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Les lectures à recommander aux autres - ou pas

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Message par Scieszka Dim 10 Mai 2009 - 20:53

Bon, ben voilà... Quand on choisit le pseudo de "Scieszka", faut l'assumer. Le forum manquait d'un coin bouquins, le voici...

Sur ce fil, je propose de faire part aux autres membres du forum de vos lectures préférées, des choses à recommander, de vos coups de coeurs... ou pas. Vous pouvez aussi descendre en flèche un bouquin que vous n'avez pas aimé (tant que c'est argumenté tout va bien).

Je commence donc avec mon auteur contemporaine préférée, Margaret Atwood. Elle est canadienne, elle écrit en anglais, et la plupart de ses ouvrages sont, ce me semble, disponibles en traduction française et en poche.

Le premier bouquin que je vais vous recommander, c'est son troisième roman, paru en 1976, Lady Oracle (même titre en français). C'est paru au Livre de Poche, donc pas cher, donc vous n'avez aucune excuse pour ne pas le lire.

Comment présenter la chose? Disons, en première approche, que c'est un roman très échevelé; l'intrigue est foisonnante. C'est très bien écrit, et l'auteur a beaucoup de style. La construction est complexe, comme toujours chez Margaret Atwood, mais rassurez-vous, elle a suffisamment de talent pour ne jamais perdre son lecteur.

Le thème? Une jeune femme qui ne s'assume pas, et qui passe son temps à se construire de multiples identités, et des vies parallèles. Non pas qu'elle les invente: elle vit simultanément plusieurs vies à la fois... Auteur de romans historiques à l'eau de rose, amante d'un comte polonais, femme au foyer modèle, maîtresse d'un artiste excentrique, ex-adolescente obèse avec des problèmes relationnels avec sa mère, le tout entre Londres, Paris, l'Italie et le Canada... Pas tout à la fois, je vous rassure, mais souvent plusieurs en même temps.

Le début? Joan (c'est le nom de l'héroïne), qui doit faire face à une célébrité soudaine suite à la publication d'un recueil de poésie, met son suicide en scène, aussi pour échapper à sa double triple heu... multiple vie de femme au foyer, épouse d'un révolutionnaire en pantoufles, de poétesse, de maîtresse d'artiste et de romancière à l'eau de rose sous pseudonyme. Je ne résiste pas à la tentation de vous mettre les premières phrases du roman:

J'avais planifié soigneusement ma mort; pas comme ma vie, dont les méandres défiaient mes faibles tentatives de contrôle. Ma vie avait tendance à s'éparpiller, à s'avachir, à dessiner autant de volutes et de festons qu'un cadre de miroir baroque, car je suivais la ligne de moindre résistance. Je voulais que ma mort, par contraste, soit nette et simple, sans exagération, même un peu sévère, comme une église de quakers ou la petite robe noire toute simple portée avec un seul rang de perles, si vantée par les magazines de mes quinze ans. Pas de trompettes, pas de porte-voix, pas de paillettes, pas d'inconsistances, cette fois. Le truc consistait à disparaître sans laisser d'autre trace derrière moi que l'ombre d'un cadavre, une ombre que tous prendraient pour une solide réalité. A première vue, je croyais avoir réussi.

Ça donne le ton! L'écriture, même à la première personne du singulier, est volontiers ironique, souvent pince-sans-rire, sans complaisance pour l'héroïne et son penchant pour un certain romantisme sirupeux et débordant.

Joan fuit en Italie, où elle fait tout pour ne pas se faire repérer - ou pas. Il faut dire que sa chevelure rousse flamboyante n'est pas exactement discrète... Et en tentant de s'en débarasser, ainsi que des vêtements qu'elle portait en arrivant, elle provoque les soupçons de son voisin qui est persuadé qu'elle a tué quelqu'un...

En réalité, alors qu'elle essaie de se construire encore une nouvelle identité, elle fait face à tout plein de questions existentielles, et le récit se déroule en une longue série de va-et-vient entre le présent et différents flashbacks sur diverses périodes de sa vie (enfance et adolescence, la rencontre avec Paul, le comte polonais, son histoire avec l'artiste dont j'ai parlé plus haut, qui répond au pseudonyme de "Porc-Epic Royal", ou "Royal Porcupine", ses activités littéraires avouées ou non, sa fréquentation d'un certain milieu révolutionnaire où elle rencontre son mari, et quelques autres trucs qui me sortent de la mémoire), sans oublier des incursions dans ses romans historiques à l'eau de rose... Ces derniers occupent une très grande importance dans sa vie, au point qu'il lui arrive de confondre la réalité avec les trames compliquées de ses aventures de fiction, et vice-versa.

En fin de compte, un excellent roman autour du thème de la recherche de soi et de l'identité... Je ne spoilerai pas en dévoilant des éléments-clefs du récit, ni ne révèlerai la fin, mais je dirai juste que, comme vous vous en doutez, sa tentative de gérer ses multiples identités est vouée à l'échec, et ce d'autant plus qu'elle les cloisonne. Elle est alors confrontée à une tâche très difficile: affronter le réel, sans plus tricher... Encore faut-il qu'elle accepte de mettre un terme à sa fuite en avant!

Bonne lecture!
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Message par Mélanie Mustang Lun 11 Mai 2009 - 16:29

Eh bien, voilà un avis qui donne envie de lire ce roman. Très bien écrit et je vais voir pour me le trouver, ça a l’air très intéressant…

Bon, comme tu nous invites à faire de même, je vais pas me priver^^

Je vais donc vous présenter : La trilogie du Mal de Maxime Chattam. Ceux avec qui je parle le plus souvent sur msn auront probablement déjà lu ce nom dans nos discussions. Maxime Chattam est un auteur français (bien de chez nous, ça change^^) et écrit principalement des thrillers. Mais même si vous n’accrochez pas avec ce genre, je suis sûre que ces livres vous plairont

La trilogie du Mal est composée dans l’ordre de L’âme du mal, In tenebris et Maléfices. Un quatrième roman intitulé La promesse des ténèbres vient de sortir et raconte l’histoire de la disparition d’un personnage dont on parle dans In Tenebris. Mais je n’en dirai pas plus à ce sujet là.

Je ne vais pas non plus vous parler de In Tenebris et Maléfices, car cela risquerait de vous dévoiler certaines choses sur la fin de L’âme du mal, que je vais vous présenter.

Mais avant tout, pour que vous ayez un avant goût de l’atmosphère qui règne dans les livres, voici la petite introduction de Maxime Chattam au début du livre :

La réalité dépasse la fiction.
C’est une maxime qui m’est apparue dans toute sa véracité au cours des deux années de recherche qui m’ont été nécessaires pour l’écriture de ce roman. Deux années d’étude des sciences forensiques – médecine légale, police technique et scientifique, psychiatrie criminelle… – et plus particulièrement des tueurs en série. J’ai lu, vu et entendu des choses que même le plus habile des écrivains n’oseraient pas mettre dans ses romans, quand bien même la force lénifiante de son style pourrait adoucir les faits. Des actes que j’aurais trouvés grotesques d’horreur si je les avais lus dans un bon livre tant ils auraient semblé impossibles, et pourtant…
Mais par-dessus tout, après ces deux années j’ai découvert que mes parents et que tous les parents du monde avaient menti à leurs enfants : les monstres existent.
Sans faire l’apologie de l’horreur, j’ai tenté d’écrire ce roman en étant le plus près possible de la réalité.
C’est sans doute cela le plus effrayant.

Voilà qui donne le ton.

En ce qui concerne l’histoire maintenant :

Joshua Brolin, jeune inspecteur de police avec des dons de profiler, fraîchement débarqué du FBI pour pouvoir aller sur le terrain, enquête sur les affaires les plus difficiles à clore. Il est sur les traces du Bourreau de Portland, un tueur en série qui vient d’enlever une nouvelle jeune femme. Il parvient à trouver l’identité du criminel juste avant qu’il ne tue Juliette Lafayette et sauve ainsi la jeune femme en tuant, d’une balle dans la tête, le criminel.

Un an plus tard, alors que Juliette se remet tout juste du traumatisme de son agression, les enlèvements et les meurtres recommencent. Le nouveau tueur agit exactement de la même manière que le Bourreau de Portland.

