s’était fait manipuler comme un débutant. Il serra les poings mais se maîtrisa. Il sortit un fauteuil roulant de derrière un buisson avant de l’amener devant Emma. Elle ne dit rien mais le fixa. Il lui rendit son regard, plongeant ses yeux dorés dans le regard de la jeune fille. Ils restèrent quelque instants ainsi, sans ciller, dans un silence juste troublé par le pépiement des oiseaux. Finalement Ed soupira.

- On oublie le fauteuil je suppose ?

Emma ne répondit pas mais son regard se fit plus doux et un sourire espiègle étira ses lèvres. Edward partit ensuite en éclaireur, pour vérifier qu’aucun soldat n’était dans les parages, et il lui fit signe de le suivre. Elle se glissa discrètement à sa suite et, au bout de quelques minutes, ils arrivèrent en vue du parc.

L’hôpital militaire de Central était très étendu, comptant quatre ailes immenses, ainsi que des espaces verts aménagés pour offrir le plus de confort et de calme possibles aux blessés. Les deux jeunes gens se dirigeaient vers le parc le plus éloigné et le moins fréquenté, histoire de prendre le moins de risques possibles.

Le jeune alchimiste, sentant qu’elle commençait à fatiguer, aida Emma à marcher. Apercevant un espace dégagé, presque caché par un grand massif de roses, il s’y dirigea et l’aida à s’installer sur l’herbe. Il s’assit ensuite près d’elle. Il l’observa en l’entendant pousser un soupir. La jeune fille, les yeux fermés, avait un sourire extatique sur le visage alors qu’elle sentait les chauds rayons du soleil et la légère brise d’été venir caresser sa peau. Enfin, pour la première fois depuis des jours, elle se sentait bien. Elle se sentait libre.

Edward la regardait. C’était son premier vrai sourire depuis qu’il l’avait rencontrée, et ça la transformait. Se sentant observée, elle rouvrit les yeux et leurs regards se croisèrent. Son regard pétillait littéralement, et ce n’était plus la glace qu’il voyait dans ses yeux, mais un bleu limpide, lui faisant penser à un ciel d’été sans nuage…

Le jeune homme rougit avant de détourner vivement la tête en hurlant intérieurement. Mais qu’est-ce qui lui prenait ? Un regard comme un ciel d’été… Qu’est-ce que c’était encore que cette connerie ? Il ôta son manteau rouge qui lui tenait chaud, et prit un brin d’herbe qu’il glissa entre ses lèvres, énervé. C’était la faute de Mustang, avec ses histoires de filles…

- Con de colonel, marmonna-t-il.

Emma l’observait attentivement. Il fronçait les sourcils et marmonnait, comme s’il était en colère. Le dos vouté, il s’acharnait à arracher des brins d’herbe avec son automail flambant neuf. Cet automail… Elle avait une étrange sensation en le regardant, comme si ça lui était familier… Elle soupira et ferma à nouveau les yeux, appréciant d’entendre le chant des oiseaux dans les arbres tout proche, et le bourdonnement des insectes dans le massif de roses.

- Ca va ? lui demanda Ed.
- Merveilleusement bien, répondit-elle sans rouvrir les yeux. Je devenais folle à force de rester enfermée dans cette chambre avec mes chiens de garde à la porte. Je finissais par me demander si j’étais protégée ou prisonnière.
- Je comprends ça.
- Je sais que le colonel a de bonnes intentions, ajouta-t-elle, mais j’étouffais vraiment.
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Mer 1 Juil 2009 - 19:05

Le jeune homme ne répondit pas et le silence s’installa entre eux, pas pesant ou gêné, mais apaisant. Emma rouvrit finalement les yeux et observa ses mains. Edward s’en aperçut mais préféra attendre et la laisser parler.

- Alors moi aussi je fais de l’alchimie, dit-elle finalement. Et sans cercle… Ed, comment c’est possible ? J’y connais rien en alchimie, moi…
- Tu as dû voir la Porte, répondit-il en l’observant attentivement.

Un œil immense la fixe. La lumière est aveuglante. Elle entend des cris. Et une voix qui la terrifie. Des centaines de mains noires se tendent vers elle. Elle hurle.

- Ca t’évoque quelque chose ? demanda doucement Edward.

Le flash s’interrompit aussi soudainement qu’il avait commencé. Emma avait pâli et s’était redressée, le souffle court.

- Non, rien, répondit-elle aussitôt, gênée.

Elle s’était reprise rapidement mais pas assez, Edward savait qu’elle mentait, même s’il ne comprenait pas encore pourquoi.

- Ed, dit-elle après quelques instants de silence, cette chose qui m’a attaquée, cet…
- Homonculus, répondit-il à voix basse.
- Oui, qu’est-ce que c’est ?
- Il semble qu’ils soient les fruits de transmutations humaines ratées, expliqua-t-il, troublé comme à chaque fois qu’il abordait ce sujet.
- Transmutation humaine ?
- Oui, c’est le plus grand interdit qui existe dans le domaine de l’alchimie. Il s’agit de recréer artificiellement un être humain, à partir des éléments qui composent son corps.
- Mais, intervint-elle, pourquoi faire ça ? On n’obtiendrait qu’un corps sans âme, une coquille vide. Non ?
- Et bien, on peut penser qu’il y a un moyen de recréer également l’âme de la personne qu’on veut ramener. Mais c’est une erreur, ça ne fonctionne pas.
- Tu en sais quelque chose, d’après ce qu’on m’a dit.

Il ne la regarda pas mais posa sa main valide sur son automail.

- Oui, on peut dire que j’ai payé pour mon erreur. Mais c’est surtout Alphonse qui a payé le prix fort.
- C’est ton petit frère, c’est ça ? C’est Havoc qui m’a raconté, ajouta-t-elle en réponse à sa question muette.
- Quel putain de bavard celui-là, il va falloir qu’on ait une petite conversation…, gronda le Fullmetal. Ouais, en fait Al a carrément perdu son corps, et moi j’y ai laissé un bras et une jambe.
- Mais il y a quelque chose que je ne comprends pas, intervint Emma en se redressant et en s’asseyant. Si j’ai bien tout compris ce que m’a dit Jean, le principe fondamental de l’alchimie c’est l’échange équivalent. Alors vous deux, vous y avez laissé un corps et des membres, dans cette transmutation, mais d’après ce qu’il m’a raconté vous n’avez pas réussi à récupérer votre mère…
- Non, comme je le disais, on ne peut pas ramener quelqu’un, la transmutation humaine ne marche pas…
- Alors qu’est-ce que vous avez bien pu recevoir en échange de tout ce que vous avez perdu ?

Edward allait répondre quand, soudain, sa tresse prit feu. Emma s’en aperçut la première et cria avant de le plaquer au sol pour éteindre le début d’incendie.

- Fullmetal ! hurla le colonel.

Le jeune homme comprit instantanément ce qui venait de se passer et, se doutant de ce qui allait suivre, il se remit debout en un clin d’œil, avant de se mettre en position de combat. Emma se releva elle aussi pour voir arriver un Mustang furibond, suivi de son équipe. La colère déformait les traits de son beau visage et il était particulièrement effrayant en cet instant. La jeune fille vit qu’il allait claquer des doigts à nouveau, visant Edward, alors elle se jeta devant lui et étendit les bras.

- Ecarte-toi tout de suite, ordonna le Flame Alchimiste. Je vais griller cette larve !
- Vous savez ce qu’elle vous dit la larve ? cria Ed avant qu’un regard d’Emma ne le fasse taire.
- Emmanuelle Catherine Silver, tu as trois secondes pour bouger tes fesses de là, reprit le colonel, menaçant. Une… Deux…
- Non.

Les subordonnés de Mustang en eurent le souffle coupé alors que le lieutenant Hawkeye ne pouvait retenir un petit sourire devant le cran de cette jeune fille.

- Quoi ?
- J’ai dit non.
- Euh… Lieutenant, souffla Roy, déconcerté. Qu’est-ce que je fais maintenant ?
- Pardon ?
- Oui, il paraît qu’avec les adolescents il faut faire preuve de fermeté, c’est ce que j’ai lu dans un livre… Mais qu’est-ce qu’on fait quand l’ado en question fait preuve d’encore plus de fermeté ?
- …
- Je ne peux quand même pas la cramer… Si ?

Il se retourna, et lui et ses subordonnés tinrent conciliabule pendant quelques instants, jetant de fréquents coups d’œil vers les deux jeunes gens qui regardaient la scène, persuadés d’être victimes d’un gag.

- Colonel, vous pouvez pas faire usage de la force contre elle, quand même, souffla Fuery.
- Je le sais bien crétin, mais qu’est-ce que je peux faire d’autre ?
- Essayez de faire preuve de douceur et de compréhension, suggéra Falman.
- De quoi et de quoi ?
- Laissez tomber.
- Bordel, c’est même pas ma fille, pourquoi je me retrouve dans cette situation, moi ? gémit le militaire. Hey, lieutenant, vous voudriez pas aider un peu ?
- Vous avez… lu un livre… sur le comportement des adolescents ? demanda Hawkeye qui n’en revenait toujours pas.
- C’est pas du tout constructif comme remarque, grogna Roy. Dites-moi plutôt ce que je dois faire, après tout vous avez été une jeune fille vous aussi.

Un silence terrible s’abattit sur le petit groupe et, même à l’extérieur de leur cercle, Ed et Emma sentirent l’atmosphère se refroidir.

- J’ai été une jeune fille ?
- Oui, vous devez bien avoir quelques vagues souvenirs de votre adolescence ? insista le colonel, totalement inconscient du danger face auquel il se trouvait à ce moment.

Il se retourna, surpris de voir que ses subordonnés avaient reculé à distance respectable et qu’ils le regardaient avec tristesse, comme s’ils n’allaient jamais le revoir. Il reporta son attention sur le lieutenant et vit qu’elle avait déplacé sa main vers l’étui de son revolver.

- Donc, dit-elle d’une voix mortellement douce, vous sous-entendez que mon adolescence est tellement loin derrière moi que je ne peux en avoir que de vagues souvenirs…
- Hein ? J’ai dit ça moi ? demanda nerveusement le colonel qui transpirait abondamment maintenant, enfin conscient de vivre ses dernières minutes sur terre.
- Hey ! intervint soudain Edward qui s’ennuyait. Si on vous gêne on peut vous laisser ?
- La ferme, crétin, l’engueula Emma en lui jetant un regard noir. Ils nous avaient oubliés !
- Tu me traites pas de crétin d’abord, cria le Fullmetal, vexé.
- Tu préfères imbécile ?
- Sale chieuse !
- Hey, Fullmetal, cria Mustang en se précipitant vers lui. Ne parle pas comme ça à Emma ! Merci pour la distraction, lui souffla-t-il au moment où il le rejoignait, heureux d’échapper au lieutenant. Bon maintenant tu vas m’expliquer ce que vous foutez tous les deux ici ! ajouta-t-il en reprenant un ton sévère.

Ed et Emma se regardèrent et le jeune homme soupira. Cette fille attirait décidément les emmerdes…

- C’est de ma faute, dit soudain la jeune fille. J’avais prévu de m’enfuir de ma chambre, et Ed est passé sous ma fenêtre au moment où je sortais. Pour éviter que je ne me blesse, il m’a aidée à descendre et a voulu me reconduire immédiatement à ma chambre mais j’ai refusé. Et comme il ne voulait pas me laisser seule au cas où il m’arriverait quelque chose, il m’a accompagnée pour veiller sur moi.
- C’est vrai ce mensonge ? demanda Roy d’un ton suspicieux.
- Euh… Ouais… Comme elle a dit, répondit le jeune homme, surpris.
- Bon… Je n’en crois pas un mot, je suis sûr que c’est encore une de tes idées à la con Ed. Mais comme je n’ai pas de preuve, ajouta-t-il en coupant court aux protestations du jeune alchimiste, on va dire qu’il ne s’est rien passé. Emma, je te ramène à ta chambre.

Il saisit doucement la jeune fille par le bras et commença à s’éloigner avant de s’arrêter pour l’observer.

- Mais où t’as eu ces vêtements ?
- Je les ai trouvés, mentit-elle avec aplomb. Là, juste sous la fenêtre de ma chambre. C’est quand même un gros coup de chance, ces fringues, pile à ma taille, juste là…
- Tu me prendrais pas un peu pour un con ?
- J’oserais jamais, répondit la jeune fille de son air le plus convaincant.

Elle se retourna vers Edward et lui adressa un petit salut.

- Merci, articula silencieusement celui-ci.

Elle lui fit un clin d’œil pour toute réponse avant de se retourner pour suivre le colonel qui fit un grand crochet en approchant du lieutenant Hawkeye, qui dardait sur lui un regard aussi amical qu’une porte de prison.

oOoOoOoOoOoOo
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Mer 1 Juil 2009 - 19:06

Quelques heures plus tard, Edward, appuyé contre un mur, le téléphone à l’oreille, écoutait son petit frère lui parler de sa mission à Yous Well.

- Tu verrais ça, grand frère, dit Alphonse dont la voix haut-perchée grésillait, la ville a vachement changée. Ils ont fait des travaux, et maintenant tous les habitants sont leurs propres patrons. C’est formidable.
- C’est bien ça, répondit mécaniquement Ed.
- Et ils se souviennent tous de toi, t’es une sorte de héros pour eux ! Mais ils m’ont tous promis qu’ils ne parleraient pas de… tu sais quoi.
- Hein ?
- Mais si… Tu sais… La raison pour laquelle le colonel n’a pas voulu t’envoyer là-bas.
- Ah…

Le Fullmetal, le regard dans le vague, n’écoutait que d’une oreille distraite ce que lui disait Alphonse. Il n’arrivait pas à se concentrer.

- T’es là grand frère ? demanda finalement le jeune garçon.
- Bah ouais, quelle question.
- T’as l’air ailleurs.
- Non, je pensais juste à quelqu… à quelque chose, se reprit-il.

Il avait failli dire qu’il pensait « à quelqu’un »… Mais qu’est-ce qui lui arrivait ?

- Tu rentres à Central ? demanda le blond.
- Non, je pense que je vais retourner directement à Resembool. C’est bien ce qu’on voulait faire ?
- Ah oui, c’est vrai, j’avais oublié.
- On se rejoint là-bas ?
- Euh… Je ne vais peut-être pas pouvoir venir tout de suite Al, dit Edward en se passant une main dans les cheveux.
- Le colonel t’a donné du boulot ?
- Non.
- Alors qu’est-ce qui te retient à Central ? demanda Alphonse, surpris.

Il avait raison… Qu’est-ce qui le retenait à Central ?

- C’est vrai, répondit Ed d’une voix enjouée. Tu sais quoi, je vais prendre le premier train pour Resembool et on se retrouvera là-bas.
- Ok grand frère. Ne fais pas de bêtises d’ici là !
- Hein ? Hey, c’est moi qui devrais te dire ça, c’est moi l’aîné je te rappelle !
- Ouais, si tu le dis…

Ed secoua la tête, ne pouvant réprimer un sourire, et il raccrocha. Il regarda autour de lui. Il était dans le hall de l’hôtel où il était descendu depuis son arrivée. Il se dirigea vers l’accueil et demanda qu’on lui monte son repas dans sa chambre, avant de regagner celle-ci. En entrant, il jeta son manteau rouge sur le dossier d’une chaise et se dirigea vers la salle de bain. Il se déshabilla rapidement et entra dans la douche, appréciant le jet d’eau tiède qui tombait sur son corps.

Tout en profitant de l’action apaisante de l’eau, il laissa ses pensées vagabonder. Mais elles en revenaient toujours au même point. Emma… Il ferma brutalement le robinet et sortit de la douche avant de se sécher. Quelle était l’histoire de cette fille ? Il grimaça. Encore une fois, il ne pouvait s’empêcher de penser à elle.

Quelques coups frappés discrètement à sa porte coupèrent le cours de ses pensées, à son grand soulagement. Il s’habilla rapidement et ouvrit la porte, et on lui tendit un plateau plein de nourriture qu’il s’empressa d’engloutir. Au moins, quand il mangeait il ne pensait plus à…
Il faillait s’étouffer avec sa bouchée. Encore.

- Arrête ça, crétin ! se dit-il à voix haute en se frappant le front du plat de la main.

Il acheva rapidement son repas et finit par s’allonger tout habillé sur son lit, les bras en croix, le regard fixé sur le plafond. Il cessa de lutter et ses pensées échappèrent alors à son contrôle, revenant se fixer sur la jeune fille qui se morfondait dans sa chambre d’hôpital. Il récapitula ce qu’il savait d’elle. Elle avait son âge, et elle habitait dans l’ouest, dans les montagnes du Kent, d’après ce qu’avait dit le lieutenant Hawkeye. Elle était la fille de l’un des alchimistes les plus doués de sa génération, un vrai génie. Elle avait aussi un vrai caractère de cochon… Et un sens de la répartie terrible, dont il faisait les frais en ce moment.

