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Amestrian Chronicles : Macros, la Genèse

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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 7:59

Non, rien à voir avec la Bible, je vous arrête tout de suite... ^^

Ok, dans un moment d'ennui, favorisé par les horaires universitaires légers, un éclair a traversé mon esprit: mon perso dans les fanfic de Maru est trop génial. Il faut que les gens sachent exactement à quel point! ^^
Plus sérieusement... Cette fanfic a pour but de retracer le parcours de Macros, alias Mark Shelley, depuis sa jeunesse jusqu'à son entrée dans la Hawk's Bite, au début de la deuxième saison de la fic de Marumushi. Les commentaires sont les bienvenus! Sur ce...


Amestrian Chronicles : Macros, la Genèse Marucopie8rvzq1

Chapitre 1: Des chemins séparés.

Deux silhouettes marchaient côte à côte sur la petite route de campagne, sous les dernières lueurs du crépuscule. L’une appartenait à un adolescent, d’une vingtaine d’années environ, cheveux blonds coupés courts. L’autre était celle d’un homme d’âge mur, portant barbe et lunettes, ses longs cheveux étant en queue de cheval. On lui aurait donné une quarantaine d’années, mais ses yeux étaient ceux d’un homme sans âge. Le plus jeune rompit le silence.

-Alors, vous devez vraiment partir ?

L’autre soupira, avant de répondre.

-Toute chose à une fin. Des deux dernières années ont été très agréables, mais il est temps pour moi d’aller vers de nouveaux horizons. Et toi aussi, il faut bien que tu commences à voler de tes propres ailes, Mark.
-Vous m’avez beaucoup appris, c’est vrai… Mais plus j’en sais, plus je me rends compte de ma propre ignorance… Il y a tant de choses à faire, et si peu de temps pour le faire…
L’homme eut un rire silencieux.
-Je me suis fait cette réflexion bien des fois ! Et pourtant, d’aucuns diront que le temps ne m’a pas manqué…
L’adolescent lui rendit son sourire.
-Je crains d’en avoir bien moins à ma disposition. Mais je devrais faire avec, j’imagine… Tenez, avant que vous ne partiez, j’aimerais vous montrer quelque chose…
Il s’agenouilla dans la poussière, traçant un cercle de transmutation sous le regard attentif de son aîné.
-Le symbole du ciel mêlé à celui de la terre ? C’est intéressant…
Le jeune homme termina son cercle, avant de déposer en son centre une lourde pierre. Il prit une grande inspiration avant de poser ses deux mains au sol, le cercle se mettant à briller, signe de l’utilisation de l’alchimie. La pierre trembla, avant de s’élever tout doucement dans les airs, flottant à une dizaine de centimètres d’altitude. Des gouttes de sueur perlaient sur le front de Mark, signe des efforts consentis pour maintenir l’effet. Au bout d’une dizaine de secondes, il relâcha sa concentration, laissant la pierre retomber à son emplacement initial.

-Impressionnant. Se servir de l’alchimie pour modifier une loi comme celle de la gravité… Une performance appréciable.
L’autre eut un sourire incrédule.
-Je ne pensais pas que vous seriez capable de deviner si vite. J’ai montré ce tour à l’alchimiste du coin et il a pensé à une simple manipulation de l’air autour de l’objet…
-Si il s’agissait simplement de l’air, l’espace autour de la pierre aurait été brouillé. De plus, la pierre restait parfaitement stable, alors qu’il aurait fallu une grande maîtrise pour maintenir la pression de l’air de manière à rendre un objet immobile. Enfin, il aurait été inutile de tracer le symbole de la terre si ça avait été le cas.
-J’imagine que c’était à attendre de la part d’un alchimiste multi centenaire. Toutefois je suis surpris que vous ayez entendu parlé de la théorie sur la gravitation. Elle n’est pas très répandue et encore assez récente…
-Les alchimistes sont des scientifiques. Ce qui signifie, et beaucoup ont tendance à l’oublier, que nous devons nous tenir au courant des développements des autres sciences que l’alchimie.
-Hmmm. C’est un bon conseil. Je ne l’oublierais pas.

Les deux hommes reprirent leur marche.
-Ceci dit, je ne sais pas trop à quoi peut bien me servir ce type d’alchimie. Maintenir un objet en état d’apesanteur me coûte presque toute mon énergie, et l’intérêt pratique est somme toute limité…
-Ne te décourage pas. Tu gaspilles encore beaucoup d’énergie dans cet exercice, un peu de pratique devrait améliorer tes résultats. De plus, la lévitation est sans doute l’exercice le plus difficile… Je pense qu’il devrait y avoir d’autres façons d’utiliser un tel type d’alchimie…
L’autre poussa un soupir.
-On dirait que j’ai du chemin à parcourir. En plus, je ne pourrais sans doute plus pouvoir bénéficier de vos conseils, maintenant…
Le plus âgé eut un petit sourire.
-Tu es quelqu’un d’intelligent, Mark. Tu sera capable de progresser par toi-même, j’en suis certain. Sur ce… Je pense que le moment des adieux est arrivé.

Les deux hommes étaient à présent face à face et échangèrent une dernière poignée de main.
-Nous reverrons nous ?
-Qui sait ? Mais ce ne sera pas avant longtemps, j’en ai peur. Adieu, Mark Shelley. Prend bien soin de toi.
-Adieu, Van Hohenheim. Faites bonne route.

Et sur ces mots, les deux hommes se séparèrent, chacun empruntant un chemin différent dans la pénombre naissante.
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:00

Chapitre 2: le temps de l'innocence

-Mark ! Je suis rentrée ! Tout va bien ?
-Tout va bien, maman !

Cela faisait trois mois que celui qui m’avait enseigné les bases de l’alchimie, Van Hohenheim, était parti. Depuis, j’avais étudié sans relâche pour me perfectionner. Je passais la majeure partie de mon temps dans la bibliothèque familiale, consultant les quelques ouvrages traitant de l’alchimie, j’en avais acheté la plupart moi-même. Et surtout… je m’étais fixé comme objectif de réussir le concours d’admission au rang d’alchimiste d’Etat, qui devait avoir lieu dans six mois. Beaucoup de mes amis m’avaient dit que j’étais encore un peu jeune, mais après tout, quelqu’un l’avait bien réussi à 19 ans… Si j’y parvenais, je n’aurais qu’un an de plus que lui. Et j’étais bien décidé à y arriver du premier coup.

Ma mère pénétra dans la bibliothèque.

-Oh, Mark, tu ne crois pas que tu devrais prendre un peu de repos ? Tu n’as plus quitté cette pièce depuis une semaine, à peine si tu prends le temps de manger ! Et je suis sûr que tu dors moitié moins que tu ne le devrais…
-Peut être, mais ça en vaut la peine. Je pourrais me reposer après avoir réussi cet examen.

J’entendis la voix de mon père, en provenance du salon, ou il devait être occupé à lire le journal.

-Bien dit ! Mais tu ne risques pas de réussir ton concours si tu t’évanouis de fatigue le jour de l’examen !
J’eus un soupir amusé.
-Très bien, je vous promets de prendre le temps de récupérer. Je finis cette étude et je sortirais prendre un peu l’air.

J’étais actuellement plongé dans une théorie sur le fonctionnement des divers cercles de transmutation, censée expliquer les différences de résultats en fonction des symboles employés. J’avais constaté, en discutant avec quelques alchimistes de passages, que beaucoup ne se donnaient même pas la peine de chercher à comprendre. Ca marchait, alors pourquoi chercher des explications compliquées ? J’avais souvent du mal à cacher ma mine atterrée devant ce genre de comportements. Les alchimistes sont « ceux qui recherchent la vérité », mais beaucoup se contentaient de jouir de leur talent sans même chercher à le comprendre. J’étais bien décidé à ne pas commettre une telle erreur.
Tout ceci me faisait penser… Qu’allais-je bien pouvoir présenter au concours ? L’examen écrit ne devrait pas me poser de problème, j’étais assez confiant en mes connaissances. Le passage à l’oral me préoccupait un peu plus, mais j’espérais pouvoir m’en tirer. Mais pour l’examen pratique… J’avais envisagé présenter une démonstration de mon alchimie « gravitationnelle », mais mes derniers essais n’avaient pas été concluants. Je continuais encore à dépenser trop d’énergie simplement pour maintenir un objet à un mètre du sol tout au plus. Et je n’avais pas encore réussi à trouver une autre application utile à cette alchimie. Pourtant, j’étais sûr que la solution était simple…

Plongé dans mes réflexions, je n’entendis pas la sonnerie de la porte d’entrée. En revanche, j’entendis clairement la voix de ma mère.

-Mark ! Nous avons de la visite ! Bellacqua est ici…

Cynthia ? Cette dernière entre dans la bibliothèque. Je me lève précipitamment, nettement plus vite que je ne l’aurais voulu.

-Salut Mark, j’espère que je ne te dérange pas trop, mais je passais dans le coin, alors…
-Mais pas du tout, pas du tout, j’avais fini de toute façon !

Mark, tu racontes n’importe quoi. Elle jette un coup d’œil à la pile de bouquins sur la table.

-Tu as l’air de prendre ça plutôt au sérieux, pas vrai ?
-Euh… oui, assez…

Vraiment n’importe quoi. Faut vraiment que tu te ressaisisses, vieux. Je prends mon courage à deux mains, avant de poser une simple question.

-Hum… Je t’offre un verre ?

Elle sourit, ce qui ne fait qu’ajouter à ma confusion.

-Avec plaisir.





Chapitre 3: La plume et l'épée

-Mark Shelley, c’est bien ça ?
-Oui monsieur.
-Bien. Je suis votre examinateur en ce qui concerne l’épreuve orale. Compte tenu de votre choix pour l’examen pratique, c’est également moi qui suis en charge de l’examen du dossier que vous nous avez confié.

Mon alchimie n’étant pas des plus spectaculaires, et ma maîtrise de la gravitation n’étant toujours pas au point, j’avais rédigé un épais dossier sur la théorie de la transmutation et sa mise en pratique. J’espérais qu’il serait à même d’impressionner mes juges… Mais pour le moment, mon examinateur ne semblait guère impressionnable. Advienne que pourra…

-Commençons. Pourquoi voulez vous devenir alchimiste d’Etat ?

Je choisissais soigneusement mes mots.

-Il y a plusieurs raisons. Tout d’abord, pour me prouver que j’en suis capable.
L’homme sourit.
-Intéressant. Mais j’attends vos autres motivations…
-Ensuite, intégrer les rangs des alchimistes à la solde de l’armée serait pour moi l’occasion de parfaire mes connaissances sur l’alchimie en général. L’accès à la bibliothèque de Central City, notamment, est une idée qui m’attire assez.
Je ne laissais pas le temps à mon examinateur de poser la question qui lui brûlait les lèvres.
-Toutefois, comme en toutes choses, il s’agit d’un échange équivalent. Je pense pouvoir être utile à l’armée, et, par là même, à notre pays. Après tout… Nous sommes au service du peuple, non ?

Mon interlocuteur sourit pour la seconde fois de l’entretien.

-Au service du peuple, oui… Et vous semblez ne pas manquer d’ambitions, ce qui est une qualité appréciable. Toutefois… Quelles sont vos compétences dans le domaine de la guerre, par exemple ?
-Je crains fort de n’en avoir aucune.
-Vraiment ? Pourtant, vous savez que les alchimistes d’Etat sont susceptibles d’être mobilisés à tout moment ?
Comme prévu, les tentatives de déstabilisation commençaient. C’était maintenant qu’il fallait être attentif.
-Je pense que l’armée n’a pas besoin que de combattants. Vous n’aurez aucun problème à en trouver, mais les alchimistes de formation scientifique avancée sont plus rares, et par conséquents plus précieux, vous ne pensez pas ?
Je venais de m’engager sur un terrain dangereux, mais il était trop tard pour faire marche arrière, à présent. L’homme qui se tenait en face de moi l’avait également senti, et son regard se fit plus pénétrant.
-Croyez vous ? Survivre sur un champ de bataille nécessite bien des qualités. En revanche, élaborer des théories derrière un bureau ou dans un laboratoire semble être assez… aisé, en comparaison. De plus, ce sont les soldats qui assurent la survie de notre nation, pas les scientifiques.
Cette fois, ce fut à mon tour de sourire. Il fallait surtout que je montre une image détendue.
-Disons que j’ai tendance à considérer que la plume est plus forte que l’épée. Je ne nie pas qu’un alchimiste doive faire preuve de grandes qualités lorsqu’il est jeté dans la bataille. Néanmoins, la force de notre nation ne dépend pas que de nos armes, mais aussi de notre avance scientifique. Et ce aussi bien en tant de guerre qu’en temps de paix. Je pense que nous pourrions prendre exemple sur l’usage que fait le pays de Xing de ses alchimistes –ou elixirologistes, comme vous préférez-, par exemple…

Au moment même ou je prononce ces mots, je me demande si je ne viens pas de commettre une erreur. Mentionner un pays étranger en exemple n’était peut être pas la meilleure chose à faire... D’ailleurs on me le fait clairement sentir. Mon interlocuteur adopte un ton dangereusement calme.
-Vous pensez donc que Xing fait un meilleur usage de l’alchimie que notre nation ?
Très bien, le tout pour le tout. La pire chose à faire serait de me désavouer maintenant.
-Pas exactement. Mais je pense qu’Amestris devrait accorder une place croissante à la recherche, aux divers moyens de perfectionner l’alchimie. L’armée tout comme la société civile en tireraient le plus grand profit.
-Un point de vue intéressant.
Je soupire intérieurement. On dirait que je m’en sors pas mal…
-Et vous pensez être à la hauteur de votre programme ?
Oh oh. J’aurais dû m’attendre à une attaque de ce coté. Là, il va falloir jouer serré…

-Je pense…Je pense pouvoir contribuer, dans la mesure de mes moyens, à une telle évolution. Après tout, vous avez vous-même souligné indirectement que mon profil était… atypique.
-Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il soit adapté à nos besoins.
Cette réplique ne nécessitait aucune réponse. J’attendais calmement –du moins extérieurement- la suite, qui ne tarda pas, en effet.
-Vous m’avez dit penser que la plume était plus forte que l’épée. Que répondez vous si je vous dis pouvoir produire un exemple contraire à cette théorie ?
-Je réponds que je demande à voir.
-Bien, dans ce cas, je vais prendre notre exemple.
Il sort un épais dossier de la sacoche posée à ses pieds. Mon dossier.
-J’ai parcouru avec attention votre démonstration sur les différences entre transmutations. Je dois d’ailleurs dire que j’ai été extrêmement intéressé.
-Je vous remercie.
-Toutefois… Avez-vous conscience que je pourrais, sur un simple caprice, décréter que tout ceci n’a aucune valeur ?
Je reste silencieux, et mon « juge » a un sourire satisfait.
-Vous voyez donc que l’épée peut défaire la plume, parfois.
Je réponds d’une voix très calme.
-Ce serait vrai uniquement si j’étais celui qui perdrait le plus dans l’affaire. Et je ne pense pas que ce soit le cas.

Mon interlocuteur semble pendant quelques instants estomaqués par une réponse aussi culottée. Je me demande si je n’en ai pas trop fait… Je viens quand même de lui dire clairement que je pensais que l’armée avait plus besoin de moi que moi de l’armée… Puis il éclate de rire, et je sais à ce moment que j’ai gagné.
-Ah ah ah ! Vous avez une haute idée de vous-même, non ?
Je réponds en souriant.
-J’aime à penser que j’ai une personnalité honnête. Toute fausse modestie peut être dangereuse, n’est ce pas ?
-Juste, juste !
Il commence à ranger ses différents papiers et se lève.
-Bien, je vous communiquerais les résultats au plus tôt. Je vous propose que nous nous revoyions le… disons le 24 ?
-Bien sû…. Attendez ! En fait je préférerais un autre jour, si ça ne vous dérange pas…
L’autre à un regard surpris.
-Pourquoi donc ?
Je fais un timide sourire.
-En fait, j’ai un mariage de prévu…
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:01

Chapitre 4: Un avenir radieux

J’étais à nouveau face à mon examinateur. Celui-ci me tendit une enveloppe… Avant de jeter un objet dans ma direction, que je saisis au vol. Une montre en argent.

-Félicitation, vous avez été jugé digne de recevoir le titre d’alchimiste d’Etat, ainsi que les droits et devoirs liés à cette fonction. Bien que votre alchimie ne soit ni destructrice, ni particulièrement impressionnante, vos capacités intellectuelles peuvent effectivement nous être plus utiles qu’un nouvel alchimiste combattant.
Je parvins à maîtriser l’excitation que je ressentais en ce moment même et garder une apparence de calme.
-Merci monsieur.
Il fit un sourire ironique.
-A partir de maintenant, ce sera mon colonel, alchimiste de l’esprit.
Ah ? C’est ça mon surnom ? J’aurais pu tomber plus mal… J’esquissais un salut militaire en souriant.
-Oui mon colonel !
Il eut un soupir amusé, avant de se saisir d’un feuillet traînant sur son bureau.
-Voyons… Vous avez été assigné à l’équipe de recherche du premier laboratoire. Vous serez l’adjoint du docteur Gomez, le responsable des projets. J’attends beaucoup de votre part, Shelley !
-J’essaierai de ne pas vous décevoir, mon colonel.

J’étais encore en train d’intégrer la nouvelle. J’avais réussi. Je faisais à présent partie de l’élite des alchimistes de la nation. De nouvelles perspectives s’offraient à présent à moi… J’avais réussi ! C’était comme si je pénétrais dans un nouveau monde… La voix de mon examinateur… non, de mon supérieur, à présent… me rappela à la réalité.

-Présentez vous à cette adresse dans trois jours. L’enveloppe que je vous ai remise contient tout ce que vous devez savoir sur votre nouvelle situation. Si vous avez des questions, n’hésitez pas.
-Rien qui ne me vienne à l’esprit monsieur…. Euh, mon colonel, pardon.
-Allez, vous pouvez vous retirer, à présent. Et… Tous mes vœux de bonheur. Votre mariage est demain, si je ne m’abuse ?
Je réprimais un sourire.
-Vous avez bonne mémoire. Merci encore !

En sortant du bâtiment, je me sentis soudain plus léger. Toute la pression des derniers mois s’était envolée d’un seul coup… J’avais atteint l’objectif que je m’étais fixé. Et demain, je me mariais avec Cynthia. Qu’est ce qui pouvait aller mieux ?


***


Je descendais l’allée de l’église au bras de Cynthia. Les instants précédents, les vœux, l’échange des anneaux, le baiser… C’était comme si cela arrivait à un autre. J’avais encore du mal à croire à mon bonheur. C’était à peine si j’entendais les applaudissements et les compliments qui fusaient de toutes parts. Avoir autant de chance me paraissait presque une injustice.

-Mark, à quoi penses tu ?
Je souris.

-J’essayais de déterminer ce que je devais remercier. Un dieu, le destin, ma bonne étoile, l’univers ?
Cynthia étouffa un petit rire.
-Et si tu me remerciais moi ?
-Toujours !

Nous sortons de l’église, le ciel est d’un bleu éclatant. Comme il se doit de l’être en une telle occasion. Mon seul petit regret est que mon vieux maître ne soit pas dans l’assistance… Mais cette pensée est balayée par le torrent d’allégresse qui coulait en moi à chacun de ces instants.

Allo la Terre ? Il fait très beau, de là haut…





Chapitre 5: à la poursuite d'une légende

-Ah, Shelley. Merci d’avoir si rapidement répondu à ma convocation… Je sais que vos recherches vous accaparent presque entièrement…
Le colonel Bron, l’homme qui avait en charge de mon examen trois ans plus tôt, m’avait fait parvenir une missive demandant à me voir… Je n’avais pas la moindre idée de la raison de cette convocation, mais quelque chose me disait que cela devait être relativement important.
-C’est tout naturel, mon colonel. Y’aurait-il un problème ?
Il prit un ton apaisant.
-Aucun problème, vraiment. Nous sommes très satisfaits des résultats de l’équipe du 1er laboratoire… A vrai dire, vous avez dépassé nos attentes.
J’acceptais la tasse de café qu’il me tendit.
-Je vous remercie. Toutefois, vous ne m’avez pas fait venir exprès pour me donner une petite tape sur l’épaule et quelques mots d’encouragements, n’est ce pas ?
-Aaaah, toujours l’esprit vif, à ce que je vois. Non, effectivement, j’ai des instructions pour votre équipe.

Nous y voilà.
-Alors, de quoi s’agit-il ?
-Voyons… Si je ne m’abuse, vous avez écrit un traité il y a deux ans sur les divers moyens d’amplifier l’alchimie, je me trompe ?
-C’est exact. Je suis surpris que vous l’ailliez lu, d’ailleurs. J’y listais les moyens, en modifiant le tracé de certains cercles, comment améliorer les résultats d’une transmutation. Rien de révolutionnaire, en vérité… Juste de petites améliorations qui peuvent un peu faciliter la vie quotidienne d’un alchimiste.
-Oui, oui…
Il ne semblait pas avoir réellement écouté ce que je venais de dire.
-Mais si vous vous êtes intéressé aux moyens d’amplifier l’alchimie, vous avez forcément du vous pencher sur d’autres moyens de le faire, non ?
Hmmm ? J’ai du mal à saisir ou il veut en venir…
-Il n’y a pas beaucoup de moyens d’améliorer les effets d’une transmutation… A moins bien sûr de…
Je ne finis pas ma phrase. Alors c’est ça !
-A moins de posséder quelque chose, comme, disons… la pierre philosophale ? C’est cela que vous alliez dire, docteur Shelley ?
-Attendez… Vous me demandez de…
-Je vous demande, à vous et votre équipe, de consacrer la quasi-totalité de vos efforts sur le moyen de créer une pierre philosophale. L’ordre vient du généralissime lui-même.

Mon esprit se met à fonctionner à toute allure. Créer cet artefact légendaire ? Je fais une remarque distraite tout en continuant à méditer.
-Cela va coûter cher. Nous allons devoir partir de zéro…
-L’armée ne regardera pas à la dépense. Ce projet à la priorité absolue sur tous les autres. Alors, acceptez vous ?
Je le regarde comme si il venait à la fois d’insulter mes ancêtres et de maudire mes descendants.
-Mon colonel. Vous ne trouverez pas un seul alchimiste qui serait capable de refuser une telle proposition.

***

De retour au laboratoire, je repense à cette nouvelle orientation des recherches. J’avais souvent entendu parler de la pierre des rois, je savais même que Van Hohenheim en avait une en sa possession, bien que je ne l’aie jamais vue. Et si il avait été capable de la créer… Pourquoi pas moi ? J’étais toutefois assez lucide pour savoir que cela demanderait beaucoup de patiences et d’efforts. Il me faudrait sans doute plusieurs années pour réussir à déterminer comment créer un tel objet. Mais cela ne suffisait pas à doucher mon enthousiasme. C’était sans doute le plus grand défi qui pouvait être lancé à un alchimiste. Posséder la pierre ne m’intéressait pas. Mais la créer…
Ce qui m’amenait à un autre problème. Ce n’était pas le genre d’objet qu’on pouvait mettre entre toutes les mains. Est-ce que l’armée saurait prendre des mesures suffisamment efficaces pour préserver le secret ? Une pensée désagréable traversa mon esprit. Est-ce que confier la pierre à l’armée était une bonne chose ? Je chassais cette pensée. Les alchimistes d’Etat ont pour rôle de servir Amestris, tout ce qui pourrait les aider dans leur tâche doit être fait. De toute manière… J’avais beaucoup de travail devant moi, autant s’y mettre immédiatement. La seule pensée de la masse d’information que j’allais avoir à traiter suffit à me donner le vertige. Heureusement que je n’étais pas seul, sinon une vie entière ne me suffirait sans doute pas… Tant de choses à faire, et si peu de temps… Ca n’avait jamais été aussi vrai.
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:02

Chapitre 6: sombres secrets

L’effervescence s’était emparée de l’ensemble du personnel du 1er laboratoire à l’annonce de la visite du généralissime Halleck. L’arrivée de ce dernier pouvait à présent survenir d’une minute à l’autre. Cela faisait cinq ans que les recherches avaient débutées, et c’était la première visite officielle que nous recevions. Je croisais au détour d’un couloir le docteur Gomez, qui semblait peu apprécier la situation.

-Bon sang, quel cirque, franchement ! Comment veulent ils qu’on avance dans ces conditions !

Le docteur Gomez était le co-responsable du projet, et notre association s’était révélée efficace, jusqu’à présent. Je devais bien avouer que je partageais en partie son irritation, mais il allait falloir faire bonne figure devant les officiels… D’autant plus que nous nous doutions tous les deux de la raison de leur venue. A vrai dire, j’étais même surpris qu’ils aient attendu cinq ans…

-Docteur Gomez, docteur Shelley ! Ils sont arrivés.

Nous pressons le pas. Inutile de les faire attendre, ça ne pourrait que les indisposer. J’échange quelques mots avec mon collègue.

-Comment vous voyez ça ?
-Ils ne sont pas contents, sûrement. Mais je pense qu’étant donné les enjeux, nous n’avons pas trop de soucis à nous faire.
-J’espère que vous avez raison…

Nous nous taisons au moment de pénétrer dans le bureau ou nous attendent nos visiteurs. C’était la première fois que je rencontrais le généralissime, et je devais avouer être un peu déçu. C’était un homme âgé, assez petit, portant des lunettes et une fine moustache lui donnant un air sévère. Il nous accueillit pourtant avec le sourire.

-Ah, vous devez être les docteur Gomez et Shelley ? On m’a dit le plus grand bien de vous…

Il avait été convenu que je serais celui qui prendrait la parole. Bien que plus âgé, Gomez se montrait souvent assez mal à l’aise dans ce genre d’occasions et faisait un piètre tribun.

