Le Traine-Savate Du Bord-De-Mer
4 participants
Page 1 sur 1
Le Traine-Savate Du Bord-De-Mer
J'ai hésité un petit temps, avant de me décider dans quelle catégorie j'allais mettre ce texte. Car du fantastique, il y en a un brin, ou plutôt de la SF. Mais j'en ai déduit que c'était trop secondaire pour être inséré dans l'un de ces deux genres. Voilà donc une histoire basée sur un scénario que j'ai écrit il y a bien trois ans de ça, et que je tente ici de novéliser.
Le Traine-Savate Du Bord-De-Mer
« Regardez-là, cette triste idiote, reconnaissante envers ces hommes, qui l'aident à se pencher afin qu'elle se vide de ses toxines, écoeurant, intriguant aussi. », il pensait à cette reconnaissance du dégueulis consenti, mystère impénétrable de cette jeune femme éméchée, parmi tant d'autres.
Lui, l'homme à la pensée, reste assis, attablé dans un coin à scruter les moindres petites curiosités qui se voudraient mémorables, voire insolites.
C'est Samuel Kesso, le nom de cet homme, jeune homme, à peine reposé de son adolescence tumultueuse, à multiplier les sales coups avec ses « copains » et à chercher le « bon plan » pour ne pas trop se démener, et gagner gros sans trop se dépenser.
Aujourd'hui ce n'est pas bien différent, il a juste l'air plus marqué par les sur-doses de médicaments contre la migraine, la vodka et ses chers marlboros détaxés que lui ramène régulièrement un ami de Chine.
Mais son « topo quotidien », à lui, demeure sensiblement le même qu'à ses dix-sept ans. Pour faire court, Samuel Kesso est un fumiste, un chevalier de la glande prêt à se battre loin pour faire peser son blason. Blason de la branlette royale.
Il a retrouvé, en ce soir doux et éclairé, ses dits « copains », qu'ils l'ont embarqué dans un bar dansant, un « boui-boui » bien animé comme on en trouve souvent dans ces villes de bord-de-mer.
Les filles, la plupart touristes ou fugueuses de parents, se font payer des coups par les autres : des garçons, dont vieux garçons, pour qui « sourire amicale » rime avec « coït intégral ». Des acharnés de la drague, des baveux de la fesse, les sujets de méprise du Sire Sam Kesso, si certain de détenir le magnétisme sexuel le plus écrasant.
N'empêche que c'était un peu le cas, durant ses jeunes années, à savoir il y a quatre ans, environ. Il n'avait pas besoin d'accomplir les douze travaux pour lever la plus mythologique des demoiselles du patelin. Cela lui valait le respect des anciens taulards, le respect des vieux beaux qui avaient déjà rouler leur bosse plus d'une fois. Il était un peu de leur famille, il marchait sur leurs traces, lui et son air de pacha hautain pré-satisfait. L'attitude était là, mais au fond, ces bonshommes aux agissements illicites, à la vue de tous, surtout de la Police et pour le spectacle le plus absurde et burlesque de la Ville de L'Ouest, savaient qu'ils étaient déjà perdants face à ce « petit merdeux de sorcier », comme le clamait l'un d'entre eux. « Petit merdeux de sorcier » car, oui, sorcier, il l'était.
Rien d'occulte, mais pure chimie. Samuel Kesso a grandi dans la science, dans les lois fondamentales de la physique. De parents chercheurs dans une industrie pharmaceutique, la plus influente de toute la région de l'Ouest, le petit Sam s'était surpris à grandir dans les sous-sol de centre de recherches, devant des écrans d'ordinateurs, qui laissaient échapper des formules indigestes pour le petit garçon joueur qu'il était. Ses souvenirs les plus doux restaient aux côtés de son père, dans la laboratoire personnel, à mélanger toute sorte de liquides aux couleurs insistantes, dans des tubes à essai.
Mais ce soir, aux côtés de ses anciens camarades de classe ivres, et de ces étudiantes modèles changées en filles faciles le temps des vacances, il allait être amené, poussé jusque dans ces derniers retranchements, à faire resurgir ce savoir enfoui de l'enfance, ce savoir subconscient de la physique, de la science noble.