Le jeune homme sourit. Elle était étrangement fascinante. Il n’arrivait pas à la cerner. Avec les autres elle se montrait froide et distante, beaucoup trop sérieuse pour son âge, elle semblait même mal à l’aise avec les gens en général, comme si elle n’avait pas l’habitude d’en côtoyer. Mais d’après ce que lui avait dit le lieutenant, elle avait dû aller vivre avec son père au fin fond des montagnes à neuf ans, un âge où on apprend la socialisation, où on se fait des amis… Elle n’avait pas dû croiser grand monde à partir de ce moment-là, et ça pouvait expliquer son attitude. En tout cas, ça l’expliquait en partie.

Avec lui, elle était complètement différente. C’était même le jour et la nuit. Ils avaient beaucoup parlé tous les deux, de choses et d’autres, depuis qu’elle s’était réveillée. Ils avaient fait des parties d’échec mémorables, et disputées. Il lui avait aussi raconté certaines de leurs aventures, à Al et à lui, et elle l’écoutait toujours avec intérêt. Avec lui, elle paraissait plus jeune, ils se taquinaient, et elle l’engueulait… Elle se comportait presque comme une adolescente normale. C’était sans doute parce qu’il lui avait sauvé la vie, et parce qu’il était le seul à ne pas lui mettre la pression pour qu’elle retrouve la mémoire.

Il s’assit sur son lit. Sa mémoire. Il était sûr qu’elle se souvenait de certaines choses, mais il avait l’impression qu’elle refusait ces souvenirs. Ils devaient être particulièrement traumatisants ou tristes… Il réfléchit et se rappela de la première fois où il avait vu la Porte. La terreur qu’il avait ressentie était encore bien présente dans son esprit, et s’il pouvait l’oublier, il ne se ferait pas prier. Il comprenait qu’elle ne veuille pas se souvenir de ça. Et ses parents… Sa mère était morte, et son père était revenu blessé et traumatisé par la guerre d’Ishbal d’après ce qu’on lui avait dit, l’obligeant à quitter sa ville pour s’enterrer au fin fond d’Amestris. Elle avait peut-être de bonnes raisons de ne pas vouloir se souvenir en fait.

Elle avait perdu sa mère, elle aussi. Et elle s’était retrouvée seule, son père n’étant pas là. Edward réfléchit. C’était peut-être ça l’explication, ils se comprenaient tous les deux, ils avaient vécu la même épreuve. Sauf que lui avait son frère… Peut-être avait-elle tenté elle aussi une transmutation humaine, et c’est pour ça qu’elle avait vu la Porte ? Peut-être…

Il se leva et commença à se déshabiller. Emma… Elle avait deux facettes, une fois elle semblait froide et distante, l’autre elle plaisantait et son sourire illuminait son visage. Elle savait se montrer forte. Mais il l’avait aussi vue perdue et vulnérable, lorsqu’il l’avait serrée dans ses bras après l’attaque d’Envy. Repenser à l’Homonculus lui fit serrer les poings. Cet enfoiré… S’il l’avait attaquée, ça voulait dire que tous les Homonculus en avaient après elle. Est-ce que c’était parce qu’elle aussi cherchait la pierre philosophale ? Comme lui ? Ou alors c’était en rapport avec son père ?

Il soupira en entrant dans les draps frais de son lit. Il avait dit à Alphonse que rien ne le retenait ici et qu’il rentrerait vite à Resembool, mais c’était faux… Il ne pouvait pas partir maintenant. Son automail calé sous sa nuque, sentant le sommeil le gagner doucement, il se promit de rappeler son frère dès le lendemain matin pour le prévenir qu’il ne rentrerait pas tout de suite finalement. Ses paupières se fermèrent, et il eut l’agréable sensation de plonger dans le sommeil. Mais soudain des coups frappés violemment à sa porte le réveillèrent en sursaut.

- Ed… Ed…, gémissait quelqu’un en continuant à frapper à la porte.

En reconnaissant cette voix le jeune homme bondit hors de son lit et alla ouvrir la porte. Emma, en chemise d’hôpital, complètement glacée et paniquée, tomba dans ses bras.

- Ils sont après moi, murmura-t-elle en s’accrochant à lui. Les Homonculus…
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Mélanie Mustang Ven 3 Juil 2009 - 19:00

Voilà un passage assez amusant. J'ai adoré le passage dans le parc quand Roy se demande s'il peut faire cramer Emma ou pas... Et encore plus quand il a "insinué" que Riza était vieille^^ c'était excellent, j'avais trop l'impression de voir les images en même temps^^

Et la fin est super aussi! Du suspens c'est ce qu'il y a de mieux en fin de chapitre^^ j'adore!

Donc vivement la suite!
Mélanie Mustang
Mélanie Mustang
Généralissime Autoritaire

Nombre de messages : 1472
Age : 35
Localisation : Devant mon PC, Senlis, Oise, Picardie, France, Europe, Terre, Voie Lactée, Univers (assez précis?xD)

http://melanie-lemaire.kazeo.com/

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Lun 6 Juil 2009 - 9:59

Merci beaucoup, c'est vrai que j'aime bien les fins de chap un peu abruptes qui instillent un peu de suspense. Et j'essaye aussi de glisser des pointes d'humour (j'y arrive pas forcément à chaque fois^^). Je suis contente que ça te plaise toujours et voilà la suite.
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Lun 6 Juil 2009 - 10:02

Chapitre 4

Mustang, adossé au mur face au lit d’hôpital d’Emma, regardait la jeune fille d’un air sévère. Depuis qu’il l’avait retrouvée dans le parc avec Edward, il la surveillait comme le lait sur le feu et lui faisait la leçon.

- Écoute, je te demande juste de ne plus jamais me faire une peur pareille.
- Vous parlez comme si vous étiez mon père…
- Hein ? Quoi ? réagit Roy, paniqué.
- C’est le mot « père » qui vous met dans cet état-là ? demanda la jeune fille avec un sourire en coin.
- Je vois pas du tout ce que tu veux dire…
- Dites, demanda Emma après quelques instants de silence. Pourquoi est-ce que vous prenez soin de moi comme ça ?

Le colonel soupira et fit quelques pas jusqu’à atteindre la fenêtre. La nuit tombait doucement sur la ville, et les réverbères s’allumaient petit-à-petit.

- Ton père, Maes Hugues et moi, on était ensemble à Ishbal. Nous étions plus que des compagnons d’armes, nous étions… des amis, les meilleurs amis. On se soutenait, on s’épaulait. On serait devenus fous si on n’avait pas pu compter les uns sur les autres. Tu sais, quand on voit des horreurs pareilles, on change, on se renferme sur soi. S’il n’y avait pas eu Arthur et Maes, je pense que je serais devenu un homme très différent aujourd’hui.

Il regardait les voitures qui circulaient dans les rues, autour du QG. La ville s’animait pour sa vie nocturne.

- Tu sais, quand c’était vraiment trop dur, et trop horrible, la seule chose qui me faisait me sentir mieux, c’était écouter Arthur nous parler de toi et de ta mère, et de la vie que vous auriez quand il vous retrouverait. Ça me donnait la motivation pour survivre. Je voulais rentrer pour pouvoir connaître ça un jour, moi aussi.
- Je croyais que vous étiez un tombeur incapable de rester avec la même femme plus d’un mois d’affilée ?

Roy sursauta et se retourna, une légère rougeur colorant ses joues.

- Hein ? C’est l’autre nabot à tresse qui t’a dit ça ?

Voyant le sourire de la jeune fille, il se tut et se reprit rapidement.

- Hum… J’en étais où ?
- Vous me parliez de mon père.
- Ah oui.

Mustang sourit et vint s’asseoir sur le bord du lit, près d’Emma.

- Je m’en veux, poursuivit-il en la regardant. Je me sens coupable de ne pas avoir été là quand Arthur a appris la mort de ta mère. Il était déjà dans un sale état, mentalement et physiquement…
- Comment ça ?
- Et bien, toutes les horreurs qu’on a vues et qu’on a faites là-bas… Ça nous a tous marqué à des degrés divers, tu sais. Et en plus, lui a été blessé… Il a perdu sa jambe droite. Tu t’en souviens ?
- Est-ce que… Est-ce qu’il a un automail ?
- Oui, c’est ça, s’exclama le colonel avec espoir. À la jambe gauche. Est-ce que ta mémoire revient ?
- Non, répondit la jeune fille, mais quand j’ai vu celui d’Edward j’ai eu une sensation étrange, comme si ça m’était familier.
- Oh, fit Roy, un peu déçu. Où est-ce que j’en étais ? Ah oui, ton père était dans un sale état. Du coup quand il est rentré et qu’il a appris pour Mary, ça a dû finir de l’anéantir. J’aurais dû être là pour lui à ce moment, comme il a été présent pour moi à chaque fois que j’en ai eu besoin.
- Mais c’est lui qui a coupé les ponts si j’ai bien compris, vous n’y êtes pour rien.
- Ce n’est pas une excuse, j’aurai dû insister. Je devais l’aider à surmonter ça, c’était mon rôle d’ami. Mais après Ishbal, je me suis apitoyé sur mon sort, je me suis renfermé sur moi. Et je l’ai laissé tomber. Je le savais pourtant que ça n’était pas normal qu’il ne donne plus de nouvelles, je sentais qu’il y avait un problème. Mais à ce moment, mes soucis étaient plus importants pour moi…
- Donc, conclut Emma en le fixant, vous espérez qu’en prenant soin de moi ça pourra alléger la culpabilité que vous ressentez par rapport à mon père.
- Ça ne pourra jamais l’alléger, répondit le colonel. Je devrais toujours porter cette culpabilité en moi. Mais je connais Arthur, s’il devait te perdre toi aussi… Ça serait trop pour un seul homme, je ne le permettrai pas.
- Vous pensez qu’il est en vie alors ? demanda la jeune fille.
- Qu’est-ce qui te fait croire qu’il ne l’est pas ?

Emma soupira et regarda par la fenêtre, pensive.

- Et bien, je suis sûre que cet… Homonculus, qui a tenté de me tuer, en a en fait après mon père, le grand alchimiste. Ça tombe sous le sens. Et si j’ai fait tout le chemin de l’ouest jusqu’ici pour vous trouver, c’était forcément pour vous demander votre aide, donc la seule explication c’est que mon père a de sérieux ennuis.
- Tu cogites, toi.
- Bah, il faut dire que j’ai beaucoup de temps pour ça. Dites, ajouta-t-elle, vous pensez qu’il s’en est aussi pris à lui ?

Le colonel ne répondit pas, mais son regard se perdit dans le vague.

- Hey, je vois à votre tête qu’il y a quelque chose que vous ne me dites pas, insista Emma.
- J’ai envoyé des hommes chez vous, répondit finalement Roy. Votre maison a été… visitée, fouillée de fond en comble mais a priori rien n’a été volé. Qui que ce soit, ils devaient chercher quelque chose qu’ils n’ont pas trouvé. Quant à ton père, il n’était plus là.
- Et ?
- Il y avait des traces de lutte et du sang, ajouta sombrement le militaire.
- Oh, se contenta de répondre la jeune fille. Je sais que je devrais me sentir inquiète ou triste mais… J’ai l’impression d’être un monstre sans cœur.
- Ne dis pas ça, la coupa Mustang en lui prenant la main. Tes sentiments reviendront en même temps que tes souvenirs, sois patiente.

À ce moment on frappa à la porte et le lieutenant Hawkeye entra, l’air stressé.

- Excusez-moi de vous déranger colonel, mais c’est important.

Le militaire hésita, mais l’urgence dans la voix de sa subordonnée le convainquit que l’affaire était grave. Il tapota doucement la main d’Emma et se leva avec un sourire.

- Je repasserai te voir très vite.
- Ne vous en faites pas, de toute façon je dois me reposer, répondit Emma.

Avec un petit signe d’adieu, le colonel et Riza quittèrent la chambre. Roy donna ses instructions aux deux militaires qui étaient de garde devant la porte avant de suivre le lieutenant.

- Qu’est-ce qu’il y avait de si urgent ?
- Une convocation pour une réunion exceptionnelle de l’État-major, colonel.
- Attendez… Maintenant ?
- Ils vous attendent.
- Mais… L’État-major… Ça veut dire qu’il sera là aussi ?
- C’est le Généralissime lui-même qui est à l’origine de cette réunion.

Le colonel, suivi du lieutenant, pressa le pas et se mit même à courir. Une réunion en urgence à l’initiative de King Bradley ? Ça ne voulait dire qu’une chose : la situation devait être très grave.

oOoOoOoOoOoOo

Emma était allongée sur son lit, couchée sur le côté. Elle regardait le ciel étoilé par la fenêtre.

Un homme barbu et avec des cheveux longs et emmêlés, au regard absent. Il est assis sur une chaise. Emma, plus jeune et sans sa mèche blanche est agenouillée près de lui. L’automail qui remplace la jambe gauche de l’homme luit dans le soleil. La petite fille huile sa prothèse. L’homme n’a aucune réaction.

Emma cligna des yeux et soupira en repassant sur le dos. Elle n’avait vu personne depuis le départ du colonel quelques heures plus tôt. Ça lui avait laissé le temps de penser. Elle savait son père en danger mais elle n’arrivait pas à se sentir inquiète. Elle avait l’impression d’être morte à l’intérieur.

L’homme aux cheveux longs est agenouillé sur le sol. Devant lui il y a une immense porte entrouverte. La Porte. Au travers elle voit un œil immense et terrifiant. Cet homme, c’est son père. Elle l’appelle. Elle est terrifiée. Il tourne la tête vers elle. Il pleure en silence alors qu’il la regarde. Il lui dit qu’il est désolé. Des mains noires sortent de la Porte et se posent sur son crâne. Il pousse un hurlement déchirant.

Dans son lit, Emma sursauta. Elle sentit une larme, une seule, rouler le long de sa joue et se perdre dans son cou.

oOoOoOoOoOoOo


Dernière édition par Elisha-chan le Jeu 9 Juil 2009 - 14:21, édité 1 fois
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Lun 6 Juil 2009 - 10:03

Une jeune et jolie infirmière marchait dans les couloirs en poussant un chariot plein de bols de soupe. Elle observait les soldats qui montaient la garde aux deux extrémités du couloir et devant la porte de la chambre d’Emma. Elle leur fit un sourire auquel ils répondirent, trop heureux qu’une aussi belle femme s’intéresse à eux.

- Messieurs vous devez mourir de faim, dit la jeune femme en s’approchant de ceux qui gardaient la chambre. Il me reste des bols de soupe toute chaude. Ce serait dommage de les jeter alors que vous pourriez en profiter…
- Ah ouais ce serait dommage, dit un soldat.
- Arrête-ça, protesta son collègue. On est en service, on n’a pas le droit.
- T’es chiant, j’ai la dalle moi.
- Mais si le lieutenant Hawkeye l’apprend ? Elle va nous faire la peau !
- Apprendre quoi ? dit innocemment l’infirmière avec un sourire. Je vous promets de ne rien dire, je serai une vraie tombe.

Le deuxième soldat se laissa fléchir et les deux hommes, comme leurs collègues, burent avec reconnaissance le délicieux bol de soupe si gentiment offert par la jeune femme. L’infirmière récupéra les bols et s’éloigna en poussant son chariot. Son regard devint dur et un sourire satisfait vint étirer ses lèvres.

oOoOoOoOoOoOo

Une longue table dans un grand bureau sombre. Autour d’elle, une dizaine d’hommes bardés de décorations et de galons se regardaient en chien de faïence. Autour d’eux, debout, des militaires moins gradés attendaient, tendus et silencieux. Parmi eux, le colonel Mustang cherchait un visage ami mais c’était peine perdue. « L’homme est un loup pour l’homme », cette phrase n’avait jamais semblée plus vraie que dans ce bureau, en ce moment. Le Généralissime entra finalement, suivi de sa secrétaire. Mustang observa la jeune femme. Juliette Douglas. Les cheveux longs et châtains lui retombant devant le visage, elle avait toujours la tête basse et ne vous regardait jamais dans les yeux. De la timidité certainement…

King Bradley, lui, était toujours aussi imposant et pas seulement par son physique. Il dégageait une aura d’autorité et de puissance qui inspirait le respect. Le généralissime s’assit sans un mot et croisa les mains. Les autres généraux s’assirent également. Bradley les observait de son œil valide, inquisiteur.

- Est-ce que vous savez pourquoi vous êtes là ?