-Nous vous remercions, excellence. Que nous vaut l’honneur de votre visite ?
-Quelle question, voyons ! Je suis venu voir comment vous vous en sortiez…

J’échangeais un regard noir avec Gomez. Le ton était jovial et les mots paraissaient neutres, mais nous savions parfaitement ce qu’il y avait derrière.

-Je vous assure qu’il n’était pas nécessaire de vous déplacer pour si peu de choses, excellence. Les rapports que nous adressons à la hiérarchie sont à jour et aussi complets que possible…

Le ton se fit plus sec.

-Vraiment ? Il me semble, moi, que ma présence est nécessaire.

Je gardais le silence. Qu’est ce que je pouvais répondre à ça ? Gomez avait peut être été un peu trop optimiste, il y a quelques minutes…

-Docteur Shelley… Rappelez moi de quand date la mise en route de ces recherches ?
-Cela fera cinq ans le mois prochain, excellence.
-Et ou en êtes vous après cinq ans ?

Et voilà.
-Nous progressons. Nous avons déjà établi un protocole afin de créer une enveloppe stable au catalyseur. Il ne nous manque plus que la source d’énergie…
-Ce qui est l’essentiel. Docteur Shelley… L’armée a investie de vastes sommes dans ce projet. Il est normal que nous soyons soucieux de savoir à quoi cet argent a servi.
-Je peux vous assurer que pas un cenz n’a été détourné du projet, nos livres de comptes sont à votre…
-Il ne s’agit pas de ça !
J’aurais donné cher pour être ailleurs, en ce moment…
-Je comprends vos inquiétudes, excellence… Et je sais aussi que vous êtes déçu par l’absence de résultats tangibles pour le moment. Mais songez que dans cette affaire, nous avons dû partir de zéro ! Nous avons dû tester des centaines de mélanges différents, tout en variant les dosages, multipliant les hypothèses… C’est un travail de longue haleine… Mais je suis intimement persuadé que nous touchons au but.
Le généralissime Halleck eut une moue.
-Vraiment ? Et si vous m’expliquiez en détail ou vous en êtes, que je puisse juger par moi-même ?
Je ne pu retenir ma surprise.
-En… En détail, excellence ?
-Oui, en détail. Ais-je donc l’air si stupide au point de ne pouvoir comprendre des explications, pour peu qu’elles soient suffisamment claires ?
Je lançais un regard morose en direction de Gomez. Est-ce qu’il avait la moindre idée de ce qu’il demandait ? Tout ce que je pouvais faire, c’était le submerger de formules mathématiques, d’équations en tout genre… Comment voulait-il que je lui explique en cinq minutes quelque chose qu’une équipe constituée des meilleurs scientifiques d’Amestris avaient mis cinq ans à rechercher ? Je reçus un soutien inattendu de Gomez.

-Excellence, mon collègue a raison lorsqu’il affirme que nous sommes proches de la solution. Ce n’est qu’une question de mois, peut être même de semaines avant que nous ne soyons en mesure d’élaborer un prototype de pierre philosophale.
Le généralissime soupira.
-J’aimerais vous croire… Ce projet est vital pour l’armée, vous savez ?
Je profitais de l’accalmie.
-Nous en sommes conscient, excellence. Et je peux vous garantir que nous allons réussir. Il nous faut juste un tout petit peu plus de temps.
-Très bien. Vous avez un mois pour m’apporter quelque chose de tangible. Passé ce délai, je serais contraint d’arrêter les frais. Sur ce, messieurs…

Le généralissime et sa suite quittèrent le bureau, nous laissant seul avec Gomez. Celui-ci essuya la sueur de son front tandis que je poussais un profond soupir.
-Il ne nous a pas ménagé.
Gomez renchérit.
-J’avoue que pendant un moment, j’ai bien cru qu’il allait ordonner l’arrêt immédiat des recherches…
-On a un mois devant nous, c’est déjà ça. Je pense que devrait être jouable.
Gomez acquiesça avant de répondre.
-En tout cas, on risque de ne pas chômer durant les trente prochains jours. On s’y remet ?
-Oui.

Un mois… J’étais sûr que c’était réalisable. Je le sentais, nous étions si prêt de la solution…

***

J’étais prostré sur ma chaise. Gomez, quant à lui, se re-penchait pour la cinquième fois sur les derniers calculs que je lui avait montré. En temps normal, j’aurais protesté devant cette remise en cause implicite de mes compétences, mais là, je ne pouvais pas lui en vouloir. J’avais moi-même re-vérifié sept fois mes calculs avant de les lui montrer.
-C’est pas vrai.
Je restais plongé dans mon mutisme.
-C’est pas vrai !
Gomez frappa la table d’un poing rageur. Je fis un commentaire d’une voix atone.
-Faites attention, si vous la cassez, le généralissime n’aura plus qu’à la rajouter aux frais de recherches.

Gomez retomba sur sa chaise. Nous étions tous les deux totalement sonnés, submergés par la déception… et le dégoût. Nous restâmes ainsi pendant plusieurs minutes, sans dire un mot. Je ne m’étais jamais senti aussi mal de toute ma vie. Je parvins finalement à rompre le silence.
-Ironique, n’est ce pas ? C’est le succès, et non pas l’échec, qui nous met dans cet état là…
-Je n’arrive pas à y croire…
-Je n’y croyais pas non plus, mais les faits sont là. Pour parvenir à créer une pierre philosophale, il faut l’alimenter avec les âmes d’êtres humains. C’est la seule source d’énergie assez grande pour pouvoir la faire fonctionner.
-Et l’emploi… l’emploi d’animaux ?
-J’ai fais les calculs, bien sûr… c’est trop faible, et qui plus est dangereux, la pierre pourrait se briser à tout moment…
Nous retombâmes dans le silence. Gomez reprit la parole.
-Qu’est ce qu’on fait, maintenant ?
Je poussais un profond soupir.
-N’est ce pas évident ? On abandonne.
Je me demandais si la même découverte n’avait pas déjà été faite des dizaines de fois, et qu’à chaque fois, on avait préféré garder le secret…
-Quelque chose me dit que quelqu’un ne va pas apprécier…

***

-Répétez moi ça ?
-Mon collègue et moi sommes arrivés à la conclusion que créer la pierre était impossible, colonel Bron.
J’avais été chargé d’annoncer la nouvelle aux autorités. J’avais jugé plus opportun d’en parler au colonel Bron, plutôt que d’avoir à affronter le généralissime en face. Je n’aurais même pas été sûr de sortir vivant de son bureau…
-C’est une plaisanterie, j’espère ?
-Malheureusement non, mon colonel.
Je conservais une face imperturbable.
-Et pour quelle raison, Shelley ? Pourquoi est-ce impossible ?
-Difficultés d’ordre technique, mon colonel. La pierre philosophale n’est apparemment qu’une légende, elle est impossible à créer.
-Vous appelez ça une explication satisfaisante ?
-Je n’en ai pas d’autres.
Le colonel Bron se leva et marcha jusqu’à sa fenêtre, me tournant le dos. Il reprit la parole de cette position.
-Vous savez ce qui va se passer, n’est ce pas ?
-Je crois que je peux le deviner, mon colonel.
-Alors que devinez vous, Shelley ?
Je pris une grande inspiration.
-Il est probable que le docteur Gomez et moi-même n’ayons plus que quelques jours devant nous avant que notre licence ne nous soie retirée. Je suppose qu’il est également possible que l’Etat nous intente un procès pour avoir dilapidé des sommes colossales en pure perte. Etant donné que nous n’avons pas le premier sou pour le rembourser… Je pense que les chances pour que nous passions les vingt prochaines années en prison sont… assez élevées.
Il me répondit d’une voix glaciale.
-J’ai rien à redire, c’est une bonne analyse. Rompez.
-Oui mon colonel.

Je quittais le bâtiment. Dehors, le temps était radieux. Je m’étais plus ou moins attendu à ce qu’il pleuve, cela m’aurait paru plus approprié. Je m’étais lancé à corps perdu dans cette quête de la pierre philosophale, et voilà ou ça m’avait mené. La raison même d’une partie de mon existence venait de s’effondrer d’un seul coup. Pour la première fois, je remarquais à ma ceinture l’arme de fonction que je portais toujours. Je ne l’avais jamais sortie une seule fois, je n’étais même pas sûr de savoir m’en servir. Peut être étais-ce un bon jour pour apprendre ? Non. Au moment même ou cette pensée m’était venue à l’esprit, je l’avais rejetée. J’aurais voulu pouvoir dire que je refusais de choisir la voie la plus facile, mais la vérité, c’est que je n’avais aucune envie de mourir. J’avais trop peur pour ça.

Je me passais une main sur le visage. Comment je vais pouvoir annoncer ça à Cynthia ?
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:04

Chapitre 7: la fin de l'innocence?

-Go…mez…
-Ah, vous êtes arrivé, Shelley. Désolé, mais j’ai dû commencer sans vous…

Un quart d’heure plus tôt, j’avais reçu un coup de fil de sa part me demandant de venir en urgence au laboratoire. N’ayant rien de mieux à faire, j’étais venu. Je commençais à le regretter.

-Qu’est ce que vous avez fait…

-Voyons… Je crois que j’ai employé le sixième protocole. Je sais que nous avions une préférence pour le second, mais j’ai jugé qu’en l’occurrence, nous pouvions sacrifier une partie de la fiabilité au profit de la puissance…
-QU’EST-CE QUE VOUS AVEZ FAIT, BON DIEU !!!

Nous nous trouvions au sous sol du premier laboratoire. Un large cercle de transmutation était tracé à même le sol. En son centre, une pierre brillait d’une vive lumière rouge. Et autour, huit cadavres. Gomez eut un air surpris.

-Voyons… Inutile d’en faire un drame… Ces hommes allaient être condamnés à mort, vous savez, ainsi au moins, ils ont servi à quelque chose…
Je tremblais presque de rage.
-Je n’arrive pas à y croire. Comment avez-vous pu faire ça ! Condamnés ou pas, vous n’aviez aucun droit de faire ça ! Vous ne pouvez même pas comprendre cela ?
Cette fois, ce fut à son tour de hausser la voix et de laisser libre cours à sa frustration.

-C’est vous qui ne comprenez pas, Shelley ! Comment avez-vous pu accepter d’enterrer d’un geste cinq années de recherches intensives ? C’est criminel ! Les alchimistes sont ceux qui recherchent la vérité, peu importe quels chemins cette dernière emprunte ! Je comprends que cela vous dérange, mais NOUS N’AVIONS PAS LE CHOIX !
Il me tourna le dos, contemplant son œuvre.
-Et franchement… Cela n’en valait il pas la peine ?
J’en croyais à peine mes oreilles.
-Comment pouvez vous être si calme alors que vous venez de tuer huit personnes, Gomez ? C’est cela que vous souhaitiez quand vous êtes devenu alchimiste ?
-Shelley… Vous êtes un scientifique, vous devriez savoir comme moi que notre discipline exige parfois des…
-AU DIABLE LA SCIENCE !

Le silence complet régnait dans la salle.

-Si c’est sur ça que la science débouche… alors j’y renonce sans regrets.
Gomez haussa les épaules.
-Libre à vous. Dans ce cas, vous feriez mieux de partir, j’ai encore beaucoup de…
-Je ne crois pas, non.
Je sortais mon arme de fonction de son étui, et pointais le revolver vers lui.
-Docteur Sébastian Gomez, au nom d’Amestris, vous êtes en état d’arrestation. Le généralissime décidera de votre sort.
Il me regarde avec des yeux ronds. Avant d’éclater de rire, ce qui suffit à me mettre un peu plus sur les nerfs.
-Qu’est ce qu’il y a de si drôle ?
-Shelley, Shelley… Votre naïveté est parfois touchante, vous savez… Le généralissime décidera de mon sort ? J’espère bien ! Je serais récompensé pour être parvenu à créer ce qu’il désire si ardemment ! Et vous pouvez l’être aussi, Shelley, il n’est pas trop tard… Votre rôle a été déterminant, vous avez droit à votre part de gloire…
-Fermez la, Gomez !
-J’ai raison, vous le savez. Qu’importe à l’armée que quelques condamnés à mort soient utilisés à des fins scientifiques… Je me demande même si ça pourrait ne pas devenir l’usage…
Ce ton calme, cet air confiant… Il était sûr de s’en tirer avec les honneurs. Cette seule pensée m’était insupportable. Je serrais les dents en articulant une phrase avec difficulté.
-Si… Si c’est le cas, alors je n’ai pas le choix. Je vais devoir vous éliminer ici… et maintenant.
Son hilarité redoubla.
-Enfin, regardez vous, Shelley ! Vous tremblez au moment même de prononcer ces mots ! D’ailleurs, si nous sommes dans cette situation, c’est bien parce que vous êtes incapable d’ôter la vie à qui que ce soit, même à ceux qui le méritent !
Est-ce que je pouvais le tuer ? Il était à ma merci, j’avais juste à appuyer sur la détente… Mais cette seule pensée me donnait envie de vomir. Bon sang ! Si je le tuais, je pouvais l’empêcher de nuire, de recommencer ! Je devais le tuer !
-Shelley, soyez raisonnable, abaissez cette arme et continuons comme avant à travailler ensemble. Si vous me tuez, vous ne vaudrez pas mieux que moi, vous en êtes conscient ? Tuer pour la science, tuer pour la justice… Il n’y a aucune différence, cela fait toujours de soi un assassin. Je ne vous demanderais même pas de pratiquer les expériences nécessitant un sacrifice, ni même d’y assister… Vous pourrez garder la conscience tranquille…
La… ferme…
-Songez à quel point nos recherches pourraient progresser avec la pierre…
La ferme…
-Toutes les possibilités… Rien ne nous est interdit, désormais ! Vous ne pouvez pas refuser une telle perspective !
La ferme ! La ferme ! La ferme !!!

Je pouvais le faire taire. Juste… juste appuyer sur la détente, et c’était fini… Mais il avait raison, si je fais ça, je ne vaudrais pas mieux que lui… Tirer sur quelqu’un de sang froid… Merde ! Pourquoi c’est si dur ! Et il se rendait parfaitement compte de qui se passait en moi…
-Shelley… Je sais que vous ne désiriez pas ça. Pas comme ça. Mais vous deviez bien vous en rendre compte, il n’était pas possible de finir ainsi… Vous ne trouviez pas ça injuste ? Connaître la disgrâce et l’humiliation de la prison alors même que nous avions réussi ? Vous êtes marié, si je me souviens bien, pouvez vous être égoïste au point de ne vous préoccuper que de votre conscience ?
Je rêve ! Comment ose-il… Et pourtant, ses paroles avaient un très désagréable accent de vérité… J’étais perdu. Qu’est ce que je dois faire ?

Gomez ajouta d’un ton curieux.
-Au fait, vous avez pensé à vérifier le cran de sécurité ?
Hein ? Zut, était-il abaissé ou pas ? Je jetais un coup d’œil, essayant de repérer sa position dans l’obscurité. Au moment où Gomez tirait sa propre arme. Avant que je ne puisse réagir, il fit feu, la balle me traversant la main, me faisant lâcher mon arme. La douleur fit son apparition au bout de quelques secondes, me faisant tomber à genoux, la main pressée contre mon torse. Gomez avança vers moi.

-Décidemment, Shelley, vous serez resté un idiot jusqu’au bout.

La gueule noire du canon du revolver se braqua sur mon visage…
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:10

Chapitre 8: le Marteau s'abbat

J’étais comme paralysé. Ce n’est pas possible. Ca ne peut pas finir comme ça ! Gomez poussa un soupir.
-Vraiment dommage. Je commençais à bien vous aimer… Si seulement vous aviez été un tant soit peu réaliste…
Il va me tuer. Il va vraiment me tuer ! Je le voyais dans ses yeux, ils ne reflétaient aucune hésitation. Non… Je dois faire quelque chose. Il y a forcément quelque chose que je peux faire ! Merde, merde, merde ! La panique commençait à me gagner. Je ne veux pas mourir ! Je n’arrivais plus à raisonner correctement.

« …le symbole du ciel mêlé à celui de la terre ?... »

Hein ? Pourquoi je me rappelle de ça maintenant ? Au final, on dirait que je n’aurais plus l’occasion de travailler sur cette alchimie là… Je ne vois pas en quoi elle peut m’aider dans cette situation… Lui balancer des cailloux au ralenti ? Décidemment, il faut croire que tout ce que j’ai fait, au final, s’est révélé inutile…

« …l’exercice le plus difficile… »

Qu’est ce qu’il avait voulu dire par là ? Et pourquoi ça ne revenait que maintenant ? Un peu tard pour se livrer à des expériences ! Mais alors pourquoi… pourquoi avais-je le sentiment que la clef de ma survie se trouvait là ? C’est absurde ! Il n’y a aucune logique… Toute ma vie, j’avais essayé d’adopter le comportement le plus rationnel qui soit… Et maintenant… maintenant… Et merde, qu’est ce que j’ai à perdre !
De sa position, Gomez ne pouvait pas voir ma main droite. Il devait certainement se dire que je ne pouvais plus faire grande chose avec une main trouée par une balle… Mais je pouvais encore… tracer un cercle avec la seule chose que j’avais encore sous la main : mon sang.
-Désolé Shelley, rien de personnel. Mais je tiens à ma vie.
Je serrais les dents, luttant contre la douleur. Bouger ce doigt… un tout petit peu… Je n’osais même pas regarder dans cette direction, pour ne pas alerter Gomez. Si j’ai fait une erreur dans le tracé… Mon index finit le mouvement qui devrait -en théorie- marquer la fin de l’élaboration du cercle. Et… et maintenant ? Rien ne me venait à l’esprit. Je cherchais désespérément l’étape suivante, sans la trouver. Tout ce que je voyais, c’était le doigt qui commençait à presser sur la détente…
Alors finalement, ça aussi, c’était inutile… La détonation retentit.

« …il devrait y avoir d’autre façons… »

Oui ! Bien sûr ! Ce que je faisais, jusqu’ici, c’était modifier le point d’équilibre des forces gravitationnelles d’un objet. Comprendre, détruire, reconstruire. Inconsciemment, je reconstruisais la gravité à l’identique autour de l’objet, rétablissant un équilibre. Mais si je me contentais de changer la règle sans rechercher l’équilibre…
C’était comme si le monde autour de moi bougeait au ralenti. Je voyais la balle qui se dirigeais droit vers mon cœur. Je me concentrais sur elle. Ce n’est pas un objet bien différent d’un caillou… Sa masse est à peu près la même… seule change sa vitesse. Est-ce que je peux arrêter sa course ? Non, je n’ai pas besoin de l’arrêter… Si j’allège sa masse… Si je perturbe la loi gravitationnelle autour d’elle… L’alléger… Encore un peu… Même à cette vitesse, je pu voir clairement ce qui venait de se produire. La balle frémit légèrement, avant de partir dans une trajectoire en vrille, m’effleurant l’épaule.

Ma surprise égalait celle de Gomez. J’étais en vie ! J’étais parvenu à dévier une balle en pleine course…Gomez fronça les sourcils.
-Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais cette fois…
Il releva son arme. Je me concentrais sur elle. Si je travaillais en sens inverse, à présent ? Augmenter la gravité autour de larme, l’alourdir… La main de Gomez trembla, irrésistiblement attirée vers le sol. Il parvint à la redresser durant un instant, avant d’être contraint à lâcher son revolver. Cette fois, son expression reflétais clairement la colère, mêlée à l’incompréhension.
-C’est quoi… ce bordel…
Nous regardons tous deux l’arme au sol. En tombant, celle-ci à littéralement creusé une cavité dans le béton. Elle est également totalement tordue, l’acier n’a pas supporté la pression exercée… Attends… Si ça a cet effet sur le métal… Mon regard croise celui de Gomez. Celui-ci essaie toujours d’analyser ce qui s’est passé. Je sens la colère monter en moi. Je ne ferais pas deux fois la même erreur. Cette fois, c’est lui qui est la cible directe de mon alchimie.
Gomez commence à ressentir la pression qui s’abat sur ses épaules. Il vacille un moment avant de se reprendre.
-Qu’est ce que vous faites, Shelley ? Qu’est ce que c’est que ça ?
Je ne prends pas la peine de répondre. Plus fort… Cette fois, il doit courber l’échine sous le poids. A l’heure actuelle, c’est comme si il pesait deux à trous fois son poids… Je transpire à grosses goutes sous l’effort. C’est la première fois que j’applique mon alchimie sur une surface aussi étendue… Et le corps humain constitue une masse plus imposante que ce sur quoi j’ai l’habitude de travailler…
-Shelley ! Arrêtez ça !
Plus fort ! Encore plus fort ! Le sol sous les pieds de Gomez commence à se lézarder, tandis que lui-même tombe à genoux. Je tremble littéralement sous l’effort. Je ne vais pouvoir continuer comme ça bien longtemps…
-She…lley… Je vous en supplie… arrêtez !
Je n’entends même pas ce qu’il dit. Tout mon esprit est consacré à rassembler l’énergie suffisante pour maintenir cette pression verticale. Mais d’ailleurs… Si je lui donnais un mouvement circulaire avec lui comme point de convergence… Ca pourrait accélérer le processus… Au prix d’un dernier effort, je met cette idée en pratique. Le sons de craquements secs m’indiqua quel avait été le résultat de la manœuvre. Gomez gisait dans une mare de sang. Je devinais que la plupart des os de son corps étaient brisés.

A genoux sur le sol, je reprends tant bien que mal mon souffle. Et je prends clairement conscience de ce que je viens de faire. Je venais de tuer un être humain. De sang froid. Je ne pouvais même pas invoquer la légitime défense, je l’avais déjà désarmé… Le contenu de mon estomac se vida sur le sol. Qu’est ce que j’ai fait ? Seigneur, mais qu’est ce que j’ai fait ? Comment est ce que je pourrais regarder Cynthia en face, après ça ? Je sentais que j’étais au bord de la rupture mentale. En si peu de temps, toutes mes certitudes, mes convictions, mes valeurs… Tout s’était écroulé. Qu’est ce que je dois faire ? Qu’est ce que je peux faire ?!
Je jetais un nouveau regard au corps. Il méritait de mourir, cela ne faisait aucun doute. Mais est ce qu’à présent, je valais mieux que lui ?

Non, ce n’était pas comme ça qu’il fallait réagir. Je n’avais pas le temps de m’apitoyer sur mon sort. Je l’avais tué, plus rien ne pouvait changer ça. Maintenant… Qu’est ce que j’allais faire ? Mon regard tomba d’un coup sur la pierre qui brillait de milles feux. Je surmontais un sentiment de dégoût en apercevant cet objet qui avait coûté la vie à huit êtres humains… Non, neuf, c’est aussi à cause de cet objet que Gomez est mort… Devais-je la détruire ? Mais à quoi cela pourrait servir ? Ca ne rappellera pas les morts à la vie. Je me penchais et prenait la pierre dans ma main encore valide. Son simple contact suffit à me faire sentir les énergies qui la parcouraient. J’avais toujours souri en entendant ces alchimistes qui prétendaient se rapprocher de Dieu. Mais avec cette pierre, je commençais à croire que c’était presque possible…
Je fis une expérience. Malgré la douleur, je plaçais ma main droite sur l’artefact légendaire, avant de me concentrer sur les cellules. Je pouvais accélérer leur régénération à une vitesse effrayante… et ce sans le moindre effort. La loi de l’échange équivalent n’avait plus aucun sens avec ça. En quelques instants, ma blessure à la main était guérie. Même une cicatrice que j’avais depuis quatre ans avait disparue. Incroyable…

-Fasc… inant… n’est ce p… pas ?

Je tournais la tête. Apparemment, Gomez s’accrochait encore à la vie. Toutefois, avec de telles blessures, il n’en avait plus pour très longtemps…

-Alors… on di… dirait que vous… commencez à comprendre…
Je lui lançais un regard froid.
-Qu’est ce que vous racontez ? Cette pierre n’aurait jamais dû exister, à l’origine. Et je viens de me rendre compte que l’armée ne devait pas la posséder non plus. Je vais détruire ce laboratoire, brûler nos travaux et garder cet objet en lieu sûr. Ainsi, ça ne se reproduira plus.
Gomez tenta de rire, mais le son émis ne fut qu’une sorte de gargouillement écoeurant.
-Sale… hypocrite. Vous refu… sez toujours d’admettre… la vérité… Shelley.
La tempête dans mon esprit avait disparue. Au contraire, il me semblait que mes pensées n’avaient jamais été aussi claires.
-Bien sûr que si. Je suis un meurtrier, au même titre que vous, et je devrais vivre avec ça sur la conscience. Qu’il en soit ainsi, alors. Et maintenant, faites moi le plaisir de mourir en silence.

Je rassemblais l’ensemble des documents en une pile, avant d’y mettre le feu à l’aide d’une lampe à pétrole. Je me souvenais que nous avions un stock de ce liquide inflammable dans la remise, cette ressource semblant pouvoir être utilisée comme source d’énergie, les travaux allaient bon train. J’allais en chercher un baril dans la remise, et aspergeait de liquide l’ensemble de la salle, et notamment les corps. Je faisais enfiler ma blouse blanche à l’un d’entre eux, et le retirais du cercle, disposant les sept autres de façon à peu près symétrique. Les enquêteurs devraient conclure à ma mort dans l’incendie… Je pensais à Cynthia. Je ne pouvais plus me permettre de revenir. Si jamais l’armée apprenait ce que j’avais fait et savaient que j’étais encore en vie, je serais exécuté à coup sûr. Ma seule chance était donc de « mourir »… et personne ne devait être mis au courant, pas même elle. De toute façon… elle méritait mieux qu’un assassin comme mari. Aujourd’hui, Mark Shelley était mort.