Juliette et Joshua se retrouvent confrontés à leur passé commun et vont enquêter ensemble pour découvrir qui se cache derrière celui désormais nommé le Fantôme du Bourreau.


Un roman sombre s’il en est. L’auteur utilise des termes techniques sans nous noyer dedans. Il a un style d’écriture fluide, ce qui est très agréable. On se plonge avec plaisir dans l’enquête (et il en va de même dans les 3 autres romans dont je vous ai parlé). On se prend d’amitié pour les personnages. On rit, on pleure et on crie en même temps qu’eux.
Quant au suspens, il reste intacte jusqu’à la fin. Les révélations sont dignes de celles de Agatha Christie.
Chattam plonge dans les tréfonds de l’âme humaine et c’est probablement ce qui lui permet d’avoir un succès de plus en plus prononcé.

En ce qui concerne les deux autres romans de la trilogie, ils constituent un cycle de renouveau de la vie. Le premier tome se passe en automne. C'est le moment de la vie du héros où quelque chose se termine, s'endort jusqu'à mourir. La second se déroule en plein hiver, pendant la période de doutes et de questionnement du héros. Enfin, le dernier a lieu au printemps, lorsque le héros revit et redécouvre ce qu'il est. Quelque chose de très bien étudié pour coller au personnage et à l'histoire.

Pour ma part, je suis une inconditionnelle, donc mon jugement est loin d’être impartial. Mais j’adore et j’adhère. Je vous le conseille vivement. D’autant plus que La Trilogie du Mal sont ses meilleurs romans.
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Message par Antonidas Ven 22 Mai 2009 - 14:02

Moi j'ai un prof qui ma conseiller Fahrenheit 451 , je vais bientot le lire , j'y vais au feeling , je lui avait parler de 1984 de Orwell qui est vraiment sympa ( le fameux " Big brother vous regarde ", j'aime bien tout ces livres d'anticipation ( pas de science fiction ) et ici en plus on a une belle reflexion sur le langage et un tas d'autre chose vraiment interessante ( Controle de l'histoire , controle de la pensée ).

Si vous ne l'avez pas lu je vous le conseil , je me suis mis aussi a Boris Vian cette année j'ai lu " L'écume des jours " j'ai beaucoup aimé ( L'histoire d'amour entre Colin et Chloé Very Happy *toussote*) , en faite j'avai decouvert Boris Vian grace a ces poèmes " Je voudrai pas crever "( lol tu lis ça seul chez toi ... tu te dit mince .... )

mais apres j'ai lu de lui " J'irai cracher sur vos tombes " ( voila un titre bien sympathique ) et je doit avouer que j'étai surpris de la violence du livre , comme quoi un auteur pour nous livré quelque chose de tres onirique comme quelque chose d'assez noire , sombre ( Dans le premier c'est du romantisme et dans l'autre c'est plus comment le decrire sans vous choquer ), enfin voila , je vais peut etre lire de lui " Vercoquin et le plancton " enfin ça fait plaisir un gars qui se lache comme ça , sa change de notre époque acéptisée , d'ailleurs j'ai envie de dire Desproges , Reviens!


sinon il faut que je lise les livre de Fantasy que m'a conseillé Yoko ! mais il en faut du courage pour s'y atteler ya 15 tomes " L'assassin royal ", en faite ... je prefere lire des histoires plus dans le réel , pour moi les gnomes et les trolls des forets , c'est le boulot. Bah faut dire que je les ai cotoyer assez longtemps sur des Jeux de rôles massivement multijoueur !

Bon voila en ce moment je lis Victor Hugo , je fais mes classiques , j'vais ptet arreter avec les histoires d'amour , sinon jvais finir comme acteur dans Gnangnan anatomy a faire de la boulimie devant Patrick Dempsey...

Qui sait je lirai peut etre l'un des livres dont vous parlez ! ! !
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Message par Scieszka Sam 23 Mai 2009 - 22:56

Ah, mais c'est que tu as de très bonnes lectures, Antonidas! Hugo, c'est chouette (enfin, ça dépend un peu quoi). Tu lis quoi exactement, poésie, théâtre, romans? Moi j'ai surtout aimé les Châtiments et Ruy Blas, mais bon, c'est un auteur prolifique qui a écrit vraiment beaucoup de choses. L'Assassin royal, j'en ai lu quelques-uns, ça n'est pas mal (mais ça ne vaut quand même pas le Seigneur des Anneaux I love you ). Mais je lis peu de fantasy. Fahrenheit 451, une grande lecture, qui me semble terriblement d'actualité!

Mélanie, je ne connais pas Maxime Chattam. J'irai p'têt voir à quoi ça ressemble quand j'aurai réussi à faire diminuer ma Pile A Lire... Very Happy

Sinon, aujourd'hui, j'avais envie de vous parler d'un bouquin que je n'ai pas aimé, mais alors pas du tout, et du pourquoi du comment. Donc, dans la catégorie des lectures à ne surtout pas recommander, et même à déconseiller, j'ai nommé Dan Brown, champion du monde toutes catégories du foutage de g****e avec le célèbre Da Vinci Code. Oui, j'ai lu ça, un jour de profond ennui chez mes parents.

Vous allez dire que c'est facile de casser du sucre sur son dos. Mais il prend franchement ses lecteurs pour des c... imbéciles, et ça a tendance à m'énerver. Il faut croire que parier sur la bêtise des masses est plus rentable que de miser sur l'intelligence des gens...

Donc, pour commencer, je tiens à préciser que le style n'est tout de même pas mauvais, que ça n'est pas si mal écrit que ça. Sans la complotite aigüe poussée à son paroxysme dans un grand délire ridicule, ça pourrait être un page-turner honnête (sans casser pour autant des briques), le genre de bouquin pas prise de tête qui se laisse bien lire sur une plage, dans le métro ou dans le train. D'ailleurs, j'ai bien aimé le début, jusqu'à l'épisode du Louvre (l'épisode du mouchard dans la savonnette n'est d'ailleurs pas mal du tout). Mais voilà, Dan Brown a décidé de donner un côté pseudo-mystique à son thriller, et c'est là que le bât blesse.

Le problème n'est pas d'utiliser les mythes autour des Templiers et autres sociétés plus ou moins secrètes: d'autres avant Brown l'ont fait avec talent (je pense en particulier à Umberto Eco, dont je vous recommande chaudement le Pendule de Foucault - avec une bonne encyclopédie historique à proximité si on n'a pas fait des études d'histoire, ça aide). Le problème est qu'il le fait affreusement mal, de manière absolument pas crédible ni vraisemblable, en recyclant très maladroitement tout un tas de clichés qui n'ont rien de subversif à force d'être remâchés. De plus, ce que j'ai du mal à digérer, c'est qu'il place en tête de son volume une série de faits présentés comme "historiques", qui sont en réalité le fruit d'une mystification qui a abouti à un procès en 1992 (c'est l'affaire du Prieuré de Sion, sur laquelle je vous renvoie à la notice Wikipédia, qui me paraît bien faite). Déjà, je trouve que le procédé est malhonnête, parce qu'il faut être versé dans la culture catho ou bien connaître l'histoire de France pour se rendre compte tout de suite que ça n'est pas vrai, et je doute que ce soit le cas de la majorité des lecteurs de Dan Brown. Cela explique sans doute qu'un tiers de ses lecteurs soient persuadés que l'histoire qu'il raconte est vraie de chez véritable. Et, j'avoue, je déteste la malhonnêteté intellectuelle.

Bon, le but n'est pas de démonter une par une toutes les impostures de Brown, parce que ça prendrait un peu trop de temps. Si vous voulez tout savoir sur le procès des Templiers, j'pourrais vous raconter ça, mais je vous préviens, c'est une affaire surtout politique, et y'a pas de trésor derrière... Bon, je rappelle tout de même que le prieuré de Sion n'a jamais existé (enfin, y'a une association fondée en 1956, mais bon, ça n'a aucun rapport autre que fantasmé avec les Templiers, le Graal et tout ça).