Les militaires se regardèrent, un peu troublés. Personne ne connaissait la raison de cette réunion exceptionnelle. Mustang attendait, le regard fixé sur la tenture placée derrière le fauteuil du généralissime représentant le grand lion, symbole de l’armée. Soudain la tenture fut occultée par une gigantesque carte d’Amestris qui fut déroulée sur le mur. La secrétaire de Bradley épingla sur la carte plusieurs punaises rouges, en divers endroits.

Mustang plissa les yeux. Une punaise dans l’ouest, près de Collum city, deux autres dans le Nord, près de la frontière avec Drachma, l’ennemi héréditaire d’Amestris. Une dans le Sud, non loin de Dublith, et enfin une dernière…

- Lior, murmura-t-il.
- Ces punaises marquent les endroits où les premières révoltes se sont déclarées, depuis deux semaines.
- Les révoltes ? demanda l’un des généraux.
- Ça a commencé par de simples échauffourées, mais rapidement la situation a dégénéré. La révolte de Lior a été la première, vite suivie par celles du Nord. Et ensuite, les autres. Et d’autres foyers de sédition se déclarent maintenant un peu partout, expliqua Juliette Douglas.
- Mais pourquoi ? demanda un haut-gradé que Roy reconnu comme le général Raven. Est-ce que ça a un rapport avec les agissements de ce tueur, Scar ?
- On ne le sait pas, répondit la jeune femme, par contre on est certain qu’ils sont tous encouragés et armés par Drachma et Aerugo.
- Ces chiens ! gronda le général Hakuro. Ce sont forcément eux qui fomentent ces révoltes.
- La situation est grave, intervint enfin le généralissime en se levant. Pour l’instant la population n’est pas au courant de ce qui se passe, et il faut veiller à ce qu’elle reste dans l’ignorance. Il faut absolument les mater avant que la rébellion ne gagne le reste du pays comme une traînée de poudre.
- Il faut parlementer !

Tous les regards se tournèrent instantanément vers Mustang, qui venait de parler à haute voix.

- Colonel Roy Mustang, le célèbre Flame Alchimiste, le héros d’Ishbal. Que venez-vous de dire ?
- Monsieur, répondit Roy en s’adressant directement au généralissime, je pense qu’il faut négocier avec les rebelles, comprendre quelles sont leurs raisons et leurs revendications avant de lancer une opération militaire.
- Foutaises, clama le général Whistler. On tire d’abord et on parlemente ensuite.
- Ça a tellement bien fonctionné il y a treize ans, ironisa Mustang. Écoutez-moi, il faut à tout prix éviter un nouvel Ishbal !

Le généralissime sembla réfléchir à ses paroles alors que tous les militaires jetaient sur Roy des regards méprisants ou haineux.

- Nous avons bien entendu vos arguments, Colonel. Mais ces rebelles seront matés, dit finalement King Bradley avec un regard à vous glacer le sang, et ce par tous les moyens. Fin de la discussion.

oOoOoOoOoOoOo

Elle se tient à une fenêtre et regarde dehors. La pièce dans laquelle elle se trouve est immense et pleine de livres. Des rideaux foncés occultent la plupart des fenêtres, et la lumière est à peine suffisante pour éclairer la pièce peu meublée. Le sol est recouvert par une épaisse couche de poussière, comme les livres qui s’entassent un peu partout. A l’extérieur, dans le jardin laissé à l’abandon, deux femmes attendent, enveloppées dans des manteaux noirs. L’une est brune, avec des cheveux très longs et ondulés. Elle a l’air sûre d’elle et vulgaire. L’autre, les cheveux longs et châtains, semble effacée et regarde le sol. La brune frappe agressivement à la porte depuis plusieurs minutes. Elle entrebâille la porte. Les femmes demandent à voir son père. Il n’est pas disponible pour l’instant. Elles repasseront. Elle referme la porte alors qu’un long frisson glacé lui parcourt l’échine.

Emma sursauta et rouvrit les yeux, aux aguets, tendue.

oOoOoOoOoOoOo

Tous les soldats de l’étage d’Emma dormaient profondément, avachis les uns sur les autres. L’infirmière claqua des doigts devant l’un d’eux. Pas de réaction. Elle regarda autour d’elle. On était au beau milieu de la nuit et l’étage était vide. Mais il fallait faire vite avant que quelqu’un vienne.

Elle eut un sourire terrifiant et ouvrit délicatement la porte de la chambre d’Emma avant d’entrer, sans un bruit. Elle vit une forme enfouie sous les draps. Parfait, elle était profondément endormie. Envy se « changea » et redevint l’Homonculus aux cheveux longs et au physique androgyne. Il observa le lit quelques instants. La dernière fois il s’était fait surprendre. Comment aurait-il pu savoir qu’elle était alchimiste, elle aussi, et qu’en plus elle n’utilisait pas de cercle de transmutation ? Cette fois-ci il n’avait pas intérêt à se planter, sinon « elle » lui ferait payer… Envy sourit. Il aimerait que le nabot blond soit là pour le voir tuer sa petite copine sous ses yeux… Oh oui, il aimerait voir la peur et la haine dans son regard et ensuite, surtout, la peine, la tristesse. Ouais, ce serait le pied total…

L’Homonculus se reprit. Il devait terminer le travail. C’était les ordres. Il s’approcha du lit et souleva le drap avant de pousser un cri de rage en l’enlevant complètement. Elle avait mis des oreillers dans le lit à sa place. Il se précipita vers la fenêtre et il la vit. Emma avait sauté dans un arbre et s’était laissé tomber sur le sol. Elle le vit à la fenêtre et s’enfuit. Envy ouvrit la fenêtre et sauta, retombant souplement sur le sol, avant de se lancer à sa poursuite. Il allait la faire souffrir, cette garce.

oOoOoOoOoOoOo

La réunion s’était terminée dans un silence tendu et oppressant, et les militaires avaient quitté la salle en traînant les pieds. Mustang ne pouvait pas le croire. Ça recommençait comme il y a treize ans. Il se trouva le dernier à sortir mais, au moment où il allait passer la porte, il se sentit retenu par le bras. Il se retourna pour voir le généralissime. Un frisson le secoua, comme à chaque fois qu’il se trouvait aussi près de King Bradley.

- Vous êtes inquiet, dit le généralissime en le scrutant de son œil valide.
- J’étais à Ishbal, monsieur, répondit le colonel. Tout ça me rappelle de bien mauvais souvenirs.
- Je comprends, je comprends. Mais je vous fais confiance, je suis sûr que vous ferez ce qui est le mieux pour Amestris… et pour vous. Vous savez que vous avez le potentiel pour gravir les échelons rapidement, alors ne gâchez pas tout.
- Bien sûr monsieur, répondit précipitamment Mustang, s’apprêtant à prendre congé.

Mais Bradley raffermit encore sa prise sur son bras, lui broyant littéralement les os. Roy ne broncha pas.

- Vous passez beaucoup de temps à l’hôpital en ce moment, à ce qu’il paraît… Rien de grave j’espère ?
- Non, juste la fille d’un vieil ami qui est hospitalisée. Rien de plus, monsieur.
- Hum…

Il lâcha enfin le bras de Roy qui se dépêcha de prendre congé avant de foncer à l’hôpital, pris d’un horrible pressentiment.

oOoOoOoOoOoOo

Emma courait dans les rues de Central. Il faisait nuit mais la ville était tellement éclairée qu’on y voyait comme en plein jour. Il y avait beaucoup de gens dans les rues, on était vendredi soir, et ils la bousculaient. Ils regardaient tous cette étrange fille à bout de souffle qui courait pieds nus et en chemise d’hôpital, mais elle n’y prêtait pas attention. Elle manqua se faire renverser en traversant la rue sans regarder. La voiture s’arrêta de justesse et l’éblouit de ses phares, en klaxonnant. Il était derrière lui, elle le sentait.

Envy, en version militaire, la poursuivait mais la foule le gênait et l’empêchait de la rattraper. Emma était complètement paniquée. Edward… Elle devait trouver Ed, elle ne pensait plus qu’à ça. Elle savait qu’il était au Grand Hôtel, qu’elle voyait de sa chambre. Elle devait le retrouver. Elle repéra finalement l’enseigne lumineuse de l’hôtel et se précipita à l’intérieur, ignorant les cris de surprise des clients.

Elle frappait à la porte avec urgence. Elle jetait des regards anxieux autour d’elle, s’attendant à voir débarquer Envy à n’importe quel moment. Elle appelait Edward, en continuant à frapper, tremblante et en pleurs. Soudain la porte s’ouvrit et elle tomba dans les bras du jeune homme.
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Mélanie Mustang Lun 6 Juil 2009 - 15:58

Bon eh bien voilà un post qui nous éclaire un peu sur le pourquoi du comment Emma s'est encore enfuie de l'hôpital... et sur ce qu'il se passe d'un point de vue politique.

Tout cela est assez bien développé je trouve. J'aime bien ce passage et j'aime bien aussi les demi-révélations sur la porte et le passé d'Emma. Ca nous amène à nous poser des questions.

J'attends la suite avec impatience!
Mélanie Mustang
Mélanie Mustang
Généralissime Autoritaire

Nombre de messages : 1472
Age : 35
Localisation : Devant mon PC, Senlis, Oise, Picardie, France, Europe, Terre, Voie Lactée, Univers (assez précis?xD)

http://melanie-lemaire.kazeo.com/

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Jeu 9 Juil 2009 - 14:19

Vui elle s'enfuie beaucoup la demoiselle décidément... tient pas en place^^
Contente que ça te plaise toujours, je mets la suite de suite (et vive les répétitions)!
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Jeu 9 Juil 2009 - 14:23

Chapitre 5

- Emma… Emma ?

Edward tenait la jeune femme dans ses bras. Elle était gelée après avoir couru en chemise d’hôpital dans les rues de Central, et elle tremblait violemment, jusqu’à claquer des dents.

- Qu’est-ce qui s’est passé ?
- Ed… L’Ho-l’Homonculus… Il arrive !

Le jeune homme comprit sur le champ et la fit rentrer avant de verrouiller la porte. Envy avait dû l’attaquer à nouveau, à l’hôpital. Cet enfoiré… Il vit qu’Emma était terrifiée et remit à plus tard son projet d’écorcher vif un certain Homonculus de sa connaissance. D’abord il fallait s’occuper d’elle.

- C’est bon, calme-toi, lui dit le Fullmetal. Je vais m’occuper de lui, promis. En attendant enfile ça, ajouta-t-il en posant son éternel manteau rouge sur ses épaules. Et vas te cacher dans la salle de bain. D’accord ?

La jeune femme acquiesça, un peu rassurée, et alla se mettre à l’abri. Avant de passer la porte, elle s’arrêta.

- Fais attention, murmura-t-elle sans se retourner.

Edward ne répondit pas et elle rentra dans la salle de bain. Le jeune homme soupira, transmuta son automail en lame acérée et se dirigea vers la porte. Il l’ouvrit lentement, s’attendant à voir débouler son ennemi d’un instant à l’autre. Mais il n’y avait rien. Il regarda à droite, puis à gauche. Le couloir était complètement vide, toutes les portes étaient fermées. Le silence régnait, stressant, oppressant.

Le jeune homme hésitait. S’il avait été seul il aurait fouillé l’hôtel de fond en comble pour dénicher cet enfoiré d’Envy, mais il ne pouvait pas laisser Emma toute seule.

- Ed !

Le jeune homme sursauta et se mit en garde. Il vit le colonel Mustang courir vers lui, l’air inquiet.

- Où elle est ? cria le militaire.
- Restez où vous êtes !
- Que… Ed, qu’est-ce que tu nous fais, là ?

Le Fullmetal était perplexe. Ca avait vraiment l’air d’être le colonel, et il savait qu’il s’inquiétait pour Emma. Il avait l’impression que c’était lui. Mais s’il se trompait ?

- Ed, insista Roy en le prenant par les épaules. Où est Emma ? Je reviens juste de l’hôpital et j’ai trouvé les soldats HS et la chambre vide… Qu’est-ce qui s’est passé ?

La réponse ne se fit pas attendre. Ed leva son automail et en appliqua la pointe acérée contre la gorge de son supérieur.

- Envy l’a poursuivie jusqu’ici, expliqua le blond. Mais vous le savez sûrement déjà, ça…
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Pas question que je me fasse encore avoir, marmonna Ed. Je préfère prévenir que guérir.
- Edward…
- Comment vous avez su où la trouver ? Hein ? Qu’est-ce que vous avez à répondre à ça ?

Le colonel déglutit et la pointe de la lame égratigna légèrement sa gorge, faisant perler une petite goutte de sang.

- Je savais que ce serait toi qu’elle irait voir si elle était en danger.

Edward ne s’attendait pas à cette réponse et une légère rougeur teinta ses joues.

- Mouais…, fit-il, de plus en plus hésitant.
- Allez Ed, bordel ! Je sais que tu ne peux pas me voir mais c’est pas vraiment le moment de régler nos comptes, lui reprocha Roy.
- Edward ?

Les deux hommes se tendirent. Emma, couverte du manteau d’Ed, avait quitté la salle de bain et observait la scène, troublée.

- Emma, cria le Fullmetal, je t’avais dit de rester cachée !
- Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle sans prêter attention à sa remarque.
- J’en suis pas sûr, grogna Ed sans baisser son automail.
- Emma, dit le colonel, tu peux lui demander de me lâcher ?
- Attends, intervint le jeune alchimiste. Envy peut prendre l’apparence de n’importe qui, rappelle-toi.
- Mais comment savoir, alors ? demanda la jeune femme.

A ce moment un bruit de course dans les escaliers les interrompit et ils virent débouler dans le couloir un deuxième colonel Mustang, échevelé et essoufflé. Quand il vit Ed qui tenait en respect son double, le militaire s’arrêta. Les deux se fixaient en silence. Soudain, le « deuxième Roy » se précipita en avant, prêt à claquer des doigts.

- Enfoiré, cria-t-il. Je vais te…
- Stop ! cria Edward, un peu débordé par les évènements.

La situation lui échappait complètement. Le colonel était déjà pénible quand il était seul, et là il se retrouvait face à deux Mustang. Il regretta que le lieutenant Hawkeye ne soit pas là.

- Hey, où est Hawkeye ? demanda-t-il d’un air soupçonneux.
- Elle cherche Emma à mon bureau, répondit le deuxième Roy, prenant de vitesse le premier.
- Elle fouille l’hôpital, répondit le premier, toujours sous la lame d’Ed.

Le jeune homme ne savait plus quoi faire. Finalement il lâcha le colonel et recula de quelques pas.

- Tous les deux, vous allez vous approcher lentement, ordonna-t-il. Maintenant enlevez vos gants et jetez les sur le sol, doucement. Le cercle de transmutation qui lui permet de créer du feu se trouve sur les gants, expliqua-t-il à Emma.
- Demande leur aussi de jeter leurs revolvers vers nous, dit-elle.

Le jeune homme s’exécuta et les militaires jetèrent leurs armes qu’Emma récupéra. Elle en donna une à Ed et pointa l’autre sur le deuxième Mustang.

- Les balles ne font rien aux homonculus, dit Ed.
- Oui, mais si on tire sur le faux Mustang et qu’on voit que ça ne lui fait rien, on saura qui est qui.
- Hey ! lancèrent les deux hommes.
- Et si vous tirez sur le vrai… je veux dire, sur moi ?
- C’est un risque à courir, répondit froidement Emma.
- T’es limite flippante là, murmura Ed. On dirait le lieutenant…

Le jeune homme se reprit rapidement et pointa son arme sur le premier Mustang. C’était une bonne idée, et si ça pouvait lui permettre de se débarrasser de ses deux pires ennemis en même temps…

- Bon qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda Emma, moins sûre d’elle. Je ne connais pas trop le colonel, moi, je ne sais pas comment le reconnaître.
- Bah il est chiant, narcissique, flemmard…
- Ca suffit ! dirent les deux Mustang. Arrête de répéter ce que je dis ! se crièrent-ils l’un à l’autre.
- Il n’aime pas qu’on dise qu’il est impuissant, continuait Ed, il drague tout ce qui bouge, il veut devenir généralissime pour imposer le port de la mini-jupe dans l’armée…
- Quoi ? s’étonna la jeune femme.
- C’est un pervers, un con total…
- Ed, tu vas me payer ça, gronda le second Mustang.
- Ah bah ça c’est tout à fait un truc que le vrai pourrait dire, dit le Fullmetal.
- Evidemment, répondit l’autre colonel, à ce moment-là c’est simple. Moi j’ai qu’à te traiter de nabot et tu diras pareil.
- Qui a dit que je suis si petit que je n’arrive même pas à la cheville d’une fourmi ? hurla le blond.
- C’est trop facile, marmonnèrent ensemble les deux militaires avant de se regarder en chiens de faïence.
- Quelle susceptibilité, commenta Emma. En plus je ne suis pas sûre qu’une fourmi ait des chevilles…
- On va pas lancer un débat, cria le jeune alchimiste. T’es de quel côté toi ?