Mes préparatifs terminés, je jetais la lampe au sol. Les flammes commencèrent à se propager. Je quittais la pièce rapidement. Lorsqu’elles atteindraient la réserve, elles entreraient en contact avec de nombreux matériaux hautement instables et inflammables. L’explosion qui s’en suivrait rendrait impossible toute enquête approfondie sur l’incident. Restait à savoir comment se cacher au mieux… Une idée me traversa soudain. On pense rarement à chercher quelque chose juste sous son nez…
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:11

Chapitre 9: l'alchimiste des tempêtes

-Bien, montrez nous un peu ce que vous savez faire…

Je me trouvais dans la salle d’examination de Central, en présence du généralissime Halleck. Je m’étais laissé poussé la barbe et teint les cheveux pour éviter qu’il ne me reconnaisse, mais il semblait que, comme je l’espérais, Halleck ne soie pas du genre à porter une grande attention à ses subordonnés. L’examen écrit avait été une formalité, et quant à l’oral, la seule difficulté avait été de donner des réponses suffisamment éloignées de celles que j’avais pu donner auparavant. Mais j’étais assez confiant. Pour me cacher de l’armée, j’avais jugé que le meilleur moyen était paradoxalement d’y entrer. D’ailleurs, j’avais suffisament pu étudier les pratiques du régime pour savoir qu’ils n’étaient pas très regardant lorsqu’il s’agissait de recruter des alchimistes talentueux…

Je posais une main au sol, avant d’effectuer une transmutation de base, formant un mannequin de pierre à quelques pas. Je m’étais confectionné un anneau sur lequel était gravé un cercle de transmutation, ce qui me permettait d’éviter d’avoir à tracer un cercle à la main. L’un des « spectateurs » haussa les épaules.

-Pas très impressionnant…

Je me contentais de croiser les bras. Avant de faire exploser la statue en dizaines de fragments, qui se mirent à tournoyer sur place, formant une petite tornade de pierre. Je finissais par expédier les fragments aux quatre coins de la salle, les morceaux venant s’encastrer dans les murs. Hmmmm. On dirait que je commençais à prendre le coup de main. Il y avait tant de manières de se servir de cette alchimie… La plupart de ceux qui avaient assisté à la scène regardaient avec des yeux ronds. Extérieurement, je n’avais pas fait le moindre mouvement. Halleck prit la parole.

-Eh bien… c’était impressionnant. Nous vous rappellerons dans la semaine pour les résultats, monsieur ?
-Vous pouvez m’appeler Macros, excellence.

Il eut un air surpris, mais ne fit pas de commentaire. Au moment ou je m’apprêtais à partir, il ajouta :
-Au fait… Ne nous serions nous pas déjà croisé ?
Je répondais d’un ton calme.
-J’en doute fort. Je m’en serais souvenu.
-Oui, sans doute…

***

Les résultats me furent annoncé par le généralissime en personne. Et sans surprises…

-Félicitations, j’ai décidé que vous seriez un élément utile à l’armée. Vous avez reçu le titre d’alchimiste des tempêtes. Montre en vous digne.
Alchimiste des tempêtes ? Quel surnom idiot… Enfin, il valait mieux que je m’y habitue…
-Maintenant, je peux aborder la question de vos privilèges et de vos obligations…
-Ca ne sera pas nécessaire, je suis déjà au courant.
Le généralissime haussa un sourcil.
-Vraiment ? Si vous le dites… Toutefois… Vous avez donné un nom bien curieux, à l’examination…
Je me contentais de hausser les épaules.
-J’ignorais que cela avait la moindre importance, excellence. L’essentiel n’est il pas que j’accomplisse mon travail ?
Halleck s’autorisa un sourire.
-Effectivement. Votre identité ne m’intéresse pas, du moment que vous vous acquittez correctement de votre tâche. A ce propos, d’ailleurs…
Il prit le temps de choisir ses mots.
-Il est fort probable qu’une guerre éclate à notre frontière sud. Des rapports font état de mouvements de troupes de la part d’Aerugo… A en juger par votre… démonstration, vous avez votre place sur un champ de bataille. Avez-vous une objection à être dépêché au front dans les jours qui viennent ?

Un long silence s’instaura. Je finissais par le rompre.

-Pas la moindre.





Chapitre 10: le seigneur des champs de bataille

-Courez, courez !

La voix du commandant fut couverte par les détonations. Le bruit des bottes résonnait de toutes part, les coups de feu claquaient en tous sens. Seul le chaos régnait.

-Troisième compagnie, effectuez un mouvement tournant ! Cinquième compagnie, sortez de là ! Repliez vous sur la seconde ligne !

L’armée d’Amestris était aux prises avec les soldats de Creta. Depuis plusieurs jours, la frontière ouest était le théâtre d’affrontements sanglants, sans qu’aucun camp n’aie réellement pris l’avantage. Les hommes mourraient par centaines pour une colline, un pré, une maison. Pour les deux nations, c’était l’occasion parfaite de tester de nouveaux moyens de tuer. Et ceux qui en faisaient les frais étaient les hommes au front.
Le commandant Howard, lui, n’avait qu’un soucis en tête : préserver un maximum la vie de ses soldats. Il avait le commandement du secteur depuis que son supérieur direct avait été abattu par un balle perdue. Et depuis, il se démenait comme un beau diable pour sauver ce qui pouvait encore l’être. Pour l’heure, toute son attention était portée sur un nid de mitrailleuse qui faisait un véritable massacre dans ses rangs, interdisant l’accès au sommet de la colline qui était son objectif.
-Jenkins ! Allez me nettoyer ça à la grenade !
-Yes sir !

Le dénommé Jenkins saisit l’engin à sa ceinture et entama sa progression vers la mitrailleuse, qui continuait à semer la mort de toutes parts. Il se redressa et se prépara à lancer, mais il fut atteint d’une balle avant de finir son geste. Howard retint un juron. Il épaula et abattit le tireur isolé qui venait de faire échouer la tentative de réduire à l’impuissance l’engin de mort. Il contint le sentiment de désespoir qui l’envahissait. Il pleurerait les morts plus tard, il devait avant tout se préoccuper des vivants. Son adjoint arriva en courant, suivi de près par un inconnu en uniforme.
-Commandant. L’état major vous a envoyé un alchimiste d’Etat en renfort.
Howard tourna son regard vers l’inconnu.
-C’est vous ?
-Exact. Je suis là pour soutenir l’assaut. Vos ordres ?

Howard fut frappé par l’absence d’émotions qui se dégageait de cet homme. Au vu de l’état de son uniforme et de sa barbe de plusieurs jours, nul doute qu’il était sur le champ de bataille depuis longtemps…

-Eh bien, si vous pouviez nous nettoyer ce nid de mitrailleuses, alchimiste, je vous en serais infiniment reconnaissant.

L’homme jeta un regard vers le point désigné avant de répondre.

-Très bien, je m’y met.
-Soldats ! Couvrez le !

Les alchimistes d’Etat avaient été considérés depuis longtemps comme les meilleures armes d’Amestris, ils avaient fait pencher la balance dans de nombreux conflits. La mort d’un seul d’entre eux serait un coup dur. L’homme avançait d’un pas lent, presque nonchalant, vers son objectif, semblant indifférent au danger. Les hommes d’Howard couvraient son avance du mieux possible. Le commandant examina la mitrailleuse à la jumelle… puis la vit se tordre et se briser, comme sous le coup d’une pression monstrueuse. La seule conclusion logique était que l’alchimiste était à l’origine de ce prodige. Quoi qu’il en soit, il n’y avait pas le temps de tergiverser.

-A toutes les unités, en avant ! Prenez la position ! Pour Amestris !

Les soldats s’élancèrent sous les balles. L’alchimiste prit par au combat, écrasant plusieurs soldats avec son étrange pouvoir, semant la panique parmi les survivants. Celle-ci ne fit que redoubler lorsqu’une balle tirée dans sa direction dévia toute seule, allant se perdre dans le ciel. Au bout de quelques minutes de combats, le terrain était à Amestris. Howard alla parler à l’homme qui avait permis une décision aussi rapide.

-C’était impressionnant. Je vous remercie, grâce à vous, de nombreux hommes ont pu être épargnés aujourd’hui…
L’alchimiste était trempé de sueur, mais son expression restait vide d’émotions.
-Je n’ai fait que mon devoir.
-Je vois.
Effrayant. Tous les alchimistes d’Etat étaient ainsi ? Traversant le champ de bataille en semblant se moquer de la vie et de la mort…
-Allez venez, on doit aller faire notre rapport.

Quelques minutes plus tard, Howard et l’alchimiste sont en présence du général Gaunt, responsable des opérations sur ce secteur.
-Mon général. Le secteur est à nous. Je demande l’envoi des compagnies de réserves pour continuer à l’occuper tandis que mes hommes iront récupérer à l’arrière.
Le général eut un air surpris.
-Récupérer ? Vous n’y pensez pas, commandant. J’ai encore des ordres pour vous. Je demande à ce que votre compagnie lance l’assaut sur la ligne de bunker située à l’ouest de votre position. Veuillez transmettre les ordres.
Howard n’en croyait pas ses oreilles.
-Mon général, sauf votre respect, mes hommes combattent sans relâche depuis trois jours, ils sont affamés et exténués, et ils ont besoin de…
-… de faire ce que je leur ordonne. Les bunkers, je vous prie, commandant Harold…

Howard dut réprimer une envie de frapper le petit homme replet et incompétent qui se trouvait en face de lui. A ses cotés, l’alchimistes était toujours de marbre, comme si tout ce qui se passait autour de lui ne le concernait pas le moins du monde. Il finit par saluer sèchement.

-C’est Howard, mon général.
-Peu importe, peu importe. Allez vous mettre au travail, pour Amestris, et toutes ces sortes de chose…

Sans un mot, Howard quitta le PC de campagne, suivi de l’alchimiste d’Etat. Il se tourna vers lui.
-Et vous ? Vous ne dites rien ? Vous trouvez ça normal ?
L’alchimiste parut surpris.
-Normal ? Quelle étrange idée… chercher la normalité sur un champ de bataille. Je me contente de faire ce qu’on m’ordonne, de tuer ceux qu’on me dit de tuer.
Il eut un sourire triste, la première expression « humaine » qu’Howard lui voyait.
-Pour Amestris.
Howard commenta d’une voix sinistre.
-Génial. Pour Amestris.
Les deux hommes repartirent ensemble, vers un nouveau champ de bataille…
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:14

Chapitre 11: Une journée presque ordinaire

L’homme s’effondra, les os entièrement brisés. J’essuyais la sueur à mon front. Je me fatiguait beaucoup moins qu’avant, mais cet exercice continuait à requérir une grosse dépense d’énergie. La tentation m’effleura d’utiliser la pierre pour faciliter ma tâche. Mais une nouvelle fois, je repoussais cette idée. J’avais pris le temps d’étudier les capacités de la pierre philosophale, et j’avais finalement décidé de ne l’employer que dans un seul usage : la conservation de mon corps. En théorie, il était possible de changer de corps à volonté avec la pierre, ce qui à court terme, représentait une dépense moindre. Mais Van Hohenheim m’avait un jour parlé d’une « inadéquation de l’âme et du corps ». Autrement dit, aucun autre corps ne serait parfaitement adapté à mon âme, hormis l’original. Je pouvais, avec la pierre, empêcher la dégradation des cellules liée au vieillissement du corps humain, et ainsi conserver une apparence de jeunesse indéfiniment… ou du moins tant qu’il resterait de l’énergie à la pierre philosophale.

Pour l’heure, donc, je devais me reposer sur mes propres forces. Dévier la balle qui se dirigeait vers moi. Contre attaquer avant que le tireur n’ait pu ouvrir à nouveau le feu. Se mettre à couvert. Je faisais tous ces gestes presque machinalement. Le soldat qui se tenait à coté de moi s’effondra, touché en plein cœur. Je ne pouvais pas me permettre de m’y attarder. Changer d’emplacement. Une nouvelle balle vola dans ma direction. J’eu juste le temps de la dévier, mais celle-ci partit frapper un homme situé sur ma gauche, à quelques mètres de moi. J’eus une grimace contrariée, mais c’était la seule réaction que je pouvais m’autoriser. Un champ de bataille ne permet aucune hésitation. Aucune pitié.

Un autre uniforme gris passa dans mon champ de vision. Je déclenchais mon alchimie, et le vis s’effondrer dans la boue. Je ne faisais que mon devoir. Que mon devoir. Amestris était attaquée, je la défendais. Je n’avais pas le choix. Je me raccrochais à cette idée comme un naufragé à une planche de bois. C’était la seule chose qui… Un sifflement familier se fit entendre. Aucun soldat ne pouvait confondre ce bruit avec un autre. Le cri rituel ne tarda pas.

-A couvert ! A couvert !

Je m’accroupissais derrière un muret, me préparant au choc. La déflagration ne tarda pas. L’obus vint s’écraser à une quinzaine de mètres, soulevant une gerbe de pierres, de métal et de boue. Je me redressais et continuait ma progression, tout comme des dizaines de soldats qui slalomaient entre les décombres, afin d’échapper aux balles ennemies. La fusillade reprit de plus belle. Je m’essuyais le visage, et eut la surprise de découvrir du sang sur ma main. Je ne me souvenais même pas avoir été touché à un moment… Peut être un éclat m’avait il effleuré. Un autre homme au loin… Quelques instants plus tard, il est à terre. Je fonctionnais uniquement à l’adrénaline, je ne sentais plus ni la fatigue, ni la douleur. Les soldats d’Amestris s’élancèrent pour la dernière charge au son du clairon, et je leur emboîtais le pas, avançant désormais à découvert, sous le feu de la mitraille. Une journée banale, en somme…

***

La bataille était finie. Du moins pour aujourd’hui… Dieu seul savait quand cette guerre se terminerait… et quand la prochaine éclaterait. Cela faisait dix ans que j’avais réintégré l’armée sous le nom de Macros, et la campagne de Creta était déjà mon second conflit d’envergure, après la guerre contre Aerugo qui avait éclatée presque immédiatement après mon engagement. Mais pour l’heure, j’étais trop occupé à apprécier ce moment de repos, le premier depuis près d’une semaine de combats quasi ininterrompus. Toute la fatigue accumulée s’abattit d’un coup sur moi, et mon corps douloureux se rappela à mon bon souvenir. La pierre philosophale n’empêche pas les courbatures après des efforts aussi intenses… Je fermais les yeux un instant…
-… dant…. Commandant !
Je rouvrais un œil, pour constater que la nuit était en train de tomber. Et dire que j’aais l’impression d’à peine m’asseoir… Je reportais mon attention vers le soldat qui m’avait appelé, réprimant un bâillement.

-Que se passe t’il, soldat ?
-Un gradé vous demande, commandant. Apparemment, il vient de Central…

Central ? Qu’est ce que cet homme peut bien me vouloir… il ne peut pas être au courant de ma vraie identité, non ? Autant en avoir le cœur net.

-Je vous suis.

Il me mena jusqu’à la tente de commandement. Un seul homme s’y trouvait, les cheveux blonds et soignés, tout comme sa mise. Son expression reflétais un certain raffinement, mêlé à un zeste de dédain, et il arborait un sourire nonchalant. Il ne portait pas d’uniforme, et je le voyais mal s’aventurer sur un champ de bataille, tant il semblait porter d’attention à son apparence…. Le soldat salua et quitta les lieux, me laissant seul avec l’inconnu. Je me mis au garde à vous.
-Monsieur…
-Hmmmm… Allons, nul besoin d’être si, hmmmmmm... cérémonieux. Mais j’en oublie mes bonnes manières. Je suis Terence Boreal, sénateur au Parlement de Central et, hmmmmm… proche conseiller du généralissime Halleck. J’ai, hmmmmmm… une nouvelle pour vous.
Je restais silencieux. Qu’est ce qui pouvait pousser un homme ayant visiblement une certaine importance à venir rencontrer un simple alchimiste d’Etat ? Ce Boreal fouilla dans sa sacoche et en sortit une feuille de papier.
-Ah, voilà. Congratulations. Ce papier est une, hmmmmmm… promotion, destinée à l’alchimiste des tempêtes. C’est, hmmmmm… Bien vous, n’est il pas ?
-C’est bien moi, en effet.
Je ne comprenais toujours pas. Il avait tout le voyage depuis Central juste pour ça ?
-Lieutenant Colonel, hmmmmm… Il était grand temps, si vous voulez mon, hmmmmmm… opinion personnelle. Toutefois je devine à votre air perplexe que ma présence suscite toujours en vous des, hmmmmmm… interrogations ?
Je gardais le ton le plus neutre possible.
-C’est exact, monsieur. Cette annonce aurait pu -et dû- se faire par la voie hiérarchique habituelle, non ?
Mon interlocuteur laissa flotter un léger sourire.
-Ma foi, je vais vous faire une, hmmmm… confidence. J’ai entendu parler de vous et de vos prouesses sur le front, et j’ai dès lors nourri une certaine envie de vous, hmmmm… rencontrer. Je suis sûr que nous pourrions avoir une conversation fort, hmmmm… enrichissante.

J’avais le sentiment qu’il me cachait quelque chose. Il me donnait l’impression de lancer des coups de sonde, tout en hésitant à trop s’exposer… J’étais persuadé qu’il attendait quelque chose de moi… mais quoi ? Décidemment, cet homme m’intriguait.
-Tenez, je vous propose ceci. Que diriez vous de passer à ma, hmmmm… résidence secondaire pour prendre une collation ? Elle est très proche, tout en étant épargnée par le, hmmmm… tumulte ambiant.
Je ne pus retenir ma surprise.
-Monsieur, je suis flatté, mais je ne peux quitter mon poste ainsi…
-Ne vous tracassez pas pour ces, hmmmm… détails, je m’en suis déjà occupé. Faire une pause devrait vous faire le plus grand bien. Vous n’êtes pas d’accord ?
Il s’en est déjà occupé ? Il désire à ce point me parler ? Je ressentais une certaine appréhension, mais les dés étaient déjà jetés.
-Très bien. J’accepte votre invitation.
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:14

Chapitre 12: Demain comme hier?

-Ravi que vous ayez pu accepter mon, hmmm… hospitalité.
Je me trouvais assis à la table de la demeure de ce Boreal. Apparemment, le salaire de sénateur doit être assez coquet… Je levais le verre qui m’avait été servi.
-Je vous en prie… J’avoue que c’est une diversion assez agréable.
Après tout… C’était la première fois que je quittais le front depuis près de cinq mois… De plus, j’étais curieux de savoir ce qu’il avait à me dire. Aussi je fus surpris par la suite.
-Vous intéressez vous à, hmmm…. L’Histoire, mon ami ?
-Euh… J’avoue ne jamais m’être beaucoup penché sur cette discipline…
-Vous devriez. La connaissance du passé apporte bien souvent un éclairage nouveau sur le présent… ainsi que sur l’avenir.
Il semblait être animé d’une nouvelle flamme. Le sujet devait lui tenir à cœur… Je constatais d’ailleurs que son « tic » de langage semblait s’atténuer…

-Prenons par exemple, si vous le voulez bien, l’histoire d’Amestris… Les origines du pays sont floues, de même que ses débuts. Néanmoins il semblerait qu’au départ, il s’agissait de la cohabitations d’une multitude de, hmmm… peuplades, plus ou moins civilisées. Au final, l’une d’elle est parvenue à dominer les autres, et à fonder un Etat fort et centralisé, qui s’est petit à petit étendu.
J’écoutais en silence, essayant de deviner ou il voulait en venir.
-Dans ses conditions, il n’est dès lors pas surprenant que l’armée ait joué -et joue toujours- un rôle primordial. De même, le fait que le chef de l’armée soit aussi celui de l’Etat obéit à la même logique. De tout temps, Amestris a été une nation, hmmm… belliqueuse, dirons nous.
Je conservais le silence, attendant la suite. C’était tout de même un avant propos curieux, surtout de la part d’un membre de l’organe censé symboliser la limite du pouvoir des militaires.
-D’ailleurs, vous-même êtes l’aboutissement de cette politique. Enfin, votre corporation, tout du moins. Voyons… l’alchimie s’est vraiment développée dans notre pays il y a un peu plus de 200 ans, à peu près en même temps que Xing. Le pouvoir a immédiatement vu qu’il s’agissait d’un pouvoir à exploiter, et a fondé le corps des alchimistes d’Etat, dont vous êtes le digne représentant. Ce sont eux qui ont assis la suprématie d’Amestris sur la région, ou l’alchimie n’était pas, ou peu, développée.
J’élevais une objection.
-Les alchimistes d’Etat sont à vocation défensive. Nous intervenons en cas de violation des frontières, mais nous n’avons pas reçu d’ordres demandant notre assistance dans un but agressif.
Mon interlocuteur prit une expression ennuyée.
-Ah, vraiment ? Si il y a une chose que j’ai apprise en étudiant l’Histoire, c’est qu’elle est faite par les vainqueurs… Si l’on s’en tient aux simples faits, un observateur constatera qu’au cours des 200 dernières années, notre pays a connu une dizaine de guerres de plus ou moins grande ampleur, qui se sont à chaque fois soldées par un agrandissement du territoire… Peu importe de chercher à savoir qui a tort ou qui a raison, ce fait demeure.
Cet homme est étrange… Certains de mes supérieurs assimileraient ce discours a un acte d’antipatriotisme… Mais il semblait n’en avoir cure. Je décidais de le sonder dans cette direction.
-Je peux admettre que nos dirigeants n’aient pas toujours été blanc comme neige, mais ce sont des pratiques qui appartiennent au passé… Le conflit actuel n’est pas de notre fait, tout le monde vous le dira.
Il prit un air songeur.
-Tiens ? Curieusement, les journaux de Creta semblaient avoir un point de vue différent sur la question… Et si j’en crois certaines conversations, une victoire de notre part pourrait bien aboutir à l’annexion du Val des Rêves… Bien sûr, pour protéger nos concitoyens qui y vivent déjà de la vindicte du reste de la population…
Cette fois, je ne pus empêcher la surprise d’apparaître sur mon visage. Si les propos de tout à l’heure pouvaient être jugés anti-patriotiques, ceux là relevaient presque de la trahison !
-Êtes vous en train de dire qu’Amestris est en tort dans cette affaire ?
-Non… en fait, peu importe qui est en tort –d’autant plus que nous pouvons être certain que l’Histoire nous apprendra que le vainqueur ne l’était pas- je me contentais de souligner que les « pratiques du passé » semblent être curieusement d’actualité… Vous n’êtes pas d’accord ?
Je me sentais un peu mal à l’aise. Cette conversation avait pris un tour pour le moins inattendu… et peu plaisant. Est-ce qu’il se rendait compte de ce qu’il disait ?

-Vous… Vous présentez les choses d’une manière qui pourrait vous valoir des ennuis, sénateur…
Il eut un large sourire.
-N’est ce pas ? Mais j’ai le, hmmm… sentiment que je n’en aurais pas avec vous…
-Une supposition bien hasardeuse…
Je prononçais ses paroles plus pour masquer mon trouble qu’autre chose. Il donnait l’impression de parfaitement savoir ce qu’il faisait… contrairement à moi.
-Hasardeuse ? Pas tant que ça, pas tant que ça… Mais nous nous éloignons du, hmmm… sujet originel. Je voulais attirer votre attention sur les, hmmm… similitudes du passé et du présent. Êtes vous d’accord avec mon analyse, jusqu’à présent ?
-Difficile de ne pas l’être, au vu des éléments que vous exposez… Mais ou voulez vous en venir ?
-Aaaaah, la destination. Je suis content que ameniez la discussion sur ce point. Vous souvenez vous de ce que j’ai dit au début de la conversation ? Je disais que le passé pouvait apporter un éclairage nouveau sur l’avenir… Dites moi… Que pensez vous que l’avenir nous réserve ?
Il n’y avait qu’une seule réponse possible. Je me souvenais avoir tenu exactement le même raisonnement en rapport avec mon expérience personnelle. Il avait suivi le même cheminement, mais dans une perspective plus large…
-J’imagine qu’un nouveau conflit risque d’éclater peu de temps après la fin de celui-ci…
Une lueur s’alluma dans ses yeux. Hmm ? j’ai dit quelque chose de particulier ? Il ne tarda pas à me donner lui-même la réponse, me contemplant d’un regard inquisiteur.
-Hmmmmm… Un choix de termes… intéressant. Peu de temps, dites vous ? J’estime qu’un éventuel nouveau conflit ne devrait pas survenir avant une dizaine d’années… Période que le commun des mortels considérerait comme relativement longue, hmmmm ?
Mon cœur se glaça. Que… Quel genre d’homme tiendrait un raisonnement de ce genre ? Est-ce qu’il serait au courant…
-Enfin, vous êtes un soldat, j’imagine que pour vous, la perspective de vous rebattre dans dix ans doit vous paraître courte !
Le ton était léger, et il semblait balayer de lui-même les soupçons qu’il avait eu. Je commençais à avoir la très désagréable impression d’être une marionnette qu’il manoeuvrait à sa guise… Je n’avais toujours rien appris sur ses motivations, et lui au contraire semblait me mener exactement là ou il le voulait. Je ne pouvais rien faire, si ce n’est attendre et essayer de voir d’où viendra la prochaine manœuvre…
-Bien, je suis très heureux d’avoir pu, hmmm… converser avec vous. Je pense vous avoir donner matière à réflexion, hmmm ? Sur ce…
Il me raccompagna vers la sortie. Attends… J’ai manqué un épisode, là ?
-Eh bien, bon courage, alchimiste des tempêtes. Nous risquons de ne pas nous revoir avant, hmmm… une longue période.