Quelques-unes quand même pour la route, pour montrer à quel point Dan Brown se fiche de la g****e du monde. J'aime particulièrement le moment où il explique qu'en fait c'est en Angleterre qu'il faut chercher, parce que vous comprenez, M'sieu-dames, l'Angleterre, c'est des protestants, et donc ils sont linguistiquement préservés de la contamination du latin et de tout ce qui touche de près ou de loin la religion catholique. Faut-il rappeler que le protestantisme n'est né qu'au XVIe siècle, et qu'en Angleterre, c'est encore un cas particulier, puisque le schisme a été provoqué par le refus du pape de laisser Henri VIII divorcer de Catherine d'Aragon pour pouvoir épouser Ann Boleyn? Et puis avant ça (et depuis Jean sans Terre, vous savez, le méchant frère de Richard Coeur de Lion, qui suce son pouce en appelant sa mère - en vrai, il a régné au tournant des XIIe-XIIIe siècles), le roi d'Angleterre était le vassal du pape. Quant à la préservation de la "contamination" du latin, je ne vais pas vous refaire l'histoire de l'Angleterre et de sa langue, mais c'est une vaste blague, vous vous en doutez.

Autre moment pas crédible du tout, (mais là c'est pas sa faute, ça vient tout droit du prieuré de Sion à qui il a tout pompé - parce qu'en plus c'est un copieur), c'est le coup du Graal, métaphore de la descendance du Christ et de Marie-Madeleine qui seraient les Mérovingiens. Sans entrer dans la polémique Jésus / Marie-Madeleine, et même à supposer que ladite sainte soit bien venue en Provence, va falloir qu'on m'explique comment les Mérovingiens pourraient être ses descendants, étant donné que ces gens-là sont à la base des Francs saliens, originaires de Frise (les régions les plus nordiques des actuels Pays-Bas), et avant ça, d'on ne sait pas trop où en Asie centrale. Quant au Graal, que Brown explique en disant que "sang réal" et "graal" c'est proche et pis c'est de l'ancien français faut pas chipoter, il faut savoir que linguistiquement, le rapprochement est totalement impossible, et que "graal", en ancien français, c'est une coupe, une écuelle, un récipient quelconque (je vous rappelle que la légende du Graal veut que ce soit la coupe où Joseph d'Arimatie aurait recueilli le sang du Christ lors de la Crucifixion). Je sais bien que tout le monde ne peut pas connaître la signification du mot en ancien français, m'enfin pour quelqu'un qui affirme avoir mené des recherches poussées pour l'écriture de son roman, Brown n'est pas sérieux. On trouve ça dans n'importe quel dictionnaire d'ancien français.

Je ne m'étendrai pas plus longtemps sur les wagons d'incohérences que contient le roman (il faudrait aussi compter les descriptions erronées de Saint-Sulpice, l'élucubration sur la Cène de Léonard de Vinci qui ignore totalement la très ancienne tradition picturale qui fait que Saint Jean l'Evangéliste est la plupart du temps représenté comme un très jeune homme, très proche du Christ parce qu'il était "le disciple qu'Il aimait", le coup de la pyramide du Louvre qui date des années 1990 et qui a été conçue par un architecte japonais (et de son pendant, la pyramide inversée, qui est censée indiquer le tombeau de Marie-Madeleine), j'en passe et des meilleures). Vous l'aurez compris, ce que j'en pense, c'est que c'est une vaste escroquerie, qui se prend au sérieux et qui n'a même pas le talent pour alibi. C'est bien simple, je n'ai jamais pu entrer vraiment dans l'intrigue, parce qu'à chaque fois que je commençais à me laisser prendre, je lisais une telle ânerie que ça me faisait bondir.

A bas l'escroc.
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Message par Lena Dim 24 Mai 2009 - 10:48

Bon, dans la mesure où j'ai aussi lu ce livre, je vais essayer de donner mon avis.
Première chose, j'ai du le lire il y a...quatre ou cinq ans, et je m'en souviens très très mal. Je me rappelle juste à peu près clairement de cette histoire de "Sang Real" et encore, parce que tu l'as mentionnée.

En clair donc, ce n'est absolument pas un roman qui m'a marquée. Je suppose que le fait qu'il ne m'ait pas fait bondir sur certains points joue pas mal...J'ai peut-être relevé un ou deux détails qui m'ont semblé un peu moyens, bancals, mais comme je suis partie sur l'idée que de toute façon, c'était un roman, donc que ce qui était avancé était fictif, je pense que c'est mieux passé. Ceci dit, c'est toujours intéressant de savoir à quel point tout ça était faux, donc si tu as d'autres explications à nous faire partager Scieszka...^^

Ceci étant dit, c'est donc à mon sens un bouquin qui se laisse lire, pas compliqué dans le style, pas difficile à comprendre, mais c'est à peu près tout. En gros, ce n'est pas un livre que je recommanderais, sauf si vraiment on a rien d'autre à lire : en terme de qualité littéraire, il ne valait certainement pas tout le bruit qu'il a provoqué...
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Message par Starman Dim 24 Mai 2009 - 11:42

L'Infâme s'insurge! L'Infâme est outré! L'Infâme ne laissera pas passer cette concurence déloyale où, non seulement la bougresse donne des vrais arguments, mais en plus elle se documente sur son sujet!
....
Bref, tout ca pour dire que tout cela me paraît plus ou moins juste, même si je ne savais pas tout ce que tu as dit (je peux néanmoins confirmer pour les questions en rapport avec l'Angleterre, où je sais pas trop ce que Danny a fumé avant d'écrire). Après, je n'ai pas lu ce... truc (comme beaucoup de ces best-sellers).

Pour ma part je vais évoquer un livre sorti relativement récemment que l'on nomme Conan le Cimmérien, écrit aux alentours des années 20-30 par Robert E Howard ( l'imprécision au sujet de la date vient du fait qu'il s'agit en réalité d'une série de nouvelles). Ces nouvelles ont été publiées à l'époque dans une série de magasines pulps , det chacune d'entre ele est totalement indépendante des autres, au point qu'elles ne s'inscrivent pas dans un quelconque ordre chronologique (la première débutant alors que Conan...est Roi d'Aquilonie: autant dire que cela surprend). Et, me concernant, c'est un très bon point, car cela permet de montrer de nombreux aspects de l'univers, tout en permettant une grande liberté narative. Ainsi, l'une des nouvelles est écrite comme une nouvelle policière façon Sherlock Holmes (si l'on veut), où un groupe de gardes doivent enquêter sur le meurtre d'un des leurs, avec Conan comme principal suspect.On le retrouve ainsi mercenaire, voleur, pirate...
Un autre bon point de l'oeuvre est la création d'un univers plutôt intéressant. Présenté comme s'intercalant entre l'Histoire connue et le peu que nous savons de la Préhistoire, cet Âge oublié présente des civilisations corrompues et dépravées. Seul Conan paraît faire exception à cette déchéance, car c'est un barbare venue des rudes contrées de Cimmérie.
Car, comme bien souvent en fait, le personnage originel n'a que peu de liens avec l'image d'épinal qu'en gardera le public. Il n'est pas un grand béta plein de muscles, mais une bête fauve, souple et rapide, faisant preuve d'intelligence, mais d'une intelligence pratique, fondée sur du concret ce qui explique souvent qu'il comprend mal les lois civilisées qui, dans l'oeuvre du moins, est souvent basée sur des raisons abstraites en rapport avec d'obscures dieux. De même, s'il paraît être un bonvivant amateur d'alcool et de femmes, cela cache une mélancolie et une résignation face à la certitude qu'il ne peut compter sur personne. Cet aspect se ressent notamment dans son rapport à Crom, son dieu. Contrairement aux autres personnages des nouvelles, qui vénèrent un dieu en espérant obtenir sa protection, Conan sait qu'il n'a rien à attendre de Crom, qui se rit des malheurs des mortels.
Mais Conan a beau être le héros de l'histoire, il n'est pas un gentil. C'est un mercenaire.
Bien sur, le texte a vieilli sur de nombreux points, non pas tant au niveau du style, qui est agréable, simple et précis à la fois, mais au niveau de certains points, notamment des relents limite rascistes très fréquents à l'époque rappelons-le (et là, c'est moi qui passe pour un con après avoir critiqué ca dans le Seigneur des Anneaux^^). Mais cela reste limité à certaines nouvelles, dans l'ensemble ca ne gêne pas.
Bref, une agréable surprise.
Voici un petit extrait:
« Sache, ô Prince, qu’entre l’époque qui vit l’engloutissement de l’Atlantide et des villes étincelantes, il y eut un Âge insoupçonné, au cours duquel des royaumes resplendissants s’étalaient à la surface du globe… Le plus illustre était l’Aquilonie, dont la suprématie était incontestée dans l’occident rêveur. C’est en cette contrée que vint Conan le Cimmérien, cheveux noirs, regard sombre, épée au poing, pour fouler de ses sandales les trônes constellés de joyaux de la Terre. »
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Message par Scieszka Dim 24 Mai 2009 - 13:08

Starman, à quand une revanche en forme de chronique de l'Infâme consacrée aux complotites aiguës? J'dis ça, j'dis rien, hein... Les lectures à recommander aux autres - ou pas 776464

Dis donc, ton bouquin, ça donne vraiment envie de le lire! Je vais voir si j'arrive à le trouver, ça m'intéresse.