Il sentait une violente migraine arriver, il la sentait même très bien, et elle promettait d’être terrible. Qu’est-ce qu’il foutait dans cette galère ? La situation était de plus en plus difficile, il ne savait absolument pas lequel des deux était le vrai.

- Et si on tirait sur les deux, proposa-t-il finalement. Celui qui ne sera pas mort sera le faux !
- Ca va pas ! s’écria le deuxième Mustang, tenu en joue par Emma. Mais… Attends, réagit-il soudain en regardant Ed. T’es en caleçon, là ?

Le jeune homme se rappela soudain qu’il n’avait pas eu le temps de s’habiller depuis qu’Emma avait frappé à sa porte. Il rougit violemment.

- Espèce de nain pervers ! cria le deuxième Mustang. Ca va pas de te présenter comme ça devant les jeunes filles ? Crétin, c’est pas parce que je t’ai dit de te trouver une copine que tu peux tout te permettre !

Envy comprit immédiatement qu’il avait perdu en voyant l’expression du Fullmetal. Il se jeta sur lui mais Emma lui tira dessus. Il eut un mouvement de recul en sentant le choc mais un sourire cruel se fit sur son visage, son vrai visage qu’il était en train de reprendre.

- Ca ne sert à rien, garce, lança-t-il en se tournant vers elle.
- Si, ça sert à gagner du temps, rétorqua-t-elle en reculant.
- Envy ! Enfoiré ! hurla Ed en se jetant sur lui pour essayer de le trancher avec son automail.

L’Homonculus évita le coup par réflexe, en bondissant en arrière. Fou de rage il prit l’apparence d’Ed, transmuta sa prothèse en lame lui aussi et se jeta sur Emma. Il allait l’égorger devant les yeux du nabot, et sous son apparence en plus. Edward claqua des mains et les plaqua sur le sol, et aussitôt une cage d’acier sortit du sol autour d’Emma, la protégeant de l’attaque. Envy poussa un cri de rage et reprit son apparence habituelle.

- Je vais la tuer, Fullmetal nabot, je vais faire la peau de ta copine et je vais même la faire souffrir, crois-moi sur parole.
- Je ne pense pas, intervint Mustang d’une voix calme.

Il avait enfin récupéré ses gants et, prêt à claquer des doigts, il rejoignit Ed. Les deux alchimistes faisaient face à l’Homonculus maintenant, le forçant à reculer jusqu’à se retrouver dos à la fenêtre.

- Vous ne pouvez pas me tuer, lança Envy aux deux hommes.
- C’est vrai, répondit Ed.
- Mais on peut te faire vraiment très mal, ajouta Mustang avec un sourire cruel.

L’Homonculus comprit qu’il n’arriverait à rien cette nuit. Il avait encore échoué. « Elle » allait le lui faire payer… Avec un hurlement de frustration, il prit soudain son élan et fonça à travers la fenêtre. Roy et Edward durent reculer et se protéger de leurs bras contre les bouts de verre, et quand ils rouvrirent les yeux leur ennemi avait disparu.

- Ed ! Colonel ! s’inquiétait Emma, coincée dans sa cage d’acier. Qu’est-ce qui se passe ? Vous allez bien ?
- C’est bon, t’inquiète pas, il s’est enfui, répondit le jeune alchimiste.
- Ah… Alors qu’est-ce que tu attends pour me sortir de là ?

Le Fullmetal allait protester contre l’ingratitude manifeste de la jeune femme quand il reçut une claque derrière la tête.

- Toi ne t’avise plus jamais de me menacer d’une arme, dit-il.
- Mais c’était pas vous que je…
- Ca change rien. Maintenant libère-la vite. Ah non, tu vas d’abord t’habiller, ordonna le colonel. Et si jamais tu t’exhibes encore une fois comme ça devant elle, ajouta-t-il d’un ton mortellement sérieux, je te fais bouffer tes automails. Vis par vis. Compris ?

Ed n’eut même pas envie de protester pour une fois tant le colonel était effrayant à ce moment. Il se précipita dans la salle de bain avec ses vêtements, heureux de remettre une tenue décente, et libéra enfin la jeune femme de sa prison d’acier.


oOoOoOoOoOoOo
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Jeu 9 Juil 2009 - 14:26

Emma vécut les heures suivantes dans une espèce de brouillard. Edward avait réparé les dégâts causés par l’affrontement, tandis que Mustang usait de toute sa force de persuasion pour convaincre le gérant de l’hôtel de ne pas les jeter dehors. Il avait ensuite fait appeler les membres de son équipe, préférant éviter de retourner au QG pour le moment. Les hommes du colonel les avaient rejoints rapidement, chacun ayant droit à un examen minutieux et à des questions personnelles (et parfois humiliantes car posées par Roy) afin d’être sûr qu’Envy n’était pas caché parmi eux.

Seule le lieutenant Hawkeye n’eut pas droit à cet examen, un regard de sa part ayant suffit à dissuader le colonel de la tester. Elle était accompagnée de son chien, Black Hayate, qui se précipita vers Ed et lui sauta dessus à peine entré dans la chambre. Emma sourit en voyant le chien montrer toute son affection au Fullmetal à grands coups de langue sur le visage, malgré les protestations du blond. Finalement, la militaire siffla sèchement et Hayate se mit littéralement au garde-à-vous près d’elle, un peu tremblant.

Avisant la jeune fille assise sur une chaise, qui serrait le manteau d’Ed autour elle, elle s’approcha avec un sourire bienveillant et posa un sac près d’elle.

- Est-ce que ça va Emma ? demanda-t-elle, sincèrement inquiète.
- Euh… Je crois. Mais… Vous ne pourriez pas me trouver des vêtements s’il-vous-plaît ? Parce que je ne me sens pas très à l’aise, là…
- Le colonel y a pensé et m’a demandé de te ramener le nécessaire, répondit Riza en désignant le sac. Tu vas pouvoir aller prendre une douche et t’habiller, et ensuite tu mangeras un morceau.
- Je n’ai pas très faim…, commença Emma avant de croiser le regard inflexible du lieutenant. Oh, manger un morceau ? Hum, j’ai hâte !

Elle se dépêcha d’attraper le sac de vêtements et d’aller s’enfermer dans la salle de bain. Elle n’hésita qu’un instant avant de jeter sur le sol la chemise d’hôpital qu’elle détestait, et se précipita sous la douche. Elle se sentit instantanément mieux en sentant l’eau chaude tomber en pluie sur son corps endolori, délassant ses muscles contractés, apaisant la tension qu’elle ressentait. Au bout de quelques minutes, elle sortit de la douche et se sécha avant d’examiner les vêtements amenés par Hawkeye : un jean tout simple, un pull noir à col roulé, des sous-vêtements et une paire de chaussures. Elle s’habilla rapidement et s’examina dans la glace.

Elle se sentait mieux, comme si elle était enfin elle-même avec ces vêtements. Elle s’approcha du miroir et se regarda attentivement, chose qu’elle n’avait pas vraiment pu faire depuis son réveil à l’hôpital, découvrant enfin son visage. Ses yeux d’abord, ses pommettes, son nez… Elle toucha du bout des doigts son front, près de la tempe gauche, là d’où partait la large mèche blanche qui faisait la surprise de tout le monde. C’était étrange, elle était sûre de ne pas avoir toujours eu cette mèche. Elle avait dû apparaître, un jour, comme ça. Mais pourquoi ? Est-ce qu’elle avait vécu un évènement traumatisant ou effrayant pour que ses cheveux blanchissent d’un coup ? Elle croisa son propre regard dans la glace.

L’œil la fixe à travers la Porte, immense, terrible, cruel. Des images la frappent littéralement, à une vitesse hallucinante, une somme d’informations qui forcent le passage pour s’imprimer dans son esprit. Elle résiste mais elle n’y peut rien, quelque chose la force à garder les yeux ouverts. Malgré sa résistance les informations pénètrent en elle. Elle s’évanouit.

Elle sursauta en reprenant ses esprits. Encore un flash. Elle posa une main sur son front. C’étaient certainement ses souvenirs qui revenaient. Mais à chaque fois, ils s’accompagnaient de douleur, de tristesse, de peur… Elle n’était pas sûre de vouloir se souvenir de sa vie d’avant.

Elle entendit du bruit derrière la porte et se dépêcha de finir de se préparer. Trouvant un peigne et un élastique dans les affaires prévues par Riza, elle démêla ses cheveux mouillés et se fit une queue de cheval avant de sortir. En ouvrant la porte, elle sentit une odeur de brûlé et eut la surprise de voir Jean Havoc et Kain Fuery assis sur le sol, à l’autre bout de la chambre, les cheveux fumants et roussis, surveillés par le colonel et Ed qui avaient l’air furieux.

- Qu’est-ce qui se passe ? demanda la jeune fille au lieutenant Hawkeye.
- Ces deux-la sont un peu trop curieux pour leur propre santé…
- Curieux ?

Riza lui montra d’un signe de tête la salle de bain et Emma rougit avant de lancer un regard assassin aux deux militaires qui se tassèrent un peu plus dans leur coin. Ensuite elle fut rappelée à l’ordre par le lieutenant et, malgré son peu d’appétit, elle dut manger ce qu’elle lui avait fait monter. Mais petit-à-petit, en avalant son bol de soupe, elle se rendit compte qu’elle était en fait complètement affamée, et elle engloutit tout ce qui se trouvait sur son plateau avant de remercier Riza d’un sourire. Sourire qu’elle perdit vite quand elle essaya de donner un bout de poulet en douce à Black Hayate, car la militaire sortit son arme et en menaça le pauvre animal qui recula prudemment et alla s’asseoir près d’Havoc et Fuery.

- Bon, qu’est-ce qu’on fait ? lança soudain Edward. Il faut la mettre à l’abri avant que ces saletés d’Homonculus ne mettent la main dessus.
- On est d’accord pour une fois, répondit Mustang en se laissant tomber sur une chaise.
- Vous pouvez assurer sa protection, vous, dit le Fullmetal.
- Ca va pas être possible.

Roy soupira. Il repensa à sa réunion avec l’Etat-major. Il n’avait pas encore eu le temps de mettre ses subordonnés au courant de la situation.

- J’ai été convoqué en réunion exceptionnelle par le généralissime ce soir, expliqua-t-il. Je ne peux pas vous en dire trop, mais on est tous envoyés en mission dans le nord.
- Quoi ? lancèrent ses collègues comme un seul homme.
- Pas de question ni de protestation, d’accord ? Les ordres viennent de King Bradley en personne, on sera sous les ordres du général Hakuro. Vous venez tous avec moi.
- Tous ? s’exclama Ed.
- Pas toi, Fullmetal. Je me suis arrangé, tu vas être en… congés. Officiellement en tout cas.
- Mais alors comment vous allez faire pour elle ? demanda Ed en désignant Emma. Vous allez la confier à un de vos collègues ? Armstrong ?
- Non, il est envoyé dans le Sud.
- Maria Ross ?
- Non plus.
- Euh…
- Ne cherche pas Edward, dit Roy d’un air fatigué. De toute façon, je ne veux mettre personne au courant dans l’armée. Ce ne serait pas prudent.
- Attendez, vous pensez que quelqu’un de l’armée est impliqué ?
- Je n’en sais rien du tout, mais j’ai un mauvais pressentiment. Et puis on ne peut pas impliquer de gens qui ne sont pas au courant pour les Homonculus. Et la laisser seule à Central, au QG, c’est trop dangereux. Envy pourrait prendre l’apparence de n’importe quel militaire pour l’atteindre. Non, elle est trop précieuse pour prendre ce risque.

Emma avait fini de manger depuis un bon moment déjà, et elle fulminait sur sa chaise. Ed et Mustang… Ils étaient en train de parler d’elle et de décider de ce qu’ils allaient faire d’elle comme si elle n’était pas là. Elle aurait aussi bien pu être un objet, ou un animal domestique. Hawkeye la surveillait du coin de l’œil et voyait son énervement qui allait croissant. Elle sourit. Cette fille avait du caractère…

- Trop précieuse ? demanda Ed.
- Oui, les Homonculus ne seraient pas à ses trousses si elle n’avait pas de l’importance. Et tu as vu comme Envy insiste ? Elle doit savoir des choses capitales, ou avoir été témoin de quelque chose d’énorme…
- Elle sait peut-être des choses sur la pierre philosophale ? avança Ed, pensif. J’y avais déjà réfléchi.
- Non, à mon avis ça a plutôt un rapport avec son père.
- Les deux ne sont incompatibles, dit le Fullmetal. Mais ça ne nous dit pas quoi faire d’elle…
- Hey !!

Tous sursautèrent et Black Hayate lança un aboiement. Emma s’était levée et venait de taper du poing sur la table, folle de rage.

- Pour qui vous vous prenez tous les deux ?! cria-t-elle à Ed et Roy.
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Vous êtes en train de décider ce que vous allez faire de moi, comme si je n’étais pas la première concernée. Je ne suis pas un chien qu’on met en garde ou un objet, j’ai mon mot à dire.
- On fait ça pour ta sécurité Emma, dit Mustang.
- Ouais, franchement ne sois pas aussi ingrate ! renchérit Ed avant de recevoir un coup de pied du colonel sous la table.
- Ingrate ? Ma sécurité ? Et vous ne pensez pas que je suis la première concernée par ma sécurité, colonel ? Quant à toi, ajouta-t-elle pour Ed, je te signale que je ne t’ai jamais rien demandé !
- Quoi ? s’écria le jeune alchimiste. C’est quand même toi qui est venue frapper à ma porte en pleurant y a quelques heures.
- Et je le regrette, gronda la jeune fille. Si j’avais su que ça vous donnerait le droit de diriger ma vie à ma place, je me serai débrouillée seule.
- Tu rigoles ? Tu aurais fait quoi ? ironisa Ed. Tu aurais crié très fort ?

La discussion virait à l’affrontement entre les deux jeunes gens et les hommes de Mustang avaient l’impression d’être au spectacle.

- J’y comprends rien, murmura Fuery, pourquoi ils se disputent comme ça ?
- L’adolescence, répondit Falmann.
- Mais je croyais qu’ils s’entendaient bien ?
- Mais oui, répondit Breda avec un sourire. Justement.
- Je ne comprends pas.
- Ils s’apprécient, si tu vois ce qu’on veut dire, expliqua Havoc avec un sourire. Et du coup ils s’engueulent. C’est classique.
- Hein ? Mais s’ils s’apprécient...
- Putain mais faut te faire un dessin ? fit Havoc, excédé. Ils « s’apprécient », insista-t-il en faisant des guillemets imaginaires avec ses doigts.
- Oh… Et quand on « s’apprécie » on doit forcément se disputer ?
- C’est pas obligatoire, répondit Breda, mais en général quand deux personnes se disputent comme ça c’est qu’il y a anguille sous roche.
- Ca s’appelle la tension sexuelle, ajouta Falman, toujours soucieux du détail.
- C’est compliqué, soupira Fuery avant d’avoir une illumination. Mais dites, le colonel et le lieutenant, ils se disputent toujours ?
- En fait c’est plus le lieutenant qui engueule le colonel, répondit Havoc en tirant sur sa cigarette.
- Est-ce que ça veut dire qu’elle l’ « apprécie » ? demande Fuery en mimant les guillemets.

Un gémissement canin lui répondit et il se rendit compte que ses collègues s’étaient éloignés . Il sentit posé sur lui un regard terrible, pesant, et tourna lentement la tête pour croiser le regard menaçant d’Hawkeye. Il déglutit et se rendit compte qu’il avait encore les bras en l’air pour mimer ses guillemets, mais il n’osait pas bouger. Heureusement pour lui, un éclat de voix plus violent que les autres attira l’attention du lieutenant.
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Jeu 9 Juil 2009 - 14:27

- Je peux me débrouiller toute seule, je n’ai pas besoin d’un nabot comme toi ! criait Emma.
- Nabot ? Tu me traites de nabot ? Rha, mais merde t’es une vraie peste ! Si j’avais su je t’aurais laissée te vider de ton sang dans cette ruelle, je serais déjà rentré à Resembool et je serais peinard ! explosa Edward, résistant à l’envie de lui tordre le cou.
- La voilà la solution ! dit soudain Mustang sans que personne ne fasse attention à lui.
- Tu pourrais me montrer un peu de reconnaissance bon sang, disait Ed.
- Et pour ça je dois te laisser prendre ma vie en main et décider à ma place ?
- Taisez-vous tous les deux ! rugit le colonel.

Roy se massa les tempes. Le livre sur les adolescents qu’il avait consulté disait que c’était normal qu’ils se rebellent et qu’ils piquent des colères, que c’était très sain et qu’il fallait les laisser s’exprimer, mais il y avait des limites.