Je repartais dans la nuit, me posant encore plus de questions qu’au début de l’entretien. J’étais certain qu’il attendait quelque chose de moi, mais… au final, nous n’avions fait que discuter. Comptait il entrer dans le vif du sujet à notre prochain entretien ? Mais comme il l’avait lui-même dit, celui-ci n’aurait sans doute pas lieu avant une longue période… Mais ça n’avait pas semblé le contrarier. Il fallait que j’analyse notre conversation à tête reposée, j’en comprendrais peut être le sens… Malheureusement, la guerre laisse peu de temps pour l’introspection. Debout Mark. Les vacances sont finies.
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:17

Chapitre 13: le Retour du maître

La salve d’honneur retentit, suivie de près par le tintement des cloches, qui sonnaient le glas. L’élite du pays tout entière était rassemblée pour l’enterrement de son treizième généralissime, Gurney Halleck. Le corps des alchimistes d’Etat au grand complet avait même été rassemblé pour l’occasion. A 77 ans, celui qui avait été surnommé « le Lion d’Amestris », s’était finalement éteint. Et avec sa mort, je me prenais à espérer une ère nouvelle. Peut être qu’enfin, le pays saurait prendre une nouvelle orientation… Je repensais à la conversation que j’avais eue quatre ans plus tôt avec le sénateur Boreal. A l’en croire, il n’y avait pas grand-chose à espérer, mais… D’ailleurs, se trouvait il dans l’assistance ? Je ne voyais nulle trace de sa présence. Je ne l’avais pas revu depuis ce dîner…

Un homme s’avanca, sortant des rangs. Je le reconnus aussitôt. L’homme qui était fortement pressenti pour succéder à Halleck, le lieutenant général King Bradley. Il avait perdu un œil lors de la dernière campagne militaire, disait on, mais cela ne l’avait pas empêcher de gravir les échelons à une vitesse ahurissante. Il avait bénéficié aussi bien du respect de ses supérieurs que de l’admiration de ses subordonnés, le bruit courrait que ses prouesses martiales sur un champ de bataille étaient inégalées. Pouvait il incarner les changements espérés ? Il avait fait la guerre, il se pouvait qu’avoir partagé les souffrances des hommes sur le champ de bataille l’incite à épargner davantage de souffrances au peuple d’Amestris… Mais je ne pouvais que l’esperer. D’une voix grave, King Bradley fit un discours à la gloire du généralissime disparu. Je n’écoutais pas, trop absorbé par mes préoccupations sur l’avenir pour m’appesantir sur un homme qui appartenait à présent au passé…

***

Deux mois plus tard, j’étais convoqué au QG de Central par le nouveau maître du pays. Sans surprise, King Bradley avait été porté au pouvoir par ses pairs à la quasi-unanimité, et le Parlement avait entériné ce choix. J’entrais dans son bureau, avant d’effectuer un salut.

-A vos ordres, Excellence.

Malgré sa moustache et son cache œil, Bradley avait un air affable et ce fut en souriant qu’il répondit. Toutefois… Quelque chose dans son regard me mettait mal à l’aise. C’était comme si son œil voyait au-delà des apparences et était capable de détailler l’âme…
-Ah, l’alchimiste des tempêtes… J’ai beaucoup entendu parler de vos exploits lors de la dernière campagne…
-C’est trop d’honneur, les votres sont en passe de devenir légendaires…
Il écarta la remarque de la main.
-C’est très surfait, les hommes ne peuvent s’empêcher d’exagérer les récits pour les rendre plus passionnants. Mais je m’égare. Si je vous appellé, c’est que j’ai une mission pour vous. La passation de pouvoir s’est effectuée dans le calme, mais j’ai besoin de gens pour aller inspecter les coins reculés du pays…

Effectivement, je me souvenais que plusieurs de mes « collègues » avaient été envoyés en tournée d’inspection… Tâche ennuyeuse au possible, mais pas moyen d’y couper, j’imagine. C’était toujours mieux que d’être envoyé au combat.
-Quelle est la zone que je dois inspecter, excellence ?
-Voyons… Je crois que le nom du village auquel vous avez été assigné est Resembool…
Inconnu au bataillon. Dans quel coin improbable je me suis fait expédier, encore…

***

Deux jours plus tard, en compagnie d’une demi douzaine de soldats, je débarquais au lieu dit. Ma première tâche consistait à m’enquérir de l’état d’avancement des travaux sur la ligne de chemin de fer, qui devrait, avec un peu de chance, desservir la région d’ici un an. La gare était d’ailleurs déjà en construction, mais à part cet édifice, il ne semblait pas y avoir grand-chose digne d’intérêt dans la région. C’était vraiment la cambrousse… A se demander quel était l’intérêt de faire un chemin de fer pour desservir ce village. J’étais perdu dans mes considérations lorsque le maire du village arriva.

-Nous avons rarement des visites de l’armée… Que me vaut l’honneur de votre présence ?
J’eus un geste distrait de la main.
-Simple mission d’inspection, je serais reparti dans deux jours… Le Généralissime veut s’assurer que tout se passe bien dans les provinces les plus éloignées de Central.
-Bien sûr, je comprends… Mais vous verrez vite qu’il n’y a aucun souci ici, c’est un lieu paisible…
Je vois ça, oui… La dernière fois que j’avais vu un lieu plus paisible que ça, c’était un cimetière…
-Je n’en doute pas, monsieur le maire. Avant mon départ, y’a-t-il un lieu… disons, particulier, dans ce village ?
Il réfléchit un moment.
-Eh bien, je ne vois pas… Ah si ! Vous devriez aller à l’atelier Rockbell, nous avons ici une spécialiste en automails rivalisant avec les meilleurs artisans de Rush Valley !
Ici ? Je soupçonnais fort une exagération… Comme si un expert en automails pouvait vivre dans un coin aussi reculé. Mais nul doute qu’aux yeux des habitants de ce village, cela passait pour un prodige… Enfin, de toute façon, je n’avais rien de mieux à faire. Je me faisais indiquer le lieu, et laissais les soldats à la gare. Inutile de débarquer en force chez un civil pour une simple visite de routine. Arrivé à l’atelier, je frappais à la porte.

Un homme blond vint m’ouvrir. Je saluais.

-Pardon pour l’intrusion, vous devez être Urey Rockbell ? Je suis venu parler à votre mère, Pinako Rockbell, c’est bien ça ?
Il eut un air surpris.
-Qu’est ce que l’armée peut bien vouloir ici ?
-Rien, rassurez vous. Le maire du village m’a tant vanté le travail accompli ici que cela a piqué ma curiosité…
Je haussais les épaules.
-La vérité, c’est qu’en ce moment, à part se tourner les pouces, nous n’avons pas grand-chose à faire… Remarquez, ce n’est pas plus mal, non ?
Il sourit et me laissa entrer. Je me retrouvais en présence d’une femme qui semblait approcher la soixantaine.
-Tiens, un militaire… J’ai vu quelques uns des votre venir se faire traiter ici, juste après la campagne de Creta… Mais étant donné qu’il ne semble vous manquer aucun membre, j’en déduis que vous venez pour autre chose ?
-J’avoue que seule la curiosité justifie ma présence ici… Le maire ne tarit pas d’éloges à votre égard…
Je jetais un coup d’œil aux automails dans la pièce.
-… Et on dirait que c’est mérité.
Je n’étais pas un expert en la matière, mais j’avais vu suffisamment de soldats équipés de prothèses métalliques pour savoir que celles-ci étaient bien mieux conçues que la moyenne. Je n’arrivais pas à comprendre ce qu’un ingénieur aussi doué venait faire ici.

-Baaaah, notre bon maire à tendance à grandement exagérer, parfois. Toutefois, si vous n’avez rien de particulier à faire ici, soyez bref, je ne manque pas de travail.
-Je comprends…
J’entendis la porte s’ouvrir, et une voix grave résonna.
-Pinako, je passais dans le coin et je me disais qu’on pouvait boire un… Tiens, tu as de la visite ?

J’écarquillais les yeux. Cette voix… Impossible ! Je me retournais pour regarder le nouvel arrivant. Pendant un instant, il parut ne pas me reconnaître, puis la surprise se lut clairement sur son visage. Nul doute que je devais avoir exactement la même expression.
-She…lley ?
Je prenais une profonde inspiration, essayant de calmer les battements de mon cœur.
-Ca faisait longtemps… Van Hohenheim.
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:19

Chapitre 14: Les Eternels

-Je… C’était inattendu.
Hohenheim et moi marchions le long de la rivière qui traversait la vallée, profitant de la solitude de ces lieux. Il avait l’air aussi troublé que moi par cette étrange tournure des évènements.

-J’avais lu il y a quelques années que tu étais mort…
-Eh bien… Les évènements ont pris une tournure… particulière, et au final, c’est devenu ma seule option.
Il hocha la tête.
-Je crois que je peux en comprendre la raison… Le fait que tu n’aie pas changé du tout depuis notre dernière rencontre est assez éloquent.
Il n’y avait aucune réprobation dans sa voix, juste ce qui semblait être de la nostalgie. J’eus un sourire triste.
-Vous n’avez que partiellement raison. Mon apparence n’a pas changée, mais tout le reste…
-Nul ne peut espérer avoir en sa possession un objet aussi puissant sans pour autant être affecté par lui, en bien comme en mal.
Je secouais la tête.
-Je ne sais pas moi-même si il s’agit d’une bénédiction ou d’une malédiction.

Mon ancien maître avait une expression rêveuse, comme si il se remémorait de lointains souvenirs.
-Tu es le seul qui pourra répondre à cette question, Mark. Au final, ça sera ce que tu désires que ce soit.
Je haussais les épaules, un peu gêné. Ce que je désire que ce soit… Je décidais de changer de sujet.
-Dites moi, comment se fait il que vous soyez dans un tel endroit, éloigné de tout ? C’était bien le dernier lieu ou je pensais vous retrouver…
Il eut un sourire avant de répondre.
-Eh bien… Disons que ma présence en ce lieu a une explication très simple et très complexe à la fois : l’amour.
J’écarquillais les yeux.
-Pardon ?
Il semblait visiblement amusé par mon étonnement. Je reprenais.
-Attendez… Vous avez quel âge, au juste ? Vous me dites que… Comment c’est possible ?
Il eut un petit rire.
-C’est une question à laquelle je n’ai moi-même pas de réponse. Mais c’est un fait qui demeure, je suis tombé amoureux.
-Je ne sais pas trop si je dois vous féliciter ou vous présenter mes condoléances.

Il eut un sourire triste.
-Tu devrais le savoir, pourtant… Tu étais amoureux d’une jeune fille à l’époque… Cynthia, c’est ça ?
Mon expression s’assombrit. Je n’avais plus pensé à elle depuis tant d’années…
-Oui. C’est pour ça que je ne comprends pas. L’amour… Pour les gens comme nous, j’ai bien peur qu’il provoque plus de souffrances que de bonheur, à présent. Vous savez très bien comment ça va finir.
Il secoua la tête.
-Je pense néanmoins que ça en vaut la peine… Mais tu as raison sur un point, Mark. Ca ne pourra pas durer éternellement. C’est juste que… j’essaie d’éviter de penser à ce moment.
Il haussa les épaules.

-Mais assez parlé de moi. Que deviens tu, Mark ?
-Depuis que j’ai obtenu la pierre philosophale ? Je me cache de l’armée tout en la servant… Peut être pour essayer de me débarrasser du sentiment de culpabilité à l’idée que je les ai trahis. Du coup, je vais de champ de bataille en champ de bataille, ne pouvant qu’espérer que ça s’arrête un jour… La vérité, c’est que je n’ai pas la moindre idée d’où je vais.

Un silence persistant s’installa. Je devinais qu’il était à peu près dans le même cas que moi, parcourant le pays sans but précis… Du moins, ça avait été le cas jusqu’à ce qu’il rencontre cette personne dont il était tombé amoureux. Et ce serait sans doute à nouveau le cas dans quelques années. Devions nous vraiment errer ainsi jusqu’à la fin des temps, soucieux uniquement de cette pierre qui nous maintient en vie ? Au fond de moi, je savais que les batailles que je livrais en temps qu’alchimiste d’Etat n’avaient aucun sens. C’est juste que je ne savais pas quoi faire d’autre. Mon ancien maître eut un sourire triste.

-La pierre des rois… On dirait qu’elle crée plus de problèmes qu’elle n’en règle, n’est ce pas ?
J’acquiesçais.
-Et pourtant… Je ne crois pas que j’y renoncerais. Pas dans l’immédiat en tout cas. Et vous ?
-Je ne sais pas. Ce n’est pas une décision facile à prendre…
Je jetais un coup d’œil à ma montre.
-Hmmm, il va falloir que je me mette en route, j’ai de la paperasse qui m’attends. J’espère que nous nous reverrons, Van Hohenheim.
-C’est Hohenheim Elric, maintenant.
Je haussais un sourcil.
-Elric, hein ? On dirait que je ne suis pas le seul à ne pas devoir garder la même identité trop longtemps… Au moins, je sais ou vous trouver, maintenant. Des fois que vous passeriez par Central, demandez Macros, en ce qui me concerne. Je crois que vous êtes la dernière personne à me connaître sous le nom de Shelley.
-Très bien. Adieu donc, jusqu’à notre prochaine rencontre.

Je m’éloignais d’un pas lent. Cette rencontre m’avait… perturbée. Elle me rappelait un passé de plus en plus lointain, que d’une certaine manière, je cherchais à oublier. D’une certaine façon… Mark Shelley était vraiment mort il y a maintenant près de vingt ans, dans ce laboratoire. Le rencontrer m’avait fait prendre un peu plus conscience que plus rien ne pouvait être comme avant. Je secouais la tête, chassant toutes ces sombres pensées de mon esprit. Ressasser le passé ne servait à rien, je devais me concentrer sur l’avenir… Quoiqu’il me réserve.
En approchant de la gare, je vis un soldat de mon escorte aller à ma rencontre en courant.
-Lieutenant colonel ! Des nouvelles de Central.
Je pris le papier qu’il me tendait, avant de pousser intérieurement un profond soupir. Autant pour mes espoirs de tantôt…


A l’attention du corps des alchimistes d’Etat.

En raison des incidents qui ont éclatés à notre frontière nord, veuillez regagner immédiatement Central et vous tenir prêt à partir en campagne contre Drachma. De plus amples instructions vous seront données sur place.

Généralissime King Bradley, chef suprême des forces armées d’Amestris.
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:23

Chapitre 15: "Changeons ce pays ensemble..."

La pierre brillait de milles feux. Je m’étais isolé au sous sol de la maison que je possédais à Central City, afin de pouvoir procéder à la « maintenance », comme je le disais ironiquement. C’était devenu presque un rituel, que j’accomplissais toutes les cinq années. Je me servais de la pierre philosophale pour stopper le vieillissement de mon corps, rétablissant les cellules détruites durant chaque intervalle. C’était un processus extrêmement délicat, qui n’admettait pas la moindre erreur. Après tout, il s’agissait de transmutation humaine… Les énergies de la pierre circulaient à travers mon corps, tandis que mon esprit maintenait un fragile équilibre… Si je libérais toute l’énergie de la pierre d’un coup, mon corps ne supporterait pas la pression, et même mon esprit risquait d’être balayé. Etrange exercice, qui me faisait presque fusionner avec la pierre, avec cet impératif absolu de garder une fine barrière… Même au bout de quarante ans en possession de cette pierre, cela restait dangereux.
Je m’étais souvent dit qu’il s’agissait d’un moyen particulièrement efficace de s’assurer des compétences des possesseurs de la pierre. L’immortalité se mérite… Un alchimiste non préparé mourrait certainement si il se risquait dans la manœuvre que j’étais en train d’accomplir. Peut être que toutes les années de recherche nécessaire à l’élaboration de la pierre sont un moyen de se préparer à son utilisation… Echange équivalent. Même la légendaire pierre philosophale n’y échappait pas.

Je poussais un soupir au moment ou l’opération s’achevait. Mon corps était revigoré, comme à chaque fois. Une bonne manière de commencer la journée… J’allais à l’entrée et ramassais le journal sur le pas de ma porte, parcourant rapidement les gros titres. Comme d’habitudes depuis à présent cinq ans, les nouvelles tournaient essentiellement autour des troubles qui agitaient la province d’Ishbal, que d’aucuns appelaient maintenant guerre civile, tandis que les autorités militaires parlaient de « guerre contre le terrorisme »… Enfin, tout cela ne concernait pas les alchimistes d’état, du moins, pas directement… La surveillance des frontières avait néanmoins été renforcée à son maximum, au cas ou l’un de nos voisins tentait de tirer partie de la situation. Je ne pouvais qu’espérer que la situation s’apaise et que le calme revienne au sud-est du pays. Amestris avait suffisamment de problèmes à ses frontières pour ne pas avoir besoin d’une crise interne…

***

-C’est du bon travail, alchimiste des tempêtes. Vous avez les remerciements de l’armée.
-Je n’ai fait que mon devoir, général.

Je venais de rentrer d’une mission à la frontière sud du pays. Une patrouille de soldats venus d’Aerugo avait profité des troubles à Ishbal pour traverser la frontière en reconnaissance, et lorsque l’Etat Major avait eu vent de la chose, il avait décidé de faire un exemple. Et maintenant, les huit soldats de la patrouille étaient morts. Je n’avais ressenti aucune émotion particulière en les tuant. L’ennemi ne mérite aucune pitié. Toutefois… Je n’avais cessé de m’interroger, et ce durant des années, si ma loyauté envers l’armée était justifiée.

« Si tu as un problème avec une personne, alors tu as peut être raison. Si tu en as un avec deux, il n’est pas impossible que ton opinion soit juste. Mais si tu es opposé à trois personnes, alors, c’est toi le problème. »

Et Amestris ne cessait d’entrer en guerre tour à tour avec trois de ses voisins. Et j’étais sûr que si un désert presque infranchissable ne nous séparait pas de Xing, la guerre se propagerait aussi à l’est. Plus je réfléchissais, plus la sensation de… décalage se renforçait. Est-ce que je servais vraiment Amestris en servant l’armée ?

-Ah, au fait, Macros…

Mon attention se reporta vers mon supérieur.

-Nous avons reçu une demande… particulière. Le responsable des affaires civiles, Lord Halifax, a demandé à vous rencontrer personnellement. Il n’a pas donné de raisons…

Hmmm ? Qu’est ce que c’est que ça encore…

-Vous n’avez pas une idée de la raison qui le motive ?
-Comment savoir ce que veulent les huiles de Central ? Mais si vous décidez d’accepter… puis-je compter sur vous pour me rapporter votre conversation ?

J’acquiesçais vaguement en me saisissant du bout de papier sur lequel était noté l’adresse. Une demi heure plus tard, je me trouvais devant une splendide propriété, presque un palais. Il y en a qui ne se refusent rien, décidemment… Un valet vint m’ouvrir la porte.

-Ah, vous êtes attendu. Mon maître est au salon, je vais vous amener à lui.

Je le suivais, préparant les questions que je ne manquerais pas de poser à cet « Halifax ». Nous entrâmes dans une salle richement meublée. Un homme était assis dans un fauteuil au centre de la pièce, dos à la porte, et une voix étrangement familière s’éleva.

-Ah, vous voici enfin, hmmm… Navré de vous avoir convié aussi cavalièrement, mais je me dois de prendre, hmmm… certaines précautions. Comment allez vous, mon cher ?

Il se retourna, laissant voir son visage, et j’écarquillais les yeux.
-Boreal !
Il eut un air interrogateur.
-Hmmm… C’est sous ce nom que nous avons été, hmmm… présentés ? J’avoue ne pas avoir une très bonne, hmmm… mémoire à ce sujet. Les noms vont et viennent au fil des années, vous devez commencer à en avoir une, hmmm… petite idée.

J’essayais de me remettre de ma surprise. Avant de répondre, un sourire incrédule sur le visage.
-Vous… Vous n’avez pas pris une ride en quinze ans.
-Hmmm, je dirai que vingt ans doit être plus proche de la réalité. Et, hmmm… je vous retourne le compliment, mon cher.
Je jetais un coup d’œil au majordome qui nous avait accompagné.
-N’ayez crainte, mon cher. Il est, hmmm… vaguement au courant de notre petit secret. Et d’un dévouement irréprochable. Vous pouvez vous retirer.

L’homme quitta la pièce. Je me retournais vers « Halifax », alias Boreal.
-Donc… Vous l’avez aussi ?
Il eut une expression amusée.
-Il n’y a pas beaucoup d’autres explications, hmmm ? Mais vous vous demandez sûrement pourquoi nous nous revoyons après tant d’années ? J’espère que vous gardez un assez bon souvenir de notre dernière, hmmm… conversation.
-Je crois que je peux me rappeler des points importants. Si vous me disiez ce que vous voulez, à présent ?
-Hmmm, très bien. Je serais direct. Je veux que vous nous joignez à nous.

J’eus un regard interrogateur.
-Qui est ce « nous », et que désire t’il ?
-Concernant votre première demande, hmmm… disons qu’il s’agit de personnes qui, par les hasards du destin et de la providence, ont, hmmm… eu la chance de se retrouver en possession de la source de la vie éternelle, comme nous. Ou du moins de quelque chose qui y ressemble.
J’encaissais le choc. Une organisation d’alchimistes avec une pierre philosophale ? Une telle chose existait sans que l’armée n’en sache rien ?
-Eh… Combien êtes vous, exactement ?
-Oh, guère nombreux. A, hmmm… l’heure actuelle, nous sommes une demi douzaine, pas plus.
Six. Ce qui signifiait qu’au moins huit alchimistes étaient en possession de la pierre philosophale… Tant que ça… Et il était fort possible qu’il y en ai d’autres.
-Enfin, concernant votre seconde, hmmm… interrogation. Notre objectif est fort simple, en vérité : nous voulons détruire entièrement le régime d’Amestris.

La déclaration fut suivie d’un lourd silence. Qu’est ce que c’est… que ce délire… Il est sérieux ? C’est impossible, pas avec aussi peu de monde ! Il espère sérieusement que je vais me joindre à ça ?
-Et… Comment comptez vous vous y prendre, si ce n’est pas indiscret ?
-Hmmm, je préfère ne pas entrer dans les détails tant que je n’aurais pas entendu votre, hmmm… réponse. Toutefois, soyez assuré que nous userons de tous les moyens nécessaires. C’est une, hmmm… guerre, que nous projetons, et il y aura des victimes innocentes. Mais c’est un prix que nous sommes, hmmm… disposés à payer.
-Vous me demandez de trahir Amestris ?!

Mon interlocuteur eut un sourire condescendant.

-Je vous demande de trahir l’Armée. Et, hmmm… nous savons tous deux que ce n’est pas la même chose, hmmm ?
Je me souvenais maintenant parfaitement de notre dernière conversation. Alors c’est ça… Il testait mes convictions… Puis il a sciemment laissé du temps s’écouler pour que je puisse faire par moi-même l’expérience… Toutefois…
-C’est absurde. Même si j’acceptais de vous rejoindre, vous n’avez aucune chance de parvenir à vos fins. Même pas une dizaine d’hommes contre un Etat entier ? Vous vous bercez d’illusions dangereuses. Sortez un peu de ce rêve, c’est impossible !
-Aaaaaah. Si vous vous intéressiez un peu plus à l’Histoire, vous verriez qu’une poignée d’hommes déterminés peuvent changer le destin de peuples entiers. Hmmm, un rêve, vous dites ? C’est vrai, il s’agit d’un rêve. Mais il ne tient qu’à nous qu’il devienne réalité.

Je ne parvenais plus à détacher mes yeux de ceux d’Halifax. C’était le regard d’un homme habité par une conviction inébranlable. Il croyait vraiment à ce qu’il disait ! Il croyait vraiment pouvoir gagner ce pari insensé ! Et surtout… il me donnait envie d’y croire. Je reprenais.

-Mais n’êtes vous pas trop radical dans votre approche ? Il est sûrement possible de réformer l’armée de l’intérieur… Après tout, elle est garante de l’intégrité d’Amestris…
-Hmmm… Et à quel prix ? Chaque décennie apporte son lot de carnage et de destructions. Vous devez suivre ce qui se passe, hmmm… en la province d’Ishbal, non ? Pour asseoir son pouvoir, l’armée est même prête à massacrer une partie de sa, hmmm, propre population.
-Ils n’oseraient pas.
-Vraiment ?
-Attaquer ses voisins est une chose. Mais jamais ils ne s’en prendront à leurs propres provinces. Les soldats à Ishbal se contentent de maintenir le calme…
-Hmmm, maintenir le calme ? Ne vous laissez pas aveuglé par la, hmmm… propagande de Central. Ishbal, à l’heure actuelle, est comparable au, hmmm, pandémonium. La population de la province est entrée en révolte ouverte. Dites moi, hmmm… combien de temps pensez vous qu’il s’écoulera avant d’être envoyé là bas mater la rébellion ?

Je restais silencieux. Ce n’est pas possible qu’ils aillent aussi loin. Bradley ne peut pas demander aux alchimistes d’Etat de tuer ceux que nous avons juré de protéger. Mais si les choses en arrivaient là…

-Hmmm, je comprends que vous soyez troublé. Je ne vous demande pas une réponse immédiate. Mais souvenez vous : je vous offre la possibilité de changer ce pays ensemble. Nous vous avons longtemps observé. Vous finirez par, hmmm… comprendre qu’il s’agit de la meilleure chose à faire.
-Combien de temps ais-je pour prendre une décision ?
Il eut un grand sourire.
-Vous avez l’éternité devant vous.

Je quittais la demeure d’Halifax assailli par des centaines de questions qui se bousculaient dans ma tête. Qu’est ce que je devais faire ? Jamais je n’avais été aussi hésitant sur la marche à suivre…

***

Le quartier général était en ébullition. Tous les hommes s’agitaient et parlaient entre eux, sans que j’en sache la raison. J’interpellais le premier alchimiste d’Etat qui croisa mon chemin, un certain Armstrong, l’alchimiste aux Bras Puissants.