Sinon, Yoko, sur quoi exactement veux-tu des précisions? Le but de ma chronique n'était pas non plus de démonter toutes les impostures de Brown, mais de montrer à quel point il prend prétexte de la fiction pour écrire n'importe quoi et prendre les gens pour des imbéciles, ce que j'ai qualifié d'escroquerie intellectuelle. Pour moi, quand on inscrit une fiction dans un cadre réaliste, on ne peut jamais s'affranchir totalement du vraisemblable (sauf quand on s'appelle Umberto Eco, mais ça n'est pas donné à tout le monde, et surtout pas à Brown). Les précisions, tu les veux en privé, dans un nouveau sujet "descendons Brown en choeur", ici? C'est comme tu veux!
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Message par Lena Dim 24 Mai 2009 - 13:20

Je sais pas, tu parlais hier de l'Opus Dei, ça m'intéressait...mais on peut voir ça sur un autre sujet ou sur msn, comme tu le sens ^^

Ceci étant dit, et puisque tout le monde semble s’y mettre, je vais à mon tour vous parler d’un roman que j’ai lu il y a quelques temps. Ce n’est pas mon préféré, loin s’en faut, mais j’ai bien aimé le sujet traité. Il s'agit de L’Echelle de Darwin, écrit par Greg Bear. Il peut se classer, je pense, dans les romans de science-fiction (eh non, pas fantasy, j’ai fait un effort...) et parle...en gros de génétique et d’évolution.

L’histoire commence quand un paléontologue découvre une famille dans les glaces d’une grotte des Alpes, ensevelie depuis plus de dix mille ans. Là où les choses commencent à devenir étranges, c’est que si le père et la mère sont clairement néandertaliens, le fils (et il n’y a aucun doute là-dessus, c’est leur fils) est un homo sapiens. Pour mémoire, je rappelle que néandertaliens et homo sapiens sont deux espèces différentes, en théorie incapables de se croiser, car ne possédant pas le même matériel génétique (nombre de chromosomes différent il me semble).
Parallèlement à ça, une généticienne découvre que dans notre génome se cache d’anciens virus jusque là inactifs, tandis qu’une maladie se met à frapper l’espèce humaine, se manifestant chez les femmes par des fausses couches systématiques. La question que va-t-il advenir de l’humanité est dans tous les esprits...

Voilà pour le résumé, je n’en dirai pas plus, des fois que certains aient envie d’y jeter un œil. Passons à l’avis...Au niveau de la forme, je n’ai pas grand-chose à redire, ça se lit relativement facilement, même si ça reste peut-être un peu délicat sur certains passages techniques (encore que...le petit lexique à la fin du bouquin aide pas mal à comprendre je pense). Certains passages étaient peut-être un peu longuets, mais rien de bien méchant.
Si l’histoire en elle-même (la rencontre entre le paléontologue et la généticienne et ce qui en découle notamment) est cousue de fil blanc et est sans doute loin d'être la plus prenante que j'ai jamais lu, j’ai trouvé la théorie avancée sur l’évolution et la réflexion portée sur l’espèce humaine particulièrement intéressantes. L’auteur s’est bien documenté avant d’écrire son roman, et ça se voit : sa théorie est ainsi tout à fait crédible (pas forcément vraisemblable, mais crédible). Je ne rentrerai pas trop dans les détails –je sens que j’ai déjà perdu tout le monde-, mais dans le roman, l’évolution ne se ferait pas progressivement mais par bond. Cette hypothèse avait déjà été avancée (et des cas d’évolution rapide ont déjà été observés, chez des lézards me semble-t-il, je ne sais plus où) mais l’explication qu’il propose est, je crois, originale, et plutôt bien trouvée.
Ensuite est-ce que je conseillerais ce livre...Si le sujet vous intéresse un peu, je pense qu’il vaut le coup d’œil. Ensuite, comme je ne suis pas persuadée que ce soit le cas, je vous laisse voir...


Petit plus, concernant l’évolution : j’ai acheté récemment un dossier du magazine Pour la science (avril-juin 2009) intitulé « L’évolution, rien ne l’arrête ! ». Ce dossier est bien entendu un hommage à Darwin, et un point sur son fameux « L’origine des espèces », paru il y a tout juste 150 ans cette année. Le magazine présente un peu la naissance de cette théorie, ses dérives (darwinisme social). Le créationnisme est bien entendu abordé, et un point est fait sur la validité de la théorie de Darwin, considérant les connaissances actuelles. Il y a également quelques articles (que je n’ai pas eu le temps de lire encore) concernant la part des gènes et celle de l’environnement sur l’évolution, un point sur la notion d’espèce et un article sur la question « L’homme évolue-t-il encore ? ». Bon, je sais, ce n’est pas un roman. Je le conseille néanmoins sans réserve, il n’est pas très compliqué et est surtout très instructif. Pour la forme, et parce que ce post manque d'extraits (je n'ai pas le roman sous la main...) je vous mets un petit aperçu du magazine avec l’éditorial :

« Dans l’Odyssée, Homère raconte comment Ménélas et ses compagnons capturent Protée, divinité de la mer, pour le forcer à révéler comment ils peuvent rentrer chez eux après des années de guerre à Troie. Protée tente de leur échapper en se transformant d’abord en lion, puis en dragon, en panthère, en sanglier énorme, et encore en eau et en arbre. Mai les hommes le tiennent de leurs bras vigoureux, et le dieu finit par parler.
Comme Protée, le monde du vivant se transforme. Et comme le vieillard de la mer, il ne se laisse pas questionner facilement. Mais Darwin, tel Ménélas, a réussi à le faire parler. Il a sillonné les océans, accumulé les observations, mené des expériences, puis s’est accordé deux décennies de réflexion ; il a ainsi compris que les transformations du vivant cachent une grande unité et sont la clé de la pérennité. Tous les êtres vivants ont une ascendance commune, et chaque génération intègre de la nouveauté pour s’adapter aux changements de l’environnement. Les gènes proposent, la nature dispose.
Après Darwin, des générations de biologistes ont découvert comment s’élabore la nouveauté, et identifié divers mécanismes de sélection. Un grand nombre de disciplines – la paléontologie, la génétique des populations, l’étude des génomes, l’embryologie, l’écologie, l’éthologie, l’anthropologie, voire la psychologie – ont fait émerger de nouvelles idées et nourri la théorie de l’évolution. La vie est une odyssée, que les scientifiques n’ont pas fini d’écrire. »
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Message par Mélanie Mustang Lun 25 Mai 2009 - 16:34

Tout cela est super intéressant. J'aime bien cette chronique, ça me donne des idées pour mes prochains achats^^

Au sujet de Dan Brown, moi aussi j'ai lu le Da Vinci Code. Et je l'ai pris comme un roman au début, et ça se laisse bien lire, c'est vrai. Par contre, je crois que le truc qu'il aurait dû éviter de mettre c'est au début de son livre: Tout ce que vous pourrez lire ici est vrai!
Surtout quand on se renseigne un minimum, par exemple sur la pyramide du Louvres qui ne compte pas 999 carreaux comme il l'a écrit, mais un peu moins...^^
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Message par Scieszka Lun 25 Mai 2009 - 17:25

... S'il n'y avait que ça... *soupir*

Il paraît que les prêtres de Saint-Sulpice, au bout d'un moment, commençaient à en avoir ras-le-bol de voir débarquer un tas de touristes qui leur demandaient tous de leur montrer un détail inexistant dans l'église (magnifique d'ailleurs, et avec un orgue, un orgue... rhâ), parce qu'ils avaient lu Da Vinci Code... Il y a même eu une mode où des agences de voyage proposaient une visite de Paris fondée sur ce roman. Sur ce coup-là, on est tombés bien bas. Pauvre Léonard, au nom de qui on a associé cette monstruosité!