- Si vous continuez j’en prends un pour taper sur l’autre !

Les deux jeunes gens se turent à regret et commencèrent à bouder en se jetant des regards haineux.

- C’est mieux. Bon, revenons-en à notre problème. Emma, dit-il à l’attention de la jeune fille, tu es bien consciente que tu es danger de mort.
- Ouais…
- Les Homonculus sont quasiment invincibles, pour l’instant le seul qui ait réussi à en tuer un, c’est Ed.

Le jeune homme frissonna en repensant à son combat avec Greed, à Dublith, et à son issue fatale.

- Tu ne peux donc pas rester livrée à toi-même, il te faut absolument une protection rapprochée.
- Moi ! Moi ! dit Havoc en levant la main.
- Non mais ça va pas ! cria Mustang, en colère.
- C’est une adolescente espèce de vicelard ! rajouta Ed.
- Et puis je ne vois pas trop ce que tu pourrais faire contre un Homonculus, dit Riza.
- Et on est convoqués dans le Nord, rajouta Breda.
- Pff, vous êtes chiants, marmonna Havoc en se rasseyant.

Le colonel se passa une main sur le visage, lentement. Il se sentait soudain très fatigué. Et il n’avait même pas encore lâché le morceau.

- Bon récapitulons. Tu es en grand danger, tu dois être protégée par quelqu’un d’assez puissant pour les tuer, ou au moins pour les faire fuir. Tu comprends ?
- Vous allez la cracher votre pilule ? demanda Emma d’un ton suspicieux.
- Ouais, allez-y, rajouta Edward qui était pris d’un doute affreux.
- Tu vas rester sous la protection du Fullmetal jusqu’à ce que je revienne du Nord, lança-t-il très vite, comme on arrache un pansement.

Les cris ne se firent pas attendre.

- Quoi ? Pas question ! crièrent ensemble les deux jeunes gens.
- Vous voyez ? Vous êtes déjà d’accord, dit le colonel.
- Je suis pas une nounou, protesta Ed. J’ai autre chose à foutre !
- Ah oui, essayer de trouver des chaussures compensées ? ironisa Emma avant de se tourner vers Roy. J’ai ma fierté, pas question de laisser le nain assurer ma protection !
- Je vais te balancer dans la rivière avec des chaussures en béton, cria Edward.
- Je ferais aussi bien d’attaquer Envy avec une petite cuillère, ça serait aussi efficace, insista la jeune fille.
- Tu sais quoi ? Je vais te livrer moi-même aux Homonculus, juste pour avoir la paix !
- Oh, c’est petit ça, susurra Emma.
- Tu dis que je suis si petit que même les puces de Black Hayate sont plus grandes que moi ?! s’énerva le blond.
- Hayate n’a pas de puces, intervint calmement le lieutenant.
- Mais sinon, ça serait sûrement vrai, ajouta Emma.
- Colonel, pas question que je supporte cette fille, qu’elle se démerde, dit Ed en se tournant vers le militaire.
- Tu vas faire ce que je te dis, Ed, répondit le colonel avec un regard terrifiant. Je suis ton supérieur.
- Mais…
- Et n’oublie pas tout ce que vous me devez, ton frère et toi.
- C’est du chantage, marmonna le jeune alchimiste en se calmant un peu.
- Exactement.
- Vous aviez dit que j’étais en congés, ajouta Edward avec un regard de reproche.
- Non, j’ai dit que tu étais officiellement en congés, nuance.

Bon, il en avait fini avec le blond. Mais le plus dur restait à venir. Il tourna la tête pour tomber nez à nez avec un iceberg.

- Euh… Emma, commença-t-il quand il se fut dégelé, je ne comprends pas trop pourquoi tu réagis comme ça, mais je suppose que ça doit être un truc d’ado.
- Pas question.
- Que… Ecoute, on n’a pas le choix. Si je pouvais rester, j’assurerais moi-même ta protection mais c’est impossible.
- J’ai dit non.
- Mais c’est pas possible d’être aussi buté ! Merde, on dirait ton père…
- …
- Bon, de toute façon tu n’as pas ton mot à dire. C’est un ordre. Tu vas rester avec Edward.
- Je ne suis pas votre subordonné, cracha la jeune fille. Je n’ai pas d’ordres à recevoir de vous.
- Je suis responsable de toi, qu’on le veuille ou non, alors tu vas faire ce que je te dis, répondit le colonel sur le même ton.
- Vous n’êtes pas mon père ! cria Emma, les larmes aux yeux.
- Non, mais je suis son ami. Et tu es la chose la plus précieuse pour lui, alors je vais prendre soin de toi jusqu’à ce qu’on le retrouve, point.

La jeune femme lui lança un regard rageur avant d’aller s’enfermer dans la salle de bain en claquant la porte si fort que les fondations du bâtiment durent trembler. Ed se leva aussitôt après et sortit de la chambre, dont il claqua lui aussi la porte, au moins aussi fort. Mustang soupira.

- Alors patron, lança Breda avec un sourire, qu’est-ce que ça fait ?
- Hein ?
- Vous voilà devenu papa… Vous venez de passer en moins d’une semaine du tombeur de ces dames au père célibataire avec enfant adolescent, dit Havoc.
- Sympa, marmonna le colonel en remarquant le sourire qui étirait les lèvres du lieutenant.

Derrière la porte de la salle de bain, assise sur le sol, Emma souriait elle aussi.
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Mélanie Mustang Jeu 9 Juil 2009 - 16:20

Mdr sérieusement j'adore ta fic! Elle est extra^^

Ca chapitre m'a fait crouler de rire! Franchement à chaque fois que je lis tes chapitres, j'ai l'impression de voir les personnages agir comme dans le manga, avec les expressions de leurs visages et tout, c'est extra!

J'ai hâte de lire la suite! ^^

(Tu viens de gagner une fan!^^)
Mélanie Mustang
Mélanie Mustang
Généralissime Autoritaire

Nombre de messages : 1472
Age : 35
Localisation : Devant mon PC, Senlis, Oise, Picardie, France, Europe, Terre, Voie Lactée, Univers (assez précis?xD)

http://melanie-lemaire.kazeo.com/

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Jeu 9 Juil 2009 - 19:05

Mici bien Very Happy
Ca me fait plaisir j'essaye de respecter leurs caractères au maximum même si bon, on ne peut jamais y arriver complètement. En tout cas chuis très contente que tu aimes!! Je mettrai la suite dans quelques jours et merci encore de lire et d'apprécier cette histoire Smile
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Mer 15 Juil 2009 - 10:56

Chapitre 6

Le colonel Mustang et son fidèle cerbère, Hawkeye, fixaient les deux jeunes gens qui montaient dans le train, tout comme leurs collègues en civil. Tous avaient une boule au ventre en les regardant. Le petit blond avec sa tresse bougeant au rythme de ses mouvements, et la jeune fille aux longs cheveux châtains ondulant sur ses épaules. Ils portaient tous les deux lunettes noires et chapeau, espérant passer inaperçus. Ils disparurent dans leur wagon sous les regards inquiets des militaires.

- Est-ce que vous êtes sûr que c’était une bonne idée colonel ? demanda doucement le lieutenant Hawkeye.
- Non. Mais on n’a pas vraiment le choix.

Le colonel suivit longtemps des yeux le train, jusqu’à ce que le panache de fumée disparaisse à l’horizon, repensant à sa dernière conversation avec les jeunes gens quelques heures plus tôt.


Le lendemain de l’attaque d’Envy, Ed et Emma durent rester cloîtrés sous haute surveillance toute la journée. Ils tournaient en rond comme des fauves en cage, se tapant mutuellement sur le système et mettant à rude épreuve les nerfs de leurs gardes du corps. Mustang avait un plan et, malgré leurs protestations, ils devaient admettre que l’idée était bonne. Bon gré mal gré, ils patientèrent donc jusqu’en fin d’après-midi et le retour du militaire et du lieutenant Hawkeye, toujours suivie de son fidèle Hayate.

Ils comprirent tous que le moment des adieux était venu. Le lieutenant passa en premier, rapidement. Elle prit un peu plus de temps pour parler avec Emma, la surprenant en lui laissant un chaperon supplémentaire en la personne de Black Hayate. Elle lança un regard menaçant au chien, lui faisant comprendre sans un mot ce qui l’attendait s’il arrivait quelque chose à Emma, mais se fendit quand même d’une petite caresse à son fidèle ami avant de quitter la chambre.

Mustang resta seul avec les deux adolescents. Il se tourna d’abord vers Emma. Tous les deux hésitaient à se regarder dans les yeux. Il se rendit compte qu’il s’était énormément attaché à la jeune fille et, c’était réciproque. Cela rendait les adieux encore plus difficiles.

- Emma, commença-t-il, un peu hésitant, je voudrais que tu fasses bien attention à toi. Et essaye de t’entendre avec Ed, c’est un vrai chieur mais il a un bon fond et il veillera bien sur toi.
- Ne vous inquiétez pas autant pour moi, répondit la jeune fille. Faites plutôt attention à vous et revenez vite et entier, et là vous pourrez prendre soin de moi si vous voulez.

Ils étaient tous les deux assez émus, même s’ils ne comprenaient pourquoi, ou ne voulaient pas comprendre. Finalement, Roy la serra maladroitement dans ses bras et elle lui rendit son étreinte, un peu surprise de se sentir triste qu’il parte. Ed observait la scène, surpris. C’était un aspect du colonel qu’il ne soupçonnait pas du tout. Ce type était donc humain en fait ? Il éprouvait des sentiments ? Le jeune homme sourit. Il allait pouvoir se foutre de lui maintenant, quoiqu’il ne se soit jamais gêné avant.

Mustang mit fin à l’étreinte et la jeune fille s’éloigna un peu. Le militaire se ressaisit et se tourna vers le Fullmetal, reprenant l’expression vaguement moqueuse qu’il lui réservait toujours.

- Bon Ed, t’as bien compris le plan ?
-Vous me prenez pour un crétin ou quoi ? s’insurgea le jeune homme.
- T’es sûr d’avoir bien compris ? insista le colonel avec un sourire.
- Espèce de con, marmonna Ed.
- Je ferai comme si je n’avais rien entendu, tu as de la chance. Bon. Les deux leurres qui vont prendre votre place sont prêts.
- Vous êtes sûrs de ces types ? s’inquiéta le jeune alchimiste.
- Ce ne sont pas des militaires et ils sont payés… On a eu du mal à trouver, Ed, il en fallait un qui soit de ta taille et on ne pouvait quand même pas impliquer un enfant de dix ans.
- Enfoiré ! cria Ed. Vous allez même pas arriver jusque dans le Nord vous !
- Des promesses, toujours des promesses. Bon, ils vont prendre le train à la Grande Gare, à une heure d’affluence, direction West City. On va essayer d’attirer l’attention d’Envy sur eux en les accompagnant, histoire de rendre ça crédible.
- C’est pas trop dangereux pour des civils ?
- Ecoute, ils sont grassement payés… Et puis sitôt arrivés ils se débarrasseront de leurs déguisements. Et Falman sera dans le train avec eux. Quant à vous, ajouta-t-il, vous allez prendre un train pour Dublith, dans la gare du quartier Est, dans la soirée. De là, vous devrez rejoindre Resembool par vos propres moyens.
- Arrêtez de vous inquiéter comme ça, lança Edward.

Le militaire lui lança un regard terriblement sérieux et le jeune homme perdit toute envie de plaisanter.

- Prends tout ça au sérieux, Fullmetal. Elle est sous ta responsabilité maintenant, et tu peux être sûr que s’il lui arrive quelque chose je le saurai, et je reviendrai du Nord pour faire cramer ta tignasse de blond ! Compris ?
- Ouais, ça va, vous excitez pas comme ça…
- Tu dois vraiment prendre bien soin d’elle, insista le colonel. Et surtout, tu dois tout faire pour qu’elle retrouve la mémoire. Je sens que ses souvenirs sont de la plus haute importance.

Edward ne répondit pas et les deux hommes se fixèrent quelques instants, sans un mot.

- Je compte sur toi.


Mustang reprit ses esprits et constata que le train n’était plus qu’un petit point à l’horizon. Il fit un signe de tête à ses hommes et quitta rapidement la gare, suivi comme son ombre par le lieutenant Hawkeye.

Accoudé près de l’accueil, utilisant l’un des nombreux téléphones mis à la disposition des voyageurs, un homme de haute taille les regarda partir avec un sourire cruel. Envy avait assisté au départ du train, et avait vu Ed et Emma monter dans le wagon.

- Destination West City, dit-il dans le combiné. Ils doivent vouloir la ramener chez elle. Je m’en occupe… Oui, je règle ça et je vous rejoins. Je n’échouerai pas, ajouta-t-il en se léchant les lèvres, imaginant déjà ce qu’il allait faire subir aux deux jeunes gens.


oOoOoOoOoOoOo


Quelques heures plus tard, dans un vieux train bringuebalant, quasiment vide à cette heure de la nuit. Edward et Emma étaient assis l’un à côté de l’autre et regardaient par la fenêtre. Le jeune homme avait les cheveux teints en noir et attachés en queue de cheval, et il portait un costume marron, très classique, ainsi qu’une paire de lunettes qui cachaient un peu ses yeux dorés si reconnaissables. Près de lui Emma avait les cheveux décolorés en un blond si clair qu’il semblait presque blanc, et noués en un chignon strict. Elle portait une robe classique sous un manteau noir, et portait une paire de lunettes elle aussi. Ils avaient également tous les deux une alliance à la main. Black Hayate était couché près de la jeune femme, sage comme une image.

Les deux jeunes gens n’avaient quasiment pas échangé une parole depuis le départ de Mustang de la chambre d’hôtel. Emma avait fait connaissance avec son nouveau garde du corps, mais elle et Ed évitaient soigneusement de parler du plan. Ils avaient tous les deux promis à Roy de faire des efforts pour se supporter. La jeune fille surtout devait prendre sur elle. Elle avait dû mal à résister à l’envie d’asticoter le jeune alchimiste si susceptible, et elle savait que ça lui tapait sur les nerfs, mais elle était contente qu’il soit là. Il la rassurait.

Une femme accompagnée de ses deux enfants passa dans le couloir et s’arrêta près d’eux, les petits voulant caresser Black Hayate. Le chien se laissa faire sans broncher, et la femme se redressa pour observer les deux jeunes gens.

- Mais qu’est-ce que deux adolescents comme vous font seuls dans un train à cette heure ? s’écria-t-elle, les mettant très mal à l’aise.

Il ne manquait plus que ça, eux qui ne devaient pas attirent l’attention sur eux. Edward cherchait encore un moyen de s’en sortir quand la femme avisa leurs alliances.

- Oh excusez-moi, dit-elle d’un air contrit. Vous faites si jeunes… Je suis confuse. Vous êtes mariés depuis longtemps ?
- Euh, non pas du tout, répondit le Fullmetal, gêné.
- Nous sommes jeunes mariés, ajouta Emma, aussi à l’aise.

Et pour confirmer ces dires Edward passa son bras droit autour des épaules de la jeune fille et celle-ci lui serra la main en souriant, essayant de prendre l’air heureux et amoureux.

- Oh vous partez en voyage de noces ? C’est formidable, minauda la femme qui avait décidé de s’incruster. C’est émouvant de voir deux jeunes gens comme vous qui commencent ainsi leur vie à deux.

Et elle continua à déblatérer devant les deux adolescents qui commençaient à avoir des crampes à force de sourire. Emma s’agrippait la main d’Ed, se retenant de serrer le coup de leur interlocutrice. Finalement ils furent sauvés par Black Hayate qui se mit soudain à grogner les enfants. Inquiète, la femme récupéra immédiatement ses bambins et s’éloigna le plus possible du fauve. Emma lâcha aussitôt la main d’Ed et fit une caresse au chien en lui disant merci. Le jeune homme, lui, attendit quelques instants avant de retirer son bras et le silence retomba, pesant.

Les heures passèrent et le ciel commença à s’éclaircir, prenant des nuances de violet et de rose. Ed regarda par la fenêtre et sourit. Il commençait à reconnaître le paysage autour de Dublith. Ca lui rappela des souvenirs.

- Ed, dit Emma d’une voix ensommeillée. Tu as l’air… nostalgique.
- Ah, ça se voit tant que ça ? répondit-il avec un sourire. Ouais, je connais le coin. C’est là qu’on a fait notre entraînement, avec Al.
- Votre entraînement ?
- Notre enseignement avec notre maître. Elle est terrifiante, ajouta-t-il avec un frisson.
- Elle ?
- Notre maître est une femme. Elle est incroyable, super forte, avec un caractère terrible. Mais c’est la meilleure, elle nous a appris tout ce qu’on sait en alchimie. Elle est chiante, à un point tu peux pas imaginer. Elle nous a mis de ces raclées aussi, on peut dire que c’était un entraînement musclé. Et ça continue… Elle est toujours à nous surveiller, à nous faire des reproches, elle me tape sur le système des fois !
- Comme une mère, dit Emma.
- Quoi ?
- D’après ce que tu me dis, elle se comporte comme une mère avec vous deux, expliqua-t-elle en réprimant un bâillement.
- C’est pas faux, admit-il après quelques instants, à contrecœur.
- Tu as de la chance.