La petite frappe de province allait virer au génie prophétique, prophétique d'un imprévu de taille, au même moment, dans les locaux du centre de recherche de la Ville de L'Ouest. Sans se douter du sévère virage que son avenir allait emprunter, sans imaginer le scandale dans lequel le jeune homme de petite vertu était impliqué sans le vouloir, Samuel, anciennement le petit Sam à la chimie facile, mais moins anciennement le mauvais garçon des quartiers résidentiels de la côte de Ouest-Plage, finissait pour la quatrième fois sa coupe de vodka double.
Le Traine-Savate Du Bord-De-Mer
« Regardez-là, cette triste idiote, reconnaissante envers ces hommes, qui l'aident à se pencher afin qu'elle se vide de ses toxines, écoeurant, intriguant aussi. », il pensait à cette reconnaissance du dégueulis consenti, mystère impénétrable de cette jeune femme éméchée, parmi tant d'autres.
Lui, l'homme à la pensée, reste assis, attablé dans un coin à scruter les moindres petites curiosités qui se voudraient mémorables, voire insolites.
C'est Samuel Kesso, le nom de cet homme, jeune homme, à peine reposé de son adolescence tumultueuse, à multiplier les sales coups avec ses « copains » et à chercher le « bon plan » pour ne pas trop se démener, et gagner gros sans trop se dépenser.
Aujourd'hui ce n'est pas bien différent, il a juste l'air plus marqué par les sur-doses de médicaments contre la migraine, la vodka et ses chers marlboros détaxés que lui ramène régulièrement un ami de Chine.
Mais son « topo quotidien », à lui, demeure sensiblement le même qu'à ses dix-sept ans. Pour faire court, Samuel Kesso est un fumiste, un chevalier de la glande prêt à se battre loin pour faire peser son blason. Blason de la branlette royale.
Il a retrouvé, en ce soir doux et éclairé, ses dits « copains », qu'ils l'ont embarqué dans un bar dansant, un « boui-boui » bien animé comme on en trouve souvent dans ces villes de bord-de-mer.
Les filles, la plupart touristes ou fugueuses de parents, se font payer des coups par les autres : des garçons, dont vieux garçons, pour qui « sourire amicale » rime avec « coït intégral ». Des acharnés de la drague, des baveux de la fesse, les sujets de méprise du Sire Sam Kesso, si certain de détenir le magnétisme sexuel le plus écrasant.
N'empêche que c'était un peu le cas, durant ses jeunes années, à savoir il y a quatre ans, environ. Il n'avait pas besoin d'accomplir les douze travaux pour lever la plus mythologique des demoiselles du patelin. Cela lui valait le respect des anciens taulards, le respect des vieux beaux qui avaient déjà rouler leur bosse plus d'une fois. Il était un peu de leur famille, il marchait sur leurs traces, lui et son air de pacha hautain pré-satisfait. L'attitude était là, mais au fond, ces bonshommes aux agissements illicites, à la vue de tous, surtout de la Police et pour le spectacle le plus absurde et burlesque de la Ville de L'Ouest, savaient qu'ils étaient déjà perdants face à ce « petit merdeux de sorcier », comme le clamait l'un d'entre eux. « Petit merdeux de sorcier » car, oui, sorcier, il l'était.
Rien d'occulte, mais pure chimie. Samuel Kesso a grandi dans la science, dans les lois fondamentales de la physique. De parents chercheurs dans une industrie pharmaceutique, la plus influente de toute la région de l'Ouest, le petit Sam s'était surpris à grandir dans les sous-sol de centre de recherches, devant des écrans d'ordinateurs, qui laissaient échapper des formules indigestes pour le petit garçon joueur qu'il était. Ses souvenirs les plus doux restaient aux côtés de son père, dans la laboratoire personnel, à mélanger toute sorte de liquides aux couleurs insistantes, dans des tubes à essai.
Mais ce soir, aux côtés de ses anciens camarades de classe ivres, et de ces étudiantes modèles changées en filles faciles le temps des vacances, il allait être amené, poussé jusque dans ces derniers retranchements, à faire resurgir ce savoir enfoui de l'enfance, ce savoir subconscient de la physique, de la science noble.