Mais bon, passons à autre chose. Comme je suis en forme, la prochaine fois, je vous dirai tout le bien que je pense de la Princesse de Clèves. Very Happy
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Message par Elladan Lun 25 Mai 2009 - 18:26

Moi je vous conseille tout les maxime Chattam et la petite phrase que j'adore dans l'un des ces bouquins :

"Je me suis rendus compte d'une chose , nos parents nous ont tous mentis ...
Les montres existent"

Références aux psychopathes en tout genre ^^
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Message par Scieszka Ven 29 Mai 2009 - 21:14

Bon, aujourd'hui, ce sera un classique... Presque le premier d'entre eux d'ailleurs en matière de roman, un roman fondateur écrit dans une prose éblouissante. J'ai cité la Princesse de Clèves, écrit par Marie-Madeleine de La Fayette, publié pour la première fois en 1678, à l'époque du Roi-Soleil. Il commence ainsi:

La magnificence et la galanterie n’ont jamais paru en France avec tant d’éclat, que dans les dernières années du règne de Henri second. Ce Prince était galant, bien fait, et amoureux ; quoique sa passion pour Diane de Poitiers, Duchesse de Valentinois, eût commencé il y avait plus de vingt ans, elle n’en était pas moins violente, et il n’en donnait pas des témoignages moins éclatants.

Il y a tout: les intrigues, les rumeurs, les complots, l'amour, les plaisirs charnels, et la religion. De quoi faire un cocktail détonnant. Le contexte est celui de la cour d'Henri II, cour Renaissance à son apogée, lieu de luttes d'influences entre puissants, de rencontres, d'amitiés, avec ses trahisons et ses fidélités. On y croise Diane, la maîtresse du roi, et Catherine, son épouse légitime, qui mettent en avant leurs favoris; on y croise également d'autres personnages historiques, comme Marie Stuart, qui a épousé François, l'héritier du trône, et qu'on appelle la "reine-dauphine", parce qu'elle est reine d'Ecosse et épouse du Dauphin.

Mme de La Fayette a une plume tantôt grand style, qu'elle maîtrise particulièrement bien, tantôt tragique, tantôt lyrique; mais elle sait tout aussi bien la rendre ironique, mordante et incisive, parfois jusqu'à la vacherie. Je vous laisse apprécier:

Les couleurs et les chiffres de Madame de Valentinois paraissaient par tout, et elle paraissait elle-même avec tous les ajustements que pouvait avoir Mademoiselle de la Marck sa petite-fille, qui était alors à marier.

Traduction: cette vieille peau de Diane, qui a la cinquantaine bien tassée, n'a pas peur de se fringuer comme une jeunette de seize ans. Vous voyez, déjà, au XVIe siècle...

Au milieu de tout ça, une grande passion amoureuse. Car la Princesse de Clèves reste avant tout une belle histoire d'amour. Mais d'un genre un peu particulier: ça va vous changer de Bridget Jones ou de Cendrillon, vous allez voir...

Qui est donc cette fameuse princesse de Clèves? Au départ, c'est la fille du vidame de Chartres, appartenant donc à la haute noblesse française. Lorsqu'elle a l'âge de se marier, elle fait son entrée à la Cour, sous la houlette vigilante de sa mère, Mme de Chartres. Je vous passe les détails, parce que l'intrigue comporte beaucoup de rebondissements, mais en gros, sa famille est victime d'un complot qui en fait un parti peu enviable alors qu'elle pouvait prétendre à tout peu de temps auparavant, et sa mère cherche à bien la marier quand même. Jusque-là, rien d'extraordinaire, me direz-vous. Sauf que le prince de Clèves, qui l'a rencontrée chez un joailler, tombe éperdument amoureux d'elle: il demande et obtient sa main.

Vous me direz que les grandes passions conjugales, bof. Oui, certes, mais il se trouve que Mlle de Chartres, qui devient donc princesse de Clèves par son mariage, n'est pas amoureuse de son mari, qui fait pourtant tout pour. Elle le respecte néanmoins beaucoup, et là est le nœud du roman.

Quelques temps après son mariage, la princesse rencontre le duc de Nemours. Coup de foudre. Catastrophe. Bin oui, catastrophe: la princesse a une haute idée des valeurs morales, de ce qu'elle est, et de la fidélité. La plus grande partie du roman va donc être l'histoire d'une lutte contre elle-même pour dominer sa passion, cette lutte culminant avec le moment où elle avoue à son mari être amoureuse du duc de Nemours... qui entend tout, parce qu'il est planqué pas loin. Résultat des courses, Nemours est transporté de bonheur parce qu'il sait qu'elle l'aime, mais il est aussi désespéré, parce qu'il sait qu'elle restera fidèle à son mari. Ce dernier, rongé par la jalousie, meurt à petit feu. Mais même après sa mort, la princesse refuse de céder à sa passion, et se retire dans un couvent.

Ce roman est donc un récit de la lutte sur soi-même pour dominer ses passions, et c'est passionnant. Les mauvaises langues affirment que c'est exactement pour cette raison qu'un certain Nicolas S. passe son temps à en dire du mal. Pour ma part, je remarquerais juste qu'arriver à faire de la lecture d'un truc pareil quelque chose de limite subversif, ils ont quand même été très forts. Il n'en reste pas moins que ce bouquin est passionnant à lire, et que, quoique la morale sociale ait pas mal changé depuis le règne de Louis XIV, il nous parle toujours de ce qui fait un être humain, ce qui différencie un homme civilisé d'une bête sauvage, mais aussi de nos relations avec les autres, et de ce qu'elles révèlent de nous.

En bref: lisez-le!

PS: en guise d'amuse-gueule, je vous mets le lien vers les inventions des étudiants de Paris I qui ont formé un collectif qui s'appelle "Princess of Clèves" dans le cadre du mouvement des universités actuel. Ils ont fait deux clips assez drôles, qu'ils ont mis sur dailymotion.

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Message par Mélanie Mustang Sam 30 Mai 2009 - 5:26

Je l'ai chez moi ce livre (une vieille édition) mais je ne l'ai pas encore lu. Je crois que je vais m'y mettre bientôt, ton résumé m'a donné envie de le découvrir de la première à la dernière page!
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Message par Scieszka Dim 31 Mai 2009 - 10:09

Bin si mes résumés te donnent envie de lire les livres dont je parle, tu m'en vois ravie! C'est un beau compliment que tu me fais.

Bonne lecture, et régale-toi bien! Smile
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Message par Scieszka Jeu 25 Juin 2009 - 21:45

Rhââ, ça fait trop longtemps que je n'ai pas eu le temps de vous concocter une bonne petite chronique de derrière les fagots! Bon, ce n'est pas encore ce soir que je vais y arriver, malgré toute ma bonne volonté.

Quand je reviendrai dans dix jours, je vous parlerai du Blind Assassin (l'Assassin aveugle) de Margaret Atwood. En attendant, je vous laisse la place et carte blanche! Soyez sages! What a Face
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Message par Mélanie Mustang Ven 26 Juin 2009 - 15:18

Ah chouette!!! J'ai hâte d'y être!!^^
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Message par Scieszka Mar 28 Juil 2009 - 10:05

Bon, heu, hum... Les dix jours se sont un peu transformés en un mois, mais on va dire que c'est pas grave. L'été, le temps passe plus vite, et on se demande où il a filé...

Donc, comme promis, voici ma chronique sur The Blind Assassin, ou Le Tueur aveugle pour les rétifs à la langue de Shakespeare.

The Blind Assassin, paru en 2000 (traduit en français sous le titre Le Tueur aveugle, Laffont, 2002 – il existe aussi diverses éditions de poche, notamment dans la collection 10/18), est le roman de Margaret Atwood que j’ai préféré. C’est, comme dans Lady Oracle, une construction très complexe, qui repose essentiellement sur le flash-back. L’auteur adore ça… Je l’ai croisé dans tous les romans que j’ai lus d’elle.