Il réfléchit à ce qu’elle venait de dire. C’est vrai qu’après le décès de leur mère, Al et lui avaient retrouvé chez les Curtis ce qui ressemblait de plus près à un foyer. Il interrompit ses réflexions en sentant un poids sur son épaule et il se rendit compte qu’Emma s’était endormie, la tête sur son épaule mécanique. Il passa son automail autour de la jeune fille et cala sa tête dans le creux de son cou pour qu’elle soit plus à l’aise. Puis il laissa son regard dériver vers la fenêtre, pensif.


oOoOoOoOoOoOo
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Mer 15 Juil 2009 - 10:58

Le sergent-major Fuery faisait les cent pas sur le quai de la gare plein de militaires. Il était en retard, comment pouvait-il être en retard ? Aujourd’hui ? Derrière lui, Havoc, Breda et Hawkeye attendaient eux aussi.

- Cent billets qu’il rate le train, dit Jean.
- Je tiens le pari, répondit Breda. Lieutenant ? Vous… Euh, laissez tomber, ajouta-t-il en voyant le regard de sa collègue.
- Mais qu’est-ce qu’il fait ? geignit Fuery. C’est pas vrai, on est même pas encore partis qu’on se fait déjà mal voir… Le général Hakuro nous regarde, souffla-t-il en se retournant.

Effectivement leur supérieur dardait sur eux un regard noir et chargé de colère.

- Hey, Kain, combien tu paries qu’il rate le train ?
- Mais on peut pas parier contre le colonel ! s’écria le jeune homme en remontant ses lunettes.
- Bah vous pouvez mais c’est pas conseillé.

Tous sursautèrent, sauf le lieutenant, et Havoc manqua même d'avaler sa cigarette. Derrière eux, dans le wagon, appuyé sur le rebord de la fenêtre, le colonel Mustang les regardait.

- Co-Co-Colonel ?
- Qu’est-ce que vous foutez ? Je suis là depuis une heure !
- Vous étiez en avance ? s’étonna Breda.
- En av… Lieutenant Hawkeye, dit-il, pris d’un doute terrible, la convocation était bien à sept heures ?
- …
- Et il est huit heures et demie ?
- Et vous êtes là depuis une heure ? réagit enfin Riza en le regardant. Donc vous êtes arrivés à sept heures et demie en sachant que la convocation était à sept heures.

Les deux militaires s’affrontaient du regard pendant que leurs collègues retenaient un fou rire.

- Ou-ui, répondit Mustang, prudent. Donc, vous m’avez menti délibérément sur l’heure de la convocation ?
- Une simple erreur de lecture mon colonel, répondit la jeune femme en le défiant du regard d’insister. Mais une erreur qui vous a évité un blâme, on dirait.

Le colonel voulut répliquer mais se retint. Il regarda plutôt sur le quai.

- Il n’y a pas grand monde, murmura-t-il.
- Colonel Mustang ! aboya le général Hakuro en s’avançant rapidement, ses galons brillant dans le soleil levant.
- Mon général ! répondit Roy en se mettant difficilement au garde-à-vous à l’intérieur du wagon.
- Je vous attendais, qu’est-ce que vous foutez déjà installé ?
- Toujours en avance, mon général, le devoir n’attend pas.

Il tenta de garder son sérieux en entendant ses subordonnés retenir leurs rires. Le général le considéra d’un air suspicieux quelques instants.

- Bon, puisque tout le monde est enfin là, nous allons pouvoir partir pour North City.
- Tout le monde est là, mon général ? Mais…
- Nous sommes peu nombreux, mais nous serons rejoints sur place par des troupes de Briggs. Des troupes menées par le Général de Brigade Olivia Armstrong, ajouta-t-il avec une lueur dans l’œil.

Mustang pâlit un peu et déglutit, mais il resta stoïque.

- Un problème colonel ? insista le général en retenant un sourire moqueur. Une vieille connaissance peut-être ?
- On peut dire ça comme ça, murmura Roy. Mon général.

Son supérieur émit un petit reniflement méprisant et monta dans le train, rejoignant le wagon qui lui était réservé. Havoc et les autres s’approchèrent du train dans lequel Mustang était resté au garde-à-vous, troublé.

- C’est une de vos anciennes conquêtes colonel ? lança Jean, moqueur.
- Pas exactement…


oOoOoOoOoOoOo


Emma s’étira longuement avant de bâiller. Elle regarda autour d’elle. Ed et elle étaient sur le quai d’une minuscule station, complètement déserte. Le soleil était levé depuis quelques heures et la journée promettait d’être caniculaire.

- Edward ?
- Hum ?
- C’est ça Dublith ?

Le jeune homme soupira avant de se tourner vers elle, l’air fatigué, et perclus de courbatures.

- Non, c’est la dernière station avant la gare de Dublith.
- Oh… Et pourquoi on s’est arrêtés là ? demanda la jeune fille, perplexe.
- Bah ça change pas grand-chose qu’on s’arrête là, ou en ville. De toute façon il faut qu’on loue une voiture pour rejoindre Resembool.
- Une voiture… Tu sais conduire ?
- Bien sûr, se vanta l’alchimiste. Enfin… Ca doit pas être bien compliqué.
- Attends, réalisa Emma. Tu ne compte même pas aller saluer ton maître ?

Ed fit une grimace et se passa une main dans les cheveux en essayant de prendre un air décontracté.

- On n’a pas le temps, il faut te mettre à l’abri le plus vite possible.
- Y a pas urgence, répliqua-t-elle. Et puis, si tout ce que tu m’as dit est vrai je ne vois pas où je pourrais être plus en sécurité.
- Non, mais tu sais elle est toujours très occupée, insista le Fullmetal. Et puis, à tous les coups, ils sont partis en voyage. Et Al nous attend à Resembool.
- On n’est pas pressés Ed, en plus ton frère ne nous attend pas, on ne l’a pas prévenu qu’on arrivait. Et puis je ne vois pas qui viendrait me chercher à Dublith.

Le jeune homme était de plus en plus nerveux alors qu’il cherchait désespérément un argument imparable à lui opposer. Soudain Emma sourit.

- Tu as peur d’y aller ?
- Pas du tout, s’indigna le jeune homme avant de s’interrompre, penaud. Carrément, en fait…
- Mais est-ce que tu n’as pas encore plus peur qu’elle apprenne que tu es passé près de chez elle sans aller la voir ?
- On va à Dublith ! s’écria aussitôt Edward, complètement convaincu à cette idée, provoquant le rire d’Emma.


oOoOoOoOoOoOo


Le train avalait rapidement les kilomètres qui les séparaient de North City et, plus loin, de la guerre. Dans les wagons, les soldats parlaient peu, tendus. Ils cherchaient à passer le temps agréablement mais personne ne pouvait se sortir de l’esprit cette idée : la guerre qui recommençait. Dans un coin, Breda et Havoc tentaient de rassurer Kain Fuery. C’était la toute première fois qu’il allait sur le front, pour une opération d’envergure, et le stress commençait à monter malgré les paroles réconfortantes de ses amis. Le lieutenant Hawkeye était là elle aussi, venue chercher une tasse de thé pour le colonel Mustang. Au départ elle ne dit rien, laissant ses collègues parler, mais finalement elle n’y tint plus.

- Ca suffit, les coupa-t-elle sèchement.
- Lieu-lieutenant ? balbutia Fuery.
- Pourquoi est-ce que vous lui dites tout ça ? demanda-t-elle à Havoc. « Ne t’inquiète pas, c’est beaucoup moins difficile que ce tu imagines, on sera là pour t’aider, ça va s’arranger rapidement… »
- Pour le rassurer.
- Et bien arrêtez, vous faites plus de mal que de bien, dit la jeune femme.

Dans le wagon, les conversations s’étaient tues et tout le monde observait la scène.

- Vous n’étiez pas à Ishbal, poursuivit Riza. Moi si. A moi aussi on m’a servi ces paroles réconfortantes. Et c’était une erreur parce qu’une fois sur place, je n’étais pas préparée à ce que j’allais trouver.

Elle s’interrompit pour voir qu’elle avait l’attention de tous.

- C’est beaucoup moins difficile qu’il l’imagine ? C’est faux, c’est cent fois, mille fois pire. L’odeur de poudre et de sang, les hurlements des blessés, ou des femmes qui perdent leurs maris et leurs fils, la culpabilité d’avoir pressé la détente, la peur pour sa vie et pour ses amis aussi. Et les morts. Les corps. Ils ne ressemblent pas à ceux qu’on voit à la morgue ou dans les enterrements. Ceux-là sont vrais, réels, encore chauds, ils saignent, certains bougent encore, ils puent, il y en a partout.

Les hommes avaient pâlis en entendant ces mots, mais elle n’arrivait pas à s’arrêter.

- Ca va s’arranger rapidement ? A Ishbal aussi ça devait s’arranger, et vous connaissez tous le résultat. Ne faites pas de promesses que vous ne pourrez pas tenir, ne faites pas du tout de promesses car demain vous serez peut-être morts. Et n’essayez jamais de rendre la guerre plus douce, moins effrayante, parce que vous la rendrez moins réelle. Non, la guerre c’est du sang, des larmes, des morts, c’est l’horreur à l’état pur. C’est une chose terrible et horrible.

Sur ces mots elle se retourna et quitta rapidement le wagon, les laissant méditer ses paroles, tandis que Fuery, plus effrayé que jamais, se tassait dans un coin, se demandant ce qu’il faisait là.

Riza rejoignit le wagon dans lequel se trouvait le colonel Mustang. Elle le vit avant même d’être arrivée près de lui. Accoudé au rebord de la fenêtre, le visage dans une main, il scrutait le paysage qui défilait, pensif. La jeune femme s’approcha sans bruit, posant sa tasse de thé sur la tablette, devant lui.

- Ne vous inquiétez pas comme ça pour elle, dit Riza en s’asseyant face à lui.
- Parce qu’elle est avec Edward ? répondit le jeune homme.
- Non ça c’est plutôt inquiétant en fait, rétorqua-t-elle avec humour. Mais elle est avec Black Hayate.

Sa réplique arracha un petit rire à Mustang qui se détendit un peu. Il but une gorgée de thé et perdit rapidement son sourire, fixant à nouveau son regard sur le paysage.

- Nous retrouverons aussi votre ami, ajouta-t-elle en le regardant. Il ne finira pas comme le général de Brigade Hugues.

Roy, franchement surpris, la fixa quelques instants.

- Comment vous faites pour toujours savoir à quoi je pense ? demanda-t-il finalement avec un sourire.
- Oh… Et bien, soit c’est lié à mes exceptionnelles qualités d’écoute et d’observation, répondit-elle mine de rien, soit c’est parce que je me lance au hasard.
- Au hasard ? Et si vous vous trompiez ?
- Je suis joueuse…

Le colonel rit à nouveau, sentant son inquiétude diminuer.

- Et bien rappelez-moi de ne jamais jouer au poker contre vous, lieutenant, dit-il en prenant une nouvelle gorgée de son thé.

Hawkeye acquiesça en silence et tira son revolver qu’elle entreprit de démonter et de nettoyer, pour passer le temps. Roy, lui, tourna la tête et son regard se perdit dans le vague. Maes et Arthur…
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Mer 15 Juil 2009 - 11:00

Assis en cercle, trois hommes discutent et plaisantent. Roy et Hugues, plus jeunes, sont accompagnés par un autre militaire, un peu plus âgé qu’eux. De taille moyenne, il a des cheveux longs châtains clairs qu’il a noués en catogan. Il a une paire de lunettes qu’il remonte toujours de l’index, et qui dissimulent un peu des yeux bleus très clairs. Il sourit et son regard pétille alors qu’il montre aux deux autres une photo qu’il vient de recevoir.

- Regardez-les ! insiste-t-il en pointant un doigt sur le photo.
- On a vu, Arthur, répond Roy en riant. On les connaît maintenant.
- Mary et Emma, ouais tu nous saoules en permanence avec ta famille mon vieux, ajouta Maes.
- Je vous saoule ? s’indigne Arthur. Ce sont les deux plus charmantes créatures qui foulent cette terre, messieurs. Un peu de respect !
- Tu parles, lance Hugues en éclatant de rire.
- Vous verrez, vous serez pareil quand ce sera votre tour, répond le Wavemaker en rangeant la photo dans une poche de son uniforme.
- Tu veux rire ? Je ne serai jamais aussi pathétique, affirme Hugues.
- Moi non plus, confirme Roy. Même si c’est vrai qu’elle fait envie ta petite famille…
- Hein ? R-Roy… Tu as de la fièvre, demanda Silver en posant une main sur son front.
- La vache, vas pas nous claquer entre les pattes monsieur le super Flame Alchemist, ajouta Hugues en essayant de prendre son pouls.
- Ah lâchez-moi, répond le brun en se débattant, le sourire aux lèvres.
- Hey ! Silver !

Les deux hommes se calment aussitôt, leur hilarité immédiatement envolée. Arthur soupire. Il savait que c’était pour aujourd’hui mais il continuait à espérer qu’ils n’auraient pas besoin de lui finalement. Faux espoir finalement, sa première véritable intervention dans la guerre approche rapidement. Il se lève lentement et serre la main de ses amis qui comprennent parfaitement ce qu’il ressent.

- Bouchez-vous les oreilles, leur conseille le Wavemaker en s’éloignant et en leur faisant un dernier signe de la main.

Ishbal. La sale guerre. C’était déjà pas beau à voir avant, mais désormais les alchimistes d’Etat étaient de la partie. Et lui aussi. Il réprime difficilement un frisson. En passant son examen, il n’avait pas voulu voir la réalité en face, il pouvait à tout moment être appelé pour participer à la guerre. Maintenant, il se trouve face à ce qu’il a toujours redouté. Et il ne peut plus reculer. Il sent posés sur lui les regards de ses deux amis et il essaye de paraître déterminé. Tous les soldats l’observent. Basque Grand, l’alchimiste au sang d’acier qui coordonne l’opération, le regarde, guettant le moindre faux pas.

Arthur remonte ses manches et enlève ses gants. Deux cercles de transmutation sont tatoués à l’intérieur de ses paumes. Il vérifie que les militaires ont tous mis les casques qui leur ont été fournis. Bien. Il ne peut plus reculer. Il claque des mains et les deux cercles se rencontrent, dégageant une forte lueur bleue. Il plaque ses mains sur le sol.

Tout commence par un grondement sourd, puis c’est une vibration qui se fait sentir, qui semble monter des entrailles de la terre. Le sol ne bouge pas, mais tous ont l’impression qu’il tremble de plus en plus fort. Les militaires voient le paysage trembloter, devenir flou. Un peu plus loin, face au camp, la ville s’étale sous leurs yeux. Les bâtiments commencent à trembler sur leurs fondations, des morceaux de pierre se détachent des murs, de plus en plus gros. Les toits s’écroulent et les gens doivent quitter leurs maisons en hurlant. La vibration et le grondement s’intensifient et soudain tous les bâtiments s’écroulent, ensevelissant ceux qui n’ont pas réussi à s’enfuir assez vite.

Arthur, pâle comme un mort, lance un regard vers Basque-Grand mais celui-ci, impitoyable, lui fait signe de continuer. La mort dans l’âme, l’alchimiste se redresse et claque une nouvelle fois ses mains l’une contre l’autre avant de les tendre devant lui. La lueur bleue se fait voir de nouveau. Et tous les militaires comprennent pourquoi on leur a fourni des casques.

Un son effroyable se fait entendre qui les atteint même à travers leurs casques, ils ont l’impression que le bruit attaque directement leur cerveau, leurs tympans semblent sur le point d’éclater sous la pression. Leurs dents s’entrechoquent et grincent, ils pleurent et certains saignent même du nez, leurs cheveux et leurs poils se hérissent. Mais eux sont protégés.

Les Ishbalis tombent tous en syncopes un peu plus loin, hommes, femmes, enfants, jeunes ou vieux. Ils s’écroulent sur le sol en hurlant si fort que les militaires les entendent, leurs cris se mêlent au son insupportable produit par le Wavemaker. Les animaux meurent sur le coup, dans de terribles souffrances, leur ouïe ultrasensible touchée de plein fouet par l’attaque. Les Ishbalis, saignant du nez, des oreilles et certains des yeux, convulsent sur le sol, hurlant et s’arrachant les cheveux sous la douleur.