La petite frappe de province allait virer au génie prophétique, prophétique d'un imprévu de taille, au même moment, dans les locaux du centre de recherche de la Ville de L'Ouest. Sans se douter du sévère virage que son avenir allait emprunter, sans imaginer le scandale dans lequel le jeune homme de petite vertu était impliqué sans le vouloir, Samuel, anciennement le petit Sam à la chimie facile, mais moins anciennement le mauvais garçon des quartiers résidentiels de la côte de Ouest-Plage, finissait pour la quatrième fois sa coupe de vodka double.
Re: Le Traine-Savate Du Bord-De-Mer
J'aime bien pour l'instant. Ce n'est qu'une intro mais on sent déjà ta patte derrière.
Curieux de voir ce que va donner cette révélation du "savoir prophétique" de ton fameux glandeur, et ce qu'il va en faire.
Courage pour la suite.
Curieux de voir ce que va donner cette révélation du "savoir prophétique" de ton fameux glandeur, et ce qu'il va en faire.
Courage pour la suite.
Starman- Chroniqueur Cosmique
- Nombre de messages : 682
Age : 35
Localisation : Up, Up, and Awayyyyyyyyyyyy
Re: Le Traine-Savate Du Bord-De-Mer
Je ne peux pas dire que j'aime ou que je n'aime pas... J'avoue que ce passage m'a semblé assez lourd étant donné qu'on était dans la tête du personnage en quelque sorte...
Mais la fin de cette introduction titille ma curiosité. Alors, bien sûr, je vais suivre ta fic^^ Bon courage!
Mais la fin de cette introduction titille ma curiosité. Alors, bien sûr, je vais suivre ta fic^^ Bon courage!
Re: Le Traine-Savate Du Bord-De-Mer
L'écriture
A croire que Sam Kesso avait plusieurs cordes à son arc. Car oui, le sire avait une vision globale des choses de son monde.
Son monde ? Pas grand chose, ça se limitait à des beuveries collectives, ou solitaires, depuis son adolescence, et des rencontres liées à ces mêmes écarts de conduite. Il en a conscience, d'avoir de temps en temps, souvent plutôt, posé le pied de l'autre côté de la ligne.
Il avait toutefois l'impression qu'il pouvait cristalliser ses fautes dans l'écriture. Le bonhomme manquait quand même d'imagination, il s'agissait le plus souvent d'histoire héroïque un brin réchauffé. Des joutes passées dépoussiérées avec un style qu'il qualifiait "sans concessions". C'est ce qu'il disait.
Le travail fourni demeurait pourtant inachevé, cela ne l'empêchait pas de s'en vanter, auprès des plus illustres des quartiers chics de Ouest, auprès des plus illustres filles d'éditeurs de Ouest.
Il y a eu un écart. Un calcul.
Un soir, dans cette même terrasse de bord-de-mer, un écrivain. Ce dernier captait le regard du Kesso. Lui, déjà attaqué par un whisky bon marché, reconnaissait (le fruit de recherche informatique, via moteur de recherche) le briscard. Il l'aborde :
"Je ne pensais pas partager la terrasse de mon moteur littéraire le plus influent.
-Je suis flatté. A aucun moment je ne m'attendais à une phrase si bien formulée de votre part.
-Waoh, j'ai l'air si débile que ça ?
-Vous aviez l'air surtout complètement dépassé, par ma "discipline".
-Ah parce-que c'est une discipline, maintenant ? J'écris depuis tout jeune. Ma gueule est venue après. Vous savez.
-C'est charmant. Le bon gros bonhomme sensible."
Sam n'avait qu'une envie : lui brisait sa mâchoire. Surtout ses deux dents du bonheur qui pointaient lors de ses expressions de satisfaction. Il voulait en faire des quilles, et son point serait une boule bien virile et bien vengeresse, prête à en découdre avec les a priori du génie embourgeoisé.
"Vous êtes un bien bel auteur", réagit l'illustre.
Kesso tremble, la machine des quartiers chics l'effraie. Celle qui consiste à se trouver un mentor à travers son héritage, celle qui implique de bien formuler ses phrases, celle qui implique de mettre au placard son sens (aussi mince soit-il) de l'intégrité artistique.
"Je dois prendre ça pour un compliment, non ?", il répond, formel. Sûr de sa parade, pourtant si téléphonée, il attend.
"Si vous êtes venu m'aborder, c'est que vous cherchez à me faire lire votre prose, ai-je tort ?
-C'était désintéressé. Mais si vous y tenez, j'ai un manuscrit qui n'attend que ça, dans ma voiture."
Une golf 3 TDI de 96, une porcherie, un leg de son paternel arrivé à sa majorité. Rien a bougé depuis, son style de conduite, son assurance sur la route. Si ce n'est sa conviction d'"écrivain du peuple".
L'illustre l'a tout de même suivi, intrigué, fasciné, plus par la plastique du jeune homme (sur la pente descendante) que par la capacité de persuasion de dernier vis-à-vis de son futur attentat littéraire.
La nuit a fait son chemin.
Depuis les faits, Samuel Kesso se complaît dans l'idée qu'il a niqué le renouveau littéraire. Qu'il est la bombe à retardement de son temps. Il a fait son effet, c'est le plus important. Il est comme ça, le Sam. Il reste dans les faits, et seulement les faits. C'est certainement ce qui faisait la force de ses écrits. Et sa force de persuasion auprès de ses pairs. Là où le verbe n'a plus lieu, où seul l'exploit compte.
Il deviendra un personnage secondaire du roman à paraître de l'illustre. Mais lui, il savait jusqu'où avait été son influence. Jusque dans les tréfonds de l'être. Anatomiquement, viscéralement.
Sam pouvait se vanter d'avoir baisé l'illustre, mais il ne le ferait pas. Cela signifiait pourtant avoir pénétré le symbole de la littérature moderne de Ouest. Cela signifiait aussi, cet acte complètement consenti, être la plus belle catin du bord-de-mer.
Mais les faits demeuraient. Et c'est son truc à lui, les faits.
C'est bien la différence entre les théoriciens, avides de beauté. Et les travailleurs, toujours au charbon, sans jamais réclamer d'héroïsme.
Sam se surprenait entre les deux bords. Il allait bientôt réclamer son lot de reconnaissance. La poésie n'y serait pour rien.
Dernière édition par REX LeBLACK le Sam 15 Oct 2011 - 11:27, édité 1 fois
Re: Le Traine-Savate Du Bord-De-Mer
Toujours sympa. On commence à voir où tu veux en venir (à moins, bien sur, que ceci ne soit qu'une odieuse fausse piste^^).
J'aime toujours ton style, et c'est vrai que c'est pas forcément le genre de fics qu'onn a par ici. Courage donc.
J'aime toujours ton style, et c'est vrai que c'est pas forcément le genre de fics qu'onn a par ici. Courage donc.
Starman- Chroniqueur Cosmique
- Nombre de messages : 682
Age : 35
Localisation : Up, Up, and Awayyyyyyyyyyyy
Re: Le Traine-Savate Du Bord-De-Mer
A l'image de son personnage, l'auteur nous propose son style un rien déconstruit, peut être "sans concession", peut être pas, non exempt d'une ou deux fautes d'accord certes bénignes, pour un résultat somme toute intriguant.
Ici, à la rédaction, nous attendons la suite avec curiosité.
Ici, à la rédaction, nous attendons la suite avec curiosité.
Re: Le Traine-Savate Du Bord-De-Mer
Merci ! J'ai corrigé les fautes que j'ai pu voir, n'hésite pas à me dire s'il y en a d'autres !
Ce sera moins confus la prochaine fois, du moins j'y travaille. Car comme il est dit plus haut, les choses s'en tiendront aux faits, rien qu'aux faits.
Ce sera moins confus la prochaine fois, du moins j'y travaille. Car comme il est dit plus haut, les choses s'en tiendront aux faits, rien qu'aux faits.
Re: Le Traine-Savate Du Bord-De-Mer
Intéressant ce passage. On commence à avoir un autre aperçu de la psychologie et des envies du personnage... J'attends la suite^^
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|