-Dites, qu’est ce qui se passe, là ? Amestris est attaquée, ou quoi ?
Il me regarda d’un air grave.
-Vous n’êtes pas au courant ?
-Apparemment…
Mon interlocuteur prit une grande inspiration avant de me répondre.
-Nous venons de recevoir un ordre du généralissime. Son excellence King Bradley, commandant en chef des armées d’Amestris, vient de promulguer l’ordre 3066. Celui-ci stipule que tous les alchimistes d’Etat que classe combattante doivent se rendre sur le champ en terre d’Ishbal. Afin de prendre part au début de la Campagne d’Annihilation de la région.
Je restais presque figé sur place. Le début de la campagne d’annihi… Armstrong reprit d’une voix sourde.
-Je… J’ai cité mot pour mot ce qui était écrit.
J’acquiesçais sans dire un mot. Ils ne prenaient même pas la peine de dissimuler la vérité derrière quelques phrases de circonstances. Nous en sommes donc là…
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:25

Chapitre 16: Prélude à la Tempête

Le train spécial affrété par l’armée était en route pour Ishbal. Et à son bord, des dizaines d’alchimistes d’Etat, envoyés pour mettre un terme définitif à sept ans de guerre civile. Je n’étais toujours pas parvenu à me convaincre de l’exactitude des ordres reçus. Campagne d’annihilation d’Ishbal… L’armée avait l’habitude de donner des noms ronflants à la moindre de ses opérations, mais là…

-Vous avez l’air contrarié, l’ami.

La remarque venait de l’homme qui était assis en face de moi dans le train. Il était visiblement assez jeune, son uniforme impeccable et ses longs cheveux noirs soigneusement coiffés en queue de cheval. On aurait presque dit un dandy plutôt qu’un soldat. Mais les cercles alchimiques que j’avais entraperçus sur ses paumes témoignaient de son statut d’alchimiste d’Etat. Et si j’avais correctement reconnu les symboles, il valait mieux ne pas le prendre à la légère…

-Hmmm. Disons que je ne suis pas trop sûr de ce que veulent nos supérieurs.

Il haussa les épaules.

-Quelle importance ? L’essentiel est de faire son travail du mieux possible, vous n’êtes pas d’accord ?
Je haussais un sourcil.
-Vous êtes prêt à accepter n’importe quel travail ?
-Question stupide. Bien sûr que non ! Je n’accepterais que ceux pour lesquels je suis entré dans l’armée. Et manifestement, tuer fait partie de mes devoirs… Donc autant le faire bien, et de la façon la plus élégante possible. Non ?

Je soupirais.
-Vous avez l’air de ne pas avoir trop de doutes, eh ?
Il eut un sourire presque malsain.
-Un soldat ne doit pas s’encombrer de fardeaux inutiles comme les doutes, non ? Vous avez le regard de quelqu’un qui a tué à de nombreuses reprises, vous devriez le savoir, pourtant ? Au fait, quel est votre nom ?
-Macros, l’alchimiste des tempêtes. A qui ais-je l’honneur ?
-Macros ? Quel nom étrange… Enfin, ce ne sont pas mes affaires, j’imagine. En ce qui me concerne, je suis le Crimson Alchemist, Zolf. J. Kimblee. Ravi de travailler avec vous.

Kimblee… Quelqu’un d’intéressant, assurément. Nombre de soldats étaient capable d’un certain détachement au moment de plonger dans la bataille. Mais lui, il s’en revêtait comme d’un manteau. Bien sûr, seul le champ de bataille permettait de réellement juger quelqu’un, mais il me donnait l’impression d’être totalement indifférent à qui vivrait et mourrait. Et ce mélange d’amour du travail bien fait avec ce léger irrespect pour les ordres venus d’en haut… Vraiment, un homme comme on en rencontrait pas tous les jours.


Le train arriva finalement à destination. La gare se trouvait dans une ville dévastée, désormais uniquement occupée par l’armée, qui en avait fait sa base de campagne. Des officiers distribuaient à chaque alchimiste leur affectation. Apparemment, j’étais aux ordres du colonel Mosquito, actuellement en charge du nettoyage du district de Gunja. En me dirigeant vers mon nouveau poste, malgré toutes mes hésitations, j’étais encore très loin d’imaginer dans quel enfer je venais d’entrer…





Chapitre 17: les Alchimistes Corrompus

-Ce n’est pas une guerre… C’est un massacre.

La remarque venait de l’un des soldats situé derrière moi. Chaque alchimiste d’Etat avait reçu une escorte assez conséquente, chargée de protéger ceux qui servaient de « fer de lance » à l’assaut. De fait, l’entrée des alchimistes d’Etat avait marqué une escalade spectaculaire de la violence. Les ordres étaient on ne peut plus clairs : tuer à vue chaque Ishbal, sans tenir compte de son âge ou de son sexe.

Pour l’heure, suivi par mes hommes, j’avais entamé ma progression dans l’un des quartiers encore sous le contrôle des « terroristes ». Au loin, je pouvais entendre le fracas provoqué par l’artillerie, qui pilonnait jour et nuit les positions n’étant pas contrôlées par l’armée. La bataille faisait rage, les troupes d’Amestris devaient conquérir chaque pâté de maison de haute lutte. A plusieurs reprises, j’avais vu de femmes se jeter sur des soldats, armées d’un seul couteau, des vieillards se faire sauter à la dynamite, emportant le plus de monde possible avec eux, des enfants venir achever les blessés. Toute la province semblait s’être enfoncé dans la folie…

-Lieutenant colonel ! La division avancée est tombée dans une embuscade, ils demandent un soutien !

Cette scène s’était déjà produite des dizaines de fois. Les Ishbal, en sept années de guerre, étaient devenus des spécialistes du combat urbain et de la guérilla, et Amestris avait perdu de nombreuses troupes dans de telles embuscades.

-Six hommes, avec moi.

Sans prendre la peine de vérifier ce qui se passait dans mon dos, je m’élançais au pas de course dans la direction indiquée. Bientôt, nous arrivâmes en vue du lieu de l’affrontement, une patrouille de soldats étant aux prises avec un fort parti rebelle. Parmi eux, je reconnus un « moine-guerrier », que les militaires avaient appris à craindre. La rumeur disait qu’ils étaient capable à eux seuls de tuer dix hommes à mains nues avant de tomber.

Je déclenchais mon alchimie, faisant s’effondrer l’immeuble le plus proche, désorganisant l’assaut. Les forces d’Amestris profitèrent du répit pour reculer de quelques mètres, avant de mettre un genou à terre et de tirer salves après salves, abattant les Ishbal jusqu’aux derniers. Je m’approchais du groupe que je venais probablement de sauver d’un sort funeste.

-Qui est l’officier responsable de cette compagnie ?
Un homme portant les galons de sergent me répondit.
-Le capitaine Owens, mais un moine-guerrier lui a fendu le crâne…
-Qui est son second, alors ?
-Le sous lieutenant Davis, mais je crois qu’il est mort, lui aussi…

Je me retenais de pousser un soupir consterné. Les pertes en officiers étaient particulièrement sévères, et les hommes sans encadrement avaient tendance à ne pas faire long feu…

-Bon, qui commande alors ?
-Je crois que c’est moi…
-Votre nom ?
-Sergent chef Henri Carter. Merci du coup de main, sans vous, on y passait tous.
-On verra ça plus tard. Je…

Soudain, des coups de feu partirent d’un immeuble à l’autre bout de la rue, trois hommes s’effondrèrent pendant que les autres se mettaient à couvert. Je déviais une balle à l’aide de mon alchimie avant de donner mes ordres.

-A tous les hommes, en avant. Nettoyez moi cet immeuble.

Je repérais une silhouette dans l’encadrement d’une fenêtre. Presque instinctivement, j’usais de la gravité pour lui broyer tous les os de son corps. Ce geste m’était devenu le plus naturel du monde, à présent… A la tête des soldats, je pénétrais dans le bâtiment. Rapidement, il fut le théâtre de violents affrontements au corps à corps, chaque pièce était prise au prix fort. Un adolescent n’ayant pas même vingt ans se jeta sur moi, un couteau de cuisine à la main. Je transmutais rapidement une lame et le transperçait de part en part d’un geste vif. Un cri me fit tourner la tête. Le sergent chef Carter était aux prises avec un nouveau moine-guerrier. Ce dernier avait brisé son fusil d’un revers de la main, et s’apprêtais à porter un coup fatal lorsque je lui brisais le cou. Il s’effondra sans un bruit, tendis que je cherchais déjà des yeux un nouvel adversaire.

-Merci, lieutenant colonel… Vous m’avez à nouveau sauvé la…
-Ne perdons pas de temps avec ça, voulez vous ? Poursuivez l’assaut.

Il hocha la tête avant de se relever. Le bâtiment était à présent presque contrôlé…

-Lieutenant colonel !

Je me tournais vers le soldat qui venait de m’appeler. Il se tenait dans l’embrasure d’une porte et me fit signe de venir voir ce qui s’y trouvait. J’entrais dans la pièce pour voir une demi- douzaine d’enfants blottis les uns contre les autres. Le plus âgé ne devait pas avoir dix ans encore. J’eus une moue dégouttée sur le visage. Leur destin était déjà scellé. Je me tournais vers Carter.

-Occupez vous de ça.
Il acquiesça, la mine sombre.
-Yes sir.

Les coups de feu résonnèrent au moment ou je quittais le bâtiment…


***

La nuit commençait à tomber sur Ishbal. L’armée marquait une pause dans sa campagne, et pour l’heure, j’avais rejoint le campement principal, et me trouvais autour d’un feu en compagnie de deux hommes que j’avais appris à connaître au cours des derniers mois.

-Ah, l’alchimiste des tempêtes. Vous avez eu une dure journée, à ce qu’il parait.
-Pas plus que d’habitude, Crimson.

Kimblee était l’un des rares soldats à ne pas paraître affecté par les évènements. Je me demandais comment il faisait pour pouvoir encore sourire dans de telles circonstances… Je me tournais vers le second.

-Et vous, Flame Achemist ? Comment ça se passe, de votre côté ?

Mustang répondit d’une voix morne.

-La routine. Barrage d’artillerie pour les acculer. Je brûle tout ce qu’il y a sur mon chemin, et les soldats abattent les survivants. Et on passe au quartier suivant. Juste une répétition de ça.

De fait, tous les alchimistes s’étaient à présent installés dans une routine morbide. J’avais depuis longtemps renoncé à compter le nombre d’hommes dont j’avais le sang sur les mains. Et ce n’était qu’un début…

-J’ai entendu dire que trois alchimistes d’Etat ont été tués, cette semaine… C’est vrai ?
Roy Mustang répondit, toujours laconique.
-Pas tout à fait. Margrave s’est effectivement fait descendre avec toute son unité. Le vieux Comanche s’est pris une balle dans la jambe et a été retiré de la ligne du front, il va sans doute être amputé, d’après ce que j’ai entendu dire. Et Armstrong a été renvoyé à Central pour mutinerie.

Kimblee eut un ricanement moqueur.

-Encore quelqu’un qui n’a pas compris quel était le rôle d’un soldat. Qu’est ce qu’il croyait, en s’engageant ? Si il n’était pas prêt à tuer, il n’aurait jamais dû revêtir l’uniforme. Vous n’êtes pas d’accord ?

Un lourd silence s’instaura autour du feu. Prêt à tuer, hein ? C’est la première fois la plus difficile… La suite… vient d’elle-même. Cette campagne, plus que les autres, me faisait prendre pleinement conscience du peu de valeur que pouvait avoir la « vie », et à quel point les idéaux de « justice », ou d’ « équité », étaient dénués de sens. Et surtout à quel point la folie des hommes pouvait prendre le pas sur leur bon sens. Soudain, une cloche retentit dans la nuit. Kimblee se leva.

-Ouuups, c’est pour moi, ça. Le devoir m’appelle, messieurs. A une prochaine fois, donc…

Je restais seul avec Mustang, le silence régnant en seul maître. Il n’y avait rien à dire. Nous étions tous deux perdus dans nos pensées, seuls avec nous même. Et profitant du bref répit avant l’aube, avant le carnage…
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:30

Chapitre 18: Cette nuit...

Sur ordre de l’Etat Major, tous les alchimistes d’Etat combattant à Ishbal s’étaient rassemblés. J’ignorais quel était la raison de cette demande, mais c’était toujours un moment de répit avant de replonger au cœur du carnage… Deux hommes pénétrèrent dans la tente. Le premier était le général Kain, dirigeant de toutes les forces armées à Ishbal. Quant au second, je ne l’avais jamais vu. C’était un homme de taille moyenne, aux cheveux noirs et au visage épais. Il semblait tout sauf ravi d’être là, et portait une petite mallette…

-Messieurs, je vous félicite pour votre excellent travail. Grâce à vous, nous avons regagné le contrôle d’une bonne portion de la province, et nous commençons enfin à entr’apercevoir la fin de cette guerre.

La phrase d’introduction de Kain laissa tout le monde de marbre. Nous nous doutions tous qu’il ne nous avait pas fait appeler pour des compliments…

-Toutefois… Notre généralissime King Bradley a décidé qu’il était temps de frapper un coup décisif. Cette nuit, messieurs, vous mettrez fin à la rébellion.

Mustang fut le premier à réagir.

-Sauf votre respect, mon général, je ne vois pas comment nous pourrions en finir en une nuit alors que nous sommes ici depuis huit mois…
Kain se contenta de sourire.
-C’est pourquoi je met de nouveaux moyens à votre disposition. Docteur Marcoh ?
L’homme qui était entré avec lui eut un air nerveux, avant d’ouvrir sa mallette. Une lueur rouge s’en échappa. Une lueur qui m’était familière… Elle contenait une douzaine de fragments d’une pierre rouge comme le sang…
Non ! Impossible… L’armée est déjà si loin que ça dans ses recherches ? Et c’est comme ça qu’ils l’utilisent… Une colère sourde commençait à monter en moi. Je ne ressentais plus le moindre regret à avoir trahi l’armée il y a près de 30 ans. Mon seul regret, c’était de ne pas être parvenu à mettre fin définitivement à ces travaux. Je pensais que le rapport que j’avais remis à l’époque, ainsi que les pertes financières provoquées par « l’échec » auraient dissuadé les militaires de relancer le projet avant longtemps. Mais…

-Messieurs, voici notre premier prototype de la pierre philosophale. Il n’est pas encore tout à fait au point, mais ça suffira bien pour ce que nous comptons faire…

Je pris la pierre qui m’était tendue. C’était une sensation différente de la pierre philosophale. L’énergie était plus « brute », moins malléable… Les usages qu’on pouvait en faire étaient limités… Mais effectivement, pour ce qu’ils avaient en tête, c’était plus que suffisant. Un alchimiste avec une telle pierre voyait sa puissance destructrice décupler.

-Hmmm… Intéressant. Il me tarde d’essayer cet objet…

Kimblee observait sa pierre, une lueur dangereuse dans le regard. Et je pouvais voir chez de nombreux autres l’attrait qu’avait cette nouvelle arme sur eux. J’avais raison. L’armée n’aurait jamais dû être autorisée à posséder ceci.

-Eh bien, commandant Kimblee, ce sera le cas dès ce soir. Chacun de vous va se voir confier une des villes encore en rébellion. Je veux que vous les rasiez entièrement. Ne laissez pas un seul bâtiment debout. Vos hommes se chargeront des survivants.

Je dus réprimer l’envie de tuer ce général arrogant, de tuer tous les membres présents sous cette tente. Mais même moi, je ne faisais pas le poids face à une dizaine d’alchimistes d’Etat, désormais tous possesseurs d’une pierre rouge. Je m’étais sali les mains déjà bien des fois, et à présent, il allait falloir le faire une dernière… Mais intérieurement, je me fis une promesse. L’heure des comptes viendrait.

Je fus l’un des derniers à quitter la tente. En sortant, je passais tout prêt de ce « docteur Marcoh ». Je murmurais à son oreille.
-J’espère que vous pourrez vivre avec ça sur la conscience.
Je n’attendais pas la réponse, m’éloignant de ce lieu qui ne m’inspirait plus qu’une profonde répulsion.

***

-Lieutenant colonel, nos hommes sont en place.
-Bien. Je me charge de la cité, vos hommes savent ce qu’ils ont à faire.

Je me trouvais sur une falaise, de laquelle je surplombais toute la ville Ishbal. La ville que j’allais détruire. Je fermais les yeux, puisant une quantité invraisemblable d’énergie dans la pierre rouge. Puis je me concentrais, projetant des « sondes » en direction de la stratosphère. Je ne tardais pas à localiser ce que je cherchais, de nombreux débris en orbite autour de la planète. Je sélectionnais lesquels étaient susceptibles d’atteindre leur cible, avant d’utiliser presque d’un seul coup toute l’énergie de la pierre fabriquée par Marcoh.

Le ciel sembla s’embraser, avant qu’une véritable pluie de feu s’abatte sur la ville. Même à cette distance, je pouvais entendre les hurlements de panique et de douleur qui montaient de toute part. J’utilisais les résidus d’énergie qui subsistaient dans la pierre pour broyer à distance les bâtiments échappant aux projectiles venus du ciel. En contemplant l’horizon et en écoutant les bruits qui s’élevaient dans la nuit, je devinais que les autres alchimistes ne chômaient pas, non plus. Une colonne de feu s’élevait au loin dans le ciel, à l’est de ma position. Plus au sud, le vent m’apportait le bruit de multiples détonations, bien plus puissantes qu’aucun canon ne saurait provoquer. Quand au nord, la terre semblait s’être mise à trembler, je pouvais le ressentir, même d’ici. Et en une dizaine d’autres lieux, le spectacle était équivalent…

-Incroyable…
-C’est pas humain…
-Sacré spectacle, c’est sûr.

Les commentaires venaient des quelques soldats restés en poste sur la falaise, ayant pour mission de s’assurer que je ne soie pas interrompu durant mon « travail ». Je me retournais, ce qui eut pour effet de les faire taire instantanément. Puis je commençais à descendre d’un pas lent de mon poste d’observation. Ce faisant, je croisais le regard de l’un des soldats. Il détourna les yeux aussi vite que possible, mais j’avais eu le temps d’y lire une peur profonde…

-J’ai fini. Vous savez ce qu’il vous reste à faire.
-Yes sir !

Les soldats commencèrent à relayer l’ordre de pénétrer dans la ville en ruines, afin de mettre un point final à la « grande purge » voulue par Bradley. Cette nuit, tous les hommes présents à Ishbal avaient approché l’enfer de près. Et tout un peuple avait été presque entièrement effacé de la surface du monde. Quant à moi, je n’avais plus aucun doute. L’Armée était pourrie de l’intérieur, et je ne lui devais plus rien. Désormais, j’allais commencer MA guerre…
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:32

Chapitre 19: le Conclave des Ombres...

-Ainsi vous êtes venu.

A mon retour à Central, la première chose que j’avais faite était de revenir voir ce « Lord Halifax », ou quel que soit son vrai nom. Je n’avais eu aucune difficulté à entrer chez lui. En fait, je crois bien qu’il m’attendait…

-J’ai décidé d’accepter votre offre, Halifax.
-Hmmm. Je savais que vous finiriez par venir. Bien, dans ce cas, hmmm… voulez vous bien me suivre ? Les autres nous attendent.

Sans dire un mot, je lui emboîtais le pas.

***
Quelques minutes plus tard, nous entrions tous les deux dans un grand entrepôt désaffecté, situé dans le quartier industriel de la ville.

-Pas très… classe.

Taliesinn eut un léger sourire.

-Hmmm… Prudence est mère de sûreté, n’est ce pas ? Il n’est pas facile de trouver des endroits ou se réunir sans, hmmm… éveiller les soupçons…

Je ne pouvais qu’acquiescer. Lorsque l’adversaire était l’Etat lui-même, aucune précaution n’était superflue… Mes yeux mirent un moment à s’habituer à la pénombre. C’est alors que je vis plusieurs silhouettes dans l’obscurité, le visage dissimulé dans l’ombre. Voici donc les hommes qui voulaient faire tomber le régime d’Amestris… Une voix résonna dans l’ombre, âgée, mais impérieuse.

-Voici donc le fameux alchimiste des tempêtes… Nous vous suivons de loin depuis un moment déjà…

Je fus légèrement surpris.

-Je croyais que le seul à s’occuper de mon cas était cet Halifax ?
-Oh, Taliesinn ? Il était le plus à même de vous approcher, c’est vrai. Mais nous nous sommes intéressé à vous avant… Tout en nous assurant que l’armée ne fasse pas de même. Vous êtes plutôt doué pour dissimuler vos traces, mais pas encore totalement au point. Mais vous avez le temps d’apprendre… Mais passons. Pourquoi voulez vous vous joindre à nous ?

Je cherchais un moment mes mots avant d’ouvrir la bouche.

-Cela fera bientôt quarante ans que je sers l’armée en tant qu’alchimiste d’Etat. J’ai mis longtemps avant de me rendre compte que les idéaux qu’elle prétend défendre ne sont en réalité que des chimères. J’ai tué de mes mains des centaines d’hommes, peut être des milliers. Et pour quoi ? Juste pour conforter le siège d’un pouvoir qui se moque bien des sacrifices de son propre peuple, du moment qu’ils peuvent s’illusionner sur leurs propres grandeurs.

Je fis une pause.

-Il y a quelque chose de pourri dans ce pays. Je ne sais pas quand j’en ai pris conscience, mais avec Ishbal, c’est devenu une certitude. Et je refuse de rester plus longtemps les bras croisés tandis qu’Amestris s’effondre. Toutefois, je suis assez réaliste pour savoir que seul, je ne peux rien faire. Je ne sais pas si avec vous, je pourrai arriver à un meilleur résultat, mais… Je veux voir. Je veux voir si vraiment, comme l’a affirmé Halifax, une poignée d’hommes peut changer le cours de l’Histoire.

Le silence reprit ses droits dans la salle. Puis l’homme reprit la parole.

-Je vois. Mais avez vous conscience des sacrifices qu’implique le fait de nous rejoindre ? Il vous faudra sans doute tuer d’autres innocents, dans notre combat. Êtes vous prêt à aller jusqu’au bout ?

-Je n’ai rien à perdre. Quant à tuer des innocents… En ce qui me concerne, quelques uns de plus ou de moins ne feront pas une grande différence. Et si au final, nous réussissons, alors ce sont des milliers d’autres vies que nous aurons préservées. Après tout… Il faut bien que quelqu’un se salisse les mains, pour que les autres n’aient pas à le faire.

Un nouveau silence se fit. J’aurais juré que mon interlocuteur avait souri, même si dans la pénombre, je ne pouvais pas distinguer son visage. Il reprit la parole.

-Orateurs, je vous propose de passer aux voix. Êtes vous d’accord pour que Mark Shelley, alias Macros, rejoigne nos rangs ? Dorcas.
Une autre voix retentit, plus sèche que la précédente.
-J’aurais préféré une période d’observation plus longue, mais je n’ai pas d’objections. Pour l’instant.

-Métatron ?
La réponse vint de la silhouette la plus imposante, d’un timbre particulièrement grave.
-Oui.

-Taliesinn ?
Le seul membre que je connaissais déjà répondit.
-Hmmm, bien évidemment, très cher.

-Némésis ?
Une voix féminine, calme et posée, résonna dans l’entrepôt.
-Je suis d’accord.

-Bien. Shivah, vous êtes le dernier…
Il n’y eut pas de réponse, mais je perçus un hochement de tête presque imperceptible de la part de la dernière silhouette. Celui qui avait guidé l’entretien reprit alors la parole.
-Macros, vous êtes admis à l’unanimité comme membre à part entière de notre groupe. Vous êtes à présent le septième orateur du Conclave des Ombres. Félicitations.

J’étais légèrement amusé par le formalisme de la « cérémonie », mais je me contentais de hocher la tête.
-Je vous remercie de votre confiance.
-Bien. Taliesinn vous expliquera plus en détail notre mode opératoire. Venez à présent, je vais vous présenter… à votre nouvelle famille.
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:33

Bien, voici le premier "chapitre bonus" de cette fic. C'est quoi, ces "chapitres bonus"? En gros, il s'agit de petits récits dont la chronologie n'a pas grande importance, n'étant pas centrés sur Macros, mais sur ses "camarades de combat". Je fais ça pour qu'on puisse en apprendre plus sur eux, en particulier ceux que je ne fais pratiquement jamais intervenir dans la saison 3 et dont on ne connait que le nom. Je ne sais pas encore si j'e ferais un pour tous les membres, on verra bien, priorité à ceux qui n'apparaissent que rarement. Voici donc...

Chapitre bonus: Shivah.

Deux silhouettes solitaires avançaient dans le désert. Un jeune homme blond, portant une barbe de quelques jours, à qui on aurait donné une vingtaine d’années, marchait de front avec un homme à la peau mate et au crâne rasé, le visage tatoué de symboles étranges. Les deux portaient une robe brune, à la façon des pèlerins de ce pays, et ils avançaient à travers les étendues désertiques. C’était tout ce qui restait d’Ishbal, à présent…

-Shivah, on est encore loin ? J’en ai ma claque, de ce désert…

L’homme qui venait de parler était le blond, visiblement contrarié par cette marche semblant sans fin. Son interlocuteur garda le silence un moment, avant de daigner répondre.

-Nous y sommes presque. Les ruines de Xerxès sont à une heure de marche encore, tout au plus.
-Pfff… Je ne sais pas comment tu fais pour te repérer là dedans, il n’y a que du sable…
-C’est ma région.

Cette phrase laconique fut la seule réponse. Le silence retomba, seul le bruit du vent soufflant sur les dunes troublait la tranquillité ambiante.

-Pas très bavard, hein ?
-…

Macros poussa un soupir en se demandant pourquoi il avait demandé à accompagner Shivah dans son expédition. Bien sûr, pour voir ces fameuses ruines, qui étaient supposées être le lieu ou l’alchimie était née. Mais il brûlait aussi d’en apprendre plus sur l’un de ses nouveaux compagnons, qui semblait enveloppé d’une aura de mystère.

-Hmmm, tu es un habitant d’Ishbal, non ?
Shivah se contenta de hocher la tête.
-C’est à cause de la guerre civile que tu as rejoint Socrates ?
-Non. Je suis avec lui depuis une centaine d’années.

Macros haussa un sourcil. Une centaine d’années… Ca faisait un sacré bout de temps…

-Je peux te poser une question ?
-Une de plus, une de moins…

Macros fit un sourire ironique avant de poursuivre.
-Tu ne me détestes pas pour avoir massacré un si grand nombre des tiens ?
Shivah se contenta de le regarder d’un air étrange.
-Je devrais ?
-J’imagine que c’aurait été compréhensible… Mais ça ne t’as pas rendu furieux de voir l’Armée exterminer ton peuple ? Je ne compte plus le nombre d’Ishbals qui m’ont maudit avant de mourir… Et si peu ont survécus.