L’attaque ne dure que quelques minutes mais elle semble durer une éternité pour le WaveMaker. Arthur voit tout ça avec horreur. Plusieurs fois il a regardé Basque Grand mais celui-ci ne montre aucune émotion, il observe le carnage avec la satisfaction du devoir accompli. Finalement, quand tous les Ishbalis ont cessé de bouger, il baisse les mains. Les cadavres s’entassent un peu plus loin. Et c’est lui le responsable. Il n’a plus d’énergie, il se sent vidé.

Il voit les militaires se précipiter vers les restes du quartier ishbali, pour vérifier s’il y a des survivants. Lui s’éloigne en titubant. Il ne veut voir personne. Il fait quelques pas, jusqu’à trouver un endroit tranquille, et soudain ses jambes se dérobent sous lui. Il tombe à genoux et des spasmes douloureux le secouent alors qu’il vide le contenu de son estomac sur le sol en sanglotant. Il sent une main se poser sur son épaule alors que quelqu’un remonte ses cheveux pendant qu’il vomit. Ses larmes redoublent tandis que Hugues et Mustang le regardent, silencieux mais présents.


oOoOoOoOoOoOo


Edward, Emma et Black Hayate étaient plantés au beau milieu de la rue animée de Dublith, devant la maison des Curtis.

- On n’entre pas ? demanda la jeune fille, étonnée.
- Si, si…

Mais ils ne bougeaient pas. Jusqu’ici, personne n’avait reconnu Ed avec ses cheveux teints. Il soupira. Il n’arrivait pas à se décider à entrer. Il ne se rendit pas compte que deux personnes, étonnées par son manège, s’approchaient dans son dos. Soudain, une ombre énorme le recouvrit et il grimaça, pris d’un horrible doute. Ed se retourna avec un air de condamné à mort.

- Ed ? lanca Izumi, surprise par son accoutrement.

Emma observa la jeune femme, étonnée. Elle s’était attendue à quelqu’un de plus… menaçant, de désagréable, de repoussant. Mais elle se trouvait devant une belle femme brune, souriante, qui avait l’air amusée en observant Ed. Près d’elle, son mari, une force de la nature, ne disait rien.

- Qu’est-ce que tu as fait à tes cheveux ? demanda Izumi. Et ces vêtements ?
- C’est une longue histoire…

Elle avisa Emma et lui serra la main en la détaillant.

- Et qui est cette charmante jeune fille ? demanda-t-elle sans lui lâcher la main.

Soudain elle pâlit en regardant la main de la jeune fille. Sa poigne se resserra et Emma grimaça.

- Jolie bague, susurra Izumi avec un regard effrayant.

Une alarme se déclencha dans la tête d’Ed mais il était trop tard pour fuir ou s’expliquer, une main venait de se refermer comme un étau sur le devant de son costume, le soulevant comme une poupée de chiffon sous les regards terrifiés d’Emma et d’Hayate.

- Tu t’es marié sans me prévenir espèce de sale petit ingrat ? hurla Izumi, folle de rage. Et tu m’as même pas invité ! Sale nabot !

Elle lâcha Ed qui chercha à s’enfuir mais, avec l’alchimie, elle l’arrêta aussitôt et lui administra une telle correction qu’Emma eut l’impression qu’elle allait avoir sa peau. Elle et Black Hayate reculèrent lentement, espérant échapper à cette furie, mais ils butèrent contre un mur, qui se révéla être le mari d’Izumi.

- A nous maintenant, gronda-t-il.
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Mélanie Mustang Jeu 16 Juil 2009 - 16:51

Voilà un excellent nouveau chapitre! Envy se fait avoir comme un bleu, je suis bien contente!

Et surtout... j'adore la fin!!!! Vive Izumi Curtis!!!! Je l'adore et j'ai vraiment hâte de lire la suite pour voir comment Ed va s'en sortir!^^
Mélanie Mustang
Mélanie Mustang
Généralissime Autoritaire

Nombre de messages : 1472
Age : 35
Localisation : Devant mon PC, Senlis, Oise, Picardie, France, Europe, Terre, Voie Lactée, Univers (assez précis?xD)

http://melanie-lemaire.kazeo.com/

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Jeu 23 Juil 2009 - 11:47

Vui Vive Izumi!! Un de mes persos préférés, je dois le dire. Pour la suite, on m'a dit que je l'avais décrite plus calme que dans l'anime (en même temps pour faire plus énervée faut quand même y aller je pense^^). Merci pour ton com, je poste la suite!
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Jeu 23 Juil 2009 - 11:50

Chapitre 7

Ed et Izumi étaient dans la cuisine et observaient Emma, assise à l’extérieur près de Black Hayate, et discutant avec Sigu.

- C’est vraiment la fille d’Arthur Silver ? demanda la femme pour la troisième fois.
- Je vous jure. Le vrai Wavemaker. J’y croyais pas moi non plus quand le lieutenant me l’a dit.
- Tu sais, je l’ai rencontré il y a plusieurs années. Enfin… En fait ça commence à dater, ajouta-t-elle avec un toussotement. On était jeunes.
- Il était comment ?
- Passionné, drôle, avec un caractère de cochon, une vraie tête de mule.
- Les chiens font pas des chats, marmonna Ed en regardant la jeune fille.
- C’est la personne la plus intelligente que j’ai jamais rencontrée, ajouta Izumi, perdue dans ses souvenirs. Un vrai génie… Je me demande pourquoi les Homonculus en ont après lui.
- Et après elle, rajouta Edward en désignant Emma.
- C’est sûrement pour pouvoir atteindre son père.
- Et si elle savait des choses sur la pierre philosophale ? C’est peut-être notre chance à Al et moi, dit le jeune homme avant de soupirer. Si seulement elle n’avait pas perdu la mémoire, elle pourrait tout nous expliquer. Pourquoi Envy la poursuit, pourquoi son père a disparu, comment elle a vu la Vérité…
- Quoi ? s’étrangla son maître. Elle a quoi ?
- Je vous avais pas parlé de ça ? fit Ed avec un sourire forcé. Oups.
- Petit imbécile, gronda Izumi en lui mettant une claque derrière la tête. Alors c’est une alchimiste ?
- Sans doute, je l’ai vue moi-même se défendre contre Envy en utilisant l’alchimie, et sans cercle. Mais depuis, elle ne l’a plus refait. Vous pensez qu’elle a pu oublier comme l’utiliser ?
- Ca me paraît étrange, murmura la femme, intriguée.
- Dites, est-ce que je peux vous la confier quelques heures ? demanda soudain Ed.
- Pourquoi faire ?
- Je… J’ai quelqu’un à aller voir, dit-il en se retournant.

Izumi l’observa quelques instants mais vit qu’il était sérieux. Elle accepta d’un signe de tête et Ed sortit. Emma et Sigu relevèrent la tête en le voyant approcher et Black Hayate aboya.

- J’ai un truc à faire, dit l’alchimiste d’Etat. J’en ai pas pour longtemps.
- D’accord, répondit Emma en se levant, prête à le suivre.
- Euh, non, toi tu restes là…
- Quoi ? s’étrangla la jeune fille. Tu ne vas pas me laisser toute seule avec… Elle ?

L’inquiétude se lisait dans le regard d’Emma. Depuis qu’elle avait vu quel accueil musclé Izumi avait réservé au Fullmetal, elle l’évitait et tremblait en imaginant ce qu’elle pourrait lui faire.

- Désolé Emma, mais c’est quelque chose que je dois faire seul, tu ne peux pas m’accompagner.
- Mais Ed, insista-t-elle, le colonel t’a demandé de me protéger, non ? Tu ne peux pas me laisser seule comme ça !
- Faudrait savoir, hier tu disais que tu n’avais pas besoin de moi, que tu pouvais te débrouiller toute seule.
- Mais…
- T’inquiète pas, tu risques rien ici. Mon maître est plus effrayante que tous les Homonculus réunis, ajouta-t-il à voix basse.

La jeune fille ne put rien répondre à ça et il se mit en route en lui faisant un signe d’adieu. Elle resta longtemps à la regarder s’éloigner, jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un petit point à l’horizon. Soudain, elle sentit une présence menaçante dans son dos et Hayate lâcha un gémissement. Elle se retourna lentement.

- A nous maintenant, dit Izumi avec un sourire effrayant.

oOoOoOoOoOoOo


Ed enleva sa veste et la jeta sur son épaule avec un grognement. Il oubliait toujours qu’il faisait si chaud dans cette région, il avait pourtant vécu ici assez longtemps. Il voyait se découper au loin la silhouette du manoir de Dante, la vieille femme qui avait enseigné l’alchimie à son maître. Il se souvint de la dernière fois où il était venu dans cette maison. C’était pour son combat contre l’Homonculus Greed.

Il arriva finalement au manoir et en fit le tour. Et là il trouva ce qu’il cherchait. Dans le jardin, il vit deux petites stèles qui marquaient l’emplacement de deux tombes. L’une d’elle était fleurie, et il sourit. Son maître devait venir régulièrement s’occuper de la tombe de Dante. Celle d’à côté par contre était complètement nue. C’était celle de Greed… Ed s’agenouilla devant la tombe, pensif. Il se souvenait de sa haine envers l’Homonculus qui avait osé enlever son petit-frère, et du combat qui avait eu lieu dans cette maison. Il revoyait encore le cadavre horriblement mutilé de Dante, même s’il n’avait jamais compris pour quelle raison Greed avait fait ça à la vieille femme. Parce que cet Homonculus n’agissait pas gratuitement, sans raison. A bien y réfléchir, c’était certainement le plus humain des homoncules qu’il avait rencontré.

Leur combat avait été tendu. Mais il avait réussi à le battre en retournant sa force contre lui, en la transformant en faiblesse. Et il l’avait tué, il avait pris une vie. Une fois encore. Ed serra les poings en regardant le sol. Il semblait que, quoiqu’il fasse, sa quête de la pierre philosophale provoquait la mort. Il ne le voulait pas, et Al non plus, mais on ne lui laissait pas le choix. Dire qu’il avait lui-même failli provoquer la mort des prisonnier, dans le laboratoire numéro 5, il avait failli utiliser des vies humaines pour son propre profit. Y repenser le mettait en rage. Il avait hésité ce jour-là et c’était sa plus grande honte.

Ed soupira en passant sa main de chair sur son visage. Il avait battu Greed et celui-ci lui avait appris des choses sur les Homonculus. Et il avait compris. Compris comment ils naissaient, mais aussi comment on pouvait les vaincre. Mais ça impliquait tellement de choses pour lui…

- Maman, murmura-t-il.

Il secoua la tête et se releva lentement, les yeux fixés sur la tombe de ce qui avait été l’Avide,. Il devait retourner à Resembool. Et là, il irait sur la tombe de sa mère…
Il se retourna et commença à s’éloigner pour rejoindre la ville, non sans jeter un dernier regard vers la tombe de Dante. Il se souvint de Lyra, la jeune fille qui était l’apprentie de l’alchimiste. Il ne l’avait pas revue lors de son combat avec Greed, mais son corps n’avait pas été retrouvé. Il espérait qu’elle s’en était sortie.


oOoOoOoOoOoOo


Dernière édition par Elisha-chan le Jeu 23 Juil 2009 - 11:54, édité 1 fois
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Jeu 23 Juil 2009 - 11:51

Emma soupira discrètement tandis qu’Izumi se levait pour aller servir un client. Depuis qu’Edward était parti, son maître la pressait de questions, sur son père, sur les Homonculus. Elle avait beau lui dire qu’elle ne se souvenait de rien, la femme n’avait pas l’air de la croire. La jeune fille se reprit en voyant Izumi revenir et s’assoir de nouveau en face d’elle.

- Reparlons de cette histoire d’alchimie.
- Mais qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? fit Emma, un peu agacée.
- Tu ne te souviens pas où tu as appris l’alchimie ? Si c’est avec ton père ?
- Et qu’est-ce qui vous fait croire que je suis une alchimiste, d’abord ?
- Ed m’a raconté qu’à l’hôpital, quand cet Homonculus t’a attaquée, tu l’as utilisée pour te défendre.
- Mais je ne sais pas du tout comment j’ai fait. Et puis de toute façon, des tas de gens sont capables d’utiliser l’alchimie, je ne vois pas ce que ça a de spécial.
- Des tas de gens… Oui, dit Izumi en fronçant les sourcils, beaucoup de gens sont capable de faire de l’alchimie à force de travail et de patience. Mais très peu sont capables de l’utiliser sans cercle de transmutation. Ceux-là, ils ont vu la Porte.

Une lumière aveuglante éclaire le grenier. Elle monte par l’échelle et soulève la trappe, sans faire de bruit. Elle voit son père, agenouillé. Sur le sol, il a dessiné un cercle avec des symboles étranges. La lumière est intense et l’éblouit. Elle fait quelques pas et approche sans bruit. Devant lui, une immense Porte se dresse et s’entrouvre doucement, avec un grincement funeste.

- Ed m’a déjà parlé de ça, mais ça ne me rappelle rien, dans quelle langue il faut vous le dire ? s’emporta Emma.
- Mais… Personne ne m’a jamais parlé comme ça, réalisa Izumi, surprise.
- Je suis amnésique, d’accord ? J’ai perdu la mémoire, je ne sais pas ce que vous voulez me faire dire à propos de votre foutue Porte, mais je ne sais rien.

Emma se leva et voulut quitter la table mais Izumi Curtis l’attrapa fermement par le poignet.

- Je ne t’ai pas donné la permission de te lever.
- Je ne suis pas votre élève, rétorqua la jeune fille. Et j’en ai assez de cette discussion.
- Dis-moi Emma, fit Izumi sans tenir compte de ce qu’elle venait de dire, ces souvenirs… Tu les as vraiment perdus ?
- Quoi ? Qu’est-ce que vous voulez dire ?
- Je me demande juste si tu fais tous les efforts qu’il faut pour retrouver la mémoire.
- Lâchez-moi, gronda la jeune fille en se débattant. Vous pensez que ça me plaît d’être amnésique ? Que je le fais exprès ? A votre avis, ça me fait plaisir de ne pas savoir pourquoi on me poursuit, et de devoir me trimballer une nounou partout où je vais ? De ne pas pouvoir être libre de mes mouvements ?

Izumi la lâcha et se leva elle aussi. Les deux femmes se faisaient face. Black Hayate, à l’extérieur, grondait lui aussi mais un regard de Sigu Curtis l’empêcha d’entrer.

- Qu’est-ce que vous attendez de moi ?
- Je voudrais juste comprendre, répondit la femme, pourquoi et comment tu utilises l’alchimie sans cercle.
- Je ne sais pas, je ne l’ai pas fait exprès. Je… Regardez, ajouta-t-elle en claquant des mains plusieurs fois, il ne se passe rien, j’ai déjà réessayé mais ça ne marche plus. Vous voyez ? Alors arrêtez de me harceler avec ça.

Sur ces mots elle sortit de la maison, Black Hayate sur les talons, tandis qu’Izumi l’observait, pensive.

- Tu crois qu’elle ment ? lui demanda son mari en rentrant.
- Je ne sais pas trop… A mon avis, elle se souvient de certaines choses mais elle refoule ses souvenirs.
- Et pour l’alchimie ?
- Là je pense qu’elle est de bonne foi, pour moi elle l’a utilisée par réflexe, dans un moment de panique. Mais elle a oublié ses connaissances. Je n’arrive pas à la cerner, ajouta-t-elle pour elle-même. Mais ce pouvoir qu’elle a… Elle risque de faire plus de mal que de bien si elle ne sait pas l’utiliser.

A l’extérieur, Emma pestait. Elle ne tenta même pas de s’éloigner de la maison, elle savait trop bien ce qui risquait de lui arriver et elle n’avait pas trop envie de se frotter à Izumi Curtis dans un combat singulier. Cette femme… Maintenant que sa colère retombait, elle se rendait compte de la façon dont elle lui avait parlé. Elle réprima un frisson et se retint de regarder par-dessus son épaule. Quand Ed saurait ça elle aurait droit à une belle engueulade. La jeune fille soupira. Où est-ce qu’il était ?

Son attention fut attirée par un groupe d’enfant qui courait vers le magasin en portant des seaux qui semblaient trop lourds pour eux. Ils s’arrêtèrent devant elle en la voyant devant le magasin des Curtis.

- Dis, lui demanda un des enfants, t’es une amie du maître ?
- Euh… Si on veut.
- Est-ce ce qu’elle est là ? On a besoin d’aide pour un truc.

Emma jeta un coup d’œil dans l’un des seaux et reconnut ce qu’il y avait dedans.

- C’est de la glaise ? demanda-t-elle, intriguée.
- Ouais, on en a plein et on a voulu s’en servir pour fabriquer des personnages pour jouer, mais c’est trop dur on n’y arrive pas.
- Et vous pensez que Mme Izumi va vous apprendre ?
- Quoi ? Bah non, répondit l’un des gamins, elle va faire son machin truc d’alchimie et elle va nous créer plein de personnages.