Pour ce qui est de l’histoire, Iris Chase, épouse Griffith, née début juin 1916, décédée en mai 1999 à l’âge de 83 ans, en est l’héroïne, et la narratrice principale. Elle appartient à l’aristocratie locale : son grand-père, Benjamin Chase, a fondé en 1870 l’usine de boutons qui fait vivre une bonne partie de la ville, et a épousé Adelia, une aristocrate de Montréal ; son père, le capitaine Norval Chase, quant à lui, est l’héritier de ce complexe industriel aussi bien qu’un héros de la première guerre mondiale. Sa mère, qui n’est pas nommée, meurt en couche alors qu’elle n’a que neuf ans – et sa sœur, six. Iris et Laura sont alors élevées par leur gouvernante, Rainee. Alors qu’elles grandissent et sont éduquées selon leur position sociale, deux événements viennent fragiliser la fortune familiale : les difficultés de l’après-guerre, où, malgré la chute des ventes, Norval Chase se refuse à licencier, et la Grande Dépression de 1929. Les deux sœurs devenues adolescentes assistent à la lente dégradation de la splendeur d’Avilion : bientôt, Rainee, au départ femme de chambre, est l’unique domestique de la maison dont la plus grande partie est désormais condamnée, tandis que le jardin n’est plus entretenu ; le quotidien, après la crise de 1929, est désormais fait de restrictions alimentaires et de vêtements raccommodés.

Lorsque Norval Chase finit par être contraint de fermer temporairement ses usines, les tensions sociales éclatent, sur fond de montée des idées marxistes. C’est alors qu’entre en jeu Alex Thomas, jeune idéologue et agitateur, qui fait connaissance des sœurs Chase lors d’un pique-nique. Cependant, lorsque le feu est mis à la fabrique de boutons, Norval Chase est acculé à la faillite : la seule porte de sortie qui lui est laissée est le mariage de sa fille aînée Iris, qui a alors 19 ans, à son principal concurrent, le très riche Richard Chase de Toronto, 35 ans, qui absorbe les usines Chase sinistrées pour les liquider proprement. Peu après le mariage, Norval Chase se suicide, laissant ses deux filles aux soins de Richard Griffith.

L’intrigue se noue à partir de ce point. Richard compte sur Winifred Griffith Prior, son omniprésente sœur, et également sur son épouse plus ou moins réduite au rôle de pot de fleurs, pour soutenir ses ambitions sociales et bientôt politiques. La brillante Winifred semble tout mener de main de maître, prenant en charge la représentation sociale d’Iris et Laura, qui tiennent docilement le rôle qu’elle leur attribue. Cependant, sous le vernis social lisse et sans aspérité se cachent de féroces animosités, entre Iris et Winifred surtout, le rôle de Laura, laquelle est enfermée un temps dans une « clinique », restant obscur jusqu’au rebondissement final. Lunatique, la jeune femme finit par se suicider en 1945, à 25 ans, dans un accident de voiture, après avoir disparu quelques temps. Peu de temps après sa mort paraît un roman, The Blind Assassin, qui mêle une histoire à la croisée de la science-fiction et de l’héroïc fantasy et une liaison amoureuse clandestine narrée à la troisième personne du singulier, qu’on devine être celle de l’auteure. Ce roman est salué par la critique, et se trouve à l’origine de la fondation d’un prix, le Prix Mémorial Laura Chase pour la Création Littéraire. Cependant, au sein de la famille Griffith, il n’est guère apprécié…

L’intrigue se construit donc autour des souvenirs d’Iris Chase Griffith à la veille de sa mort, souvenirs dans lesquels sa sœur occupe une place essentielle, entremêlés d’extraits du roman mis en abyme qui donne son titre à l’ensemble du récit… Ainsi, entre les réminiscences des splendeurs d’Avilion, de sa décadence, puis de la vie d’Iris en tant que Mrs Griffith, le récit de la passion clandestine qui unit l’auteure du Tueur aveugle à un homme qu’on devine peu à peu être Alex Thomas, et les éléments de science-fiction narrant les aventures d’un assassin aveugle et d’une vierge sacrificielle dans un univers parallèle, les cadavres sortent un à un des placards de la famille Chase-Griffith, tandis qu’on découvre les rôles des uns et des autres, et surtout, les raisons de la mort de Laura et la guerre entre Winifred et Iris, dont les principaux objets sont Aimee Griffith, la fille d’Iris, et Sabrina Griffith, sa petite-fille dont elle attend le retour. Cela forme une tragédie à huis clos qui dépeint avec férocité la tyrannie de l’apparence qui régit les milieux de la haute société, et ses conséquences. Le pouvoir et l’argent, leur attrait, leur nuisance et leurs conséquences sont évoqués sans complaisance, ainsi que la loi du silence qu’ils imposent – surtout aux femmes.

Voici un extrait qui me semble bien donner le ton sans pour autant dévoiler d’éléments-clefs de l’intrigue (la traduction est de moi, je ne dispose que de l’édition en anglais) :

Le docteur tapota mes côtes et épia mon cœur, fronça les sourcils puis dissimula ce froncement de sourcils, et ensuite – alors qu’il s’était déjà fait une opinion là-dessus – il me demanda si je me sentais bien. Je suis persuadée qu’il a fait quelque chose à ses cheveux – assurément, il les avait auparavant moins fournis au sommet du crâne. S’était-il laissé aller à se coller des mèches pour regarnir son cuir chevelu ? Ou pire, une transplantation ? Aha, me dis-je. Malgré votre jogging et le poil de vos jambes, le poids des ans commence à se faire sentir. Bientôt, vous allez regretter tout ce bronzage. Votre visage va ressembler à un testicule.

Toutefois, il était d’humeur agressivement blagueuse. Au moins, il ne dit pas « Comment allons-nous aujourd’hui ? » Il ne m’appelle jamais « nous », comme le font certains d’entre eux : lui, il comprend l’importance de la première personne du singulier.

« Je n’arrive pas à dormir, lui dis-je. Je rêve trop.
- Eh bien, si vous rêvez, c’est que vous devez dormir, répondit-il, dans l’intention de faire un bon mot.
- Vous savez de quoi je parle, repris-je d’un ton sec. Ce n’est pas la même chose. Les rêves me réveillent.
- Vous buvez du café ?
- Non, mentis-je.
- Ça doit être la mauvaise conscience. »

Il était en train de rédiger une ordonnance, sans aucun doute pour des pilules de sucre. Il gloussait dans son coin : il pensait avoir été plutôt drôle. Passé un certain point, les ravages de l’expérience s’inversent ; on associe l’innocence à un âge avancé, ou du moins, c’est ce qui se passe dans l’esprit des autres. Ce que le docteur voit quand il me regarde, c’est une vieille bique intellectuelle, donc irréprochable.

J’ai choisi un passage où Iris narre son quotidien de vieille dame. Comme vous pouvez le constater, elle est sans complaisance aucune : ni pour son âge à elle, ni pour celui du docteur qui cherche à cacher les premiers signes de la vieillesse, ni pour son époque. On pourrait dire qu’elle est aigrie. L’évocation des rêves est un renvoi direct à ce qui fait l’essentiel du roman : la vie passée d’Iris, ses guerres et ses tourments qui en sont hérités…

Bonne lecture !
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Message par Antonidas Jeu 24 Sep 2009 - 9:52

Scieszka je viens enrichir ton topic ,
voici un beau poème que nous a offert un prof et qui me suis depuis deja un an , enjoy :p


Il meurt lentement

celui qui ne voyage pas,

celui qui ne lit pas,

celui qui n’écoute pas de musique,

celui qui ne sait pas trouver

grâce à ses yeux.

Il meurt lentement

celui qui détruit son amour-propre,

celui qui ne se laisse jamais aider.

Il meurt lentement

celui qui devient esclave de l'habitude

refaisant tous les jours les mêmes chemins,

celui qui ne change jamais de repère,

Ne se risque jamais à changer la couleur

de ses vêtements

Ou qui ne parle jamais à un inconnu

Il meurt lentement

celui qui évite la passion

et son tourbillon d'émotions

celles qui redonnent la lumière dans les yeux

et réparent les coeurs blessés

Il meurt lentement

celui qui ne change pas de cap

lorsqu'il est malheureux

au travail ou en amour,

celui qui ne prend pas de risques

pour réaliser ses rêves,

celui qui, pas une seule fois dans sa vie,

n'a fui les conseils sensés.

Vis maintenant!

Risque-toi aujourd'hui!

Agis tout de suite!

Ne te laisse pas mourir lentement!

Ne te prive pas d'être heureux!



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Message par Scieszka Mer 20 Juil 2011 - 23:29

Ouh làlà, ça faisait combien de temps que je n'avais pas posté par ici? Euh... en fait, je crois qu'il ne vaut mieux pas essayer de compter.

Bon, ce soir, je vais essayer de faire bref, mais de vous donner envie quand même. Vous ai-je déjà dit qu'en matière de littérature contemporaine, j'accrochais beaucoup plus aux auteurs du monde anglo-saxon qu'à ceux du monde francophone? Je n'ai jamais pu lire vraiment sérieusement Amélie Nothomb...

Bon, j'imagine que tout le monde a entendu parler de Salman Rushdie et de ses Versets sataniques? Eh bien, figurez-vous que c'est un auteur formidable, qui a écrit plein d'autres choses intéressantes.

Il y a quelques mois, j'ai lu L'Enchanteresse de Florence, 2008, traduit, disponible dans toutes les bonnes librairies. Ça a été une excellente découverte (je n'avais encore jamais lu de Rushdie).

L'intrigue se situe principalement dans l'Inde moghole, au XVIe siècle. Akbar le Grand, tout-puissant empereur des Indes, se souvient de l'arrivée à sa cour du mystérieux Mogor dell'Amore, Italien blond comme les blés, vêtu d'un excentrique manteau façon Arlequin et porteur d'une lettre de la reine Elizabeth d'Angleterre. Ce dernier, en se présentant sous le titre insolent de "Mogor dell'Amore", ou Moghol né de l'amour, hors des liens du mariage, se prétend l'oncle de l'empereur, fils de l'Enchanteresse de Florence, princesse perdue de la cour moghole et magicienne aux pouvoirs extraordinaires. L'empereur est d'abord furieux, mais grâce aux arts subtils d'une prostituée répondant au sobriquet de "Squelette", le Mogor dell'Amore réussit à le persuader d'écouter d'abord son histoire. Et il la raconte, fascinant progressivement l'empereur, sa cour et sa capitale tout entière.

C'est un récit merveilleux au sens propre du terme, où on ne sait plus bien où est la frontière entre le rêve, le magique et le monde réel, où les destinées de l'Inde croisent les puissances perses et ottomanes, et se mêlent aux soubresauts de la politique florentine. Le monde qui s'échappe de la plume de Rushdie est un monde où le rêve d'un puissant de ce monde peut prendre corps en la personne de son épouse préférée Jodha, fruit de l'imagination de l'empereur qui vit et parle mais est invisible aux yeux de tous, où un peintre peut tomber à ce point amoureux du sujet de son art qu'il finit par disparaître dans la toile pour s'y fondre avec la représentation, où le pouvoir d'évocation musicale d'un chanteur peut provoquer un incendie, tout cela dans la belle ville de Sikri, cité des rêves, bâtie du jour au lendemain et abandonnée aussi vite... On ne sait pas bien si l'enchanteresse du titre est une sainte ou une sorcière, ni si elle possède un véritable pouvoir magique ou si sa seule beauté est capable de provoquer une véritable hallucination collective. Dotée d'un double appelé le Miroir avec laquelle elle partage tout, y compris ses amants, l'enchanteresse prend en arrivant en Occident le nom d'Angélique, princesse de Cathay, ce qui fait référence à un cycle majeur de la littérature italienne de cette époque (Roland amoureux, et surtout, la suite, le Roland furieux de l'Arioste, qui a profondément marqué tous les arts occidentaux pendant plusieurs siècles, et qui est à la littérature italienne ce que peuvent être Molière et Racine réunis pour la littérature française).

D'autre part, Rushdie navigue entre les évocations historiques: le récit principal se déroule avec pour trame de fond, pêle-mêle:
- la puissance maritime anglaise naissante,
- les explorations des marins occidentaux dans les mers asiatiques et les missions religieuses dans les empires d'extrême-orient,
- l'affermissement de la domination moghole en Inde,
- les luttes de pouvoir entre les empires perse et ottoman,
- la cour de Mehmet II, conquérant de Constantinople, et les luttes de pouvoirs entre ses fils Bajazet et Sélim,
- Florence avec Savonarole, les Médicis, Laurent le Magnifique, Jules II (le mécène de Michel-Ange) et leurs successeurs, les Vespucci, Simonetta qui fut l'amante de Julien de Médicis et le modèle de Sandro Boticelli et de Piero di Cosimo, et son cousin par alliance Amerigo, qui n'a pas découvert l'Amérique mais lui a donné son nom, et Nicolas Macchiavel,
- Andrea Doria, amiral de Gênes, un des plus fameux condottiere de la Renaissance, personnage essentiel dans l'histoire de l'Italie de cette époque,
- l'Amérique justement, monde étrange et lointain où le temps ne s'écoule pas de la même façon, un monde qui n'a pas encore pris forme, qui est façonné progressivement par la soif d'or des hommes de l'Ouest...

Rushdie mélange tout ça dans une sorte de grand shaker, et construit un conte, un très beau conte, où l'on adore se perdre, et par lequel on se laisse envoûter très volontiers. La vie de Sikri l'orientale, ses mystères, ses merveilles, ses bassesses et ses intrigues s'entrecroisent avec le récit extraordinaire du jeune narrateur, et peu à peu, leurs destins se lient pour créer un monde où le magique semble bien exister, mais dans quelle mesure et comment? Qui est vraiment le Mogor dell'Amore? Mérite-t-il de prendre le titre qu'il revendique? Qu'appelle-t-on magie? Quel est le pouvoir des rêves sur la vie elle-même? Et si les rêves ont un pouvoir sur la vie et la mort, quelle est la place de l'homme dans l'univers et par rapport à Dieu? Toutes ces questions sont soulevées, se confrontent, et trouvent des réponses complètes ou partielles, à charge pour le lecteur de choisir de croire ce qu'il veut.

Il y aurait encore beaucoup d'autres choses à dire, mais en conclusion, je ne dirai qu'une chose: lisez-le, c'est bien, et si vous pouvez, en VO, c'est encore mieux! Je n'ai pas parlé de la beauté de la langue dans laquelle ce roman est écrit, mais c'est très poétique, et le style se marie à merveille avec un récit plein de poésie, de rêves et de magie.
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Message par Starman Dim 24 Juil 2011 - 15:54

Mmm, ça a l'air intéressant, tout ça. Il faudra que j'essaie d'y jeter un oeil à l'occasion.
M'en "rappelais"' plus de cette rubrique, moi, d'ailleurs, faudra que je réfléchisse à la possibilité de rajouter quelque chose (ou pas^^).
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Message par Lena Jeu 18 Aoû 2011 - 21:14

J'en ai parlé à certains, j'avais dit que je passerai par ici pour parler du Cycle des Princes d'Ambre de Zelazny, donc...me voilà.

La série comporte dix tomes, divisés en deux grandes parties de cinq tomes chacune : le cycle de Corwin, dont le personnage principal et le narrateur est...Corwin, prince d'Ambre et personnage des plus charismatiques, et le cycle de Merlin (non, rien à voir avec la table ronde). Personnellement et pour l'instant, je n'ai lu que le premier cycle, que j'ai beaucoup aimé. Je vais essayer de vous en parler, en quelques mots et sans trop en révéler.

L'histoire repose avant tout sur ce principe : Ambre constitue le seul monde réel, tous les autres mondes ne sont que des reflets, des ombres de cette cité, de moins en moins fidèles à mesure que l'on s'en éloigne. La Terre, ou l'ombre Terre, est l'un de ces reflets, et c'est là que commence le premier tome.

Un homme amnésique y est enfermé dans un hôpital psychiatrique, aux Etats-Unis, à notre époque. Il s'évade assez rapidement (je suis désolée de vous gâcher le suspense pirat) et, sans récupérer immédiatement la mémoire, découvre qu'il a été enfermé là par sa soeur, Flora et qu'il se nomme Corwin. A coup de bluff, et avec l'aide de son frère Random, il réussit à rejoindre Ambre, où il recouvre la quasi totalité de sa mémoire. Il apprend ainsi qu'il est l'un des neuf princes d'Ambre et qu'il possède la faculté de voyager d'ombre en ombre, en plus d'être doté d'une force et d'une longévité hors du commun. Il apprend également que leur père, le roi Obéron, a disparu sans nommer d'héritier. Règne donc, parmi ses enfants, une ambiance de complots et de manigances, auxquelles viennent s'ajouter un Corwin, absent depuis longtemps, et qui aimerait assez accéder au trône.

Voilà pour l'idée générale. Pour moi, il y a deux aspects en particulier qui rendent ce cycle particulièrement original et très intéressant.
D'une part, il y a cette idée de mondes parallèles, qui font que le médiéval fantastique côtoie les références historiques ou contemporaines. On retrouve même certaines légendes celtiques au travers d'un passage par la légendaire Avalon ou par Tir Na Nog'th (tiré de Tir Na Nog, la terre de l'éternelle jeunesse dans la mythologie celtique irlandaise). Le tout donne un certain ressort au texte et enrichit considérablement l'univers, sans l'alourdir. L'un des deux moyens utilisés par les princes pour voyager d'ombre en ombre, les Atouts, est également très bien trouvé. Je vous laisse découvrir de quoi il s'agit.

D'autre part, il y règne cette ambiance particulière entre les princes et princesses d'Ambre, qui s'allient ou se trahissent au fil des évènements, sans toutefois oublier qu'ils sont tous (demi) frères et sœurs. Un passage du deuxième tome, Les fusils d'Avalon, me parait assez représentatif de cette ambiance :
« Malgré nos haines extraordinaires et nos petites rancunes, nous autres, Ambriens, avons l’esprit de famille à un degré surprenant. Nous cherchons toujours à avoir des nouvelles les uns des autres, à connaitre la position de chacun dans un tableau toujours changeant. Une pause pour échanger des potins a sans doute arrêté plus d’un coup fatal entre nous. Je nous imagine parfois comme une bande de vieilles mégères vivant dans quelque chose qui tiendrait à la fois de la maison de repos et la course d’obstacle. »
Sympathique n'est ce pas ?

Du reste, le style est simple, agréable à lire, le scénario est plus complexe qu'il n'y parait aux premiers abords, même si on reste sur quelque chose de relativement classique. Le tout n'est pas dépourvu d'un certain humour, qui ne gâche rien. Les personnages, surtout masculins, ont tous une personnalité bien marquée, ce qui fait qu'on s'y attache facilement. Corwin est sans doute l'un de ceux que j'ai préféré, mais j'ai aussi beaucoup aimé Benedict et Brand, Bleys aussi par certains aspects (ah, la montée des marches du Kolvir...) et Ganelon chez les hommes, Fiona et Dara parmi les femmes. Je n'en dirais pas plus, je vous laisse découvrir le reste par vous-même.

Pour conclure, je ne peux que vous encourager à...lire le cycle. Ben oui, quand même. Ça se lit bien et très (trop) vite, on peut se contenter du premier cycle, ce qui ne fait que cinq tomes, et c'est un classique du genre. Incontournable pour les amateurs, et quand même une bonne lecture pour les autres...
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Message par Mélanie Mustang Dim 4 Mar 2012 - 21:16

Alors! J'ai un livre à vous présenter!

Les lectures à recommander aux autres - ou pas Casano10

Casanova et la femme sans visage - une enquête du commissaire aux morts étranges
Auteur: Olivier Barde-Cabuçon
Publié chez Acte Sud


L'histoire:
1759: Le corps d'une jeune femme à qui l'on a arraché le visage est découvert dans les rues de Paris. C'est le Chevalier de Volnay, nommé Commissaire aux morts étranges par le Roi Louis XV dont il a sauvé la vie, qui se charge de l'enquête. Aidé de son assistant le Moine (qui ne possède pas de nom) -hérétique à souhait -, il va tenter d'élucider cette mort des plus étranges et qui intéresse énormément de monde: la Pompadour, le Comte de Saint Germain, la Confrérie du Serpent, le lieutenant général de police Sartine... Mais également le célèbre Casanova qui a découvert le corps de la malheureuse, Chiara d'Ancilla qui vient se présenter au Chevalier de Volnay comme une personne inquiète de la disparition d'une de ses amies...

Mon avis:
C'est un excellent roman. Haletant, plein d'humour, avec des personnages hauts en couleurs très bien décrits. On assiste à une enquête extrêmement intéressante qui mêle personnages fictifs et personnages historiques réels. Louis XV est ici décrit comme un monarque dévoré par l'ennui et la luxure, la Pompadour comme une femme de pouvoir prête à tout pour garder sa main mise sur le Roi, le Comte de Saint-Germain comme un être à part, mystérieux et exquis... Casanova est, comme on l'imagine, séducteur et manipulateur. Même s'il semble apprécier le Chevalier de Volnay, il fait tout pour séduire la seule femme qui semble capable de faire battre le coeur de Volnay, la jeune Chiara, belle comme le jour et qui s'intéresse à la philosophie et l'alchimie.
De nombreuses personnes tentent de perturber le cours de l'enquête dans leur propre intérêt, bien sûr.
Le style de l'écriture est fluide, agréable. C'est vraiment un livre à lire, palpitant jusqu'à la fin. Il y a des révélations jusqu'à la dernière ligne. Je vous le conseille vivement.

Ah! Et j'oubliais de vous dire, c'est un roman écrit par un très bon ami à moi^^
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Message par Macros Lun 16 Déc 2013 - 13:51

Allez, n'ayant jamais participé à ce topic, il était temps de combler cette lacune au plus vite.

Paris brûle t-il ?
Auteurs : Dominique Lapierre & Larry Collins


"Jodl, je dois savoir. Paris brûle t-il ? Paris est-il oui ou non en train de brûler ?"
Adolf Hitler

Il s'agit du récit, pratiquement heure par heure, de la Libération de Paris, s'appuyant sur les témoignages des acteurs de ces journées fatidiques. Les auteurs, puisant dans la quantité impressionnante des récits à leurs disposition, nous placent aussi bien dans la peau du général Leclerc que d'Ernest Hemingway, mais aussi dans celle du FFI réfugié dans sa cave, du soldat allemand en permission, de l'habitant vivant dans l'incertitude, ou du journaliste américain écrivant - par anticipation ! - le récit de la libération de la capitale. On assiste aux premières loges à la lutte d'influence entre le colonel Rol Tanguy, chef de la résistance communiste à Paris, et Alexandre Parodi, représentant du général De Gaulle. Aux dilemmes de l'état-major allié, hésitant entre victoire de prestige et impératifs militaires. Aux tiraillements du général Von Choltitz, commandant des forces allemandes à Paris, pris entre son devoir de soldat, les plaidoyers incessants de l'ambassadeur de Suède en faveur de Paris, et les ordres de plus en plus féroces lui parvenant du Führer. En donnant une voix aussi bien aux grandes figures de l'Histoire qu'aux anonymes ayant pris part aux événements, les auteurs nous permettent de ressentir une atmosphère oscillant entre espoir et crainte, le spectre de Varsovie, entièrement incendiée par les forces allemandes en retraite quelques semaines plus tôt, restant présent dans tous les esprits ; en nous narrant les joies et tragédies personnelles qui émaillèrent ces journées, ils brossent un tableau incroyablement vivant d'un épisode qui fait date dans l'histoire de la France.
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Message par Scieszka Lun 3 Fév 2014 - 20:50

Motivée par le visionnage des derniers Sherkock (ceux de la BBC, hein), j'ai eu envie de lire / relire les originaux. Je suis en plein dans A study in scarlet, la première apparition de l'ami Holmes (j'en suis au tiers, là, à peu près). Je ne manquerai pas de vous raconter ça!

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Message par Starman Lun 3 Fév 2014 - 21:17

C'est sympa les Sherlock Holmes. Je les avait tous lu il y'a un an ou deux.
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