Shivah poussa un profond soupir, les yeux perdus dans le vague.
-Rien ne pouvait empêcher ça. En fait, cet évènement va faciliter notre réussite. L’Armée a démontrée à son propre peuple qu’elle pouvait se retourner contre lui. Il ne l’oubliera jamais. Socrates a dit le jour ou l’ordre d’annihilation a été proclamé : « qu’ils creusent leur propre tombe ». Ils l’ont fait au-delà de toute espérance…
-Peut être… Mais ils l’ont faite assez grande pour emporter pas mal de monde avec eux…
-Au final, les Ishbals ont survécus. Et leur peuple obtiendra l’indépendance le jour de notre victoire. C’est donc sans importance.

Le silence vint une nouvelle fois planer sur les deux silhouettes, avançant toujours inlassablement. Macros reprit.

-A t’entendre, on dirait que tu ne te considères pas comme l’un d’eux…
-Et toi ? Te considères tu encore ne serais ce que comme un être humain ?
Macros eut un petit rire.
-Touché. J’imagine que nous faisons tout deux partie de la catégorie des « monstres », à présent. Mais même les monstres peuvent éprouver de la rancune, non ?

Shivah répondit d’une voix monocorde.
-Je n’ai pas le temps pour ça. Je ne suis pas stupide au point de me laisser guider par une émotion telle que la vengeance.

Macros sourit pour seule réponse. Puis les deux hommes s’arrêtèrent, enfin arrivés à leur destination : une antique cité aujourd’hui en ruines et battue par les sables. Ils parcoururent les rues de la ville qui avait autrefois été le centre d’un empire florissant. Shivah leva le visage, comme cherchant à sentir le sable que le vent apportait sur son visage.

-Nous ne sommes pas seuls.
-Yep. Des réfugiés de la guerre civile, sans doute. On fait le ménage avant de commencer ?
-Hmm.

L’air autour de Macros sembla se distordre, tandis que le sable aux pieds de Shivah semblait parcouru par une onde invisible. Le sang allait couler à flots dans les rues de Xerxès…
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:34

Chapitre 20: L'homme à la cicatrice (première partie)


Je venais de rentrer à Central City, pour trouver la ville étonnamment calme. Depuis la demi douzaine d’années qui s’était écoulé depuis Ishbal, je n’étais revenu dans la ville que trois fois. De manière générale, je m’étais déplacé constamment, évitant d’avoir trop de contacts avec mes « collègues » de l’armée, envoyant mes rapports à mes supérieurs par lettre, et recevant mes instructions de la même manière. Après avoir opéré durant près de cinq années de cette manière, j’étais parvenu à me faire oublier de la part des autorités militaires. Ils savaient qu’il existait un « alchimiste des tempêtes », mais les personnes à l’avoir rencontré et à avoir son visage en tête étaient de plus en plus rare… Juste quelques connaissances d’Ishbal, sans doute. « Macros » était devenu un simple nom sur une feuille de papier, que l’on utilisait parfois pour quelques missions, mais qu’on ne voyait pratiquement jamais.

Cette nouvelle situation me convenait parfaitement. J’avais eu les coudées franches pour agir à ma guise, et fouiller dans les recoins les plus obscurs, tout ce que l’armée désirait dissimuler au public… Ma montre d’argent avait tendance à ouvrir toutes les portes, et il n’y avait rien de plus simple que « d’emprunter » l’identité d’un autre alchimiste d’Etat… voire même d’en inventer un de toute pièce. J’avais ainsi pu remonter une filière d’expérimentations secrètes tenue par un membre de l’Etat Major dont je cherchais encore l’identité. Et mon enquête m’avait appris que deux laboratoires au cœur de Central étaient impliqués… C’était donc la raison de mon retour.

Toutefois, l’ambiance était étrange… Une sorte de climat de peur régnait sur la ville. Il me semblait que les soldats se montraient moins dans les rues… Et je surpris plusieurs civils me regarder de façon étrange… Comme essayant de déterminer si j’étais inconscient ou juste stupide. Quelque chose n’allait pas… Mais je n’avais pas encore idée à quel point. En arrivant au bâtiment servant de rassemblement aux alchimistes d’Etat, je le trouvais entièrement désert. Seul un garde était de faction à l’entrée, et visiblement, à en juger par son expression, il aurait apprécié être ailleurs… Je me dirigeais vers lui.

-Eh, qu’est ce qui se passe ici ? Les alchimistes d’Etat sont victime d’une épidémie de grippe et sont tous alités ?

Visiblement embarrassé, le soldat me répondit…

-En fait, ils sont partis pour East City il y a deux jours à peine… Enfin la plupart. D’autres ont pris la direction du nord… Enfin, les alchimistes d’Etat encore à Central se comptent sur les doigts d’une main… Même King Bradley et son Etat Major sont partis en « tournée d’inspection » dans l’est… Si ils pensent pouvoir camoufler leur fuite ainsi…
-Attendez, leur fuite ? Qu’est ce qui se passe ici ?

Le soldat me dévisagea comme si je venais de la lune.
-Vous n’êtes pas au courant ?
-Au courant de quoi ?
Je commençais à être sérieusement agacé d’être le seul à ignorer ce qui se passait…

-Un tueur en série est apparu…
-Et ? Vous n’allez pas me dire que l’élite de Central City s’est enfuie pour un simple meurtrier !
-Eh bien en fait… Il semble viser les alchimistes d’Etat… Ca a foutu un sacré désordre et la plupart ont décidé de changer d’air…
Je n’en croyais pas mes oreilles. Les « armes humaines » s’étaient enfuies devant un vulgaire tueur ? Je cachais à peine mon mépris.
-On dirait que certains se sont ramollis, en temps de paix. Fuir ainsi la queue entre les jambes…
-Ben… Faut dire que trois d’entre eux se sont déjà fait dessouder, je crois…
J’émis un reniflement méprisant.
-Donc non seulement ils perdent leur courage, mais aussi leur compétence ? Et dire que ce sont mes collègues…

Sur ces mots, je laissais le garde à sa surveillance solitaire. Ces évènements jouaient en ma faveur… Central désertée par les hautes instances ? J’allais avoir le champ libre pour plusieurs jours, peut être même des semaines ! Et qui plus est sans être remarqué par quiconque… La chance semblait être avec moi. Bon, par ou commencer ? Je décidais d’aller fouiller les archives du QG de Central. Du fait qu’aucune autorité ne régissait son accès, je devais pouvoir y faire des découvertes intéressantes…


Je m’engageais sur un grand pont de pierre lorsqu’une silhouette se dressa sur mon chemin. L’homme portait un manteau à capuche, lui dissimulant le visage. Il s’adressa à moi d’une voix grave.

-Macros, l’alchimiste des tempêtes, n’est ce pas ?

Je marquais un temps d’hésitation, avant d’arriver à la conclusion la plus plausible.

-Vous êtes plutôt bien renseigné… Mieux que la plupart de mes collègues. Laissez moi deviner… Vous êtes celui qui leur a flanqué une telle frousse au point de déserter la ville, je me trompe ?
-Fuir ne les mènera à rien. Tôt ou tard, le châtiment divin s’abattra sur eux… Comme il va s’abattre sur toi.
Je poussais un soupir.
-C’est quoi votre problème ? On ne se connaît pas, que je sache…
-Moi je te connais, alchimiste des tempêtes. C’est bien suffisant.
Je demandais d’un ton innocent.
-On est obligé d’en arriver là ? En fait, je devrais sans doute vous remercier d’avoir fait place nette…

L’homme retira sa capuche, dévoilant une peau mate et des lunettes noires cachant ses yeux. Mais ce qu’on voyait avant tout, c’était sa cicatrice en forme de X qui lui barrait le front…

-Et je vais poursuivre mon œuvre en faisant disparaître un nouvel alchimiste d’Etat de cette terre…
Je fronçais les sourcils, agacé par son ton.
-Vous êtes bien sûr de vous… Vous ne croyez pas plutôt que ça va être l’inverse ?

Il se contenta d’avancer dans ma direction, ramenant son bras droit en arrière. Je reculais d’un pas, sortant ma main de ma poche, avant de relâcher mon alchimie. Une explosion secoua le pâté de maisons, marquant le début du combat…



Chapitre 20: L'homme à la cicatrice (deuxième partie)

L’homme posa sa main droite au sol. A ma surprise, ce dernier s’effondra littéralement, l’onde de choc se propageant jusqu’à moi. De l’alchimie, hein ? Mais il y avait quelque chose… Je me servais de ma propre alchimie pour alléger mon corps, le soulageant partiellement de la pression de l’apesanteur. Je fis un saut de plusieurs mètres en arrière, échappant à l’attaque, m’engageant sur un pont enjambant le fleuve. Toutefois, si mon adversaire fut surpris par cette prouesse physique, il n’en montra pas signe. Au contraire, avec une vitesse surprenante, il se lança en avant, si bien que malgré mon bond, il était presque sur moi lorsque je me réceptionnais. J’évitais au dernier moment son bras tendu tout en transmutant une lame dans ma main. Son attaque heurta les pavés de la rue, qui volèrent en éclat sous le choc, perçant le pont de part en part. Mais à présent, j’avais une ouverture…

J’écarquillais les yeux lorsque mon coup ne frappa que le vide. Ce type avait réagi avec une vitesse dont je ne le croyais pas capable, évitant ma lame avec aisance. Déjà, il repassait à l’offensive, sa main tendue vers mon visage… J’interposais mon le plat de mon épée… Qui vola instantanément en éclats. Tournant la situation à mon avantage, je modifiais la trajectoire des éclats métalliques pour les diriger vers lui en pleine course, mais mon opposant fit un bond en arrière, et ne fut que frôlé par ma tentative.

Le combat marqua une pause momentanée, chacun essayant d’analyser la technique de l’autre au vu de notre première « manche ». Cet homme semblait avoir une alchimie très particulière… Il se contentait de décomposer ce qu’il touchait, et non de créer. Une utilisation ingénieuse de l’alchimie… et redoutable. Si il me touchait, j’allais avoir de gros problèmes… Et à coté de ça, cette vitesse de déplacement, cette fluidité dans les mouvements… Ca me rappelait…

Sans me laisser poursuivre ma réflexion, il repassa à l’attaque. Encore le bras droit tendu… Je me baissais, passant sous sa garde… Du moins, c’est ce que je pensais. Il enchaîna immédiatement avec un coup de pied à bout portant, que je n’eus d’autre choix que d’encaisser en plein thorax. Je fus projeté en arrière à quelques mètres, avant de me relever. Mon adversaire eut l’air surpris.

-Hmmm… Ce coup aurait dû te briser la cage thoracique… ta technique est bien étrange…
Je répondis en souriant, tout en reprenant mon souffle.
-Eh ! Pas si simple…

Mais c’est ce qui se serai passé si je n’avais pas réagi au dernier moment, en modifiant la gravité à la zone d’impact. Son attaque avait alors perdu une grande partie de sa puissance, tandis que la légèreté de la pesanteur avait contribuée à me projeter en arrière… Je n’avais plus de doutes sur son identité. L’enchaînement qu’il venait d’utiliser… Il ressemblait aux techniques de combat à mains nues des moines guerriers Ishbal. Ca expliquait pas mal de choses, et notamment son désir de tuer chaque alchimiste d’Etat… Mais… Les Ishbal ne pratiquaient pas l’alchimie, pourtant… Plus exactement, ils ne la pratiquaient plus…

-Si les attaques conventionnelles ne fonctionnent pas sur toi, eh bien c’est ce bras qui t’apportera le jugement divin.

Ce bras… Qu’est ce qu’il cache ? Mais déjà, il revenait à l’attaque. Toujours cette vitesse… Fort heureusement, je pouvais y répondre en allégeant mon corps, réduisant mes temps de déplacement. Mais je ne pouvais pas rivaliser avec ses réflexes et la précision de ses mouvements, fruit d’un entraînement intensif et d’une dureté incroyable. Je ne trouvais pas le temps de concentrer assez d’énergie suffisamment rapidement pour placer mes attaques… Peut être qu’en utilisant celle de la pierre philosophale… Mais de mon point de vue, il s’agissait d’un gaspillage de l’énergie me maintenant en vie. Je ne l’utiliserais qu’en dernier recours. Je parvins à me dégager de l’attaque d’un nouveau saut de plusieurs mètres atterrissant au sommet d’un poteau électrique. Légèrement surpris, il marqua un temps d’arrêt. J’en profitais pour lancer une attaque gravitationnelle, multipliant par dix la pesanteur dans la zone ou il se tenait. Mais là encore, ses réflexes quasi-inhumains le sauvèrent. Je le vis sentir le début de la pression et réagir aussitôt, se dégageant d’une pirouette, prendre appui sur sa jambe et repartir de l’avant en un seul mouvement. Il alla frapper le pylône sur lequel je me tenais de plein fouet, le désintégrant d’une nouvelle décharge d’alchimie, avant de se préparer à me « cueillir » à l’atterrissage. Il faillit ne pas voir la pointe de métal qui fut à deux doigts de s’enfoncer dans son dos, l’un des fragments de l’épée qu’il avait brisé tantôt. D’un saut sur le côté, il esquiva l’attaque, tandis que j’atterrissais en douceur au milieu du pont.

Reprenant difficilement mon souffle, je cherchais un moyen d’abréger ce combat. Je consommais énormément d’énergie, ne serais ce que dans mes déplacements… Mais je pensais savoir comment en finir.

-Votre technique est impressionnante, Ishbal. Une puissance de destruction à laquelle rien ne peut résister…
-Les paroles sont inutiles. Ton destin est inéluctable…
Mes yeux s’étrécirent, tandis qu’un sourire cruel naissait sur mes lèvres.
-… Toutefois… Il me suffit juste de briser ce bras.
Je refermais l’étau invisible sur son bras droit, me servant de ma pierre philosophale pour accélérer le processus. Essaye d’échapper à ça, pour voir !

Pourtant, mon assaut provoqua une réaction inattendue. Des éclairs alchimiques enveloppèrent le bras de l’Ishbal, déchirant la manche de son manteau, mais déstabilisant totalement ma maîtrise du processus, mon attaque se dispersant d’elle-même sans causer de dommages. Il semblait aussi surpris que moi, il n’était donc pas à l’origine de cette étrange parade… pas consciemment, en tout cas… C’est alors que je vis les tatouages qui recouvraient tout son bras. Ces signes ! Incroyable… J’eus un rictus sardonique en les voyant.

-Voyez vous ça… C’est un bras intéressant que vous avez là, Ishbal… Je ne suis pas sûr de tout comprendre, mais ça vient de Xing, hein ? Quoique… Non, un mélange…

Je continuais à détailler les symboles. Qui les avaient tracés ? Lui ? Non, il ne me donnait pas l’impression d’avoir un très haut niveau de connaissance en alchimie… Il se servait juste de puissance brute… Mais ces signes… Ils avaient un rapport avec la pierre philosophale ! Voilà pourquoi mon alchimie soutenue par ma pierre avait réagie étrangement…

-Ce cadeau m’a été fait… Pour que les alchimistes mécréants soient jugés. Jusqu’au dernier.
-Ooooh ? Fait par qui ? J’aimerais beaucoup rencontrer cette personne…
-Tu n’as pas besoin de savoir.

Malgré ma fascination pour ces tatouages, j’étais conscient que ma situation était très mauvaise. J’approchais de ma limite… Décidément, la paix m’avait ramolli, moi aussi… Il faudrait que je remédie à ça à l’avenir… Si je m’en sors. Mais la topographie m’offrait un échappatoire rêvé. Alors que l’Ishbal prenait son élan pour un nouvel assaut, je rassemblais toute mon alchimie avant de la concentrer sur le sol. Le grand pont de pierre sur lequel nous nous tenions s’effondra d’un coup, creusant un véritable gouffre. Une dizaine de mètres nous séparait à présent… Totalement épuisé, je parvenais néanmoins à faire bonne figure.

-Navré, mais je n’ai plus le temps pour ça… On poursuivra notre discussion un autre jour.
-Tu peux fui, mais tu ne m’échapperas pas indéfiniment. Un jour, je t’apporterais moi-même le châtiment de Dieu.
-Désolé, mais je n’ai pas le temps de mourir. J’ai trop de choses à faire avant ça…

Sur ces mots, je tournais les talons, tandis que l’Ishbal vengeur faisait de même. Cet homme… J’espérais ne pas avoir à recroiser sa route de sitôt. Il était vraiment dangereux… Bon, et à présent, il était temps de se remettre au travail.
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:39

Chapitre 21: Coeur de Glace

Debout devant la tombe, je méditais en silence. Tant de temps s’était écoulé… Mon ancienne vie ressemblait parfois à un vague rêve lointain, que j’aurais pu imaginer de toute pièces. Mark Shelley avait il seulement existé, un jour ? Actuellement j’avais du mal à le penser… J’entendis les pas lourds de Métatron résonner dans mon dos.
-De qui s’agit il ?

Je répondais sans me retourner.
-De mes parents. Ils sont morts dans la semaine, à trois jours d’intervalle. Il faut croire qu’après cinquante ans de mariage ils ne pouvaient plus vivre l’un sans l’autre. Je l’ai appris par hasard dans la presse locale…
Métatron vint se placer à ma hauteur, lisant à voix haute l’inscription sur la tombe.
-John et Julia Shelley. Qu’ils soient unis dans la mort comme ils l’ont été dans la vie. Comment étaient ils ?
Je haussais les épaules.
-Des gens bien. Ils se sont toujours occupés de moi et m’ont toujours soutenu. Quand j’ai dû simuler ma mort, j’ai regretté de devoir leur infliger ça…
Je restais silencieux. Quelle sensation étrange… Que de ne rien ressentir.

Métatron sembla s’apercevoir de mon trouble et me dévisagea du haut de ses deux mètres et des poussières.
-Tu as l’air… bizarre.
-Hmmm, juste. Je pensais que venir ici me ferait quelque chose, je ne sais pas quoi… Je devrais être triste ou mélancolique, j’imagine ? Mais… Je n’y arrive pas. C’est comme si deux étrangers étaient enterrés là. Je n’éprouve que le respect dû aux morts…
Le colosse qui se tenait à mes côtés poussa un profond soupir.
-Je crois que nous sommes tous passés par là. La première centaine d’année est la plus dure à endurer, puisqu’elle est marquée par la disparition de tout ceux qui nous avaient été chers dans une autre vie. Et puis on s’habitue. On accepte qu’il soit normal de vivre quand les autres meurent.
Je haussais les épaules.
-Oh, après tout, j’ai à peine 60 ans ! J’ai le temps d’apprendre…
Métatron sourit, ce qui ne lui arrivait pas souvent.
-Un vrai gamin. Tu verra, tu te fera à cette nouvelle existence.

J’eus un sourire ironique.
-Ce n’est pas comme si j’avais beaucoup d’autres options.
-Allez, quittons cet endroit et concentrons nous sur le présent. Nous avons une tâche à accomplir.
J’acquiesçais.
-Ouais… Au fait, il est comment, le nouveau ? J’ai pas pu être présent pour la « cérémonie d’entrée »… Les devoirs de l’Etat.
-Brillant. C’en est presque effrayant…
-Dans quel sens ?
-Oh, pour ce qui est du combat, il est sans doute de loin le plus faible d’entre nous. Mais j’ai rarement vu un tel esprit scientifique… Et une curiosité insatiable, avec ça.
Je haussais un sourcil.
-Depuis quand ce genre de personnes se soucient du sort d’Amestris ?
-J’ai pensé la même chose, et Dorcas a fait plus que le penser. Mais Némésis l’a jugé sûr. Et je pense qu’il vaut mieux l’avoir avec nous que contre nous… Tu devras bien t’entendre avec lui, il te ressemble un peu, tu sais ?
Un léger sourire naquit sur mes lèvres.
-Oh ? Il va falloir que je rencontre cet « Erasme » au plus vite alors…

Mais nous avions d’abord une tâche à accomplir. Je me retournais une dernière fois vers la pierre tombale avant de quitter les lieux. Je ne devais plus m’attarder sur un passé qui avait de moins en moins de signification pour moi. L’avenir de tout un pays attendait…




Chapitre 22: L'Ombre du Passé

-Comme vous pouvez le voir, nos recherches se déroulent de façon très satisfaisantes. Nous espérons atteindre nos objectifs d’ici une ou deux années…

Mon « guide » semblait ravi d’avoir un auditoire pour vanter les mérites de la station de recherche située dans les montagnes de Briggs, à l’écart de toute forme de civilisation. Je n’avais appris que par hasard l’existence de cet endroit, grâce au désordre que le tueur d’alchimistes d’Etat -qui avait été surnommé Scar par les autorités- avait semé… En tuant le général de brigade Basque Grand, il semblait avoir touché un point sensible… Je ne me souvenais que vaguement de lui : un homme de grande taille et à la moustache fournie, mais nous ne nous étions jamais parlés. Mais il semblait qu’il avait été responsable de nombre de laboratoires plus ou moins clandestins… Qui avaient été paniqués par sa mort, ne sachant vers qui se tourner.

Quelqu’un, Bradley peut être, était déjà en train de remettre de l’ordre dans ce petit chaos… Mais l’agitation n’était pas passée inaperçue. Le vieux, comme je me plaisais à l’appeler, nous avait demandé de voir de quoi il retournait… Et c’est ainsi que j’avais pu remonter une filière de transferts de prisonniers jusqu’à Briggs… Je n’avais eu aucune difficulté à être reçu : ma montre d’argent semblait ouvrir toutes les portes. Je leur laissais croire que j’étais ici sur ordre de plus haut placé que moi, ce qui suffisait à rendre le personnel serviable et prévenant à souhait…

-Quels sont vos domaines de recherches, actuellement ?

L’officier qui me faisait faire le tour du propriétaire répondit.

-Eh bien, nous travaillons actuellement sur la création de chimères… Nous cherchons à créer une nouvelle espèce, des créatures dressées pour tuer et qui seraient d’une loyauté sans faille envers l’armée. Nous progressons assez rapidement… Tenez, il y a un mois, nous avons réussi à créer une chimère ayant une peau capable de résister aux balles… Malheureusement, elle est morte d’un problème cardio-vasculaire. Mais ces défauts seront bientôt réglés…

Je demandais d’un ton neutre.

-Vous vous servez de condamnés à mort pour la partie humaine, c’est bien ça ?

L’homme eut une expression gênée.

-Eh bien, autant que possible, oui. Malheureusement, malgré le fait que nous ayons obtenu une réforme du code pénal pour que la peine capitale soit prononcée plus aisément, nous souffrons de pénurie… Tout le monde en veut, vous savez ? Donc nous nous servons parfois de criminels de droit commun, sous couvert de les expédier dans un camp de travaux forcés. Nous réfléchissons à la possibilité d’accueillir des opposants politiques, mais il y a beaucoup de paperasse à remplir…

Je hochais la tête tout en restant silencieux. Je vois… L’étique dont se prévalait l’armée d’Amestris n’était décidément plus qu’un mythe… Avait elle seulement existée, un jour ? Décidément, la vie humaine a bien peu de valeur, de nos jours. Toutefois, cette conversation était rassurante, en quelque sorte : je n’avais aucun doute sur le camp dans lequel je souhaitais me trouver. Je me retournais vers l’homme.

-Dites moi, pourrais je voir le responsable de la station ?

-Ah, bien entendu. Le docteur Flinn sera ravi de vous recevoir, j’en suis certain… Il ne sort pas beaucoup, tant il est absorbé par ses recherches. Je suis sûr qu’il appréciera d’avoir l’occasion d’entendre les nouvelles de l’extérieur.

Je suivais l’homme à travers une longue série de couloirs. Les ouvriers avaient creusés un vaste réseau souterrain sous la montagne, l’endroit était bien plus spacieux que ce que pouvait supposer un observateur extérieur. Je fus amusé de voir que le chemin était ponctué de portes blindées et que les gardes multipliaient les procédures de sécurité. Ils craignaient une attaque ? Peut être que leurs chimères n’étaient pas encore vraiment sous contrôle, hein…

Finalement, j’atteignis une vaste salle emplie de papiers en désordre, d’éprouvettes contenant d’étranges substances, le tout dans une joyeuse pagaille. Un homme tournait le dos à la porte, assis à son bureau, penché sur une série de calculs…

-Docteur Flinn, un visiteur de Central. C’est un alchimiste d’Etat qui vient juger de nos progrès, et il a tenu à vous rencontrer.

Ce Flinn répondit d’une voix bourrue et cassante, sans relever la tête de ses feuilles.

-Ah, ces fichus types de l’Etat Major ne changeront jamais, toujours à fourrer leurs nez dans mes affaires… Pas possible de travailler dans ces conditions ! Enfin…

Je fronçais les sourcils. J’avais déjà entendu ces paroles… Et la voix me rappelait vaguement quelque chose. Je m’approchais de l’homme tout en saluant.

-Ravi de vous rencontrer, docteur. Désolé d’accaparer votre précieux temps, mais votre subordonné m’a tant vanté vos travaux qu’il a piqué ma curiosité…

Il rétorqua d’une voix acide.

-Il aurait mieux fait de se taire. Bon, faisons ça vite, voulez vous ?

Il se retourna, daignant enfin m’accorder un regard… Un lourd silence s’installa alors sur la pièce. Voilà qui était… inattendu. Il était un peu différent de la dernière fois, mais il n’y avait pas de doutes possibles, c’était bien lui. J’eus un sourire sinistre.

-Oooh, je pense que nous devrions avoir quelques petites choses à nous dire, « docteur Flinn », après tout.

J’admirais la manière dont il parvint à contenir sa surprise pour ne pas alerter l’officier qui était derrière moi.

-Effectivement. Laissez nous lieutenant, s’il vous plait.

L’homme s’exécuta, nous laissant en tête à tête. Je me frottais le menton, mi perplexe, mi amusé par la situation.

-Que de souvenirs…
-Shelley. Je savais qu’il était possible que nos routes se recroisent, mais je ne m’attendais pas à ce que ça se fasse ici.

J’eus un petit rire.

-Au moins vous vous attendiez à me voir, je ne peux pas en dire autant. Je croyais vous avoir tué, Gomez…

to be continued
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:42

Chapitre 23: Une page se tourne

Ah, -J’imagine que vous vous demandez comment j’ai pu survivre, n’est ce pas ?

Gomez n’avait pas changé d’un iota par rapport à mes souvenirs. Le visage un peu rond, ses lunettes carrées, le crâne légèrement dégarni, aux cheveux bruns avec quelques mèches grises…

-Eh bien… J’avoue que j’ai été surpris. Mais en y réfléchissant… J’aurais dû me douter que vous auriez pu avoir un fragment de la pierre philosophale sur vous. J’imagine que vous vous en êtes servi pour guérir vos membres, en tout cas assez pour pouvoir quitter le laboratoire avant d’être piégé par l’incendie…
-Exact. Vous n’avez pas idée d’à quel point ça a été douloureux… Je pouvais à peine marcher. J’ai failli ne pas sortir à temps d’ailleurs.
-C’eut été trop triste…

Je sentais Gomez en proie à une tension maîtrisée, mais réelle. Et je pouvais aisément en deviner la raison… Je ne pus réprimer un sourire.

-Vous avez peur que je reprenne les choses ou nous les avons laissées ?

Il eut un sourire crispé.

-Je suis très contrarié pour n’avoir toujours pas bien compris ce qui s’est passé ce jour là…
-Si ça vous contrarie tant que ça, je pourrai vous laisser une seconde chance…

Une ombre passa sur son visage, tandis que sa mâchoire se crispait. Je notais qu’il avait gardé une main derrière le dos durant notre entrevue, et que son bras avait légèrement tressailli… Il gardait une arme dans son dos ? Je ne pus résister au plaisir de le faire encore un peu mariner dans son jus, avant de le ver les deux mains d’un air apaisant.

-Allons, je plaisaaaante ! On ne va pas s’entretuer pour une histoire vieille de… quoi, trente ans ? Franchement, depuis quelques temps, j’ai acquis la conviction que la vengeance était l’acte le plus stupide qui soit… Et au cas ou vous n’auriez pas remarqué, je ne suis plus le Mark Shelley que vous connaissiez.

Gomez sembla se détendre progressivement, avant de regagner une partie de son assurance.

-Effectivement, vous avez grandi. On dirait que vous avez appris la valeur des vies humaines ?

Je lui jetais un regard en coin.

-On peut dire ça. Bon, ce n’est pas tout ça, mais notre cher Généralissime m’a confié une tâche, ici… Vous travaillez sur les chimères, donc ?
-Ah, oui. Le lieutenant vous a tenu au courant, donc ?

Je haussais les épaules.

-Vaguement. Vous me montrez ?

***
Gomez me mena à une vaste salle souterraine, protégée par une vaste porte blindée. On aurait dit la chambre forte de la Banque de Central… Sauf qu’en l’occurrence, le but n’était d’empêcher les gens d’entrer, mais les créatures de sortir… Des chimères de toutes formes, classées par numéros, étaient enfermées dans des cages, grondant, grognant ou employant tout autre moyen d’expression… Toutefois, dans le concert de sons, j’entendais parfois clairement des voix humaines, criant leur colère et leur désespoir.

-Hmmm. Des chimères parlantes ?
-Oui, c’est l’une des caractéristiques que nous essayons de leur donner, afin de faciliter la compréhension des ordres… Actuellement, nous travaillons sur leur psyché, afin de les rendre dociles. Nous sommes en très bonne voie. Mais ils restent bruyants… La salle est d’ailleurs totalement insonorisée, il a bien fallu…

Donc, des expériences sur l’esprit, aussi bien animal qu’humain. Et ils étaient proches de réussir ? Jusqu’à quel point… Je poursuivais mon interrogatoire, d’un ton vaguement blasé.

-Et donc, vous utilisez des criminels de diverses catégories, pour ces expériences…
-Oui, mais malheureusement, ça reste encore trop limité… On ne peut pas vider les prisons d’Amestris, sous peine d’attirer les soupçons. Toutefois… Nous avons eu quelques… solutions de rechanges. Certaines ethnies font des substituts appréciables…

Je fronçais les sourcils, avant de chercher à confirmer mon soupçon.

-Des Ishbals ?

Gomez secoua la tête négativement.

-On y a pensé, mais les rares survivants se font discrets… En plus, il s’est créé à Central un ridicule courant pro-Ishbal, qui a fait pression pour que les survivants soient laissés en paix… Leurs militants sont une vraie plaie ! Ca devient trop difficile…
-Alors qui ?
-Vous avez entendu parlé du peuple Aïhou ?

Je haussais les épaules.

-Non. Je devrais ?
-Pas vraiment. Il s’agit d’une bande de primitifs vivant à l’extrême sud d’Amestris. Presque personne ne sait qu’ils existent d’ailleurs… Bradley a maintenu la région sous strict contrôle militaire, afin de prévenir toute envie de suivre l’exemple Ishbal. J’ai entendu dire que les officiers en poste étaient la lie de l’armée d’Amestris, et qu’ils se rendaient coupables de nombreuses exactions sur les indigènes. Enfin… l’important, c’est que si quelques uns manquent à l’appel, personne ne s’en préoccupera…
-Je vois…

Je continuais à déambuler au milieu des cages, jetant un regard clinique sur leurs occupants, qui me renvoyaient des regards craintifs, incompréhensifs ou haineux, selon les cas. Gomez, quand à lui, semblait plus enclin a essayer de déchiffrer mon expression.

-Vous avez effectivement bien changé. Le Shelley que j’ai connu aurait été bien plus… bruyant.
-Oh, j’ai appris à ne pas me laisser guider par mes émotions… Ou du moins, pas par celles qui me motivaient autrefois. Dois je l’avouer ? L’ennui est peut être ce qui me motive le plus, actuellement.

Notre conversation marqua un temps d’arrêt.

-C’est pour ça que vous êtes revenu dans l’armée, Shelley ?
-Allez savoir, Gomez. Vous avez autre chose à me montrer ?
-Non, je crois que nous avons fait le tour. Je pense que Bradley sera satisfait, n’est ce pas ?
-Ah, c’est fort probable. Vous avez fait un travail impressionnant…

Gomez eut un petit sourire satisfait.

-Disons que j’ai eu le temps de me perfectionner.
-Hmmm. Je pense que vous méritez une seconde chance, après tout.
-Pardon ?

La douleur de son bras brisé mit un moment à lui parvenir. Puis le hurlement qu’il poussa surpassa le brouhaha des chimères, qui se turent devant ce cri de douleur. Je me curais l’oreille d’un doigt, commentant laconiquement.

-Vous avez raison, il était important d’insonoriser cette salle.
-She… lley…
-Allez, je suis bon prince, vous avez encore une dizaine de secondes pour trouver ce que j’ai fait, exactement.

Les yeux écarquillés par la douleur et la peur, Gomez parvint à articuler difficilement.

-Vous avez dit que…
-Que je n’avais aucune haine, rancœur ou désir de vengeance à votre égard. C’est vrai. Je vous assure que ce que je vais faire n’est absolument pas personnel. Il se trouve seulement que nous jouons dans des camps opposés, à présent.
-Des camps…
-Hmmm. J’ai bien peur que vous soyez trop doué pour votre bien, Gomez. Navré, mais je ne peux pas laisser en vie un pion qui serait si utile à Bradley.

Gomez tenta vainement de se relever, grognant de douleur.

-Shelley… Par pitié…

Je me penchais pour mettre mon visage à son niveau, le fixant dans les yeux.

-Pitié ? Je vous l’ai dit, pourtant… Que je n’étais plus animé des mêmes sentiments qu’avant… Non ?

Je vis Gomez mettre difficilement sa main gauche dans sa poche, avant d’en sortir une pierre d’un rouge brillant… Avant qu’il ne puisse l’utiliser, je la lui faisais sauter des doigts d’un revers de main.

-Le temps est écoulé. Au fait…

Je déclenchais d’un coup la pression, broyant instantanément tous les os de son corps. Légèrement étourdi par l’effort, je finissais.

-… Maintenant, je m’assure que quand je tue quelqu’un, il ne se relève plus.

La salle baignait maintenant dans un silence de mort. Les chimères avaient été réduites au silence devant le spectacle de la mort de leur créateur… Bon, c’est pas tout ça, mais il allait falloir nettoyer cet endroit, aussi… Heureusement, j’avais apporté ce qu’il fallait. J’empoignais mon sac de voyage pour en sortir plusieurs paquets d’explosifs, avec une minuterie rudimentaire. Némésis s’était chargée de programmer un intervalle de dix minutes. Plus que suffisant. Je disposais quatre charges dans la pièce, en gardant deux pour le bureau personnel de Gomez. Les gardes ne devraient pas poser de questions si je leur disais qu’il était resté au sous sol et qu’il m’avait demandé de lui ramener un produit quelconque… Je pourrais en profiter pour faire main basse sur les schémas de ses dernières recherches…

Je m’apprêtais à quitter la salle, avant de me raviser au dernier moment. J’allai dans un coin ramasser le fragment de pierre philosophale qui y avait roulé. Aucune raison de gaspiller ça…
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:43

Chapitre bonus n°2: Dorcas

L’homme poussa un profond soupir en claquant la porte derrière lui. La journée avait été très longue… Il avait reçu de toute part des messages de félicitations, des gens qu’il ne connaissait pas agissaient comme si ils étaient les meilleurs amis du monde, et il avait dû aller visiter ses nouveaux « collègues », avec qui il travaillerait pour de nombreuses années. Et il ne s’agissait que de l’aboutissement de plusieurs mois de travail ! Il avait dû rencontrer un nombre considérable d’officiels du régime, se présenter sous un jour rassurant, en corrompre un certain nombre… Il se caressa machinalement la fine barbe taillée à la perfection, en songeant que rarement succès avait été aussi pénible. Mais la perspective d’un verre de bourbon et d’une soirée au calme suffisait à calmer son humeur. Accrochant sa veste dans le vestibule, il pénétra au salon de sa résidence… Pour constater qu’il y était attendu.

-Félicitation pour votre élection, sénateur. La campagne a été longue, hein ?

Dorcas sentit sa mauvaise humeur revenir au galop, mais celle-ci avait à présent une cible précise : l’homme blond en uniforme et à l’allure négligée.

-Je pensais pourtant qu’on avait averti des règles… Tout contact entre nous doit être réduit au minimum, hormis lors des conclaves. Si nous sommes aperçus ensemble, est-ce que vous avez une idée des complications que cela pourrait représenter ?

L’interlocuteur de Dorcas haussa les épaules, visiblement peu impressionné par cette diatribe. Cette nonchalance permanente avait le don d’agacer prodigieusement le propriétaire des lieux. A quoi bon établir des protocoles de sécurité s’ils n’étaient pas respectés ?

-Bah, j’imagine que votre demeure est suffisamment protégée pour que je ne tombe pas nez à nez avec un journaliste en ouvrant un placard. Et quand bien même, ou serait le problème ? Rien ne vous interdit de recevoir un simple alchimiste d’Etat… Après tout, vous ne seriez pas le premier sénateur à rechercher une collaboration de certains membres de notre… corporation.

Dorcas grinca.

-Ce qui est précisément l’une des pratiques à laquelle nous voulons mettre fin, il me semble, orateur Macros. Si vous voulez que j’accomplisse un travail efficace à ce nouveau poste, je dois faire parler de moi le moins possible… Et ce sera difficile si la presse me déclare impliquée avec un alchimiste d’Etat dès les premiers jours de mon mandat.
-Si vous voulez mon avis, vous vous inquiétez trop.

Le nouveau sénateur répondit par une citation.

-La meilleure partie du courage, c’est la prudence.

Macros prit un air résigné, s’affalant dans le premier fauteuil à sa portée. Pour lui, Dorcas dépassait de beaucoup le domaine de la prudence, et s’approchait plus de la frilosité… Il lança d’un ton badin.

-Vous devriez vous relâcher un peu, de temps en temps… Je vous assure que ca vous ferait du bien. C’est mauvais pour la santé de se prendre au sérieux trop longtemps…

Il ajouta à voix basse, autant pour lui-même que pour son interlocuteur.

-J’en sais quelque chose.

Dorcas eut un reniflement vaguement méprisant. Ce gamin se montrait un peu trop assurant à son goût, lui rappeler une ou deux choses ne lui ferait pas de mal…

-Le jour où j’aurais besoin des conseils de quelqu’un qui a à peine le dixième de mon âge, je ne manquerais pas de vous en avertir. Contentez vous donc de jouer votre rôle, et nous verrons ensuite si votre opinion est digne d’être entendue…

Le sourire de l’alchimiste d’Etat s’estompa, et il foudroya son vis-à-vis du regard. Dorcas ne s’en émut guère. Il n’allait pas se laisser dicter sa conduite par quelqu’un qui n’avait rejoint leurs rangs depuis à peine trois ans, alors que cela faisait quatre cent ans qu’il avait rencontré l’homme qui se faisait appeler Socrates, et qui les avait réunis pour atteindre un objectif commun.

-Vous ne m’appréciez pas beaucoup, hein ?

La question avait été posée d’un ton neutre. Dorcas poussa un léger soupir, une partie de sa mauvaise humeur envolée.

-Que je vous apprécie ou pas n’a aucune importance. Nous allons devoir collaborer ensemble, de toutes les façons. Mais je n’accorde pas facilement ma confiance aux nouveaux venus. Nous avons bâti au fil des siècles une organisation à la cohésion fragile, et je tiens à m’assurer qu’aucun… perturbateur ne se glisse parmi nous.
-Si c’est pour moi que vous dites ça, n’ayez crainte. Vous n’aurez pas de problème avec moi de ce coté.
-Nous verrons bien. Et c’est valable pour l’orateur Erasme, également.

Un silence persistant s’installa entre les deux hommes. Puis le dénommé Macros finit par briser le silence en se levant.

-Bien, eh bien j’espère que vous ne mettrez pas trop de temps avant de faire évoluer les choses. Au fait, le vieux vous adresse ses salutations, et espère que vous ferez bon usage de votre nomination.

Dorcas fronça les sourcils.

-Vous manifestez une légèreté surprenante en parlant du premier orateur…
-Oh, je suis sûr qu’il n’y trouverait rien à redire. Et puis, il EST vieux !

La dernière phrase fut prononcée avec une pointe d’humour. Désespérant, songea Dorcas… Macros finit par prendre congé, le laissant enfin en paix, seul avec ses pensées. Les plans qui avaient été mis en route il y a des siècles venaient de franchir une nouvelle étape. Bientôt… encore quelques dizaines d’années, et ils seraient prêts. Et Dorcas était bien décidé à ce que rien ne vienne contrarier le déroulement des opérations. Et surtout pas de l’intérieur…
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:45

Chapitre 24: Fullmetal Alchemist! (première partie)

-Ah, alchimiste des tempêtes. Vous avez fait vite.
-Comment résister à l’appel du devoir ? Excellence…

Le généralissime King Bradley eut un large sourire.

-Heureux de voir que vous n’avez pas perdu le sens de l’humour. Vous avez l’air en forme.

J’étais toujours fasciné par la capacité qu’avait Bradley de se présenter sous un jour agréable et plaisant, voire complice. Qui aurait pu penser en le regardant qu’il s’agissait d’un dictateur à la poigne de fer, qui avait anéanti tous ceux qui s’étaient dressés sur son chemin ? En voyant cet homme souriant et affable, qui pouvait imaginer qu’il était aussi celui à avoir ordonné le génocide d’Ishbal ?

-Bien, si je vous ai fait venir, c’est pour vous charger d’une mission, hmmm… délicate.
-Ma spécialité. De quoi s’agit il ?
-Eh bien… Nous avons reçu des rapports… troublants, en provenance de la frontière avec Creta. Disons que nous avons des raisons de… douter de la loyauté du commandant en charge du secteur. Et nous avons eu vent de la présence d’alchimistes indépendants… Vous comprenez une partie du problème, j’imagine ?
-Hmmm… un rassemblement d’indépendants signifie que quelqu’un fait des recherches de grande envergure, tout en tenant à ce que l’armée n’y soit pas mêlée. Donc, ça nous intéresse, c’est ça ?

La secrétaire de Bradley m’apporta une liasse de documents, dans lesquels étaient consignés les faits essentiels, la liste des alchimistes qu’on avait repérés ainsi que les coordonnées du lieu. Je les parcourais d’un œil distrait avant de reprendre la parole.

-Eh bien, j’imagine que je n’ai plus qu’a y aller et voir de quoi il s’agit.
-Un instant… Il y a autre chose. Vous ne serez pas seul, pour cette mission.

Je fronçais les sourcils.

-Excellence, sauf votre respect, je préfère travailler en solo. Un… partenaire pourrait compliquer inutilement les choses.
-Oh, ne vous inquiétez pas, il s’agit de quelqu’un de très compétent, un alchimiste d’Etat, lui aussi. Je suis sûr que votre collaboration sera profitable.

Je fis de mon mieux pour dissimuler mon agacement. Est-ce que c’était vraiment pour m’aider, ou au contraire pour me surveiller ? Bradley me soupçonnait-il de quelque chose ? Quoi qu’il en soit, j’allais avoir les coudées moins franches pour opérer… Malheureusement, je n’avais pas de raison valable de refuser cet appoint.

-Bon, bon, de qui s’agit il ?
-Il a rejoint nos rangs il y a peu, mais vous en avez peut être entendu parler… Il… attire assez facilement l’attention. Le Fullmetal Alchemist.
-Connais pas. Je ne suis pas très au fait des derniers potins de Central…
-Oh, dans ce cas, je ne vous gâcherais pas la surprise. Vous avez rendez vous avec lui à la gare de Central, à 11h00 précise.
-Attendez ! Je le reconnais comment ?
-Ne vous inquiétez pas, je suis sûr qu’il n’y aura pas de problème de ce coté…

***

La peste soit de Bradley et de ses cachotteries ! J’étais à la gare depuis dix minutes, et pas l’ombre d’un alchimiste d’Etat à l’horizon. Il fallait dire que le lieu était noir de monde, ce qui ne facilitait pas le repérage d’une personne. Pffff… Si ça continue, je vais y aller sans…

-Raaaah, mais il fout quoi, à la fin ?
-Du calme, Edward… Je suis sûr qu’il sera bientôt là…
-Bientôt là, mon œil ! Si ca continue, on s’barre sans lui, pas besoin d’un boulet ! C’est encore un coup de cet enfoiré de colonel, j’en suis sûr… « Désolé Edward, mes supérieurs ont insistés pour t’adjoindre quelqu’un de plus expérimenté… » L’aurait pu me dire qu’on avait droit à l’homme invisible !
-Edward….

Hum… Est-ce que ça ne serait pas de moi qu’on parle, là ? Je regardais dans la direcion d’où provenait la dispute… C’est alors que je vis le détail qui m’avait échappé. Ce que j’avais pris tout ce temps pour une armure décorative venait de bouger ! effectivement, ça explique bien des choses… J’allais à sa rencontre.

-Excusez moi, mais je crois être l’objet de votre… dispute.

Je jetais un regard distrait à son compagnon, un gamin haut comme trois pommes vêtu d’un manteau à la couleur pour le moins tape-à-l’œil. Mais lui était assez impressionnant… Plus de deux mètres de hauteur, une carrure aussi imposante que celle d’Armstrong et couvert de pied en cap par une armure de métal… Ce truc devait peser des tonnes ! Je tendis ma main dans sa direction.

-C’est un plaisir de travailler avec vous, Fullmetal Alchemist. Bradley avait raison, vous êtes facile à reconnaître…

Un grognement sourd, mais allant en s’intensifiant, se fit entendre. Je vis du coin de l’œil que le gamin semblait être sur le point d’exploser… C’est alors que l’homme en armure le désigna du doigt.

-Euh, merci, mais ce n’est pas moi qui…

Je ne cherchais même pas à dissimuler ma surprise.

-Hein ? C’est vous le…
-OUI !!! Ca pose un problème ?
-Non, non, pas du tout ! C’est juste que je vous voyais plus… grand.

La scène se déroula très vite. Le gamin sembla littéralement décoller du sol, le poing levé dans une posture qui ne pouvait être considérée que comme hostile. Mais l’homme en armure fut plus vif encore, le retenant en plein vol. Par contre, il ne fut pas en mesure de stopper le flux de paroles presque incompréhensibles qui jaillirent de la bouche de celui qui se révélait être le Fullmetal Alchemist.

-QUI EST-CE QUE TU TRAITE DE DEMI PORTION TELLEMENT PETITE QUE LES RAYONS DU SOLEIL NE PARVIENNENT MÊME PAS A L’ATTEINDRE ET QUI POURRAIT SE CACHER SOUS LA SEMELLE DE TA CHAUSSURE ?!!!
-Excusez le, il est toujours comme ça…

Fascinant… C’était comme regarder un mini volcan en éruption. N’empêche que… Je n’ai jamais dit tout ça… Non ? Quoi qu’il en soit, il semblait que j’avais quelque peu gaffé… Sans parler du manque évident de diplomatie dont j’avais fait preuve sur le coup. Je me passais une main sur le visage pour retrouver une certaine contenance.

-Bon, je propose que nous repartions à zéro, et je vous prie de m’excuser pour cet… impair. Je ne pensais pas à mal.
-Mouais !
-Edward, depuis le temps que ça arrive, tu devrais le prendre un peu mieux que ça…

Oui, j’imagine que cette scène a dû se reproduire assez souvent… En tout cas, toute cette histoire commençait bien… Ce gosse caractériel est vraiment un alchimiste d’Etat ? On est pas sortis de l’auberge…
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:48

Chapitre 24: Fullmetal Alchemist! (deuxième partie)


-Bon, compte tenu de la… confusion lors de notre première rencontre, je propose que l’on revoie les bases. Je suis Macros, l’alchimiste des tempêtes. Heureux de faire votre connaissance…

Nous étions à bord du train devant nous mener à la frontière ouest du pays. Le trajet était long de plusieurs heures, et il était dans mon intérêt d’être à peu près en bons termes avec celui qui allait m’accompagner durant plusieurs jours… enfin, celui… Il semblait que j’avais hérité de deux personnes pour le prix d’une. Cet homme en armure n’était peut être pas le Fullmetal Alchemist, malgré son apparence, mais il ne le quittait pas d’une semelle… Enfin, je disais « il »… Mais sa voix me faisait me demander si il ne s’agissait pas d’une femme… Ou alors d’un jeune garçon… Mais dans les deux cas, j’avais du mal à imaginer que cette personne puisse se trimballer avec ce poids sur le dos…

-Macros… C’est un nom, ça ?

Il ne cherchait même pas à cacher sa suspicion… Pas très diplomate, ce gamin.

-Eh bien, c’est le mien, en tout cas. Me direz vous les vôtres ?
-Edward Elric.

On aurait presque cru que ça lui écorchait la bouche de le dire…

-Et moi, je m’appelle Alphonse Elric.

Un homme, donc… C’est tout de même bizarre…

-Hmmm… Vous êtes son père ?

Le Fullmetal Alchemist faillit s’étrangler à cette phrase. Ca ne devait pas être ça… L’intéressé s’empressa d’ailleurs de démentir, gêné.

-Ah non, non ! Je suis son petit frère, en fait…

Cette fois, ce fut moi qui manquais de m’étouffer.

-Petit ?!

Y’a quelque chose qui colle pas, là… Je n’ai jamais vu un duo aussi étrange… En apparence, ils n’avaient rien en commun, tous les deux…. Et le géant prétendait être son petit frère ? Cet Edward Elric devait avoir 13-14 ans, 15 à tout casser… Un gamin aussi jeune ne pouvait porter un tel poids ! Et son « grand » frère ne semblait pas d’une constitution extraordinaire… Un soupir sembla provenir de l’armure métallique.

-C’est une histoire compliquée…
-Qui ne vous regarde pas.

Sec. Au moins, il est direct, ce garçon… Ahlala, ou est passé le respect pour les aînés ? Les jeunes, de nos jours… Remarque, il était impressionnant qu’à un si jeune âge, il soit déjà titulaire d’une licence d’alchimiste d’Etat. Il devait être particulièrement doué… Mais je me demandais si il savait dans quoi il avait mis les pieds. Que ferait-il si on lui demandait de prendre part à un nouvel Ishbal ? Penser qu’un si jeune garçon puisse être employé comme arme humaine…

-Très bien, rien ne vous oblige à tout me dire. On a tous ses petits secrets, non ? Bien que certains en aient de plus gros que d’autres…
-Hmmmph.
-Ed…

Un génie, peut être, mais un caractère de cochon… Les jours qui viennent ne vont pas être une partie de plaisir. Je sortais quelques papiers du porte document que j’avais avec moi.

-Bon, puisque nous allons devoir travailler ensemble, j’imagine qu’on pourrait se pencher sur les détails, hein ?
-Si ça vous chante…

M’abstenant de relever son manque évident d’enthousiasme, je commençais à parcourir les documents des yeux.

-Apparemment, les alchimistes ont été repérés dans un petit village du nom de Daskel. D’après les cartes, il est éloigné de tout… Difficile de trouver un coin plus perdu. La présence de l’armée y est réduite à son minimum…
-Tu pense que ça ressemble à chez nous, Ed ?
-M’en fiche.
-Ah, vous venez de la campagne ?
-Oui, on a grandi à Resembool… C’est à l’est du pays…

Voilà un nom qui m’est familier…

-Ah, je me souviens. J’y ai déjà été pour une tournée d’inspection si je me…

Je m’interrompais, traversé par une pensée soudaine. Elric ? Mais c’est… Van Hohenheim ! Il avait dit que… Il s’était marié à une Elric ? Alors… Incroyable.

-Euh… Vous alliez dire quelque chose, monsieur Macros ?
-Je me suis souvenu d’un détail intéressant. Je me demandais comment quelqu’un d’aussi jeune avait pu devenir alchimiste d’Etat, mais je pense que compte tenu de vos… origines, ça n’a rien d’étonnant.

Edward sembla soudain s’animer.

-Comment ça ?
-Eh bien… Votre père est bien Hohenheim ?

La réaction ne fut pas totalement celle à laquelle je m’attendais…

-Tch, cet enfoiré ?
-Hmmm, dois-je comprendre qu’il s’agit d’un sujet sensible ?
-Pas vos oignons.
-…

Ca ne s’arrange pas, on dirait… Effectivement, niveau caractère, j’avais du mal à retrouver quoi que ce soit de mon ancien maître en lui… En tout cas, la rancœur farouche qu’il semblait avoir pour son père ne faisait que confirmer ce que je pensais depuis longtemps : les gens comme nous n’ont pas le droit d’avoir une famille. Et maintenant, ces enfants doivent en supporter les conséquences…

Je jetais un coup d’œil à ma montre. Encore deux heures. Quelque chose me disait qu’elles allaient passer très lentement…

***

La première chose que nous fîmes une fois arrivés fut de se trouver une hôtellerie pour y passer la nuit… Et probablement d’autres par la suite. Nous avions convenu qu’il valait mieux dissimuler notre condition d’alchimiste d’Etat afin de ne pas mettre la puce à l’oreille à nos « proies ». Il sera d’autant plus aisé de les prendre sur le fait… Je me demandais si je devais essayer de mettre ces deux frères sur la touche. Après tout, l’ennemi de mon ennemi est parfois mon ami, mais en leur présence il serait difficile de procéder en ce sens… Toutefois, je n’avais pas l’impression que ces deux là étaient particulièrement dévoués à l’Armée. Ce Fullmetal Alchemist me donnait plutôt l’impression d’avoir ses propres buts, et d’utiliser son statut comme moyen d’y parvenir… Toujours est-il que je n’avais aucune idée de ce qu’il pouvait désirer. Oui, le plus sage serait d’essayer de me renseigner un peu sur cette affaire de mon coté. Reste à savoir comment je pourrais…

Mon problème se résolut finalement tout seul : après avoir payé les chambres, je remontais à l’étage… Pour constater que les Elric avaient décampés.

-… C’est moi qui était censé les lâcher, pas le contraire…

Je redescendais pour commencer mon enquête, non sans avoir pesté un bon coup contre les gamins capricieux et égocentriques… Hohenheim était peut être un génie en alchimie, mais j’aurais bien deux mots à lui dire concernant l’éducation…
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:49

Chapitre 24: Fullmetal Alchemist! (troisième partie)

Il ne me fallut guère de temps pour prendre parti : les frères Elric pouvaient aller ou bon leur semblait, et je ferai de même. En espérant qu’ils ne viennent pas tout flanquer par terre… La première chose à faire était d’en apprendre un peu plus sur ces fameux alchimistes qu’on voyait en ville… Et je savais ou je pouvais en apprendre davantage. Je descendais d’un pas tranquille vers le bar de l’hôtellerie. Quel que soit l’endroit, quelques verres suffisaient à délier bien des langues…

Quelques heures plus tard, j’étais en possession de renseignements intéressants. Ces alchimistes étaient apparemment venus à la demande du gouverneur local, pour un projet gardé secret… J’avais eu le sentiment que mon interlocuteur en savait plus à ce sujet qu’il ne voulait le dire, mais même à moitié ivre, il était parvenu à tenir sa langue sur ce point… L’idée de débuter un interrogatoire plus « poussé » m’avait effleurée, mais cette option risquait de créer plus de problèmes qu’elle n’en résoudrait. Pour en apprendre plus… Le mieux était d’aller chercher les infos à leur source : la villa du gouverneur militaire devait abriter des secrets intéressants… J’hésitais quelque peu sur la démarche à adopter, avant de me décider. Bien souvent, une approche directe était ce qui donnait les meilleurs résultats…

Je me présentais à la grille de la demeure, ma montre d’argent suffisant à me faire ouvrir la porte. Amusant comme ce simple objet pouvait simplifier la vie, parfois… Un homme d’âge relativement avancé et ayant une certaine tendance à l’embonpoint vint à ma rencontre pour m’acceuillir.

-Bienvenue, bienvenue ! Ce n’est pas tous les jours qu’un alchimiste d’Etat vient nous rendre visite… Je suis le capitaine Bellandy, responsable de la région…
-Enchanté capitaine. J’espère que je ne vous dérange pas…
-Du tout, du tout ! Euh… Pourrais-je simplement vous demander la raison de votre présence ici ?

Je pouvais lire au fond de ses yeux une certaine angoisse… Il avait réellement des choses à cacher, semblait il ? Il fallait à présent que je m’efforce de le rassurer autant que possible.

-Oh, je ne suis là que de passage… Bradley m’a chargé de faire un rapport sur l’état de nos garnisons aux frontières à l’ouest. Tâche assommante si il en est…
-Tout acte visant à renforcer Amestris ne saurait être inutile, n’est ce pas ?

J’eus un sourire intérieur. Pas mal… L’homme restait prudent, tout en lançant un premier coup de sonde. Et le choix des termes était intéressant. Amestris, pas Bradley.

-Bien sûr… J’estime juste qu’avec tous les troubles au nord et à l’est du pays, cette mission a un caractère un peu… trivial. Bradley devrait peut être songer à revoir ses priorités, hmmm ?

Le capitaine se raidit légèrement.

-Prenez garde… Vos propos me paraissent à la limite de la trahison.
-Aaaah, mais trahir qui ? Mon seul soucis est le bien être de mon pays… Tout comme vous.

Je marquais une pause, réfléchissant à la façon de tourner ma prochaine phrase.

-Certaines personnes ont tendance à oublier qu’Amestris ne se cantonne pas à un groupe de personnes, aussi influentes soient elles.
-Dois-je comprendre que vous n’approuvez pas la politique menée par le gouvernement ?

J’avais presque ferré ma proie… Ce qui devait m’inciter à agir avec encore plus de prudence. Ca se déroulait presque trop vite… Comme si il était… Impatient. Mais de quoi ?

-Hmmm. Disons que j’ai quelques réserves sur certains aspects de leur politique… En ce qui concerne l’alchimie, par exemple…

Une lueur s’alluma dans les yeux de Bellandy. Néanmoins, il conservait une expression parfaitement calme lorsqu’il répondit.

-J’avoue ne pas être trop au courant de ces détails. Je ne suis pas alchimiste moi-même, donc…
-Oui, c’est vrai. Disons que le pouvoir central à une certaine tendance à… entraver les recherches poussant dans des directions non-orthodoxes, ce qui freine l’évolution de notre discipline. Il reste tant à découvrir, et pourtant certains préfèrent se cacher les yeux derrières des tabous…
-Je vois…
-Mais bon, je ne veux pas vous ennuyer trop longtemps avec mes histoires… Pardonnez moi, mais j’ai tendance à ne plus savoir m’arrêter lorsque je parle d’alchimie !
-Non, vous ne m’ennuyez pas du tout… En fait…

Il semblait clairement hésiter à se jeter à l’eau. Puis il prit sa décision.

-Je me demandais si vous ne voudriez pas…

C’est à ce moment précis qu’un homme portant les galons de sous lieutenant entra dans la pièce.

-Capitaine, désolé de cette interruption, mais il semblerait que des intrus se soient introduits dans la demeure.
-Des intrus ?
-Oui capitaine. D’après un garde, il s’agirait d’un jeune garçon accompagné d’un homme en armure…

Je retins de justesse le juron qui m’était venu aux lèvres. Ces sales gosses… Il fallait qu’ils fassent n’importe quoi, et au plus mauvais moment…

-Passez moi le manoir au peigne fin ! Ils ne doivent pas…

Il s’interrompit, se souvenant de ma présence.

-Euh, ils ne doivent pas semer le trouble plus longtemps ! Allez y, sous lieutenant. Pardonnez moi pour cette interruption, je propose que nous remettions notre discussion à plus tard, quand les choses seront plus… calmes. Je dois me concentrer sur ce problème.
-Je vous en prie.

Je pris congé, avant de faire mine de me diriger vers la sortie. Après m’être assuré que personne ne me suivait des yeux, j’obliquais dans un couloir au hasard, bien décidé à découvrir ce que ce Bellandy tramait ici… Et j’avais également deux mots à dire à deux frères de ma connaissance…
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:52

Chapitre 24: Fullmetal Alchemist! (quatrième et dernière partie)

Je n’avais pas erré dans le manoir depuis cinq minutes que je tombais nez à nez avec les responsables de l’agitation ambiante. Edward Elric restait égal à lui-même.

-Tch. Qu’est ce que vous foutez là ?
-C’est plutôt à moi de vous le demander… Vous ne pouvez pas faire les choses normalement, pour changer ? Vous introduire dans une propriété appartenant à l’Etat par effraction…
-Bah, pour nous, c’est faire les choses normalement…

Je réprimais un soupir consterné. Pourquoi Bradley me l’avait collé dans les pattes ? Mes récriminations intérieures furent interrompues lorsque des bruits de pas résonnèrent à proximité. Les soldats quadrillaient la demeure… Fort heureusement pour nous, le son ne tarda pas à s’éloigner.

-Bon, je propose qu’on commence à travailler ensemble au lieu de se tirer dans pattes. Vous avez trouvé quelque chose ?
-Pas vraiment… Mais je pense qu’on devrait pouvoir trouver deux ou trois trucs interessants ici, en cherchant bien…

Le bruit d’un fusil qu’on arme retentit dans notre dos.

-Eh ! J’ai retrouvé le nabot et l’armu…

Le garde n’eut pas le temps d’en dire plus. Une véritable tornade venait de se jeter sur lui en la personne d’un alchimiste d’Etat de taille réduite et vêtu d’un manteau aux couleurs voyantes.

-QUI EST-CE QUE T’AS TRAITE DE SUPER-NABOT MINIATURE ???

L’interjection était accompagnée d’une série de coups de poings assénés à une cadence rappelant celle d’une mitraillette. Difficile de croire qu’un enfant aussi jeune soit capable de tant de violence… Je saisissais le bras du Fullmetal Alchemist avant qu’il n’achève entièrement son œuvre de démolition.

-Du calme, si vous lui cassez la mâchoire, il ne pourra plus nous dire grand-chose.

Je fus surpris de la dureté de son poignet. Un bras artificiel ? Si c’était le cas, ce malheureux garde risquait d’avoir sous peu besoin d’un nouveau dentiste…

-Pfff, pour ce qu’il a à dire, de toute façon…
-Ed, c’était pas une raison pour le cogner avec ton automail !
-Ca va, ça va !

Je remuais légèrement le corps inerte du bout du pied.

-Eh, vous êtes mort ?

Un gémissement sourd vint me renseigner sur son état. Je m’accroupis afin de faciliter la communication…

-Bien, j’aurais besoin d’un renseignement… Ou travaillent vos alchimistes, au juste ?

Il répondit d’une voix presque inaudible.

-Je… je ne peux pas…
-Tsss, tsss, vous n’êtes pas raisonnable. Elric, heureusement que vous n’avez pas entendu ce que ce gentleman vient de dire sur vous… Je pensais pourtant qu’il avait compris qu’évoquer votre taille était maladroit de sa part…
-QUOI ???
-Au sous sol, ils sont au sous sol !
-QU’EST-CE QU’IL A DIT ?!!
-Ed, pitié…
-Du calme, Elric, il semblerait qu’il se rétracte.
-MON ŒIL ! JE VAIS L’EXPLOSER !
-C’est déjà fait…
-Pitié, je vous ai dit tout ce que je sais !
-C’EST BIEN LE PROBLEME !
-Alphonse, voulez vous bien m’aider à contenir ce fou furieux ?
-Ed, calme toi…

Les bruits précipités de pas mirent fin à l’altercation. Notre petit groupe jugea préférable de déserter les lieux, laissant la malheureuse sentinelle se remettre de ses émotions avant que ses camarades n‘arrivent. Restait à présent à trouver l’entrée des sous-sols… Néanmoins, Edward Elric avait une idée bien arrêtée sur la façon de le faire.

-Quand y’a pas d’entrée, on en crée une !
-Certes, mais il vaudrait mieux étudier la zone au préalable, histoire d’éviter…

J’aurais tout aussi bien pu prêcher dans le désert. N’écoutant pas un mot de ce que je disais, il frappa dans ses mains avant de les poser au sol, déclenchant son alchimie. Je fronçais les sourcils… Comme Hohenheim. Je comprenais mieux comment il avait pu devenir alchimiste d’Etat si jeune… Et malgré son tempérament explosif. Une ouverture se créa dans le sol, suivie d’un escalier. Malheureusement… Le tout débouchait sur les baraquements des gardes du niveau inférieur. Une dizaine de paires d’yeux surpris se tournèrent vers nous avant de se saisir de leurs armes.

-Oups.
-Pour ça que j’avais suggéré de faire du repérage, avant…

Alphonse Elric réagit au quart de tour, faisant de son corps un rempart contre les tirs. Les balles ricochèrent sur son armure, rebondissant en tout sens. Je dévias l’une d’elle qui menaçait de m’atteindre, avant de me concentrer sur le plafond. Sa structure avait déjà été bien affaiblie par le passage créé, et je n’eus aucun mal à le faire partiellement s’effondrer, semant le chaos parmi les gardes qui battirent en retraite de façon désordonnée. L’endroit ressemblait à présent à un champ de bataille miniature… Je me retournais pour voir si les deux frères allaient bien, et me trouvais face à un spectacle étonnant.

Une balle avait frappée le casque de l’armure d’Alphonse Elric, l’envoyant voler en arrière… Et dévoilant un vide parfait là ou aurait dû se trouver un corps humain. Incroyable… J’avais entendu parlé de techniques pour sceller une âme à un réceptacle, mais je pensais qu’il ne s’agissait que de rumeurs , de fables pour alchimistes, comme il en existait tant. Pourtant, le fait de me trouver moi-même en possession d’une de ses « fables » aurait dû m’inciter à vérifier si les autres n’étaient pas réelles…

-Voici un corps… Très particulier.

Celui qui avait été Alphonse Elric répondit d’une voix presque penaude, semblant provenir des entrailles d’acier de son corps.

-Je… C’était un accident…

Je levais la main en signe d’apaisement.

-Pas besoin de vous justifier devant moi. Ca ne doit pas être facile…
-Je vais tout arranger.

Je jetais un regard surpris à Edward Elric. Il semblait presque métamorphosé. Envolé, le gamin capricieux et surexcité. On ne lisait sur son visage qu’une froide détermination.

-D’une façon ou d’une autre, je vais arranger ça.
-C’est pour ça que vous êtes là, n’est ce pas ?

Il me lança un regard surpris.

-Je me demandais pourquoi vous vouliez à tout prix enquêter sur cette affaire… Je crois que je comprend, maintenant. Si des alchimistes éprouvent le besoin de se cacher aux yeux de l’Etat, c’est qu’ils violent l’un des « tabous » de notre discipline. Pour créer de l’or, pas besoin de s’y mettre à 50. Reste donc la transmutation humaine. Vous espérez trouver ici un moyen de récupérer le corps de votre frère ?

Son silence était plus qu’éloquent. Alphonse avança d’une voix timide.

-Est-ce que vous allez nous dénoncer ?

Je haussais les épaules.

-Ca ne me rapporterait rien. Les lois sont faites pour être transgressées, pas vrai ? Voyons plutôt ce que nous pouvons trouver ici…

Nous nous aventurâmes dans le complexe souterrain, progressant au milieu des éboulis. E personnel semblait avoir déserté les lieux, le temps que les renforts arrivent. Il ne nous restait que peu de temps… Mais il ne nous en fallut guère pour arriver au cœur du problème. Nous sentîmes avant de voir. Une odeur que je connaissais bien, pour l’avoir côtoyées durant des années. L’odeur de la mort. Nous entrâmes dans une salle ou une dizaine de corps étaient allongés sur des tables d’opération. Néanmoins, ils avaient été conservés en parfait état…

-C’est horrible…

J’eus un reniflement dégoûté.

-Vous risquez de voir bien pire, sur le chemin que vous suivez. Essayons plutôt de voir ce qu’ils voulaient faire avec ça.

Nous commençâmes à fouiller la pièce, à la recherche de documents pouvant nous éclairer. Fort heureusement, les chercheurs avaient tout laissé en plan, comptant sans doute pouvoir revenir très bientôt lorsque les gardes auraient réglé le problème. Je commençais à examiner les pages d’équations et de formules qu’ils avaient laissé derrière eux. Amplement suffisant pour comprendre la nature de leurs recherches.

-Bellandy cachait bien son jeu. Chercher à ressusciter les morts… Je ne le pensais pas si ambitieux. Mais…
-Mais ils se plantent sur toute la ligne.

J’eus un léger sourire.

-C’est une façon un peu abrupte de présenter les choses, mais c’est vrai. Ils se basent sur trop de présupposés qui s’avèrent erronés… Je suis prêt à parier que si ces types ne sont pas alchimistes d’Etat, c’est parce qu’ils n’avaient pas les connaissances techniques nécessaires. Ils n’aboutiront à rien avec ça.
-Pfff… Ca sera pas encore pour cette fois ci, on dirait.

Les éclats de voix qui retentirent dans les couloirs nous ramenèrent à un plan plus terre-à-terre. Cette fois, ils venaient en force…

-Mmmh, votre dicton pour les entrées, ça marche aussi avec les sorties ?
-Ca marche SURTOUT avec les sorties !

Lorsque les hommes firent irruption dans la pièce, elle était déjà vide de tout occupant.

***
Sur mon rapport, Bradley avait dépêché un régiment de West City pour relever Bellandy de ses fonctions. Les alchimistes ayant participés aux recherches s’étaient pour la plupart enfuis. J’eus un sourire ironique en songeant que si leurs recherches avaient été une réussite, jamais je n’aurais averti Bradley… Mais l’incompétence est quelque chose qui pardonne rarement.

Je reportais mon attention sur le Fullmetal Alchemist et son frère, dont le train venait d’entrer en gare.

-Eh bien, voilà le temps des adieux, j’imagine. Travailler avec vous a été… divertissant.
-Mouais. Enfin bon, encore du temps perdu…
-Edward, sois poli, au moins… Merci pour ne pas avoir parlé de moi dans votre rapport, en tout cas.
-Pas de panique, votre secret est en de bonnes mains…

Sur un dernier salut, les deux frères montèrent dans leur train, partant vers de nouveaux horizons dans leur quête. Je me demandais si ils réussiraient un jour… En tout cas je doutais de jamais les revoir. Repartant de mon coté, je commençais à réfléchir au rapport que j’allais faire au vieux. Oh, et Erasme devrait être intéressé par ce que j’ai vu, aussi… Tant de choses à faire…
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Message par Macros Mar 6 Nov 2007 - 8:55

Chapitre 25: L'attente continue...


-Alors c’est vrai ?

Ce fut la première chose que je lançais à Erasme, qui était venu à ma rencontre pour me guider jusqu’au lieu de rendez vous.

-On ne peut plus vrai, même si personne ne peut dire exactement « comment » c’est arrivé. Toute la ville est parcourue par des rumeurs, et personne ne sait trop sur quel pied danser… Quand la tête tombe, les suivants sont désemparés.
-Surtout quand elle tombe si brutalement !

J’avais encore du mal à assimiler cette information. King Bradley, le généralissime le plus puissant qu’ait jamais connu Amestris, qui avait gouverné d’une poigne de fer le pays durant vingt ans, était décédé dans des circonstances obscures. La nouvelle avait traversé le pays en quelques jours, et il s’agissait depuis du principal, sinon du seul sujet de conversation dans tout Amestris. Le vieux avait même ressenti le besoin de rappeler tout le monde pour nous convoquer en session extraordinaire… J’avais juste eu le temps de sauter dans le premier train en partance pour Central pour pouvoir arriver à temps.

-Quelle est la thèse officielle ?
-Mort dans l’incendie de sa maison. Toutefois il y a bon nombre de détails troublants dans cette affaire… Les rapports de police indiquent qu’un intrus s’était introduit dans la demeure quelques minutes auparavant. Et puis, il y a Selim Bradley…
-Le fils du généralissime ? Qu’a-t-il à voir dans tout ça ?
-Il est mort. Mais pas brûlé. Etranglé. L’Armée a bien entendu conservé cette information secrète…

Etranglé… Un assassin ? Quelqu’un a été assez déterminé pour s’en prendre à Bradley et à sa famille ? A moins que le garçon ait juste été au mauvais endroit au mauvais moment. Les questions sans réponses se bousculaient dans ma tête… Sans doute n’auraient elles jamais de réponse. Pour l’heure, le pays était plongé dans le chaos… Et nous dans un flou presque total. Bien sûr, Bradley allait bien mourir un jour… Mais si tôt ?

-On y est, Macros.

Nous entrâmes dans la vaste salle qui servait aujourd’hui à notre réunion, accueillis par six paires d’yeux fixés sur nous.

-Bien, nous sommes au complet. Vous devez tous vous douter que la situation actuelle est… perturbante.
-Il n’a eu que ce qu’il méritait, non ? On ne va pas pleurer sur son sort, non plus…
-Ce n’est pas le problème, Erasme… Bradley est mort… un peu trop tôt. Nous avons pu exploiter à plein l’hostilité grandissante qu’il suscitait aux frontières du pays, et à présent, cet effet risque de s’estomper, même si il ne disparaîtra pas totalement. Mais surtout nous devons réfléchir à deux choses : que va-t-il se passer, et est-ce que nos plans doivent être révisés ?

Le silence se fit sur la pièce. C’était effectivement les questions que nous nous posions tous. Le vieux reprit la parole.

-Commençons par la première question : et maintenant ? Je pense que tout va dépendre de l’identité du prochain généralissime… Reste à déterminer qui a le plus de chances d’occuper le poste dans un avenir proche.

Dorcas eut une grimace éloquente.

-Le problème, c’est que nous n’en savons rien. Bradley a littéralement matraqué toute opposition, et ceux qui auraient pu être en position de lui ravir son poste ont été écartés sans ménagement. Il a transformé l’Etat Major en véritables chiens domestiques à ses ordres… Habitués à obéir, et pas à commander. Maintenant qu’il est mort… Ils vont sans doute s’entre déchirer pour savoir qui aura la plus grosse part du gâteau. Et comme personne ne semble être en position de force… Qui peut dire ce que ça donnera ?
-Si vous me permettez, j’aurais une, hmmm… hypothèse à formuler quant à la suite des, hmmm… évènements.

Tous les regards se tournèrent vers Taliesinn, qui quant à lui avait les yeux dans le vague, comme perdu dans ses propres pensées.

-Mon estimé, hmmm… collègue… A fait fort justement remarqué que, pour l’heure, personne ne semblait avoir la, hmmm… carrure d’un Bradley. Je pense qu’ils en sont conscients. Aussi, ils pourraient être tentés de, hmmm… jouer la montre ?
-Comment ça ?
-Eh bien… Plutôt que d’élire un homme fort, qui de toute façon n’existe pas… Je pense que ces distingués messieurs de l’Etat Major vont placer à la tête de ce pays un, hmmm… « homme de paille », si vous me passez l’expression. Quelqu’un de prévisible, pas trop brillant, assez conservateur et plutôt prudent, hmmm ? Quelqu’un qui maintiendra un, hmmm… statu quo, le temps que ceux aux dents plus longues se soient préparés à la bataille pour le titre.

Chacun considéra la remarque, s’efforcant de juger les chances de sa véracité. Jouer la montre, hein ? C’était probable, en effet. Il faudrait du temps pour que King Bradley trouve un « vrai » successeur, quelqu’un qui puisse avoir une autorité suffisante pour s’imposer à ses pairs…

-Vous avez un nom en tête ?
-Oh, plusieurs… Ca peut être n’importe qui, pourvu qu’il n’ait pas trop de personnalité. Dean, Hakuro, Galren…

J’eus un petit sourire.

-Je parierais bien sur Hakuro. Il est imbu de lui-même, mais n’a d’autre ambition que de faire en sorte que les choses ne soient paspires à son départ qu’à son arrivée. J’ai eu l’occasion d’observer sa façon d’agir, dans l’est… Sa devise pourrait être « il n’y a pas de problème qu’une absence de solution ne puisse régler ! »

Quelques rires discrets résonnèrent dans la salle, avant que le vieux ne rétablisse le silence.

-Quel qu’il soit, le prochain généralissime devrait donc être pour le moins passif. Cela signifie donc que nos plans risquent d’être un peu retardés… Il est toujours plus difficile de renverser un bloc inerte, n’est ce pas ?

Je fronçais les sourcils. Le plan original prévoyait une action dans la décennie à venir. Mais en effet, un généralissime fallot, assez ironiquement, ne favorisait pas notre action. Il nous fallait quelqu’un qui susciterait l’hostilité du peuple, et non son indifférence…

-Vous suggérez donc que nous devrions ralentir nos préparatifs ?
-Tout au moins, préparez vous à les… mettre en sommeil. Lorsque le généralissime fantoche disparaîtra, nous devrons être en mesure de « réactiver » dans un délai raisonnable nos réseaux.

Plusieurs soupirs résonnèrent, et je n’étais d’ailleurs pas en reste. Et encore… Je ne faisais partie du conclave que depuis une dizaine d’année, mais certains oeuvraient déjà depuis un siècle… L’attente finissait par devenir pesante. Socrates en était conscient.

-Je comprend votre frustration, mas notre heure viendra. Gardez à l’esprit que dans ce combat des ombres, une seule chose n’a pas d’importance, le temps.

Il fit une pause, laissant son regard dériver vers un horizon qu’il était le seul à percevoir.

-Nous avons l’éternité devant nous.
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