Emma fronça les sourcils, pas convaincue. Elle se souvenait ce qui s’était passé pendant le repas, quelques heures plus tôt, quand Ed avait voulu réchauffer son assiette de ragout qui était trop froide. Il avait valsé à l’autre bout de la pièce et son maître l’avait sermonné, « on n’utilise pas l’alchimie pour les choses qu’on peut faire autrement ».

- A mon avis elle ne va pas être d’accord, dit-elle en souriant. Mais si vous voulez je peux vous aider, ajouta-t-elle, mue par une impulsion.

Les enfants, surpris, la virent s’asseoir sur le sol et prendre de la glaise dans l’un des seaux avant de la poser sur le sol. Elle étudia la glaise, un peu hésitante, avant de se mettre soudainement au travail. Et là sous les yeux d’abord étonnés puis impressionnés, des enfants, et après plusieurs essais ratés, elle réussit à leur créer une réplique miniature de Black Hayate criante de vérité.

- Génial !
- On dirait qu’il va bouger !
- T’es trop forte… Dis, tu nous montres comment faire ?

Emma ne se fit pas prier et les enfants s’assirent autour d’elle. Ils commencèrent à fabriquer des monstres et d’autres personnages surprenants tandis que la jeune fille, plongée dans ses pensées, créait des répliques exactes des Curtis, d’Ed, de Mustang, et d’autres personnes.

Elle était tellement absorbée qu’elle ne se rendit pas compte qu’Izumi s’était approchée et qu’elle observait la scène en souriant. Elle ne remarqua pas non plus l’arrivée d’Ed.

- Qu’est-ce qu’ils font ? demanda le jeune alchimiste à son maître.
- Je crois que ta petite copine leur donne une leçon de sculpture.
- C’est pas ma petite copine, marmonna Edward en rougissant.
- Si tu le dis.

Le jeune homme grogna et s’approcha du groupe.

- Alors ? demanda soudain Emma en souriant, de la glaise sur le visage. Vous voyez qu’il n’y avait pas besoin d’utiliser l’alchimie ?
- T’as raison, c’est plus marrant comme ça !
- Eh les gars, intervint Ed en s’accroupissant près d’eux, l’alchimie ça peut être marrant aussi. Regardez ce que je peux faire moi !

Il claqua des mains et toucha un morceau de glaise qu’il transforma en une créature étrange, ressemblant vaguement à un cheval mais avec des flammes qui lui sortaient de la bouche, des cornes et des écailles. Encouragé par ce qu’il croyait être de l’admiration de la part des enfants bouche bée, il recommença et créa ainsi plusieurs autres monstres hideux.

- Alors ? Contents les petits ?
- Bah… Euh… En fait, on préfère ceux qu’on a fait nous-mêmes, répondit l’un des enfants. Mais les tiens seront bien pour faire les monstres.
- Les monstres ? s’étrangla Ed qui pensait avoir fait de véritables œuvres d’art.
- Hey regardez ceux d’Emma, s’exclama un jeune garçon.

Il montrait surtout une réplique parfaite d’Ed, avec son manteau, sa tresse et son épi gigantesque, qui était en train de s’énerver.

- C’est tout comme le vrai ! s’émerveillèrent les enfants.
- Ca va pas ? Je suis pas du tout comme ça !
- Moi je trouve ça très ressemblant, lança Izumi qui souriait largement. Les enfants, ajouta-t-elle, qu’est-ce que vous avez appris aujourd’hui ?
- Euh… Qu’Ed est nul pour faire des personnages en terre glaise ?
- Que la sculpture c’est super marrant et en plus on a le droit de se salir ?
- Non, répondit la femme, dépitée. Vous avez appris que ça ne sert à rien d’utiliser l’alchimie quand on peut faire les choses par soi-même. Filez maintenant il est tard.

Les enfants ne se firent pas prier et emportèrent leurs personnages et les monstres d’Edward en remerciant Emma. Celle-ci les regarda s’éloigner en souriant avant de rentrer dans le magasin pour se nettoyer.

Ed, lui, resta dehors, contemplant les reproductions qu’elle avait faites d’eux. Izumi s’approcha.

- Dis, lança-t-elle négligemment, si tu espérais la séduire avec tes dons artistiques c’est raté.
- Qu’est-ce qu’ils ont mes dons art…, commença le jeune homme avant de piquer un fard. Mais je veux pas la séduire, pourquoi vous dites ça ?
- Tu ne changes pas, répondit Izumi en riant. Dis-moi, ajouta-t-elle en se calmant, tu ne la trouves pas étrange cette fille ?
- Bah, un peu c’est vrai, dit le Fullmetal content qu’elle change de sujet. Vous avez parlé avec elle ?
- J’ai essayé, mais elle n’a pas un caractère facile…
- J’avais remarqué, marmonna-t-il.
- Tu es sûre qu’elle est vraiment alchimiste ?

Là Ed accusa le coup. Il regarda son maître, perplexe. Il l’avait vu utiliser l’alchimie à l’hôpital et il ne comprenait pas pourquoi Izumi lui posait cette question. Voyant le trouble de son élève, la femme haussa les épaules.

- Laisse tomber, je vais encore essayer de lui parler, et cette fois elle n’aura pas le choix.

Soudain, sans prévenir, elle attrapa Ed par le bras et le souleva facilement avant de le projeter jusqu’au perron. Le jeune homme s’écrasa sur le sol avant d’avoir pu comprendre ce qui lui arrivait.

- Mais ça va pas ? protesta-t-il en se remettant debout, furieux. Vous auriez pu prévenir !
- Et tu crois que les Homonculus vont te taper sur l’épaule et te demander la permission avant de t’attaquer ? Crétin, tu aurais dû anticiper !

Edward voulut protester mais il savait qu’elle avait raison. Mais pour rien au monde il ne l’aurait avoué. Vexé, il rentra dans le magasin en prenant soin de passer loin de son maître. Izumi, elle, secoua la tête avant de s’accroupir et de saisir deux des petites sculptures réalisées par son invitée. Elles représentaient deux personnes, une femme d’abord, qui ressemblait un peu à Emma, et un homme qu’elle reconnut tout de suite, même s’il avait des cheveux longs et une barbe.

- Wavemaker, murmura-t-elle.


oOoOoOoOoOoOo
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Jeu 23 Juil 2009 - 11:57

Dans la ville minière d’Ambre, non loin de North City, un homme marchait dans les rues enneigées, plié en deux pour échapper à la morsure du vent glacé. Il se dépêcha d’atteindre une maison en apparence normale. A la porte, il frappa trois coups rapides puis deux autres, plus lents, et on le fit entrer. A l’intérieur de nombreuses personnes se tassaient, essayant de trouver de la place. Il rejoignit un groupe de ses amis et ensemble, ils attendirent le début de la réunion.

L’un des hommes monta sur une caisse qui avait été posée au fond de la pièce, et le silence se fit.

- Les amis, lança-t-il, nous sommes là pour une réunion de crise.

Dans l’assemblée, les gens étaient inquiets. Seules deux personnes, au milieu de la foule, semblaient étrangères à cette agitation. Lust observait la situation en souriant, tandis que Gluttony, un doigt dans la bouche, regardait la foule autour de lui sans comprendre.

- Il y a des mouvements de troupe au sud de la ville, expliqua l’homme qui avait la parole. L’armée va réagir.
- On va leur montrer ! cria quelqu’un.
- Ouais, c’est fini cette dictature, on va se défendre !
- Calmez-vous, ordonna l’homme. Vous vous rendez bien compte des implications ? Ca veut dire faire la guerre au Généralissime lui-même, à Amestris tout entier ! On va devoir se battre contre des soldats surentraînés.

Ses paroles jetèrent un froid dans l’assistance. Tous ces hommes étaient des ouvriers, des marchands, des hommes du peuple qui ne savaient pas se battre. On leur avait fourni des armes, bien sûr, mais ils n’avaient reçu aucun entraînement particulier, et l’angoisse de devoir se mesurer à des soldats de métier commençait à se faire sentir.

- Il paraît qu’ils font venir des soldats de Briggs, lança Lust.

Des murmures se firent entendre. Des hommes de Briggs ? Leur réputation était terrifiante.

- Et ils envoient même le grand Flame Alchimiste contre nous, ajouta-t-elle.

Des cris retentirent. Tous connaissaient l’histoire d’Ishbal et la réputation de Mustang.

- On est morts, dit un homme, on n’a aucune chance.
- Ils sont dingues d’envoyer de telles forces !
- Vous savez quoi ? On dirait qu’ils veulent faire comme à Ishbal.
- Ouais, t’as raison, ils vont essayer de nous rayer de la carte.
- Ils veulent nous faire disparaître, parce qu’on leur fait peur.
- Mes amis, cria l’homme qui semblait être leur chef. Vous avez entendu comme moi. Ils sortent l’artillerie lourde. Ils veulent faire de notre ville un nouvel Ishbal. Ce gouvernement violent, liberticide et corrompu veut notre peau.
- Et bien qu’ils viennent la chercher, on les attend !
- Ouais, on va se battre ! Qu’ils viennent, s’ils l’osent ! cria la foule.

Un sourire cruel étira les lèvres de Lust. Dans l’Ouest, près de Collum City, et à Lior, Wrath et Sloth assistaient à la même scène. Des hommes levaient le poing et juraient la perte de l’armée. Ils voulaient se battre, il y aurait du sang il y aurait des morts.

A Ambre, un homme quitta discrètement la réunion. Ses cheveux longs et blonds, attachés en queue de cheval, bougeaient au rythme de ses mouvements. La lune se refléta dans les lunettes qui cachaient un peu ses yeux dorés. Il soupira. Cette femme, il l’avait bien observée. Il avait compris, avant même d’apercevoir le tatouage qui ornait sa poitrine. Un Homonculus.

oOoOoOoOoOoOo


Dans une chambre richement décorée et meublée avec goût, une jeune femme brune, aux cheveux courts, observait une carte d’Amestris. Elle poussa un soupir de contentement. Elle portait une magnifique robe pourpre, au décolleté profond garni de dentelle. Elle était jeune, pas plus de vingt ans, mais son regard était sans âge. Elle se retourna et posa les yeux sur un homme.

Il avait une trentaine d’années mais en paraissait le double. Vêtu de haillons et couvert d’ecchymoses, il se terrait dans un coin de la chambre, assis par terre, se balançant d’avant en arrière. L’automail qui remplaçait sa jambe gauche grinçait quand il bougeait. Ses cheveux longs et emmêlés étaient sales et retombaient devant son visage qui était caché par une barbe mal taillée. Derrière ses mèches crasseuses, on voyait des bleus clairs, fixes et éteints.

La femme s’approcha lentement de l’homme et s’agenouilla devant lui.

- Arthur Silver, murmura-t-elle, le grand et puissant Wavemaker, le génie…

Près de lui étaient posées des assiettes de nourritures encore pleines, qu’il n’avait pas touchées, et des couverts. Elle souleva une des assiettes devant son visage et l’homme eut enfin une réaction, ses yeux se remplirent de larmes. Son estomac gronda, mais il ne leva pas les mains pour prendre la nourriture.

La femme eut un petit reniflement méprisant. Elle plongea une cuillère dans l’assiette et la porta devant le visage de l’homme qui ouvrit mécaniquement la bouche. Elle le fit manger, s’amusant parfois à retirer la cuillère au dernier moment, ou lui présentant un couvert vide pour voir l’incompréhension dans son regard.

- Un légume, le génial alchimiste est devenu un légume… Tu ne comprends rien à ce que je te dis, hein ? Tu ne comprends pas, il ne se passe plus rien là haut, ajouta-t-elle en posant sa main sur la tête de l’homme avant de la retirer, dégoutée par sa crasse. Il est beau le puissant alchimiste, on dirait une poupée de chiffon. Voilà ce qu’il en coûte d’ouvrir la Porte.

Elle sourit en voyant le regard vide qu’il posait sur elle, et elle approcha un peu plus son visage du sien.

- Si tu savais ce que je suis en train de faire, susurra-t-elle. Ton pays va disparaître et ta fille… Ta fille chérie ! Elle va mourir tu sais, et je vais même la faire souffrir, longtemps.

L’homme n’eut aucune réaction et elle haussa les épaules avant de se relever. Soudain le téléphone sonna et elle décrocha le combiné qu’elle porta à son oreille.

- Quoi ?
- C’est moi, Envy, entendit-elle.
- Alors ?
- Euh… Je… Hum, ils n’étaient pas dans le train.
- Quoi ? explosa la jeune femme. Mais tu les avais vus monter dedans à Central.
- Je me suis fait avoir, ça devait être des leurres.
- Espèce d’incapable, hurla-t-elle.

Elle était folle de rage. Cet imbécile d’Eny avait encore échoué, cette fille ne cessait de lui filer entre les pattes. Elle serrait le combiné tellement fort que les jointures de ses doigts étaient blanches.

- Qu’est-ce que je fais ? demanda Envy. Je la cherche ?
- Pas pour l’instant, répondit finalement la jeune femme en se calmant. J’ai besoin de toi ailleurs. Et puis, aux dernières nouvelles, elle est toujours amnésique ?
- Rien ne dit que ça va durer…
- Si tu n’avais pas échoué comme un débutant on n’aurait pas ce problème, cracha-t-elle. Pour l’instant, tu as une autre mission. Tu vas aller à Drachma. Tu sais ce que tu dois faire.
- Compris.
- Un petit conseil en passant, Envy, murmura-t-elle d’une voix menaçante. N’échoue plus jamais…

Elle raccrocha violemment le combiné sans lui laisser le temps de répondre et fit les cent pas dans la chambre, furieuse. Cette gamine perturbait ses plans. Elle jeta un regard méprisant sur son père, toujours vautré sur le sol, et elle se précipita vers lui. Elle saisit une poignée de ses cheveux et lui releva la tête.

- Je vais la tuer de mes propres mains, tu entends ? Je vais l’entendre hurler et me demander pitié, et je l’enverrai rejoindre ta femme !

Elle le lâcha et quitta la chambre en claquant la porte. Arthur laissa retomber sa tête, le regard fixe. Mais une larme roula lentement sur sa joue avant de s’écraser sur le sol.
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Mélanie Mustang Jeu 23 Juil 2009 - 15:32

Excellent chapitre! J'aime beaucoup! Et on vient de découvrir que le père de Emma est vivant et que... il a perdu son cerveau! Quelle horreur! Le pauvre... Ca me rend trop triste! Et dire que malgré tout il semble arriver à comprendre que quelqu'un qu'il aime est en danger...

J'ai hâte de voir la suite!
Mélanie Mustang
Mélanie Mustang
Généralissime Autoritaire

Nombre de messages : 1472
Age : 35
Localisation : Devant mon PC, Senlis, Oise, Picardie, France, Europe, Terre, Voie Lactée, Univers (assez précis?xD)

http://melanie-lemaire.kazeo.com/

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Hagaren Sam 25 Juil 2009 - 9:27

Bah crois moi sur parole, Mélanie, tu ne seras pas déçue! ^^Elisha est un modèle assez impressionnant de "la stylistique évolutive". Donc, si tu accroche dès le début, tu ne peux que finir par te ronger les ongles jusqu'au coude quand arrive le chapitre 18 et qu'elle est en cours de rédaction du 19 et que tu l'as pas encore lu... Elle a dû être impératrice chinoise, dans une vie antérieure, pour maitriser à ce point le sadisme et la torture mentale ^^
Hagaren
Hagaren
Sebastian Gomez

Nombre de messages : 32
Age : 113
Localisation : Saoulée par la cacophonie des cigales

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Elisha-chan Sam 25 Juil 2009 - 10:16

@ Mélanie Mustang: Oui je sais la situation d'Arthur est assez horrible et ça va pas s'arranger... oups, pas de spoil, quelle cruchasse je fais quand même^^ Merci d'être toujours fidèle au poste pour me donner ton avis et à bientôt pour la suite!

@Hagaren: Rho elle est mignonne elle me fait plein de pub^^ N'en jette plus chère amie sinon tu vas me faire prendre la grosse tête. Et puis tu vas peut-être changer d'avis à force d'attendre le prochain chapitre qui, entre mes problèmes de temps, d'ordi et mon déménagement, n'est pas prêt d'arriver^^ Mais mici, tu sais bien que l'amélioration vient de toi en plus! Smile
Elisha-chan
Elisha-chan
Random Homonculus

Nombre de messages : 70
Age : 39
Localisation : Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Revenir en haut Aller en bas

Mémoire en fuite - Page 2 Empty Re: Mémoire en fuite

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Page 2 sur 3 Précédent  1, 2, 3  Suivant

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum